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Ressources professionnelles et personnelles dans le rôle de modératricesrôle de modératrices

2 Modèle et hypothèses de recherche

2.2 Ressources professionnelles et personnelles dans le rôle de modératricesrôle de modératrices

Bakker et coll. (2003a) montrent une relation directe et négative entre les res-sources et la dégradation de l’état de santé. Elles sont associées à la motivation, incluant l’engagement organisationnel et l’implication professionnelle. Les ressources professionnelles réduisent les effets négatifs potentiels des demandes professionnelles excessives sur la santé et le bien-être des travailleurs. Par contre, un haut niveau de demandes professionnelles couplé à un haut niveau de ressources professionnelles induit de hauts niveaux d’engagement professionnel (Bakker et Demerouti, 2007).

2.2.1 La latitude décisionnelle agit négativement sur la relation entre les demandes et leurs conséquences

Chez Karasek (1979), la latitude décisionnelle représente un composite de deux construits théoriquement séparés (Brisson et coll., 1998) mais empiriquement liés. Ces deux construits sont l’autorité que peut exercer un travailleur pour prendre des décisions dans le travail (l’autorité décisionnelle) et l’étendue de l’utilisation de ses compétences au travail (Karasek, 1989). Chaque construit présente des relations dif-férentes avec le restant des variables des modèles explicatifs (Schreurs et Taris, 1998). Le degré de liberté dans la prise de décision concernant les activités exercées et leur organisation reflète le niveau d’autonomie du travailleur (De Jonge et Kompier, 1997 ; De Witt, Verhofstadt et Omey, 2007). Elle est particulièrement importante dans les emplois à haut niveau de demandes professionnelles (Van Yperen et Ha-gedoorn, 2003 ; Hollet-Haudebert, Mulki et Fournier, 2011). L’autonomie intervient dans la motivation intrinsèque (Hackman et Oldham, 1980). L’utilisation des com-pétences reflète une forme de contrôle que le travailleur exerce sur son travail. Elle correspond à la capacité du travailleur à réaliser son travail.

Les entrepreneurs profitent d’une grande autonomie et de beaucoup d’opportuni-tés de développement des compétences (Eden, 1975 ; Naughton, 1987). Les résultats de Hundley (2001) montrent qu’ils utilisent leurs compétences et développent leurs

connaissances à travers le travail. D’ailleurs, l’utilisation et l’acquisition de compé-tences de la part de l’entrepreneur sont associées à la croissance de l’entreprise (Baum et Locke, 2004).

L’autonomie décisionnelle représente une ressource professionnelle qui permet de gérer les demandes avec plus de liberté donc une perception moindre des contraintes. Elle contribue au contrôle exercé sur les tâches et donc l’évaluation positive de leur réalisation. Cette variable fait partie des composantes du modèle JD-R (Bakker et Demerouti, 2007). L’utilisation des compétences fait partie intégrante des formes de valorisation relatives aux ressources.

Les compétences et les connaissances sont des ressources personnelles mises à contribution pour répondre aux demandes professionnelles. Leur développement à travers le travail est une forme de développement des ressources. Elles contribuent à la motivation et au bien-être des travailleurs. La menace de perte de compétences ou de leur obsolescence représente une source de stress. Un haut niveau d’autonomie atténue l’épuisement émotionnel causé par les demandes professionnelles (De Jonge, Janseen et van Breukelen, 1996 ; Cherniss, 1980 ; Lee et Ashforth, 1993 ; Leiter, 1992). L’autonomie réduit l’ambiguïté de rôles (Jackson et Schuler, 1985) ainsi que le conflit travail-famille (Parasuraman et coll., 1996).

La question de l’adéquation des compétences et connaissances avec les besoins du travail est importante. D’une part, la disponibilité des compétences et des connais-sances contribue à réduire le niveau de demandes imposées (Jimmieson et Terry, 1999) et l’utilisation des compétences dans le travail permet de prévenir la dépres-sion (Fandiño-Losada, Forsell et Lundberg, 2012). D’autre part, de faibles niveaux d’utilisation des compétences sont associés à de hauts niveaux de burnout (Landsber-gis, 1988 ; Taris, Schreurs et Schaufeli, 1999 ; Rafferty, Friend et Landsber(Landsber-gis, 2001).

Notre hypothèse H 3 est : la latitude décisionnelle en tant que modératrice affecte négativement la relation entre les demandes professionnelles et le burnout.

2.2.2 Le soutien social, un autre modérateur du burnout

Hobfoll et Stokes (1988) définissent le soutien social comme l’ensemble des in-teractions ou des relations qui permettent aux personnes de vivre un sentiment

d’assistance ou d’appartenance. Le construit du soutien social est accepté comme un construit multidimensionnel lié aux interactions sociales (professionnelles et non professionnelles), ainsi qu’aux interactions avec l’environnement (Gottlieb, 1983). Le soutien social contribue à apporter les informations, l’empathie et la reconnaissance. Il relève de la perception de la disponibilité de l’aide de la part du supérieur, des collègues, des membres de la famille et des amis.

Le soutien social est un élément d’auto-définition, qui contribue à la construction du soi donc de l’image de soi. Il représente une composante essentielle des ressources sociales que le travailleur peut mobiliser. Hobfoll (1988) suggère que le soutien social permet de renforcer d’autres ressources et d’alimenter le réservoir de ressources. Avec deux composantes l’une professionnelle, l’autre familiale, le soutien social est à consi-dérer comme une ressource importante pour les individus (Hobfoll, 2001). Plusieurs auteurs mettent en avant que le soutien social peut être une ressource pour le coping. Il exerce donc une influence sur les choix de la personne en termes de stratégies de coping car il relève de la perception de la disponibilité d’une ressource (Thoits, 1987 ; Moos et Schaefer, 1993 ; Schreurs et de Ridder, 1997).

Dans la littérature entrepreneuriale, le soutien social est étudié sous l’angle de l’utilité des réseaux sociaux (Allen, 2000 ; Greve et Salaff, 2003). Ces derniers repré-sentent une source d’informations et d’aide matérielle importante dans la réussite de l’action entrepreneuriale (Baron et Markman, 2003). Les entrepreneurs sont reconnus comme des travailleurs particulièrement seuls (Gumpert et Boyd, 1984). L’une des principales sources de stress entrepreneurial est le manque de soutien social (Pareek, 1994 ; Buttner, 1992).

Tetrick et coll. (2000) montrent que les entrepreneurs ne profitent pas d’un sou-tien social provenant du réseau professionnel. Leur principale source de sousou-tien social est d’origine familiale. Chez les entrepreneurs, le soutien social réduit l’ambiguïté et le conflit de rôle, l’épuisement émotionnel (Chay, 1993). Néanmoins, cette hypothèse n’a pas été confirmée dans le travail de Tetrick et coll. (2000).

Le processus de soutien social peut avoir trois effets potentiels : préventif pour réduire les stresseurs ; thérapeutique pour diminuer la tension ; modérateur pour at-ténuer l’effet des stresseurs sur la tension. Le soutien social peut modifier l’évaluation primaire du stresseur (Fisher, 1985), même si le soutien social ne peut pas affecter directement le stresseur objectif dans l’environnement de travail.

Le soutien social, est négativement lié au burnout, mais positivement à la satis-faction professionnelle (Baruch-Feldman et coll., 2002). Il joue un rôle de modérateur du stress professionnel (LaRocco, House et French, 1980 ; Frese, 1999) et notamment entrepreneurial (Tetrick et coll., 2000 ; Rahim, 1996). Par ce biais, il agit négative-ment sur les manifestations négatives associées au stress (Sargent et Terry, 2000 ; Kariv, 2008).

Le soutien social est probablement le facteur le plus reconnu comme modérateur entre les demandes et le stress (Haines, Hurlbert et Zimmer, 1991 ; Van der Doef et Maes, 1999). Les ressources offertes par le soutien social sont particulièrement liées au burnout (Bakker, Demerouti et Euwema, 2003 ; Halbesleben, 2006). Revicki et May (1985) trouvent que la composante familiale et amicale du soutien social est celle qui participe le plus à réduire l’effet des demandes. Le soutien social familial réduit la tension physique ou les effets physiques du stress (Cooke et Rousseau, 1984).

Notre hypothèse H 4 est : le soutien social de source familiale et amicale en tant que modérateur, affecte négativement la relation entre les demandes professionnelles et le burnout.