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Introduction du chapitre 4 121 Caractéristiques et importance des technologies smartphones

4.1. Caractéristiques et importance des technologies smartphones

4.1.1 Quelques éléments de présentation

Un smartphone ("ordiphone" en français) peut être perçu comme étant « un téléphone mobile

doté des capacités d’un ordinateur, ce qui lui permet d’interagir avec d’autres systèmes informatiques » (Tableau 4.1). Il n’existe pas vraiment de définition officielle d'un « smartphone », si ce n'est la populaire référence au "téléphone intelligent", mais celle-ci est vite réductrice, car les téléphones sont intelligents dans la mesure où l’homme ne peut intervenir à tous les niveaux de leur fonctionnement. En plus de sa fonctionnalité originelle (pouvoir émettre ou recevoir des appels téléphoniques), un smartphone est en mesure d’effectuer d’autres tâches, ce qui était il y a encore quelques années initialement réservées aux assistants numériques personnels (PDA). Un tel téléphone a également la faculté de gérer et de traiter des informations provenant des différents capteurs intégrés (accéléromètre, connexion internet, WiFi, GPS) ou qu’il est possible d’associer à l’appareil en fonction des usages que l’on souhaite en faire (navigation, assistance, cartographie, géolocalisation, etc.).

Doté d’un espace mémoire de plus en plus important, il est également possible de leur ajouter de nouvelles fonctionnalités, soit en les appareillant à des capteurs extérieurs, soit en y installant de nouvelles applications, soit en supprimant ou désinstallant celles fournies au départ par le constructeur. Ces possibilités d’adaptations et d’applications permettent de convertir le smartphone en un appareil hautement personnalisable.

Définitions Sources A mobile telephone with computer features that enable to interact

with computerized systems, send e-mails, and access the web

Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE)

A mobile telephone with extended features as a personal digital

assistant, Internet browser, etc.; Modern Language Association (MLA) A mobile phone that is able to perform many of the functions of a

computer, typically having a relatively large screen and an operating system capable of running general-purpose

applications.

Oxford Dictionaries

A device that combines a cell phone with a hand-held computer, typically offering Internet access, data storage, e-mail capability...

American Psychological Association (APA)

Tableau 4.1 : Définitions du smartphone.

Le smartphone dispose de technologies dites primaires (système d’exploitation, processeur, mémoire, batterie, mémoire) et d'autres dites secondaires (Fig. 4.1). Ses capteurs (connectivité et sensorialité) lui permettant de se distinguer des autres téléphones. Plusieurs éléments permettent de classer assez vite un téléphone dans la catégorie smartphone :

- les applications qu’il propose et que l'on peut installer et/ou supprimer, - la connectique (WIFI, D2D, Bluetooth, NFC, 3G/4G, Edge, etc.) ;

- le clavier, qui est complet comme sur un ordinateur. La différence entre un smartphone et un téléphone mobile classique n’est pas liée à ce qu’il peut faire, mais surtout à ce que son utilisateur lui permet de faire.

Source : Kouadio (2014)

Figure 4.1 : Les technologies smartphone

Un téléphone est dit « smart » dans la mesure où il ne sert pas uniquement à émettre et/ou à recevoir des appels (technologiquement parlant). Aussi, plus les téléphones combinent différents capteurs et applications pour faciliter le quotidien, les tâches journalières ou les activités socioprofessionnelles, plus on entre dans l'univers des smartphones. Bon nombre de personnes rattachent le smartphone à la fonctionnalité GPS ou à la géolocalisation, mais ces fonctions existaient sur certains téléphones bien avant que le terme smartphone ne soit employé pour la première fois (c’est-à-dire en 2001 avec l’Ericsson R380). Un rapide retour historique semble alors nécessaire.

4.1.2 Rapide historique sur l'émergence et les évolutions des smartphones

Les fonctionnalités des smartphones ont considérablement évolué au cours des deux dernières décennies. Le premier téléphone mobile ayant été qualifié de téléphone dit intelligent fut mis en vente en 1992 par IBM (Simon). Portant également le surnom de « brique », il intégrait un fax, un tableur, un éditeur de textes et un agenda. Simon a toutefois fait l'objet d'un véritable échec commercial (Fig. 4.2) et il faut attendre 4 ans plus tard (avec la série des Communicator de Nokia) pour que le marché du smartphone explose. Les Communicator sont des téléphones pliants à deux écrans, dotés d'un clavier physique complet. Grâce à son système d’exploitation vedette Symbian, Nokia va améliorer les différentes versions au fil des années, avec le Nokia 9000 Communicator en 1996, Nokia 9110 en

1998, Nokia 9210 Communicator en 2001, Nokia 9210i en 2002, Nokia 9500 Communicator et Nokia 9300 Communicator en 2005. Le succès de Nokia prit fin en 2007 avec l’arrivée d’Apple (avec iOS) et

de Google (avec Androïd) qui dominent depuis le marché mondial (IDC, 2012).

Source : Kouadio (2015)

Figure 4.2 : Évolution chronologique des principaux modèles de smartphones.

Avant 2006, les constructeurs gardaient le contrôle à la fois sur le contenant et le contenu. Les smartphones étaient coûteux et demandaient certaines prédispositions en informatique pour une bonne prise en main (puisque ces téléphones étaient destinés au milieu professionnel et à celui des hommes d’affaires). Les utilisateurs en étaient très dépendants et ils devaient attendre la sortie d’une nouvelle version pour avoir ces nouvelles fonctionnalités, ou attendre que ces fonctionnalités soient disponibles sur le site de la firme. En 2007, Google et Apple vont avoir recours à des transferts de compétences et

de savoir-faire importants. Toutefois, Androïd est le système d’exploitation le plus répandu à l’heure actuelle, avec plus de 80% de part de marché mondial devançant de bien loin le second, iOS, qui lui ne détient que 13% (Source IDC) (Fig. 4.3).

Le smartphone semble changer de dimension, en permettant à tout individu de passer du statut de consommateur à celui de producteur : toute personne motivée peut créer des applications et des informations, puis les mettre en l’espace de quelques minutes à la disposition du grand public en ligne. Ce changement de pratique est facilité par l’introduction de nouveaux appareils, de plus en plus

numériques, appareils photo équipés de GPS, etc.), mais également par l’avènement de réseaux sociaux numériques (RSN) et la consumérisation accrue des entreprises (Yevseyeva et al., 2014 ; Arabo, 2015 ; Alqahtani et Atkins, 2016). La démocratisation de la technicité, l’ouverture des bibliothèques de codes, puis la mise à disposition d’outils de développement, favorisent l'émergence de communautés d’utilisateurs : des contributeurs volontaires, des passionnés, des amateurs, des professionnels (…) font avancer les développements, chaque jour un peu plus.

a)

b)

Sources : Comscore et Gartner (2016)

Figure 4.3 : Evolution des parts de marché des systèmes d’exploitation smartphone

4.1.3 Une pénétration rapide en France

Sans échapper à l'engouement mondial, le smartphone s'est vite implanté en France et il est en phase de devenir l’objet dont on ne se sépare jamais. Témoin des nombreuses interactions dont il est le support, le smartphone est le premier appareil que l’on tient en main au réveil, et c'est aussi le dernier que l’on abandonne avant de s’endormir (CNIL, 2011). Selon un rapport de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) de 2011, 59% des utilisateurs sont des hommes, jeunes en majorité (15 à 24 ans) et issus des milieux urbains (43%). Il y a aussi des différences marquées de profils entre les systèmes d’exploitation : sur les 33% équipés du système Androïd et 27% d’équipés iPhone, respectivement 28% et 30% ont entre 35 et 49 ans. Symbian est majoritaire chez les hommes (57%) et bien appréciés par les 50 ans et plus (32%), tandis que BlackBerry est plus apprécié par les filles jeunes (14% ont entre 15 et 17 ans).

Les statistiques de Google révèlent par ailleurs que le taux de pénétration du smartphone est passé de 21% au premier trimestre de l'année 2011, à 38% au premier trimestre 2012, puis à 42% en décembre 2013, avant d'atteindre 84% en 2015. En 2013, 39% des français âgés de 12 ans et plus possédaient un smartphone (CREDOC, 2013) et parmi eux, 37% l’utilisent essentiellement pour la navigation internet, 30% pour l’envoi de courriels, 29% pour le téléchargement et 7% pour regarder la télévision. La possibilité de rester connecté à internet, à tout moment et partout (pas de temps mort), et celle de faire plusieurs choses en même temps sont des éléments qui reviennent très souvent dans les critères d’adoption du smartphone par les français. Il existe par ailleurs un lien avéré entre l’âge, le diplôme et le revenu dans l'importance des pratiques internet. Au niveau des applications, la pratique de téléchargement est la plus répandue chez les personnes âgées de 18 à 25 ans (69% d’entre eux), puis chez les 12-17 ans et les 25-39 ans (Fig. 4.4). Les usages liés à internet doublent ensuite une fois que l’on possède un smartphone : 34% des personnes possédant un téléphone ordinaire se connectent à Internet, mais ce sont plus 66% chez ceux qui ont un smartphone. Même si la durée journalière d’utilisation varie d’un utilisateur à l’autre, on l’utilise de manière intensive avec un nombre moyen d’interactions quotidiennes situées entre 10 à 200 fois pour un temps de contact situé entre 1 et 200 secondes (Verkasalo, 1999). On distingue les utilisateurs intensifs caractérisés par un usage quasi constant et très marqué en déplacement, et les utilisateurs modérés qui s’en servent uniquement de façon ponctuelle (Ipsos et Google, 2012). Les activités les plus répandues sont l’envoi de messages SMS, la vérification et l’envoi de mails, puis la recherche d’itinéraires, les réseaux sociaux et la lecture d’informations (actualités), sans oublier les achats en ligne et la visite de sites à la suite de publicités et les réseaux sociaux numériques. Il semblerait également que les appels téléphoniques soient une activité du jour, les SMS, de la nuit, et les logiciels de messagerie instantanée comme

WhatsApp45 et Viber46, les applications et les transferts de données, de fin de soirée et très tard dans la

nuit.

Source : CREDOC (2013)

Figure 4.4 : Influence de l’âge sur les pratiques internet à partir du mobile (en%).

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