• Aucun résultat trouvé

PARTIE I – HISTOIRE DE L’HYPNOSE

5) Hypnose et thérapies brèves

5.7. Autres thérapies brèves

Pour finaliser notre tour d’horizon des thérapies brèves, citons les approches psycho- corporelles parmi lesquelles les méthodes de relaxation avec :

- la relaxation progressive de JACOBSON, encore appelée méthode analytique au sens pédagogique du terme, a pour but l’obtention d’une relaxation psychique en agissant sur le fonctionnement neuro-musculaire. L’objectif est de repérer les tensions musculaires afin d’induire dans les zones concernées un relâchement selon D. BOUSINGEN en 1968 (24), afin qu’en réduisant ces tensions résiduelles l’impact émotionnel et donc la tension psychique diminuent.

La cure se compose d’une étape de relaxation générale puis d’une étape de relaxation différentielle visant à obtenir le minimum de contraction musculaire pour l’exécution d’un acte en même temps que la relaxation des muscles dont l’activité n’est pas nécessaire pour cette exécution.

- le training autogène de SCHULTZ, issu de la tradition de l’hypnose médicale française et allemande du XIXème siècle, utilise l’auto-concentration et l’auto-hypnose. Il comprend un premier cycle dénommé “supérieur“, correspondant à une psychothérapie, puis un second cycle “inférieur“ correspondant à l’apprentissage de la relaxation proprement dit. Il est composé d’un certain nombre d’exercices, de stades permettant de parvenir à la détente et à une « déconnexion générale de tout l’organisme » selon J.H. SCHULTZ en 1958(173).

Les différentes étapes consistent en une répétition d’une phrase visant un type d’expérience particulière ; pour exemple le premier stade visant une détente musculaire correspond à l’expérience de la pesanteur, le patient devant se concentrer sur la phrase : « mon bras droit

est tout lourd ».

Les exercices sont répétés durant une durée de cycle d’environ trois mois, et doivent permettre via la décontraction neuro-musculaire une détente physique et psychique.

- la Gestalt-thérapie fut inventée entre autre par F. PERLS, psychiatre psychanalyste allemand, en 1951. Elle vise la résolution des troubles émotionnels et comportementaux notamment par un travail d’expression des émotions et de prise de conscience des processus corporels.

Elle propose des outils d’analyse ainsi qu’une psychothérapie se situant dans une optique dynamique d’ajustement permanent de l’individu à son environnement.

L’idée est de se focaliser sur le processus à l’œuvre ici et maintenant, plutôt que sur le pourquoi, d’après F. PERLS en 2003 (155).

- la méditation par la pleine conscience ou mindfulness se développent de manière croissante ces dernières années, connaissant un succès particulier dans les pays anglo-saxons. Il s’agit d’interventions psychologiques issues des exercices de méditation bouddhiste et jouant sur les mécanismes de l’attention, trouvant deux types d'application en thérapie cognitive :

. la “réduction du stress à partir de la pleine conscience“, en anglais MBSR ou Mindfulness Based Stress Reduction développée par Jon KABAT-ZINN au Massachusetts depuis 1979, ayant pour but la réduction du stress notamment dans certaines maladies somatiques. Cette méthode est aujourd’hui proposée dans de nombreux hôpitaux américains et commence à voir le jour en Europe dans le domaine hospitalier.

. la “thérapie cognitive basée sur la pleine conscience“, en anglais MBCTD ou Mindfulness Based Cognitive Therapy for Depression , approche de groupe développée par SEGAL, TEASDALE et WILLIAMS, destinée à la prévention des rechutes dépressives chez des patients en rémission d’une dépression unipolaire récurrente.Si la recherche reste encore embryonnaire, elle concerne des domaines variés comme la prise en charge de la douleur, les maladies chroniques ou encore le stress au travail, et démontre déjà une certaine efficacité de ce type d’approche selon C. BERGHMANS en 2010 (15).

Citons enfin certaines méthodes de relaxation comme la sophrologie fondée par Alfonso CAYCEDO en 1960, elle aussi dérivée de l’hypnose, ou encore l’eutonie de Gerda ALEXANDER travaillant à obtenir un tonus musculaire idéal entre relâchement et tension musculaire.

Le croisement des travaux d’ERICKSON et de Palo Alto ont donné naissance au riche courant des thérapies brèves, dont nous pouvons encore mentionner pour mémoire la thérapie narrative de Michael WHITE, la thérapie provocatrice de Frank FARELLY, ou encore la thérapie stratégique de Giorgio NARDONE, prenant une importance grandissante.

Le vocable “brève“, s’il peut parfois donner lieu à certaines critiques, ne signifie pas obligatoirement thérapie courte, mais comme nous l’avons déjà évoqué plutôt une thérapie la plus courte possible, et centrée sur un objectif.

La recherche en France et en Europe est très active dans ce domaine, bien qu’ayant pris un peu de retard par rapport aux USA, mais les pratiques les plus novatrices et les grands noms se situent désormais en Europe, parmi LESQUELS ROUSTANG, MALAREWICZ à PARIS, DOUTRELUGNE et COTTENCIN à Lille, NARDONE à Arezzo…

Attachons-nous dès lors à décrire celle qui, d’un sens, donna naissance à l’ensemble de ces nouvelles thérapies, et dont nous pouvons parfois percevoir l’influence dans tel ou tel aspect de leurs approches : l’hypnose que nous envisagerons principalement d’un point de vue médical et ericksonien.

PARTIE II – ACTUALITES DE L’HYPNOSE MEDICALE

A\ THEORIES EXPLICATIVES DE L’HYPNOSE

Dès le XVIIIème siècle, deux conceptions du magnétisme s’opposèrent. Si pour certains les phénomènes liés au magnétisme pouvaient s’expliquer à l’aide de fonctions humaines courantes telles que l’imagination ou la concentration, d’autres voyaient le magnétisme comme un état spécifique et indépendant des autres états de conscience. Le passage du magnétisme à l’hypnose ne s’est pas traduit par l’amendement de cette opposition.

En 1994 l’Association Américaine de Psychologie ou APA (157) adopte une définition consensuelle de l’hypnose : « L’hypnose est une procédure durant laquelle un professionnel

de la santé ou un chercheur suggère une modification dans l’expérience du sujet, du patient ou du client au niveau des sensations, perceptions, pensées ou comportements. Le contexte hypnotique est généralement établi par une procédure d’induction […]. Certains décrivent leur expérience en termes d’état modifié de conscience. D’autres décrivent l’hypnose comme un état normal d’attention focalisée, dans lequel ils se sentent très calmes et détendus. »

Cette définition aborde l’hypnose à la fois comme méthode et comme résultat de cette méthode, masquant cependant la profonde divergence au sein de la recherche entre les deux courants principaux, les étatistes et les non-étatistes. Les premiers expliquent l’hypnose comme un état modifié de la conscience accessible notamment par un phénomène de dissociation psychique, tandis que les seconds ne reconnaissent pas cet état spécifique, expliquant l’hypnose selon des processus automatiques inconscients théorisés dans les années 1950 sous le nom de théorie psychosociale.

La plupart des théories semblent actuellement converger dans le sens d’une interprétation dissociative de l’hypnose, cependant attachons-nous à les décrire chacune afin de mieux comprendre ce qu’est l’hypnose d’un point de vue psychodynamique.

1) La théorie psychosociale

Cette théorie, initialement élaborée par SARBIN en 1950, fut enrichie par BARBER au début des années 1970 puis par SPANOS dans les années 1980, ainsi que le rapporte M.C. GAY en 2007(100).