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Les ressources marines : les vertébrés et les invertébrés marins

Au sein des assemblages étudiés par nos soins, seuls quelques restes de vertébrés et d’invertébrés marins ont été recensés, offrant une image très restreinte du rôle de ces animaux dans l’alimentation des populations. Ainsi, pour les poissons, 22 restes dont quatre seulement ont pu faire l’objet d’une attribution (dorade royale), étaient mêlés aux restes de mammifères. En ce qui concerne les mol- lusques marins, 116 restes ont été décomptés et huit taxons identifiés (la coque commune, la patelle, l’huître, la moule, la nasse réticulée, l’ormeau, la coquille Saint-Jacques et l’oursin).

Les analyses de Catherine Dupont, Caroline Mougne et Yvon Dréano, réalisées sur les sites de l’île de Triélen, de Locquémeau-Trédrez, de l’île d’Hoëdic et de l’île aux Moutons12 permettent d’obtenir une vision tout autre avec l’étude de

409 799 restes d’invertébrés marins et de 37 20913 vertébrés marins (tabl. 55 et

56). Il faut toutefois rester prudent, car les études de ce type sont récentes et si, depuis une dizaine années, certains programmes de recherches en ont favo- risé l’émergence, notamment pour la région Bretagne, elles sont encore très peu répandues en Basse-Normandie. Les études malacologiques et ichtyologiques sont encore nettement déficitaires dans cette région, alors que d’importantes collections sont disponibles et que l’attention portée sur le terrain à ce type de restes, s’est accrue ces dernières années. quelques études malacologiques ont été réalisées par Vincent Carpentier et Catherine Dupont, comme celle de Parc d’Activités à Fleury-sur-Orne (Carpentier 2001) ou de la Vignerie à Dives-sur-Mer (Dupont 2006b). Les prélèvements rigoureux nécessaires et le lancement des études des faunes marines, vertébrées et invertébrées, sont encore trop peu développés dans une région où les produits de la mer devaient appor- ter un complément alimentaire non négligeable. Ce constat, réalisé à la fin des années 2010, a permis l’émergence d’un sujet de doctorat, soutenu par Caroline Mougne en 2015, Exploitation et utilisation des invertébrés marins durant la

Protohistoire sur le territoire continental et littoral Manche-Atlantique français

(Mougne 2015). Aujourd’hui, il est donc erroné d’affirmer, à partir de notre corpus, que ces taxons sont peu présents ou inexistants au sein des ensembles archéologiques protohistoriques de Basse-Normandie. Les données présentées ici peuvent maintenant être complétées grâce aux récents travaux de Caroline Mougne qui prennent en compte un corpus plus large (Mougne 2015 ; Mougne

et al. 2015).

12. Cf. la partie méthodologique concernant les méthodes de prélèvements, de tamisages et de tris indispensables à la réalisation de telles analyses.

13. Les études de faune des sites de Plage nord-ouest (Triélen) et de Port-Blanc ( Hoëdic) étant toujours en cours, ces chiffres sont donnés à titre indicatif et sont susceptibles d’évoluer.

L’actualité de la recherche fait évoluer les données mais le corpus disponible en 2012 permettait déjà d’avoir des pistes pour la Bretagne. Ce sont les habitats littoraux, et particulièrement insulaires, qui livrent les quantités les plus impor- tantes de faune marine. Les études malacologiques ont mis en évidence plus d’une soixantaine de taxons différents sur les sites littoraux étudiés. Il s’agit de bivalves, de gastéropodes, et, dans de moindres proportions, de polyplacophores, de céphalopodes, d’échinodermes et de crustacés14. Parmi ce nombre important

d’espèces de mollusques identifiées, seules quelques-unes, les plus importantes quantitativement, semblent avoir été consommées de façon indéniable et régu- lière : il s’agit des patelles, des moules, des bigorneaux et des ormeaux. Ce sont principalement des espèces disponibles sur l’estran et dont la collecte s’effectue à marée basse sans difficulté technique particulière. Seul l’ormeau n’est accessible que lors des grandes marées et demande un investissement un peu plus impor- tant. Les autres espèces s’apparentent davantage à des coquillages intrusifs qui arrivent, via les activités humaines, involontairement sur les sites, soit fixées à des algues ou d’autres invertébrés marins, soit apportées après échouage. Le pourpre présente, quant à lui, des cassures systématiques notamment sur les sites de l’île d’Hoëdic et de l’île aux Moutons, ce qui paraît l’associer à une activité artisanale, à savoir l’extraction de colorant (Dupont 2011).

En ce qui concerne les poissons, plus d’une trentaine de taxons ont été réperto- riés15. Toutefois, quel que soit le site pris en compte, les taxons majoritaires sont

systématiquement les poissons de la famille des labridés, les bars, les dorades, les congres et les pageots. Ces poissons dominent très nettement les listes ichtyo- logiques et les autres espèces sont anecdotiques. Ce sont tous des taxons stric- tement marins, excepté l’anguille qui passe une partie de son existence en eau douce. Il s’agit exclusivement d’espèces qui indiquent une exploitation centrée sur le milieu côtier reposant d’une part sur la pêche à la ligne avec hameçon depuis le rivage et, d’autre part, sur l’exploitation de barrages de pêcheries (Langouët, Daire 2011).

Les analyses malacologiques et ichtyologiques ne sont pas disponibles pour l’en- semble de la zone géographique étudiée et surtout pour l’ensemble des contextes d’habitats pris en compte, d’où une certaine prudence sur la portée des hypo- thèses émises. Cependant, au regard des premières études réalisées sur les sites insulaires, il est possible de constater que les vertébrés et les invertébrés marins possèdent une place prédominante au sein des listes de faune et que leur rôle paraît des plus importants dans l’alimentation.

14. Pour le détail des espèces, voir les tableaux de décompte de Catherine Dupont et de Caroline Mougne dans les descriptifs des sites.

15. Pour le détail des espèces, voir les tableaux de décompte d’Yvon Dréano présents dans les descriptifs des sites.

Tabl. 55 : Nombre de taxons et de restes attribués aux invertébrés marins.

Triélen (Dupont 2004) Locquémeau-Trédrez (Mougne et Dupont 2011) Hoëdic (Dupont inédit) Les Moutons (Dupont 2013b) Nombre de taxons 6 45 58 15 Nombre de restes 4 935 27 724 362 526 14 614

Tabl. 56 : Nombre de taxons et de restes attribués aux vertébrés marins.

Triélen (Dréano inédit) Locquémeau-Trédrez (Dréano 2011) Hoëdic (Dréano inédit) Les Moutons (Dréano et al. 2013b) Nombre de taxons 17 5 31 17 Nombre de restes 2 690 33 25 255 9 231

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