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Que retenir de ces enquêtes ? Les applications existantes sont-elles utiles ?

Introduction du chapitre 4 121 Caractéristiques et importance des technologies smartphones

V. (Fig 4.7) a été développée pour prévenir les usagers en fonction du lieu où ils sont et non

4.4. La population est-elle encline à ces technologies smartphone ?

4.4.4. Que retenir de ces enquêtes ? Les applications existantes sont-elles utiles ?

Dans l’ensemble les réponses collectées auprès de 460 personnes habitant dans des communes considérées comme "sensibles" aux crues rapides (chapitre 1) confirment un manque d’information ainsi qu’une faible conscience des risques et des dispositifs d’alerte liés aux crues rapides. Il semble également que les applications soient très peu connues dans ces communes. Certes, la population peut attacher une importance moindre à ces développements pour différentes raisons (âge, connaissance des évolutions technologiques, accès à internet ou à la 3G/4G), mais d'autres enquêtes réalisées en 2016 en milieu urbain confirment elles aussi cette faible connaissance des applications existantes (projet mené par les étudiants de l'université d'Avignon dans le cadre d’une convention avec Signalert).

D'autres éléments sont également confirmés. L’absence d’informations (sur les risques et sur les dispositifs d’alerte existants) a un impact négatif sur la perception et la culture du risque, surtout dans des communes où la communication sur un risque peut se faire au détriment d’un autre (risque d’incendie contre risque d’inondation). Ensuite, la connaissance des comportements à adopter et des procédures mises en place n’a un réel sens que pour les personnes qui ont déjà vécu une inondation, soit sur leur lieu d’habitation, soit ailleurs. La conscience du risque est également perçue par les populations lorsque la commune impose ou propose une surélévation minimale pour leurs habitations ou l’usage de matériaux de construction spécifiques. Peu de citoyens vont chercher l’information sur Internet ou au niveau de l’autorité. Ce geste est généralement effectué par les nouveaux habitants, mais une fois qu’ils sont installés dans leur résidence, la mémoire locale et l’absence de catastrophe récente font disparaître un tel réflexe, qui demeure endormi jusqu’à ce qu’un évènement vienne le réveiller.

Les réponses confirment néanmoins que les habitants formulent bien une attente vis-à-vis d’un système d’alerte plus efficace (pourquoi pas en passant par les smartphones) et pour lequel ils seraient prêts à contribuer au fonctionnement. L’aspect récent des technologies smartphone n’est pas vraiment un frein à la mise en place d’un système d’alerte participatif. En effet, des besoins et une attente réelle vis-à-vis d’un système innovant qui tiendrait compte des contraintes et des spécificités locales ont été

formulés de la part de toutes les tranches d’âge des populations interrogées. Cependant, la réussite et l’adoption de ce système nécessitent une implication des acteurs locaux dans le processus de leur conception. Les habitants doivent eux aussi être impliqués en amont du projet, ce qui a été avéré dans la mise en œuvre plus efficace d'autres documents (tels que les DICRIM-Jeunes, fait par les élèves de la commune, ou les PCS via les Réserves Communales de Sécurité Civile).

Il ne s’agit pas non plus de mettre en place un outil révolutionnaire ou un outil compliqué. Cette application doit être intuitive, facile à prendre en main, être opérationnelle même en cas de rupture ou de saturation des réseaux de télécommunication. Il faut aussi faire un lien avec les dispositifs en place, si insatisfaisants soient-ils, car ces derniers, proposés par l'Etat, constituent un cadre national minimal.

Conclusion du chapitre 4

Plusieurs applications ont été développées en quelques années pour apporter un soutien et une aide aux dispositifs institutionnels. Ces démarches sont légitimes puisque les opérateurs de téléphonie refusent (jusqu'à ce jour) d'appliquer les standards internationaux en matière de Cell Broadcast. Elles

sont en cours de test et de déploiement, et en plein essor en France, d’autant plus suite aux attentats terroristes de 2015, qui ont mis sur le devant de la scène les applications urgentistes et multirisques, comme le prouve bien l’application SAIP mise en place par le Ministère de l'Intérieur le 8 juin 2016.

Les limites des dispositifs d’alerte actuels, l’important nombre de détenteurs de smartphones, la volonté avérée des populations de contribuer à l’alerte et l’insuffisance (voire l’inadéquation) des applications existantes constituent des arguments qui justifient la création d’un nouveau prototype. Ces arguments s’avèrent d’autant plus pertinents que le smartphone est un outil qui vise des finalités complémentaires : relais d’informations, remontée de données en temps réel, etc.(Fig. 4.21).

Source : Kouadio (2015)

Synthèse de la partie II

Cette partie relative aux usages et aux pratiques par rapport aux outils numériques, en général, et aux smartphones, en particulier, a permis de dégager les constats suivants :

>> Les smartphones, une technologie souple, intuitive et interactive

Les smartphones sont des appareils que l’on pourrait qualifier d’« atemporels ». En effet, ils peuvent être mis à contribution à tout moment, aussi bien durant la gestion du risque inondation (Fig. 4.6) que pendant une alerte. Avec le GPS pour localiser et cartographier l’évènement, la photo pour en avoir un visuel, du texte pour affiner la description, le citoyen peut affiner un simple message d’alerte et y ajouter du contenant. Associés au Réseaux Sociaux Numériques, cette information a la possibilité d’être rapidement et largement diffusée. Certes, la connexion internet ou la couverture mobile peuvent parfois faire défaut, mais avec les possibilités offertes par les réseaux opportunistes, et les projets en cours visant la réduction des « zones blanches » cette difficulté sera vite surmontée. En outre avec un dispositif réglementaire encourageant une forte dépendance du citoyen vis-à-vis de l’État on pourrait être amené à penser qu’impliquer le citoyen de sorte qu’il utilise à travers une démarche volontaire serait cause perdue. À condition que sa contribution soit valorisée et qu’il se rende compte de façon concrète de l’utilité de ses efforts, le citoyen peut s’avérer être un acteur prolifique et efficace en ce qui concerne la gestion du risque inondation.

>> Une opportunité pour mieux impliquer l'individu dans la temporalité de l'alerte

Compte tenu des limites et des contraintes des outils d’alerte actuels, nous proposons de nous tourner vers des solutions technologiques récentes, notamment les smartphones. Ces outils offrent de nombreuses possibilités, avec notamment un accès presque illimité à l’information en continu (en émission tout comme en réception) et une forte probabilité pour les populations d’en posséder un (ou d’en être équipé à tout moment). Ces outils pourraient ainsi apporter une réponse complémentaire aux dispositifs d’alerte. Certains développements le montrent (avec des applications qui émergent depuis 2013 en France, jusqu’à l’application SAIP mise en place le 8 juin 2016). Néanmoins, les applications développées restent consultatives et non participatives, et une attention particulière doit également être portée aux usagers. Par ailleurs, en faisant confiance à la population, comment éviter au maximum des effets de panique, dus à la diffusion d’informations erronées ou de rumeurs ? Comment également garantir un certain contrôle de la part de l’administration tout en évitant de tomber dans de longues étapes procédurières et lourdes à enclencher, de façon à ce que la population puisse recevoir l’alerte dans un délai très court (quelques minutes) ? Ce sont des exemples de questions que l’on propose de traiter la seconde partie de cette recherche.

En s’orientant vers les smartphones, on souhaite à la fois valoriser les savoirs des citoyens dans une approche « bottom-up », allant des dires d’acteurs vers les services de l’État, mais aussi accroitre les connaissances sur les crues rapides dans les bassins non jaugés où les connaissances manquent encore. La localisation de l’évènement, la nature des écoulements et des objets charriés, leur vélocité de même que l’intensité des précipitations ainsi que les dégâts observés sont des paramètres qu’il serait utile de valoriser … à travers une application par exemple.

Partie III

Création d’un prototype basé sur la collaboration

citoyenne durant l’alerte : développements

et expérimentations

Source : midilibre.fr (2016)

Une application smartphone pour signaler une route inondée.

Introduction de la partie III ___________________________________________________________ 153

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