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A – L’avènement de l’espace public : le règne de l’opinion, de la presse et du roman

Introduction – Le siècle de l’opinion

L’une des conséquences les plus remarquables de la Révolution est la mise en place et le développement progressif, tout au long du XIXe siècle, des institutions démocratiques. Si la prise du pouvoir par Napoléon en 1799 vient mettre fin à une période d’exploration politique à la fois hasardeuse et violente19, l’octroi de la Charte par Louis XVIII en 1814 et la création d’un parlement, dont l’une des chambres est composée de députés élus, sont les premières manifestations d’un processus qui semble être inéluctable, mais dont la juste appréciation restera, tout au long du siècle, la grande question à laquelle s’attaqueront une multitude de penseurs. Parallèlement à la mise en place des institutions politiques, d’autres institutions se développent qui pourraient être qualifiées de publiques, dont la plus puissante est sans doute la presse que la loi de Serre – en 1819 – vient libérer de l’autorisation préalable. La Chambre des députés et la presse politique ont donné à l’opinion publique les instruments par lesquels elle a pu exercer son formidable pouvoir.

C’est l’une des choses que l’on aperçoit rapidement lorsque l’on étudie le XIXe

siècle, du moins à partir de 1815 : les institutions politiques sont non seulement surveillées, mais aussi, dans une proportion qu’il reste difficile d’évaluer, fortement influencées par l’opinion publique. Il est d’ailleurs intéressant de voir, lorsque l’on se penche plus attentivement sur l’histoire politique de la monarchie de Juillet, comment Louis-Philippe a dû, pour réussir à gouverner, tenir compte à la fois de l’opinion politique des deux chambres du Parlement – elles-mêmes sujettes à de vives luttes

19. Dans Le Petit Robert, à l’entrée « Napoléon Ier », Albert Soboul écrit, à propos du coup d’État par lequel Napoléon Bonaparte prit le pouvoir en 1799 : « Il s’agissait de clore l’ère révolutionnaire » – p. 1273.

partisanes –, de l’opinion publique fabriquée et diffusée par les journaux – et dont l’éventail va de la droite légitimiste à la gauche communiste – et de « l’humeur de la rue20 » qui menaçait à la fois son pouvoir et sa propre personne21.

Le règne de l’opinion, qui s’est développé continûment durant la monarchie de Juillet, s’épanouira, à la fois majestueusement et terriblement, durant la IIe

République, jusqu’à ce que Napoléon III vienne lui enlever ses armes, répétant ainsi le geste posé par son oncle, un demi-siècle plus tôt. Quand on se penche sur la période qui va de 1815 à 1851, on voit bien comment l’opinion publique a dominé la vie politique : c’est sans doute durant cette période qu’elle fut la plus puissante22.

Je voudrais donc, dans ce chapitre, porter mon attention sur le développement de la presse au XIXe siècle pour montrer, d’abord, qu’elle continue et amplifie la tâche politique et culturelle amorcée dans les lieux publics de l’Ancien Régime et ensuite montrer comment elle a facilité l’avènement de la littérature populaire et du roman social. Ainsi l’on peut voir que la littérature populaire et le roman social de la monarchie de Juillet sont aux classes sous-bourgeoises ce que l’histoire et la presse politique de la Restauration avait été à la bourgeoisie.

Il est intéressant de voir que cette succession de moyens par lesquels l’opinion se propage et se façonne est conditionnée par une série de facteurs parmi lesquels les changements sociaux occupent une bonne place. Ces changements sont eux-mêmes conditionnés par d’autres facteurs parmi lesquels il faut compter l’accroissement démographique, le développement du capitalisme industriel et les progrès techniques.

Je voudrais d’abord esquisser une hypothèse, à partir de laquelle s’articuleront les développements que je ferai dans les sections suivantes. Je supposerai donc que

20. Il existe toute une série d’anecdotes et de caricatures qui racontent diverses rencontres qu’a fait Louis- Philippe alors qu’il se promenait dans les rues de Paris. Ce sont généralement des anecdotes comiques qui rapportent un échange de mots d’esprit entre le Roi et un simple citoyen. Ces anecdotes nous montent bien qu’à cette époque, au-delà de l’opinion exprimée par les journaux, encore majoritairement aux mains de la bourgeoisie, commence à poindre une autre opinion issue des classes populaires et dont les journaux ne sont pas les seuls diffuseurs.

21. Je fais ici allusion aux nombreux attentats qui ont visé Louis-Philippe tout au long de la monarchie de Juillet.

22. La IIIe République, contrairement à la monarchie de Juillet et à la IIe République, ne doit pas son avènement à une campagne d’opinion, mais bien plutôt à une série d’événements politiques. En outre, il ne faut pas oublier que, au tout début de la IIIe République, les rangs de l’opposition politique sont passablement décimés : par « les journées sanglantes » qui ont mis fin à la Commune d’abord, mais aussi par le travail déjà effectué par le parti de l’ordre lors des émeutes de juin 1848. Il faut aussi prendre en compte le fait que la bourgeoisie, alors fermement installée au pouvoir, a appris à maîtriser plus efficacement l’opinion. C’est en ce sens que l’opinion publique est bien plus puissante – et bien plus riche – durant la Restauration et la monarchie de Juillet que durant la IIIe République.

l’avènement de la presse poursuit et amplifie le travail de renouvellement politique et social amorcé au siècle précédent, par les salons et les cafés. Cette hypothèse s’appuie surtout sur le fait que la presse, comme les salons et les cafés avant elle, a travaillé à augmenter la conscience et l’implication politiques de groupes sociaux qui, jusque-là, étaient tenus en dehors de l’espace politique, car elle est, elle aussi, un lieu où les opinions s’expriment, se façonnent et se répandent dans le cadre d’une discussion publique.

Dans cette perspective, il faut bien voir qu’à partir de la Restauration le pouvoir politique reposera de plus en plus sur la réunion et la mobilisation de grands groupes sociaux. La presse, dans un contexte historique fort différent de celui de l’Ancien Régime, réussira à développer cette capacité à réunir, autour de grandes idées, de grandes représentations, sinon de grands récits, des groupes sociaux très importants qui, une fois rassemblés et mobilisés, pèseront de tout leur poids sur le cours de l’histoire – les grandes révolutions des XVIIIe et XIXe siècles le prouvent amplement. Dans ce processus de constitution des groupes sociaux, la presse jouera un rôle essentiel.

Ce travail de réunion et de mobilisation se fait toutefois par un processus où l’obtention d’un consensus est le fruit d’un rude travail rhétorique. Cela tient, essentiellement, au fait que, dans un régime démocratique, l’obtention d’un consensus est le fruit de débats au cours desquels s’affrontent divers points de vue sur un même objet. En plus, ces débats doivent faire avec une double rupture : celle qui sépare les discours du réel et celle qui sépare le temps présent du temps à venir. Car une partie importante des débats qui animent l’espace public sont des discours délibératifs – où, évidemment, s’insère une bonne part d’arguments judiciaires et épidictiques.

Je l’ai dit plus haut, le contexte historique dans lequel se développe la presse est tout à fait différent de celui du XVIIIe

siècle. Trois aspects de la presse méritent d’être examinés : la conjoncture politique, la composition sociale de son lectorat et les objets et les valeurs inhérentes à ses débats.

Les salons et les cafés se sont développés dans un espace politique fortement et clairement polarisé autour du pouvoir du roi et où les spéculations politiques pouvaient se déployer relativement facilement puisqu’aucune véritable révolution n’était encore venue troubler le cours de l’histoire. Les quelques crises dont j’ai parlé au chapitre

précédent pouvaient prouver, avec une certaine vraisemblance, que le pouvoir politique était hors d’atteinte et qu’il était impossible de changer le cours des choses.

La presse se développe dans une situation politique beaucoup moins stable et moins clairement définie et polarisée que ne l’était celle des Lumières. Durant les décennies 1820 à 1840, la monarchie joue ses dernières cartes et elle est forcée de laisser une certaine marge de manœuvre aux partis politiques qui sont alors en train de s’organiser. En ce sens, la monarchie de Juillet apparaît comme une période typique d’entre-deux : elle tient encore de l’Ancien Régime mais, en même temps, c’est durant cette période que se mettent en place les éléments qui feront l’avenir, dont les plus structurants sont sans doute les institutions parlementaires et les grandes idéologies – le libéralisme bourgeois, le républicanisme et les doctrines sociales – et, dans une mesure qu’il reste difficile d’évaluer mais qui, assurément, influence fortement le développement historique, l’alphabétisation, l’essor démographique et le développement du capitalisme et de la grande industrie.

À partir de la Restauration, la monarchie partagera le pouvoir avec les partis politiques qui, à ce moment se réunissent et s’organisent. À partir de cette époque, le détenteur du pouvoir, quel qu’il soit, devra dialoguer avec les partis qui, comme lui, prétendent au pouvoir. Ce dialogue constitue alors l’âme de la vie politique.

La composition sociale des salons et des cafés reste assez peu variée, car l’accès y est conditionnel à la possession d’un certain capital social. Si les cafés et les premiers cabinets de lecture sont des lieux plus ouverts que les salons, des exigences leur sont néanmoins rattachées : les gens qui les fréquentent doivent disposer d’un minimum d’instruction, de temps libre et, bien sûr, d’un peu d’argent.

En principe, l’accès à la presse populaire est illimité, la seule compétence requise étant de savoir lire, handicap qui se surmonte relativement facilement puisqu’il suffit que la presse soit lue ou même simplement commentée à haute voix pour que son pouvoir de diffusion se multiplie rapidement. En outre, l’accès à la presse est grandement facilité par le fait qu’elle va vers ses lecteurs. Par contre, le dialogue qu’instaure la presse avec son lectorat n’a pas l’immédiateté du dialogue des membres d’une assemblée publique : les opinions, les discours qu’offre la presse sont figés : ils peuvent devenir matière à discussion, mais ne sont pas immédiatement discutables.

Cette nuance permet d’apercevoir une particularité importante qui distingue les idéologies des XVIIIe et XIXe siècles. Dans un régime démocratique, les discours, pour

être rassembleurs, doivent dépasser le stade critique et se constituer en quelque chose de plus solide – et de moins nuancé – , qui permet de rassembler et de maintenir ensemble des groupes sociaux pour en faire des groupes politiques. Les opinions façonnées et diffusées par les journaux ont souvent ce caractère de stabilité – et de généralité – qui leur permet de rassembler et maintenir ensemble de grands groupes sociaux.

Le déclin de l’hégémonie de l’aristocratie provoque un renouvellement social où se manifeste très rapidement une vive tension entre les grandes idées qui ont inspiré la Révolution – les droits de l’homme, la liberté, l’égalité et la fraternité – et la mise en pratique de ces idées dans la vie politique et social. Si la bourgeoisie et les classes populaires se sont bien entendues pour combattre le pouvoir de l’aristocratie, elles ont beaucoup plus de difficulté à s’entendre sur la composition et le partage du pouvoir que leur a procuré leur victoire. Ce conflit, à la fois politique et sociale, se manifeste dans l’opinion par les différentes réponses données à la question du sens et de la fin de la Révolution. Une bonne partie des grandes représentations du XIXe

siècle, qu’elles soient discursives ou iconographiques23, peut être lue dans cette perspective. La presse reste un des endroits où cette question est le plus âprement débattue : c’est de cette façon que la presse augmente significativement le nombre de ceux qui participent à la vie politique.

Un autre élément différencie essentiellement l’espace public de l’Ancien Régime de celui que met en place le XIXe siècle. Si le discours des Lumières s’appuyait, pour critiquer l’arbitraire du pouvoir royal, sur l’idée de l’illégitimité du pouvoir du Roi, le discours critique de la monarchie de Juillet est, quant à lui, beaucoup plus complexe. Même si la question de la légitimité du pouvoir royal est encore discutée, la grande question reste celle du sens à donner à la Révolution et des moyens de la mener à sa fin. Dans cette perspective, le pôle négatif que représentait l’illégitimité du pouvoir monarchique au XVIIIe siècle est remplacé, au XIXe siècle, par le scandale de la grande misère.

23. Par exemple, Le Radeau de la Méduse de Géricault (1819) peut être vu comme une image de la détresse des hommes du XIXe siècle, ballottés par les remous de l’histoire et espérant être secourus par un providentiel sauveur. Ce tableau montre bien comment s’articule d’une vision négative du présent et d’une tension vers l’avenir. Cette articulation est typique des discours du milieu du XIXe siècle.

Première section – Alphabétisation

La progression de l’alphabétisation, de la Réforme au XIXe siècle, a doté la France d’une langue et d’une culture unifiées qui ont facilité l’avènement d’un espace public démocratique où de grands groupes sociaux ont pu débattre dans une relative équité.

Histoire de l’alphabétisation

Selon François Furet et Jacques Ozouf, les auteurs de Lire et écrire, l’alphabétisation

des français de Calvin à Jules Ferry, ce sont les protestants qui, les premiers, ont fait la

promotion de l’alphabétisation. Cette tâche était motivée par la nature même de leur devoir religieux, qui repose sur la lecture de la Bible. Cette pratique a été grandement facilitée par l’invention, à la même époque, de l’imprimerie. Cette coïncidence historique est des plus intéressantes. François Furet et Jacques Ozouf montrent bien l’importance de cette rupture :

La Réforme pose à tous, même aux ignorants, le problème de la doctrine. Pour tous, elle substitue à la transmission orale de la tradition l’obligation du recours au Livre ; le rapport de chaque individu avec Dieu a cessé d’être donné, ou subi : c’est une citoyenneté dont la lecture ouvre l’accès, juste au moment où l’imprimerie permet la démocratisation du livre. Luther rend nécessaire ce que Gutenberg a rendu possible : en plaçant l’Écriture au centre de l’eschatologie chrétienne, la Réforme fait d’une invention technique une obligation spirituelle. Elle substitue à l’immensité des commentaires savants et inaccessibles sur l’Écriture le texte même de la Parole de Dieu, offert au fidèle dans sa langue. Elle est à la fois réponse à une demande nouvelle, et formidable multiplication de cette demande. Le monde moderne, qui naît de cette rencontre, appartient dès lors tout entier à l’écrit. L’Europe a conquis une nouvelle mémoire, que tous ses fils doivent partager.24

Par la suite, les autorités catholiques se mettront, à leur tour, à faire la promotion de l’alphabétisation pour contrer l’influence grandissante du protestantisme. Cela a aussi permis à leur doctrine de sortir des cercles étroits des disputes d’écoles et d’aller à la rencontre des populations profanes.

À la fin de l’Ancien Régime, l’État s’est joint à l’Église pour contribuer à la progression de l’alphabétisation. Il s’agit alors, dans la foulée de la révocation de l’édit de Nantes, de s’allier au clergé pour combattre l’influence du protestantisme.

La Révolution vient ébranler les bases de l’alliance de l’État et de l’Église. Dans ce grand laboratoire idéologique qu’est la Révolution, le rôle de l’école est l’une des choses qui ne sont pas remises en question, au contraire même, puisque les penseurs révolutionnaires voient bien que l’école est un formidable moyen pour répandre les nouvelles idées. Par contre, s’ils tiennent à maintenir tel quel le rôle de l’école, ils entendent bien changer la teneur de ce qu’elle doit transmettre.

C’est pour cette raison que Furet et Ozouf minimisent l’importance de la rupture révolutionnaire dans le développement de l’alphabétisation, car elle ne modifie pas le rôle que le pouvoir lui attribue : avant comme après la Révolution, le rôle de l’école reste le même25. Ce qui se transforme alors c’est la prise de contrôle de l’alphabétisation et le désir des autorités révolutionnaires de doter le nouvel État d’institutions d’enseignement chargées de répandre les idées nouvelles à la grandeur de la nation. Autour de cet enjeu la bataille sera rude.

Les idéologues et les hommes politiques de la Révolution comprennent bien le rôle essentiel de l’école et ils déploieront de grands efforts pour faire pénétrer l’alphabétisation dans toutes les régions de la France. Mais leurs efforts se heurtent à deux écueils. D’une part, l’immensité de la tâche aurait demandé beaucoup plus de moyens et de temps que n’ont pu en fournir les divers gouvernements qui se sont succédés au cours de la Ière

République. D’autre part, ces mêmes gouvernements se sont heurtés tant à l’hostilité des forces réactionnaires, qui bien souvent étaient solidement implantées dans les communautés, qu’à la résistance culturelle des populations. Sur ce point Furet et Ozouf parlent de « déracinement culturel » et d’« acculturation26 ».

25Les auteurs s’expliquent sur ce point dans la conclusion du deuxième chapitre de leur livre aux p. 113- 115.

26. Op. cit., p. 113 et p. 11. Dans leur préface, F. Furet et J. Ozouf expliquent : « Il se peut que ce type de rationalité, et le modèle de comportement social qu’il implique et qu’il recommande, s’ajuste assez mal à la socialisation traditionnelle de l’individu, telle qu’elle s’opérait, et qu’elle continue largement à s’opérer, dans des instances beaucoup plus anciennes que l’école, comme la famille, le groupe villageois, la communauté de loisir ou de travail : instances dominées par la transmission orale des manières et du savoir, et par un exercice infiniment moins solitaire, donc moins dispensateur d’angoisse, des dispositions individuelles. Personne ne sait bien, mais tout le monde soupçonne à quel prix, psychologique, culturel et social, s’effectue l’introduction de la culture écrite dans des civilisations traditionnelles à transmission orale. Et dans le monde d’aujourd’hui, quelle société, même la plus

Durant l’Empire, la question de l’alphabétisation n’est presque pas discutée. L’unité de la France est plutôt assurée par les campagnes militaires et par la mythologie napoléonienne, sans compter que le type d’autorité qu’impose l’Empereur laisse peu de place aux débats sur les questions politiques et sociales.

Avec la Restauration et la mise en place d’un régime parlementaire, les partisans de l’alphabétisation se remettent à la tâche, qu’ils soient conservateurs – attachés au retour de l’Ancien Régime – ou progressistes – œuvrant à l’avènement d’un nouveau régime, qu’il soit libéral ou républicain.

Avec l’avènement de la monarchie de Juillet, la question de l’alphabétisation se retrouve au centre des préoccupations du nouveau gouvernement et cela essentiellement grâce aux efforts de François Guizot, alors ministre de l’Instruction publique – entre 1832 et 1837. Pour cet homme, qui s’est formé politiquement durant la Restauration et qui passe du côté du pouvoir avec le nouveau régime, le rôle de l’école est essentiel au développement culturel et politique de l’État et, surtout, à son unité. Dès les premières années de la monarchie de Juillet, il élabore un projet de loi qui aura pour but de faire progresser l’alphabétisation sur tout le territoire français. Ses efforts portent à la fois sur les programmes d’enseignement et sur la formation du corps professoral. Il