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2 Démarche exploratoire

2.3 Grille de codage des récits

La méthode des récits de vie fournit des informations qui relèvent de différents niveaux de réalité. Chaque récit comporte une trame évènementielle spécifique ayant une réalité objective (Rouleau, 2003). Le stress professionnel correspond à un résul-tat négatif de l’interaction entre les demandes et les ressources professionnelles. Le burnout, quant à lui est la conséquence de l’accumulation de résultats négatifs de ces interactions.

La littérature identifie les antécédents du stress professionnel comme étant égale-ment ceux du burnout. En ce qui concerne les conséquences, plusieurs d’entre elles se recoupent également avec celles du stress professionnel. La trame qui nous intéresse

Genre salariésN. Ancienneté secteur femme 4 4 web

homme 8 agroalimentaire femme 0 2 immobilier

homme 8 équipement médical homme 15 7 textile

femme 12 5 ingénierie industrielle homme 4 4 informatique

homme 2 3 web homme 30 7 jeux video

homme 3

homme 14 40 architecture femme 6 2 huiles homme 15 services homme 2 2 radio

femme 8 8 intermédiation immo-bilière homme 14 industrie

homme 32 23 industrie

homme 180 12 équipement médical Table III.1 – Caractéristiques de l’échantillon de l’étude exploratoire

dans cette étude est celle de l’interaction entre l’environnement et l’individu qui fait intervenir le stress professionnel.

L’analyse réalisée sur le matériau retranscrit à partir des entretiens avec les diri-geants est une analyse thématique. Elle repose sur un codage a priori où les thèmes retenus sont : les facteurs et les conséquences du stress professionnel. Elle fait appel à une partie d’une phrase, une phrase ou un groupe de phrases se rapportant à un même thème comme unité d’analyse. Les thèmes retenus sont les composantes de la grille de codage. Ils sont issus des résultats de recherches antérieures. Nous retenons deux thèmes généraux qui sont : les facteurs et les conséquences du stress profession-nel. Les éléments identifiés comme appartenant à un thème sont codés selon l’idée principale de l’unité d’analyse. Les catégories ou les codes générés sont regroupés de manière cohérente dans des sous-thèmes.

Dans un premier temps, tous les entretiens qui ont été menés sont retranscrits. Cette étape est indispensable pour pouvoir analyser les données récoltées. Une pre-mière analyse verticale de chaque entretien permet de dégager la structuration du récit. Cette méthode d’analyse est particulièrement utile pour capturer les logiques individuelles (Rouleau, 2003). Afin de mieux décrire le processus d’analyse qui a été réalisé, des exemples de codage sont présentés dans ce qui suit. « J’ai essayé de prendre 5 jours de vacances et sur les 5 il y a eu 3 jours où j’étais accrochée au télé-phone et sur les 2 derniers jours, quand on part en vacances on a besoin de quelques jours pour être complètement dedans (Sourire). J’ai l’impression que j’ai tra-vaillé pratiquement 12 à 14h même plus l’année dernière et je pense que ce n’était pas bon. Je me suis épuisée, dépensée . . . j’étais . . . je ne voyais pas les choses de manière claire sur mon activité je n’avais plus, j’avais perdu le . . . le sens des priorités, savoir pourquoi dans chacune des questions professionnelles je devais prendre des décisions ». Cet extrait offre une idée sur les possibilités de codage, donc sur les catégories qui émergent de l’analyse. Par exemple, la partie du paragraphe en gras est placée dans le thème « facteurs » avec un codage « surcharge de travail ».

Dans le passage qui suit, un autre exemple de codage exprime les différentes catégories pour chaque thème. « Non le stress aujourd’hui, il est dans la relation client où on assiste à certaines . . . je dirais le client roi qui se permet d’être, je di-rais plus que limite, non pas rapport à la courtoisie mais au simple bon sens et ... c’est un élément très déstabilisant. Quand le client veut travailler comme ça et pas

autrement et quand les relations sont basées sur de la mauvaise foi. Donc ça, ça se sont les choses qui sont difficiles à gérer au niveau stress parce qu’un client reste un client et on n’a pas forcément les moyens de se passer d’un client qui représente une partie significative de votre activité. Et . . . il faut gérer cette relation client. La deuxième source de stress c’est . . . certains salariés qui . . . ont parfaitement imprimés que le départ en licenciement rapportait 3 fois plus qu’un départ à la retraite et qui utilisent toutes les arcanes de la plus mauvaise foi pour essayer de se faire licencier et pour vous poursuivre au tribunal en se disant si je peux en récupérer encore un peu plus ça sera encore mieux. Quand vous êtes dans une relation où vous savez que la motivation est purement financière mais que le système judiciaire français vous met au pilori, là ce sont des moments qui sont très durs à gérer au niveau stress». La première phrase en gras est catégorisée en tant que « manque de contrôle » sur le travail et la manière de travailler. La seconde phrase en gras est identifiée comme la catégorie « relation avec l’administration ». Les deux codes se retrouvent sous le thème de « facteurs ». L’extrait qui suit montre un exemple de codage pour le thème « conséquences ». « J’ai navigué à vue, extrêmement difficile d’anticiper etc. Donc quand je dis que j’ai navigué à vue c’est-à-dire que j’ai pris des coups de râteaux un peu partout (Sou-rire). Après, une fois que j’en ai suffisamment pris, j’ai compris comment les choses fonctionnaient, j’ai pu prendre du recul et ça va mieux. En attendant j’ai traversé une période très difficile. Pendant cette période là, . . . dépression . . . plus d’énergie, donc ne plus se lever le matin c’est ce qu’on appelle le burnout et là c’était, bon avec le recul c’était vraiment le corps qui somatise parce qu’il ne peut plus faire face, il ne sait plus dans un moment donné quelle direction prendre donc il dit “stop”, c’est ce qu’il a fait ». Le burnout est une conséquence du stress qui sera une catégorie « burnout ». « J’ai eu la chance d’avoir des personnes très proches qui étaient plus en mode écoute qu’en mode jugement. Quand vous êtes fatigué vous avez toujours des gens qui viennent vous dire tu aurais dû faire ci ou ça, je te l’avais dit. Donc ces gens là vous fatiguent. Alors que ce dont vous avez besoin, ce n’est pas qu’on vous dise ce que vous ne devez pas faire mais, on va dire des axes de concessions. Vous êtes beaucoup moins réceptif à la critique ». Cette partie du récit a un intérêt particulier au regard du thème « modérateur ». Le code de catégorie attribué à l’extrait est celui du « soutien social familial et amical ». À la suite de l’analyse verticale des récits, une analyse horizontale est réali-sée pour repérer les récurrences et les régularités d’un récit à l’autre. L’analyse ne

cherche pas à mettre en avant la cohérence mais la comparaison des thèmes et des sous-thèmes dans chaque récit (Gavard-Perret et Helme-Guizon, 2008). Les caté-gories dégagées dans chaque récit sont mises à plat, de manière transversale, pour faire émerger des sous-thèmes cohérents avec la littérature et en affiner certains en fonction du contexte de l’étude. Par exemple, les problèmes de trésorerie, l’insécurité financière et les problèmes financiers sont intégrés dans un sous-thème du manque de ressources financières. Le code de « surcharge de travail », par contre, a été élevé au rang de sous-thème car il est très souvent présent dans la littérature comme variable récurrente des modèles de stress. Les conséquences comportementales des périodes de stress sont rassemblées dans le sous le sous-thème de « proactivité et mode de ges-tion de l’entreprise ». Les sous-thèmes retenus permettent de discuter la pertinence des variables à mobiliser dans les « inputs » et les « outputs ».

L’identification des thèmes et des sous-thèmes permet la construction d’arbres thématiques retraçant schématiquement l’arborescence des éléments (Gavard-Perret et Helme-Guizon, 2008). Dans notre étude, elle correspond à la mise en évidence des différentes variables qui participent au modèle (tableauIII.2). Elles sont regrou-pées dans les facteurs et leurs conséquences. En termes d’antécédents, des variables classiques comme la surcharge et l’autonomie ressortent dans le processus du stress professionnel et du burnout.

Une autre étape peut être associée à l’analyse thématique dans une démarche quantitative pour identifier les fréquences des sous-thèmes. Le comptage permet d’évaluer l’importance des variables et en sélectionner celles qui seront intégrées dans le modèle à tester. L’opération de comptage fait émerger trois thématiques principales pour les « input » : l’incertitude financière ; les relations avec les salariés, les associés et l’administration ; et le poids de la responsabilité. Pour ce qui est des « outputs », le burnout, les effets sur la santé physique, et les stratégies d’adaptation sont les sous-thèmes qui sont les plus récurrents dans les récits.

La confrontation des sous-thèmes qui se sont dégagés de l’analyse thématique avec les résultats empiriques précédents permet de définir les variables intervenant dans le modèle. La présentation des variables telles qu’elles ont été retenues et la mo-délisation de leur mesure fait l’objet de la section suivante. Les sous-thèmes retenus pour rendre opérationnel le modèle sont plus nombreux que ceux qui viennent d’être présentés à la fin de l’analyse thématique. Ils regroupent les sous-thèmes les plus fréquents dans les récits convertis en variables mesurables mais aussi une sélection

Thèmes

a priori Codes Sous-thèmes

Facteurs

Problèmes avec les salariés Relations avec les associés Relations avec les clients

Relations avec : salariés, as-sociés, clients

Surcharge de travail Surcharge de travail Insécurité financière

Problèmes de trésorerie Problèmes financiers

Manque de chiffres d’affaires Incertitude professionnelle

Manque de ressources finan-cières

Manque d’autonomie

Problèmes de recrutement Manque de ressources hu-maines Problèmes avec

l’administra-tion publique

Lourdeurs des tâches admi-nistratives

Responsabilité

Contraintes réglementaires et administratives

Manque d’autonomie

Problèmes personnels manque de soutien social fa-milial et amical Manque d’expérience Surcharge de travail

Conséquences Burnout Malaises Dépression Troubles physiques Burnout Anticipation des actions

Adoption de nouveaux com-portements professionnels Baisse des objectifs

Proactivité