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Introduction du chapitre 4 121 Caractéristiques et importance des technologies smartphones

V. (Fig 4.7) a été développée pour prévenir les usagers en fonction du lieu où ils sont et non

4.4. La population est-elle encline à ces technologies smartphone ?

4.4.2. Résultats obtenus dans le Vaucluse

L'avis de la population

Les résultats obtenus ont été étudiés sur les deux départements de manière séparée puisque les conditions sociales, économiques et environnementales sont très différentes (cf. chapitre 1). Dans le Vaucluse, 322 personnes ont été enquêtées. La population se répartit de façon homogène pour le genre (47% de femmes, essentiellement représentées par les 20 à 59 ans ; 53% d’hommes essentiellement de 40 à 74 ans). Ces personnes sont rattachées à l’ensemble des grandes catégories socioprofessionnelles de l'INSEE, avec une dominante toutefois notable des retraités et des employés et un déficit d’agriculteurs exploitants (ce qui est fréquent pour des enquêtes menées dans ce département. Si l’inondation et les séismes sont assez bien perçus par la population (Fig. 4.16), néanmoins 57% des sondés (soit 183 personnes) savent par ailleurs ce qu’est une crue rapide pour l’avoir vécue, avec ou sans dégâts. Il y a donc près de 43% (soit 139 personnes) qui ignorent tout de même ce qu’est une crue rapide dans des communes vulnérables à ce phénomène.

Lorsque l’on pose la question relative aux moyens d’alertes face aux crues rapides connus par la population, la réponse récurrente et la plus alarmante qui revient, c’est que la population ne sait pas pour 66% des sondés (soit 212 personnes), comment elle serait alertée si cet évènement se produisait. Le seul système d’alerte qui se démarque des autres, c’est la sirène présente dans certaines communes, pour 18% des sondés (59 personnes). L’ensemble des autres systèmes a été cité par moins de 10% de notre population. Au niveau des équipements, 49% des interrogés (soit 159 personnes) possèdent un smartphone contre 50% (soit 161 personnes) qui déclarent ne pas posséder de smartphone (et 1% qui ne souhaite pas répondre). Ce taux d’utilisateurs de smartphones est légèrement supérieur au taux moyen de 42% vu précédemment (chiffres de juin 2014). Cela confirme que l’on dispose d'un nombre non négligeable d’utilisateurs dans des communes rurales.

Source : Hébert (2014)

Figure 4.16: Perception des risques majeurs dans la population sondée à l’échelle du Vaucluse.

56% des smartphones embarquent le système Androïd de Google, suivi de près par le système iOS d’Apple qui représente 40% des smartphones (d'après les enquêtés). Quand on étudie les durées d’extinction des smartphones des 159 utilisateurs, 90.6% (soit 144 utilisateurs) d’entre eux déclarent ne jamais éteindre plus d’une heure l’appareil pendant 24h, ce qui est un véritable potentiel pour un lancement optimal d’alerte. De plus, si on compare le nombre d’utilisateurs en fonction des classes d’âge par rapport au nombre d’utilisateurs qui n’éteignent jamais plus d’une heure le smartphone en 24 h, on constate que cette tendance de laisser allumer le smartphone, touche toutes les classes d’âge, avec près de 67% des utilisateurs de 15 à 19 ans et des plus de 75 ans, et cette habitude représente plus de 97% (soit 70 personnes) des utilisateurs de 20 à 39 ans.

Par ailleurs, lorsque l’on demande aux 322 personnes si elles pensent qu’un système d’alerte aux crues rapides sur smartphone serait utile, 63% (soit 204 personnes) pensent en effet qu’un tel système serait d’une grande utilité. Ce chiffre croit sensiblement parmi les utilisateurs de smartphones puisque 82% (130 personnes) pensent que ce système serait utile. Cette bonne réception se répercute dans l’ensemble des classes d’âges et surtout sur les personnes âgées de plus de 75 ans puisque 100% des utilisateurs (soit 3 personnes) sont favorables à ce système tout comme les jeunes de moins de 20 ans qui sont favorables pour 91% de ces utilisateurs (soit 10 personnes). Toutefois, on constate que les utilisateurs âgés de 60 à 74 ans sont peu enclins à une application puisque seulement 47% d’entre eux pensent que ce système d’alerte serait utile. Ce chiffre plus faible peut s'expliquer par différentes hypothèses, notamment par le fait que ces jeunes retraités ne s’estiment pas suffisamment experts dans l’utilisation d’un smartphone pour utiliser ce système.

En outre, 86% (soit 136 personnes et 42% de l’ensemble des personnes interrogées) des utilisateurs de smartphones confirment être disposés à faire remonter de l’information via l’application. Ce volontarisme est bien perçu par les utilisateurs, quels que soient les âges, car, de 15 ans à 59 ans, ils sont disposés à faire remonter l’information à plus de 80% et jusqu’à 93% (soit 67 personnes) des utilisateurs de smartphones de 20 à 39 ans. Néanmoins, 2 utilisateurs sur 3 (âgés de plus de 75 ans) sont volontaires pour faire remonter de l’information (ce chiffre plus faible a été confirmé lors de nouvelles enquêtés menées en 2016 dans des communes contiguës, avec 56 personnes sur 374 seulement prêtes à faire une telle démarche). Il est donc nécessaire, pour que l’application fonctionne, de s’adapter là aussi au public âgé pour l’encourager à utiliser le système d’alerte participatif.

L'avis des gestionnaires du risque et des élus locaux

Les avis du maire et de ses adjoints ont aussi été recueillis. 12 élus et gestionnaires des risques (dont 2 pour la commune de Lourmarin) ont pu être interrogés. Cette enquête secondaire (réalisée parallèlement à l’enquête des habitants) se base sur un questionnaire de 12 questions fermées, mais à choix multiples, adaptés à la gestion de l’alerte et à la perception d’un système d’alerte participatif sur smartphone par la commune et non plus pour connaître la perception des habitants sur le risque de crues rapides et les technologies smartphones. Comme pour l’enquête réalisée auprès des habitants, les élus et les gestionnaires des risques ont été interrogés à l’aide de smartphones et de tablettes, mais en s’appuyant cette fois-ci, sur le réseau mobile 3G pour enregistrer les données et montrer la puissance et le potentiel de ce réseau, même dans les communes rurales. Il faut savoir que lorsqu’un risque « pluie/inondation » est avéré, 9 communes sur 10 déclarent être prévenues par une alerte téléphonique de la Préfecture du Vaucluse qui les informe du niveau du risque et des communes alertées par Météo-France. Seule la commune de Cabrières d’Avignon déclare être prévenue par le SDIS le plus proche. Lorsque l’on demande si elles sont satisfaites du dispositif actuel, la moitié des communes ne sont pas vraiment satisfaites et 3 communes ne sont pas pleinement satisfaites. Deux communes (La Roque-Alric, commune dont l’essentiel des habitations est situé sur un piton rocheux et Vacqueyras, dont le cours d’eau le plus sensible aux crues est totalement canalisé et s’écoule de façon invisible sous le centre-ville) s’estiment en revanche tout à fait satisfaites, sans doute à cause de l’impression d’être en retrait face au risque d'inondation. Le dispositif actuel ne convainc donc pas majoritairement les élus locaux et il est bien à parfaire (chapitre 2).

Étant donné que 78% des 322 habitants interrogés dans la précédente enquête (251 personnes) estiment que c’est le maire qui est responsable de leur protection et donc de les alerter en cas d’une crue rapide imminente sur la commune, il est intéressant d’analyser quelles sont les communes qui disposent de moyens d’alerte à la population. En réalité, 6 communes sur 10 pratiquent le porte-à- porte quand il faut prévenir rapidement la population, et 2 communes sonnent les cloches de l’église. Mais par ces pratiques, seulement une petite partie de la population est informée du risque qui pèse sur la commune, ce qui rendrait évidemment très vulnérables les personnes non prévenues qui se rendraient dans la zone menacée. De plus, le fait de sonner les cloches de l’église n’indique en aucun cas à la population la nature et la virulence de l’évènement (exemple en mars 1930 ; Boudou, 2015).

Avis de synthèse

Les élus et les conseillers semblent, en apparence, contre l’idée d’une application participative d’alerte. Toutefois, si elle existait, les communes seraient prêtes à contribuer en invitant la population à participer, mais pour cela, il faut préparer un travail de communication à destination des maires pour leur expliquer le fonctionnement du système et il faudrait étudier la possibilité de faire remonter les informations de la population vers le maire pour qu’il reste garant de la sécurité des habitants.

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