• Aucun résultat trouvé

Revue de la recherche sur Les Mystères de Paris

Je ferai ici, pour commencer, une revue de diverses analyses qui ont été faites des

Mystères de Paris. Ce roman, l’un des plus grands succès de son époque, a été peu étudié

par l’institution littéraire. Si certains analystes se sont intéressés à ce roman, ce sont bien souvent des outsiders qui, la plupart du temps, l’ont traité comme un événement historique ou un phénomène social plutôt que comme une œuvre littéraire.

Pour faire cette revue, je partirai de l’analyse, à la fois prudente et assurée, que fait Jean-Louis Bory des Mystères de Paris dans la biographie qu’il consacre à Sue217. Dans un deuxième temps, je passerai en revue une série d’articles – ou de chapitres de livres – consacrés à l’analyse des Mystères de Paris par des théoriciens issus de divers horizons : Umberto Eco, Marc Angenot et Louis Chevalier.

Cette revue, se veut une sorte de vis-à-vis du chapitre VII, dédiée à la réception des Mystères de Paris par les lecteurs de la monarchie du Juillet.

Première section – Jean-Louis Bory : Eugène Sue, le roi du roman-feuilleton [ 1962 ]

Le livre que consacre Jean-Louis Bory à Eugène Sue ne contient pas, à proprement parler, d’étude des Mystères de Paris, mais, ayant les qualités de ses défauts, il expose les grands lieux communs – les acquis les plus éprouvés – qui constituent ce que nous pensons aujourd’hui des Mystères de Paris. C’est pour cette raison que je prends ce livre comme point de départ de cette revue.

Pour les Mystères de Paris, comme pour toutes les grandes œuvres d’art, les lieux communs les plus solidement établis peuvent se répartir commodément en deux grands groupes ; les bienveillants et les malveillants.

Dans la première grande famille, on retrouve en tête de liste l’idée que Les

Mystères de Paris constituent le plus grand roman du XIXe

siècle et leur auteur le plus fameux de son époque – qui n’était pourtant pas dépourvue de grands écrivains. Cette

217. C’est, à ce jour, la seule biographie consacrée à l’auteur des Mystères de Paris . Elle porte en sous-titre : le roi du roman populaire.

opinion bienveillante est mise de l’avant par les lecteurs des classes populaires, par les publicistes des journaux fouriéristes et saint-simoniens, avec un peu plus de retenue, par les philanthropes218 et, aujourd’hui, avec beaucoup plus de nuances, par les spécialistes – et les amoureux – de la littérature populaire.

De l’autre côté, on dit, de façon un peu antagonique, que Les Mystères de Paris sont un roman détestable, absolument dangereux pour les lecteurs – entendu pour les lecteurs des classes populaires – et que leur auteur n’est qu’un démagogue irresponsable et vaniteux. Ces opinions et celles qui s’y apparentent, sont soutenues par ceux que menacent le succès et les changements génériques des Mystères de Paris. Pour l’époque contemporaine à la publication des Mystères de Paris, ces opinions sont admirablement synthétisées par Alfred Nettement dans ses Études critiques sur le

feuilleton-roman219. Pour aujourd’hui, il n’y a qu’à constater à quel point l’œuvre de Sue

est absente des manuels d’histoire littéraire220.

Genèse et changements génériques

Avec un certain degré de pertinence, Bory met d’abord en lumière les transformations génériques qu’a réalisées Sue avec ses Mystères de Paris. J.-L. Bory explique d’abord que c’est inspiré par une idée du libraire Gosselin, qui lui propose d’adapter « une publication anglaise illustrée, dont les gravures et le texte peignaient les “Mystères” de Londres221 » que Sue rédige les premiers chapitres de ses Mystères de

Paris. E. Sue s’attelle à cette tâche sans grand enthousiasme et, surtout, sans plan

d’ensemble. J.-L. Bory rappelle aussi le ton des premiers chapitres, spécialement quand il s’agit de dévoiler à ses lecteurs les bas-fonds miséreux de Paris. Par exemple, après avoir expliqué ce qu’est un arlequin, le narrateur conclut : « Nous sommes honteux de

218. Voir à ce sujet le livre de Bory aux p. 272-279, pour la lecture populaire, aux p. 267-272, pour la lecture bourgeoise, aux p. 279-280, pour la lecture socialiste – et en particulier à la p. 280, pour la lecture que font Marx et Engels. J’analyserai en détail la lecture qu’ont fait les contemporains des Mystères de Paris au VIIe chapitre de cette partie.

219. D’abord parues en feuilleton dans La Gazette de France, ces études sont réunies en volume et publiées par l’éditeur Perrodil en 1846. J’analyserai ce livre dans le chapitre VII de cette partie.

220. À l’exception, significative, du Manuel d’histoire littéraire de la France publié par P. Abraham et R. Desné. C’est au tome IV (1789-1848) qu’il est question de Sue et des Mystères de Paris. Sinon, il est intéressant de remarquer que Sue est moins connu que son œuvre maîtresse, du moins manifestement moins cité.

ces détails, mais ils concourent à l’ensemble de ces mœurs étranges.222 » Cette dernière remarque nous fait voir la position particulière du narrateur au tout début des Mystères

de Paris.

J.-L. Bory souligne ensuite que, si l’on s’en tient aux genres qu’il a exploités jusqu’ici, de même qu’aux genres qui sont alors à la mode, Sue modifie radicalement l’un des caractères du genre populaire. En effet : « Sue (exactement comme Balzac, qui aime, parlant de la jungle parisienne, se référer lui aussi à Cooper) supprime la distance temporelle et spatiale : ses Mohicans sont de Paris, sous la monarchie de Juillet.223 » J.- L. Bory attribue cette modification générique au désir d’explorer « le populaire » comme un nouveau domaine du roman, désir conditionné par le récent développement de la presse. C’est ce qui fait dire à Bory que : « Le roman populaire (quant à son objet) devenant populaire (quant à son succès) ne tardera pas à devenir populaire quant à ses idées et quant à sa forme. Doublement démocratique. Bref : le roman populaire se fera roman feuilleton démocratique.224 » Pour Bory découlent l’un de l’autre, de manière causale, le fait de prendre le peuple pour objet, le fait d’avoir le peuple comme lecteur et finalement le fait de se convertir aux idées du peuple.

Cette modification générique a deux conséquences importantes : d’une part, sans doute dues à un double phénomène d’identification, Les Mystères de Paris créent tout de suite un immense intérêt, débordant franchement la frontière qui isolait jusque-là le public lecteur du reste de la société. D’autre part, Sue prête une oreille attentive à la voix de ce nouveau lectorat et infléchit significativement la visée de son œuvre en cours de rédaction225.

En ce sens, Bory croit que c’est le succès des Mystères de Paris qui a achevé une transformation idéologique entamée quelques années plus tôt et qui a fait Sue tel qu’on le connaît aujourd’hui : « Selon l’aveu même de Sue, qui écrira dans La Démocratie

pacifique du 3 décembre 1844 qu’il devait “la pensée de ce livre aux conseils d’une

critique bienveillante”, cet article l’illumine. À Legouvé qui lui envoyait le “papier”, il

222 Op. cit., p. 245. On peut, peut-être encore plus utilement, se référer aux premiers paragraphes des

Mystères de Paris où le narrateur, tout en présentant son sujet, expose les divers scrupules qui le troublent. Cette position – et les arguments qui la justifient – est proche de celle de Balzac dans Splendeurs et misères des courtisanes.

223. Op. cit., p. 247.

224. Op. cit., p. 248, c’est moi qui souligne.

225. Je reviendrai sur cet aspect un peu plus loin dans cette partie, mais il est indéniable qu’il est plus facile de modifier une œuvre à faire qu’une œuvre faite, sans compter que, peut-être tout simplement, ces suggestions étaient plus que bienvenues pour un auteur en panne d’inspiration.

répond : “Merci, je l’ai. J’ai été causer avec l’auteur. Je vois clair.” Cette seconde révélation renouvelait les propos de Pyat et Schœlcher, les conseils de Goubaux et Legouvé, elle rafraîchissait surtout la révélation du 26 mai.226 »

J.-L. Bory voit dans le texte même des Mystères de Paris les étapes de cette transformation générique et idéologique. En partant de la description de personnages populaires dans les premiers chapitres, on voit apparaître dans la troisième partie, publiée en novembre 1842, une description à la fois idyllique et utopique de la ferme de Bouqueval. Puis, à partir de la cinquième partie – publiée en février 1843 – apparaissent, à propos de la prison de Saint-Lazare, des propos plus critiques et plus élaborés au sujet de la vie dans les prisons et du rôle de ces institutions.

Sur le personnage de Rodolphe

J.-L. Bory fait ensuite remarquer que le personnage de Rodolphe représente un type nouveau dans l’œuvre de Sue. Venant après les personnages positivement – et même bien souvent ostentatoirement – méchants des romans maritimes et les personnages tourmentés des roman de mœurs, Rodolphe, tout en gardant certains traits de ses prédécesseurs, s’en distingue en étant un personnage agissant et positif. Fidèle en cela au caractère des grands personnages romantiques, il lutte contre une société aveugle qui laisse le pauvre aux prises avec la faim et contre des lois iniques qui, en maintenant le peuple dans la misère, le livrent au crime. C’est ce qui fait dire à Bory, évoquant l’ascendance familiale de Sue, que : « Les Mystères de Paris représentent le bulletin de santé social de la France de 1840, accompagné d’une ordonnance.227 » Le biographe continue en expliquant que : « En bon fils du chevalier Jean-Joseph Sue II, Eugène diagnostiquait que : “le mal est une maladie accidentelle et non pas organique ; que les crimes sont presque toujours des faits de subversion d’instinct, de penchants toujours bons dans leur essence, mais faussés, mais maléficiés par l’ignorance, l’égoïsme

226. Op. cit., p. 246. L’article dont il s’agit dans ce passage est celui qu’écrivit Désiré Laverdant dans La

Phalange, le 26 juin 1842, soit seulement sept jours après le début de la publication. La première révélation est celle que Sue a eue l’année précédente lorsque son ami Félix Pyat lui a présenté l’ouvrier Fugère, qui aurait alors – selon les souvenirs du même Pyat – « converti » le dandy Sue au socialisme. Pour tous ces détails, se reporter soit au IIe chapitre de cette partie, soit aux chapitres VI et V du livre de Bory.

ou l’incurie des gouvernements et que la santé de l’âme, comme celle du corps, est

invinciblement subordonnée aux lois d’une hygiène salubre et préservatrice”.228 »

J.-L. Bory explique que l’action de Rodolphe consiste essentiellement à « attacher le grelot229 », c’est-à-dire à mettre, tout simplement, la misère du peuple sous les yeux des bourgeois. Et ce qui guide ce geste, c’est l’idée que la misère est entretenue par l’indifférence ou même, jusqu’à un certain point, par l’irresponsabilité de ceux qui sont au pouvoir. D’où l’idée, découlant de la première, qu’une simple mise en lumière puisse annuler l’effet de « dissolvant social230 » de la misère. J.-L. Bory explique que ce succès – que cette efficacité – repose sur un enchaînement de causes particulièrement serré : « Tout s’enchaîne. L’origine reste la misère. Le Mal n’est plus châtiment plus ou moins divin, fléau plus ou moins métaphysique, mais maladie sociale que l’homme peut espérer guérir. Plus qu’une ville dangereuse, […] Paris est une ville malade. Ce que le médecin Sue a décrit, plus que les “mystères”, ce sont les “maladies” de Paris.231 »

Paris

En face de Rodolphe se dresse Paris : « Cette pègre, cette misère, ces crimes – toute cette fatalité sociale –, un seul nom les évoque : Paris.232 » J.-L. Bory insiste longuement sur le décor parisien des Mystères de Paris. Il explique que Sue, comme Balzac et comme plus tard Baudelaire, a su poétiser Paris, allant jusqu’à lui donner une dimension mythique. Le Paris des Mystères de Paris tient à la fois de la forêt d’Amérique, telle que l’a dépeinte Cooper, et du château noir, incontournable décor des romans frénétiques Anglais dont raffolait la génération romantique. J.-L. Bory voit aussi dans les excursions parisiennes de Rodolphe une allusion à la descente aux enfers de La

Divine comédie233.

J.-L. Bory explique aussi que Sue a réussi, en ouvrant son œuvre, à y amalgamer non seulement le Paris du crime et de la misère, mais aussi – on oublie souvent de le rappeler – le Paris du luxe et des mondanités. J.-L. Bory conclura d’ailleurs ce passage

228. Op. cit., p. 254, la citation des Les Mystères de Paris se trouve au chapitre XVIII de la VIIe partie ; c’est moi qui souligne, pour les opposer, « ignorance », « égoïsme », « incurie » et « hygiène salubre et préservatrice » et pour montrer qu’il s’agit ici des débuts de quelque chose qui, bien plus tard, s’appellera hygiène sociale. 229. Ibid. 230. Op. cit., p. 255. 231. Op. cit., p. 264. 232. Op. cit., p. 255. 233. Op. cit., p. 256.

sur Paris en expliquant – et cela est important pour ce travail – que Sue a le sens des lieux publics, qu’il sait faire vivre les scènes urbaines :

Description que l’on serait tenté de juger « passive » si cette saga des bas-fonds ne fourmillait de vie – des vies. Mieux : c’est ce fourmillement lui-même que Sue rend sensible. Considérant la société comme une puissance spécifique, Sue a conscience – encore obscurément – qu’il faut étudier, formuler de nouveau rapports entre individus et collectivité. […] Il a déjà le sens des foules, il devine la vie particulière que connaissent les lieux où l’homme ne réside pas seul […]. Pareils lieux s’animent indépendamment des individus qui les fréquentent. Ils ne sont plus décors, mais êtres véritables. C’est dire que ces espaces où s’affirme de façon privilégiée la Société – considérée elle-même comme la quasi-incarnation de la Fatalité – accède vite à la dignité de mythe.234

Sur la « mise en drame »

Après avoir cité ce mot célèbre de Lamartine : « Qu’est-ce qu’un philosophe, un politique, un poète auprès du Richardson populaire qui fait vivre et aimer tout cela en drame ?235 », Bory note, pour expliquer le succès des Mystères de Paris :

On ne saurait mieux justifier le succès des Mystères. Le documentaire criminel passionnant un public sensibilisé par la peur, doublé du documentaire social répondant aux curiosités contemporaines ou les excitant, permettant surtout au public d’accéder aux grands courants humanitaires du moment, arrive non seulement à son heure, mais tire sa force de ce que son auteur a réussi à lui donner une forme dramatique. Bien que composé à la va-comme-je-te-pousse, cet énorme roman trouve dans les conditions hasardeuses de sa naissance une espèce d’allure involontaire qui ne manque pas de grandeur. Ce « drame » vit parce que la grâce « mythifiante » ne touche pas seulement le personnage Paris mais tous les autres.236

J.-L. Bory a ici une bonne intuition du mystère des Mystères de Paris. En mettant en lumière l’effet de « dramatisation » des Mystères de Paris, Bory touche à l’une des grandes problématiques qui travaillent les études littéraires, spécialement celles qui se penchent sur les rapports de la littérature et de la société.

234. Op. cit., p. 265.

235. Op. cit., p. 267. 236. Op. cit., p. 268.

Sur l’affaire de la rue du Temple

J.-L. Bory a retrouvé – grâce au livre de P. Bouchardon237 – l’affaire qui avait inspiré Sue : il s’agit de l’assassinat de la rue du Temple238. E. Sue a sans doute vu, en se la rappelant, tout le potentiel dramatique qu’il pouvait tirer de cette affaire et tout l’intérêt que la réévocation d’une telle affaire pouvait susciter. Sans compter que le souvenir de l’émoi qu’a suscité une telle affaire nous renseigne sur les goûts et les passions du public de cette époque pour les affaires criminelles.

Sur la réception

Enfin, Bory consacre de nombreuses pages à la réception des Mystères de Paris par différents groupes de lecteurs. Je ne m’attarderai pas ici à cette question ; d’une part on peut se reporter aux pages qu’il consacre à cette question239 pour avoir une vue d’ensemble de la réception des Mystères de Paris, d’autre part je consacrerai le VIIe

chapitre de cette partie à une analyse détaillée des grands types de réception des

Mystères de Paris. Je voudrais seulement souligner ici le fait que Bory montre bien que Les Mystères de Paris ont été reçu par un très large public, qu’ils ont suscité, comme

jamais auparavant, un engouement qui a touché toutes les classes et toutes les fonctions sociales.

J.-L. Bory explique finalement que la publication – et le succès – des Mystères de

Paris provoque une formidable diffusion d’idées, d’images et même de sentiments, de

façon de voir et de penser :

Et, comme en France [ Bory vient de parler des diverses traductions des Mystères de

Paris ], on écrit, déversant éloges et critiques ; les librairies exposent gravures et

statuettes représentant les personnages, on baptise de leurs noms cigares, meubles, objets. Et comme en France, Sue agit. Une lettre de Breslau du 11 janvier 1844 annonce en Silésie comme un épanouissement de charité, on lutte contre les taudis, on fonde des écoles pour les pauvres. « Cet homme, s’écrit Champfleury, peut croire qu’il gouverne

237. Bouchardon, Pierre, Les Vrais Mystères de Paris, Paris, Éditions des Portiques, 1929. 238. Voir aux p. 262-264.

239. De la p. 269, sur la réception des Mystères de Paris par le « beau monde » à la p. 295, sur la réception des revues populaires et socialistes.

l’Europe. On lui expédie des nourrices, des orphelins, des ouvrières, des dames de charité. Il a plus d’affaires qu’un ministre. »240

Cette dernière remarque est intéressante, car elle fait de Sue, une sorte de ministre de l’opinion.

J’ai tenté, par cette revue du livre de Bory que je place en tête de la revue des différents livres et articles consacrés aux Mystères de Paris, de mettre en lumière les principales questions que pose à la critique le succès des Mystères de Paris, car, il faut bien l’avouer, c’est, pour beaucoup, le succès de cette œuvre qui interpelle la critique et l’amène à s’intéresser aux particularités de ce récit. Sans ce succès, peu de gens se serait intéressés à cette œuvre. Je ne veux pas dire qu’une lecture attentive des Mystères de

Paris est dénuée d’intérêt, bien au contraire, mais les richesses de cette œuvre ne sont

pas des plus évidentes.

Deuxième section – Umberto Eco : « Rhétorique et idéologie dans Les Mystères

de Paris d’Eugène Sue » [ 1967 ]

Je voudrais rendre compte maintenant d’un article d’Umberto Eco publié dans un numéro spécial de la Revue internationale des sciences sociales, consacré à la sociologie de la création littéraire241. Au début de cet article, Eco se pose en sémioticien tout en se démarquant de cette position avec beaucoup de prudence et de mesure. Exposant trois voies possibles de la sociologie de la littérature, il explique choisir celle qui est attentive à la relation dialectique qui s’installe entre « l’œuvre comme fait esthétique et la société comme contexte explicatif », « où l’élément social détermine les choix esthétiques » et où, dans une relation dialectique justement « l’étude de l’œuvre et de ses caractéristiques structurales permet de mieux comprendre la situation d’une société242 ». Une fois cette position définie, Eco se demande de quelle utilité peut être une étude sémiologique des structures de l’intrigue. Il répond que, comme il n’y a pas de

240. Op. cit., p. 288, c’est moi qui souligne.

241. Eco, Umberto, « Rhétorique et idéologie dans Les Mystères de Paris d’Eugène Sue », Revue internationale