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Île de Triélen, Plage nord-ouest (Finistère)

La petite île de Triélen est située dans l’archipel de Molène, au large des côtes finistériennes, au sein de la Réserve naturelle d’Iroise. Longue de 1 km sur 250 m maximum de large, elle culmine à 12 m NGF et se trouve donc soumise à la houle et aux intempéries qui façonnent son paysage (Daire et al. 2008a ; Fichaut, Suanez 2007). En 2002, une dalle rubéfiée est apparue en coupe de microfalaise sur la face nord-ouest de l’île. une prospection en 2003 et une première fouille de sauvetage réalisée en février 2004 ont permis de déterminer des éléments appartenant à un four à sel datant de l’âge du Fer (Pailler et al. 2003 ; 2004). une surveillance régulière des gardes de la Réserve d’Iroise fut alors mise en place et permit d’informer rapidement les archéologues des graves dégradations

Tabl. 30 : Saint-Martin-de-Fontenay le Grand Barberie, dénombrement des restes étudiés, ensemble daté de la fin du ier siècle avant notre ère/début du ier siècle de notre ère.

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR % NR PR (g) % PR

Bœuf Bos taurus 58 46,4 3 818 81,7

Caprinés Caprinae 38 30,4 211 4,5

Porc Sus domesticus 11 8,8 161 3,4

Cheval Equus caballus 16 12,8 458 9,8

Chien Canis familiaris 2 1,6 24 0,5

Total mammifères domestiques 125 100 4 672 100

Coquillage 2 6

Total des restes déterminés 127 70,6 4 678 96,3

Total des restes indéterminés 53 29,4 181 3,7

2. L’inventaire des restes de faune effec- tué par Anne Tresset à la suite de l’opéra- tion de 2003 a été repris et intégré dans les décomptes (Tresset 2003).

3. une partie de la faune est toutefois encore en cours d’étude. Les données présentées sont donc un état des connais- sances en date de 2012.

générées par les tempêtes de l’hiver 2006-2007. une autorisation de sondage et de relevés d’urgence fut alors accordée à Marie-Yvane Daire en juillet 2007 puis reconduite en juillet 2008 à la suite de nouveaux épisodes de tempêtes. Malgré l’impossibilité de pratiquer une fouille extensive dans cette zone protégée, ces interventions non invasives ont permis d’assurer un suivi archéologique et de recueillir d’importantes informations. Cette occupation, dédiée à la production du sel, est datée du second âge du Fer. un niveau anthropique, constitué notam- ment de nombreux restes de faune (mammifères, poissons, coquillages, etc.), est associé à un four à sel ainsi qu’à des fosses creusées dans le limon et tapissées d’argile crue (Daire et al. 2007c ; 2008a ; 2008b). une originalité apparaît dans l’organisation architecturale de l’atelier qui présente une cuve accolée au four, alors que les précédentes fouilles d’ateliers de ce type montrent la présence d’un espace de circulation entre les structures (Daire 2003). Les éléments céramiques indiquent une occupation qui s’échelonne entre La Tène ancienne et La Tène moyenne (entre la fin du ve et la fin du iiie siècle avant notre ère) ; ceci peut diffi-

cilement être affiné du fait de la quantité limitée de matériel datant (Daire et al. 2008a).

Le dépôt de faune reconnu, en 2007 et en 2008, sur toute la longueur de la coupe atteint 0,90 cm d’épaisseur maximale et comporte plusieurs dépôts suc- cessifs. La présence de Catherine Dupont et de moi-même au cours de la phase de terrain a permis la mise en place de prélèvements et de tamisage (mailles de 4 mm et 2 mm).

La présente étude prend en compte les restes d’animaux mis au jour au cours de la campagne de prospection de 2003 ainsi que des sondages et des relevés d’urgence de 2004, 2007 et 20082. Les espèces marines ont également fait l’ob-

jet d’études réalisées par Catherine Dupont (invertébrés marins ; Dupont 2004) et Yvon Dréano (vertébrés marins ; Dréano inédit)3. L’ensemble de mammifères

et d’oiseaux est composé de 455 restes pour un poids total de 1,1 kg (tabl. 31).

Tabl. 31 : Île de Triélen, Plage nord-ouest, dénombrement provisoire des restes osseux.

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR % NR PR (g) % PR

Bœuf Bos taurus 53 27,4 527 58,8

Caprinés Caprinae 121 62,7 213 23,8

Porc Sus domesticus 16 8,3 78 8,7

Cheval Equus caballus 3 1,6 78 8,7

Total mammifères domestiques 193 100 896 100

Lièvre Lepus europaeus 2 2

Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus 110 99

Phoque gris Halichoerus grypus 1 8

Total mammifères sauvages 113 109

Alcidés Alcidae 4 18

Guillemot Alcidae 1 1

Oiseau indéterminé Aves sp. 5 3

Total oiseaux 10 22

Amphibien 11 1

Total des restes déterminés 327 71,9 1 028 92,4

Total des restes indéterminés 128 28,1 85 7,6

La présence de coquillages, en grande quantité, a permis une bonne conserva- tion de ces ossements (cf. infra). Ce fait est notamment illustré par l’identifica- tion au rang de l’espèce et de la nature de l’os de plus de 70 % des restes osseux. Toutefois, le tamisage à 2 mm a entraîné une augmentation des restes non déter- minables qui sont principalement des fragments de quelques millimètres dont le poids moyen est de seulement 0,6 g.

Les mammifères dominent l’ensemble avec 193 restes attribués aux principaux taxons domestiques (le bœuf, les caprinés, le porc et le cheval). Ce sont cepen- dant les caprinés qui prédominent en nombre de restes. Les espèces domestiques les plus imposantes, telles que le bœuf et le cheval, sont également représentées au sein de cet ensemble en proportion non négligeable. En effet, les restes de bovins composent plus de 25 % des restes domestiques (tabl. 31). Cependant, la présence des parties du squelette non porteuses de viande, telles que les dents ou les ossements qui constituent les bas de pattes, suggère que les trois principaux taxons domestiques n’ont pas été apportés sous forme de quartiers de viande mais qu’ils ont vraisemblablement été élevés, abattus et consommés sur place. Cette hypothèse est également confortée par le fait qu’une grande partie de ces restes sont porteurs de traces anthropiques attribuées aux phases de prépara- tion et de consommation des animaux. Plusieurs os longs montrent des stig- mates de coups, d’impacts et des traces fines pratiquées au couteau et illustrant notamment la mise en quartier de l’animal ainsi que la récupération de la viande (Baudry 2008).

Plus de 40 % des restes déterminés, soit 110 restes, proviennent du lapin de garenne. Or cette espèce n’apparaît dans le nord de la France qu’au Moyen âge (Callou 2003). Sa présence, au sein de ce lot, semble donc intrusive, ce que confir- ment également la couleur et l’aspect « frais » des ossements. De plus, 109 de ces restes étaient regroupés en un seul « rejet » non retrouvé en connexion anatomique. Le nombre minimum d’individus de combinaison obtenu à partir des tibias est de deux. Ces divers éléments donnent l’image d’individus morts dans leur terrier. Les espèces sauvages comptent également deux restes de lièvre ainsi qu’une phalange proximale de pinnipède adulte et plus précisément de phoque gris. Aucune trace illustrant la pratique du dépeçage et/ou de la désarticulation de l’animal n’a été observée sur cet os. Cependant, par sa couleur et son aspect, il semble que cet ossement ait subi l’action du feu, de même que les deux restes de poissons qui lui étaient associés (une mâchoire de dorade royale et une vertèbre de bar, identifica- tion Yvon Dréano).

La liste de faune ichtyologique est diversifiée sur ce site : 210 restes ont pu être déterminés au rang de la famille dont 189 au rang de l’espèce. Ce sont tous des poissons vivant en milieu marin. La pêche en zone démersale paraît ainsi privilé- giée avec notamment des proportions importantes de bar et de dorade (tabl. 32 ; Dréano inédit).

Huit espèces de coquillages ont été déterminées pour un poids total de plus de 2,6 kg (tabl. 33). La patelle, qui domine cet ensemble avec plus de 99 % du nombre de restes, est représentée par trois espèces Patella vulgata, Patella intermedia et

Patella ulyssiponensis. Ce taxon inféodé au substrat rocheux est le seul mollusque

qui semble avoir été consommé sur ce site. En effet, les cinq autres coquillages sont présents dans des quantités réduites et leurs petites dimensions, tout particulière- ment pour la gibbule et la littorine obtuse, laissent supposer qu’ils ont été amenés sur le site involontairement, peut être fixés sur des algues ou d’autres invertébrés marins (Dupont 2004).