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Chapitre 5 : Discussion

5.2 Les retombées potentielles

À la lumière de ces résultats, il est possible de mettre en lumière des retombées sur le plan théorique, mais également sur le plan de la pratique professionnelle de l’orientation, quant à la problématique de l’intimidation à l’école secondaire.

5.2.1 Des retombées théoriques

Tout d’abord, l’angle d’approche sous lequel la problématique a été étudiée a permis de comprendre l’intimidation subie comme un processus dont les manifestations sur les plans scolaire et professionnel sont bien présentes, mais qui se modulent dans le temps, en fonction des types de parcours. Cela a permis de dégager une typologie descriptive des parcours de résilience qui contribue à faire avancer les connaissances sur le sujet. Le fait de s’intéresser à la construction identitaire des élèves victimes d’intimidation et d’y appliquer la théorie du contrôle identitaire (Kerpelman et coll., 1998) constitue également un nouvel angle d’approche quant à cette problématique. Puis, les entrevues de recherche ont permis de décrire « la vie après l’intimidation subie au secondaire » en montrant le processus de résilience qui s’est opéré, les facteurs de protection et le moment où cette résilience se construit.

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5.2.1 Des retombées pour la pratique professionnelle de l’orientation

Sur le plan de la pratique professionnelle, ces constats contribuent à mettre en lumière l’importance de prendre en considération les répercussions de l’intimidation sur le plan de la construction identitaire avec les élèves victimes d’intimidation en milieu scolaire. Pour y arriver, les conseillers et conseillères d’orientation pourront se référer à la théorie du contrôle identitaire et la façon dont elle s’applique dans la situation des élèves qu’ils rencontrent. Les manifestations de l’intimidation sur les plans scolaires et professionnels doivent également être prises en considération par tous les intervenants scolaires. En ce sens, les conseillers et les conseillères d’orientation pourraient devenir des acteurs-clés dans l’intervention auprès des jeunes qui subissent de l’intimidation. En plus d’être attentif aux épisodes d’intimidation rapportés par les élèves et de ses répercussions sur leur cheminement personnel, identitaire, scolaire et professionnel, notamment dans le cadre de consultations individuelles, ils pourraient faire du counseling auprès des élèves intimidés, diriger les parents vers de bonnes ressources, voire guider le milieu scolaire dans la mise en œuvre de méthodes visant l’amélioration du climat scolaire, notamment en offrant de la formation au personnel scolaire (Bauman, 2008; Bauman & Jacobsen, 2007).

Par ailleurs, l’identification de facteurs de protection qui contribuent à contrer les facteurs de risques associés au fait de subir de l’intimidation est porteuse pour la pratique, et ce, tant au niveau de la prévention que de l’intervention. Sur le plan de la prévention, il serait bénéfique de prôner des relations positives entre toutes les personnes qui font partie de l’environnement scolaire. En ce sens, l’instauration d’un climat scolaire positif et sécurisant pourrait agir à titre de facteur de protection afin de diminuer les effets de l’intimidation (Poulin, Beaumont, Blaya et Frenette, 2015). Sur le plan de l’intervention, le soutien que l’élève reçoit demeure primordial pour réduire les répercussions de l’intimidation et l’aider dans son développement identitaire. En milieu scolaire, ce soutien peut notamment passer par un enseignant qui est sensible à la situation vécue par un élève qui subit de l’intimidation, par une personne-ressource bien identifiée qui prend en charge la situation et en assure le suivi, ou encore par le fait d’offrir un suivi en relation d’aide à l’élève touché. Le milieu scolaire gagne aussi à offrir des activités parascolaires et à

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favoriser les possibilités de participer à des groupes communautaires. Ces activités peuvent prendre diverses formes, et si les participants ont l’impression d’y contribuer positivement et de développer leurs passions, il peut s’agir d’une stratégie d’intervention ou même de prévention efficace.

Pour ce qui est de l’intervention en orientation plus spécifiquement, les conseillers et conseillères d’orientation peuvent contribuer à ce que les élèves prennent conscience de leurs forces et de leurs limites personnelles, et qu’ils développent des attentes élevées de succès sur le plan de la carrière. De plus, la formation scolaire des conseillers et conseillères d’orientation, qui est axée sur l’écoute empathique et le développement d’attitudes favorisant l’établissement de liens de confiance avec les élèves, leur permettrait de concevoir l’intimidation différemment des enseignants et du personnel administratif, et utiliseraient des approches d’intervention différentes centrées sur la relation d’aide (Power- Elliott & Harris, 2012). De façon plus concrète, la typologie présentée pourrait également servir de point de départ pour dresser un guide ou une liste de questions pour les professionnels de l’orientation qui voudraient déceler les répercussions de l’intimidation sur le parcours scolaire et professionnel d’un élève. La typologie pourrait aussi servir de point de départ pour un atelier de sensibilisation à l’intimidation, ou encore dans le cadre d’une intervention de groupe auprès des élèves qui en sont victimes.

Les intervenants scolaires auraient donc tout à gagner à favoriser le développement de facteurs de protection, afin que les élèves victimes d’intimidation puissent rebondir de cette épreuve et poursuivre un parcours de résilience pour la suite de leur cheminement scolaire et professionnel. En ce sens, l’éducation de toute la communauté scolaire, principalement des témoins, pourrait s’avérer bénéfique pour réduire les risques d’intimidation.

En outre, il importe de mentionner que la famille joue également un rôle dans le développement des facteurs de protection énumérés ci-haut. Par exemple, le fait de maintenir des relations familiales saines ou d’apporter un soutien immédiat si un adolescent subit de l’intimidation pourrait contribuer à réduire les répercussions potentielles de cette problématique chez un adolescent qui en est victime. D’ailleurs, l’intimidation est perçue

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par plusieurs chercheurs comme s’intégrant dans une approche multicontextuelle où les interventions devraient tenir compte des individus touchés, de la famille, des pairs, de l’école et de la communauté pour assurer des interventions efficaces (Swearer et coll., 2010; Rahey et Craig, 2002; Ttofi et coll., 2008).