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Demandes professionnelles sources de burnout

2 Modèle et hypothèses de recherche

2.1 Demandes professionnelles sources de burnout

Les demandes jouent un rôle primordial dans la perte d’énergie alors que les ressources jouent un rôle dans la temporisation des effets des demandes (Bakker, van Veldhoven et Xanthopoulou, 2010). Les demandes professionnelles sont reliées à la dépression, à un faible état de santé physique et à l’abus de substances (Bruck, Allen et Spector, 2002). Néanmoins, Demerouti et Bakker (2011) expliquent que les demandes ne sont pas nécessairement négatives. Elles peuvent devenir des stresseurs professionnels lorsque leur réalisation nécessite un haut niveau d’effort de la part du travailleur. Dans cette situation, il ne peut pas les réaliser de manière adéquate (Meijman et Mulder, 1998).

LePine, Podsakoff et LePines (2005) mais aussi Podsakoff et coll. (2007) font la distinction entre les stresseurs de challenge et ceux d’obstacle. Les stresseurs d’obs-tacle sont définis comme les demandes professionnelles ou bien des circonstances professionnelles. Elles impliquent des contraintes excessives ou indésirables. Elles in-terfèrent avec ou inhibent les capacités individuelles pour accomplir les objectifs professionnels (Cavanough et coll., 2000).

2.1.1 Les demandes psychologiques englobent plusieurs antécédents

La surcharge de travail, est le principal aspect traduit par les demandes psycholo-giques. Elle peut être décrite de différentes manières. Généralement, elle correspond à la charge de travail exigée du travailleur. L’idée de la surcharge fait référence à la perception d’avoir beaucoup trop de choses à faire dans une période de temps insuf-fisante (Frone, Russell et Cooper, 1997). La surcharge de travail indique un manque d’adéquation entre le temps nécessaire et celui disponible pour réaliser les tâches professionnelles. La surcharge survient lorsque la situation environnementale impose des demandes qui excèdent les capacités personnelles (Kahn et coll., 1964).

Les demandes psychologiques comportent aussi la pression du temps, la concen-tration et la vigilance nécessaires pour réaliser le travail. Dans la littérature entrepre-neuriale la surcharge, l’incertitude et la complexité font partie intégrante des condi-tions de travail. La surcharge de travail est le sacrifice par lequel tout entrepreneur doit passer et qu’il doit dépasser. D’ailleurs, certains montrent que les entrepreneurs travaillent généralement plus longtemps que les salariés (Prottas et Thompson, 2006 ; Bradley et Roberts, 2004 ; Hornaday et Aboud, 1987). Les effets qui en découlent

que ce soit sur l’individu ou sur son environnement social ont été,empiriquement, peu explorés. Toutefois, la surcharge de travail chez les entrepreneurs est reconnue comme un facteur de stress professionnel (Harris, Salstone et Fradoni, 1999).

L’épuisement des ressources individuelles est accentué par les demandes psycho-logiques et particulièrement la surcharge de travail (Maslach et Leiter, 2008). Le travailleur se retrouve dans une situation où les demandes imposées dépassent les ressources disponibles. Engager des ressources sans obtenir un retour au moins équi-valent épuise le réservoir de ressources.

La surcharge impose une situation d’incapacité à répondre et à réaliser tous les rôles attendus du travailleur. Ainsi, elle réduit l’efficacité de l’investissement des res-sources. L’exposition à ce type de situations contribue à l’enclenchement de spirale de pertes. D’ailleurs, la surcharge de travail est positivement corrélée à la dimension épuisement émotionnel du burnout (Maslach, Schaufeli et Leiter, 2001 ; Bakker et coll., 2003b).

Les demandes psychologiques représentent des prédicteurs du conflit travail-famille. Elles affectent négativement l’équilibre fragile entre le domaine du travail et celui de la famille (Frone, Yardley et Markel, 1997). Les demandes psychologiques imposées par l’environnement professionnel et la responsabilité engagée face aux par-ties prenantes de l’entreprise conduisent à l’isolement des entrepreneurs (Gumpert et Boyd, 1984). L’isolement et la solitude traduisent un manque de soutien social. Ils influencent négativement la disponibilité de certaines ressources nécessaires pour répondre à la surcharge.

Notre hypothèse H 1 est : les demandes psychologiques affectent positivement le burnout.

2.1.2 Les demandes émotionnelles professionnelles sont des facteurs du burnout

La surcharge de travail est généralement considérée comme la représentation des demandes professionnelles quantitatives. Les demandes émotionnelles profession-nelles sont quant à elles considérées comme les demandes qualitatives (Schaufeli et Bakker, 2004). Les émotions sont des expériences sociales à la fois dans leur origine

et dans leurs effets (Parkinson, 1996). Le contexte professionnel est riche d’émotions quotidiennes qui ont une certaine influence sur le comportement des travailleurs (Ashforth et Humphrey, 1995). Les émotions négatives sont médiatrices des relations entre les stresseurs et la réaction de stress (Fox, Spector et Miles, 2001).

Les demandes émotionnelles peuvent être définies comme les aspects du travail qui nécessitent des efforts émotionnels soutenus (De Jonge et Dormann, 2003 ; Morris et Feldman, 1997 ; Zapf, 2002). Elles font référence au niveau d’exigences émotion-nelles perçues dans le travail (Van de Ven, Van den Tooren et Vlerick, 2013). Les interactions interpersonnelles, notamment dans le cadre du travail, sont une des prin-cipales sources de demandes émotionnelles.

Les entrepreneurs ont tendance à décrire leur entreprise comme leur « bébé ». Ils utilisent des termes émotionnellement chargés pour décrire leur travail (Dodd, 2002). De plus, ils ont tendance à s’identifier à leur entreprise (Cardon et coll., 2005). Ils sont émotionnellement attachés à leur travail et à leur entreprise (Torrès, 1999 ; Zellweger et Astrachan, 2008 ; Fonrouge, 2002). Cet attachement explique le fort engagement professionnel qu’ils expriment (Meyer et Allen, 1997).

Les conséquences d’un échec s’accompagnent d’émotions négatives et peuvent être dévastatrices (Brockhaus, 1980b). L’attachement émotionnel et les interactions sociales qui vont avec l’entrepreneuriat puisent dans les ressources émotionnelles. Ce contexte de travail peut être considéré comme émotionnellement exigeant. Les fortes demandes émotionnelles sont souvent mobilisées pour expliquer le burnout chez certaines catégories de travailleurs (De Braine et Roodt, 2011). Elles réduisent le bien-être des travailleurs et augmentent l’expression de troubles psychosomatiques associés au stress (Taris et Schreurs, 2009 ; De Jonge, Mulder et Nijhuis, 1999).

Les demandes et les ressources émotionnelles au travail sont associées au burnout (Bakker, Demerouti et Euwema, 2005). Les demandes émotionnelles professionnelles sont positivement liées à l’épuisement émotionnel (De Jonge et coll., 2008 ; De Jonge et Dormann, 2006). Cette relation est atténuée par les ressources émotionnelles pro-fessionnelles qui proviennent notamment du soutien social disponible (Van de Ven, Van de Tooren et Vlerick, 2013).

Notre hypothèse H 2 est : les demandes émotionnelles d’origine professionnelle af-fectent positivement le burnout.

2.2 Ressources professionnelles et personnelles dans le