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Paule, Saint-Symphorien (Côtes-d’Armor)

Le site archéologique de Saint-Symphorien à Paule, à proximité des limites avec les départements du Finistère et du Morbihan, occupe une position remar- quable, à l’extrémité d’une ligne de crêtes qui lui permet de disposer d’une visibilité exceptionnelle des terroirs et du territoire. une première opération de sauvetage s’est déroulée en mai 1988 sous la responsabilité de l’Afan. 17 fouilles programmées pluriannuelles se sont ensuite succédé sous la direction de Jean- Charles Arramond (Afan) entre 1989 et 1990 puis d’Yves Menez (ministère de la Culture – uMR 6566) à partir de 1993 (Menez 2009).

Tabl. 32 : Île de Triélen, Plage nord-ouest, dénombrement provisoire des vertébrés marins (Y. Dréano inédit).

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR % NR

Anguille d’Europe Anguilla anguilla 10 4,8

Congre commun Conger conger 5 2,4

Clupéidés Clupeidae 2 1,0

Sardine commune Sardina pilchardus 1 0,5

Gadidés Gadidae 3 1,4

Lieu jaune Pollachius pollachus 2 1,0

Merlan Merlangius merlangus 11 5,2

Mulet Liza sp. 1 0,5

Bar commun Dicentrarchus labrax 92 43,8

Blenniidés Blenniidae 2 1,0

Sparidés Sparidae 1 0,5

Dorade royale Sparus aurata 52 24,8

Dorade grise Spondyliosoma cantharus 5 2,4

Pageot commun Pagellus erythrinus 7 3,3

Dasyatidés Dasyatidae 11 5,2

Crénilabre Symphodus sp. 1 0,5

Pastenague commune Dasyatis pastinaca 4 1,9

Total des restes déterminés 210 7,8

Total des restes indéterminés 2 480 92,2

TOTAL 2 690 100

Tabl. 33 : Île de Triélen, Plage nord-ouest, dénombrement provisoire des invertébrés marins (d’après Dupont 2004).

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR % NR PR (g) % PR

Patelle Patella sp. 4 916 99,6 2 639,0 99,5

Gibbule ombiliquée Gibula umbilicalis 1 0,0 0,2 0,0

Ormeau Haliotis tuberculata tuberculata 12 0,3 12,5 0,5

Littorine obtuse Littorina obtusata 4 0,1 0,9 0,0

Bigorneau noir Littorina littorea 1 0,0 0,3 0,0

Nasse Nassarius reticulatus 1 0,0 1,0 0,0

Ce site est caractérisé par une succession de grandes phases d’aménagements qui s’échelonnent entre le vie et le ier siècle avant notre ère. à la fin du vie siècle

avant notre ère, une résidence (habitation et ateliers de tisserands) aristocra- tique est fondée sur un espace d’un hectare, entouré d’un talus et d’un fossé. Au iiie siècle avant notre ère, le site s’agrandit avec notamment la construction

de nouvelles dépendances, de deux tours d’angle et de quatre tours portières. Deux autres bâtiments sont également construits, accolés au rempart, et des souterrains complètent l’ensemble. Au iie siècle avant notre ère, un important

incendie endommage le site. Celui-ci est alors partiellement reconstruit, mais subit de profonds remaniements avec, entre autres, la construction d’une nou- velle habitation, d’une grange, d’un entrepôt et d’une écurie englobés au sein d’une enceinte dont la surface interne atteint alors 10 ha (Menez 2009 ; Menez, Arramond 1997). Au ier siècle avant notre ère, la construction d’une nouvelle

enceinte élargit la surface de l’agglomération à 30 ha. Au cours de La Tène finale, ce sont donc plusieurs éléments comme sa position (au sommet de la crête et au carrefour de trois voies majeures qui relient les côtes atlantiques à celles de la Manche), sa surface (plus de 30 ha englobés par l’enceinte), ainsi que son évolution (vaste forge, entrepôt ; production, commerce, échange, etc.) qui permettent d’assimiler ce site à un oppidum. Peu après la guerre des Gaules, vers la fin du ier siècle avant notre ère, les structures sont comblées, puis le site est

démantelé et abandonné vraisemblablement au profit de la capitale de cité de

Vorgium, actuellement la ville de Carhaix (Menez 2009).

L’ensemble des campagnes de fouilles a livré 6 570 restes animaux. Seuls 30 % de ces ossements ont pu être déterminés au rang de l’espèce. L’importante pro- portion de restes non identifiés est surtout due à la nature acide du terrain qui n’est pas propice à la conservation des ossements.

Ce sont principalement des os brûlés qui composent cet ensemble. Il s’agit donc essentiellement d’esquilles d’os qui ne dépassent pas quelques millimètres pour la taille, et rarement le gramme pour la masse. Les restes indéterminés repré- sentent ainsi 35 % du poids total pour un poids moyen de 0,4 g, alors que le poids moyen d’un reste identifié est de 1,9 g. L’état de conservation des osse- ments ne permet donc pas d’analyser complètement et de détailler ces données. Seules des informations d’ordre général peuvent être formulées. Cependant, même si elles doivent être utilisées et interprétées avec beaucoup de précautions, ces données apportent de précieux renseignements notamment d’ordre tapho- nomique pour un secteur géographique peu documenté à ce sujet4.

La Tène ancienne

Les traces d’une première occupation semblent remonter à la fin du vie siècle

avant notre ère. un enclos principal comprend toutes les constructions alors qu’un enclos périphérique n’accueille aucune structure, à l’exception d’une car- rière de grès. Cet espace a ainsi été interprété comme une annexe de l’habitat, utilisée vraisemblablement pour l’agriculture ou l’élevage (Menez 2009). Seul un petit ensemble de 328 restes provient de cette phase d’occupation et plus par- ticulièrement des niveaux datés du ve au iiie siècle avant notre ère. Il est essentiel-

lement composé de fragments non identifiables (tabl. 34). La majorité des restes déterminés appartiennent aux principales espèces domestiques (bœuf, caprinés et porc). Il est toutefois intéressant de noter la présence de deux restes de lièvre (une côte et une scapula) et celle de plusieurs restes de caprinés comportant l’en- semble des parties anatomiques, même les plus petites et les plus fragiles (côtes, vertèbres, os du carpe, etc.). La présence de ces espèces et de ces éléments du squelette témoigne ainsi de l’existence, qui n’est pas anodine, d’os fragiles et de petite taille au sein de ce lot fortement touché par la conservation différentielle.

4. une première approche de cet assemblage a été effectuée en 2008 (Menez 2009). Elle a ensuite été complétée en 2009 lorsque la tota- lité du mobilier a pu être étudiée.

La Tène moyenne

Au cours de La Tène moyenne, on observe une monumentalisation de l’habitat caractérisée notamment par l’édification d’une nouvelle enceinte quadrangu- laire. Les déblais et les débris de matériaux, provenant de l’incendie, ont été uti- lisés pour combler le fossé qui délimitait l’intérieur de l’enceinte (Menez 2009). Cette phase est caractérisée par un ensemble de 2 744 restes osseux dont le poids total atteint 2,6 kg. Seules les espèces domestiques sont présentes ; les restes de bœuf sont nettement majoritaires au sein de l’ensemble avec des proportions de plus de 85 % pour le nombre de restes déterminés et plus de 92 % pour le poids (tabl. 35).

Cette prédominance du bœuf n’est pas surprenante puisque les restes de grands mammifères sont les plus résistants. Ce qui est le plus étonnant, c’est l’écart entre le niveau de représentation des caprinés qui cumulent 13 % du nombre de restes attribués aux espèces domestiques et celui des porcs qui correspondent seulement à 1 % du nombre de restes déterminés (tabl. 35). Cet écart ne semble pas lié aux conditions de préservation puisque les os de ces espèces sont de même taille et de même résistance, mais correspond vraisemblablement à de réels choix d’élevage.

En ce qui concerne la répartition anatomique des restes, les bovins sont princi- palement caractérisés par des fragments de dents isolées et de mandibules, asso- ciées à quelques os longs. Les caprinés se démarquent une nouvelle fois avec une distribution plus large des restes (tête, squelette axial, membres et bas de pattes).

Tabl. 34 : Paule Saint-Symphorien, dénombrement des restes osseux, ensemble daté de La Tène ancienne.

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR PR (g)

Bœuf Bos taurus 1 < 1

Caprinés Caprinae 23 35

Porc Sus domesticus 4 1

Total mammifères domestiques 28 36

Lièvre Lepus europaeus 2 1

Total mammifères sauvages 2 1

Total des restes déterminés 30 37

Total des restes indéterminés 298 62

TOTAL 328 99

Tabl. 35 : Paule Saint-Symphorien, dénombrement des restes osseux, ensemble daté de La Tène moyenne.

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR % NR PR (g) % PR

Bœuf Bos taurus 1 009 85,9 1 796 92,2

Caprinés Caprinae 154 13,1 117 6,0

Porc Sus domesticus 11 1,0 36 1,8

Total des restes déterminés 1 174 42,8 1 949 73,2

Total des restes indéterminés 1 570 57,2 715 26,8

La Tène finale

Seuls 19 % de l’ensemble de faune correspondant à cette phase ont pu être déterminés au rang de l’espèce et de la partie anatomique (tabl. 36). Les pro- portions entre les principales espèces domestiques en termes de représentativité spécifique et de répartition anatomique sont similaires à celles observées pour l’ensemble précédent. à ces restes s’ajoutent toutefois trois os d’équidés (une molaire, une scapula, un métatarse) ainsi qu’une ulna de lièvre et un carpo métacarpe d’oiseau dont l’espèce n’a pu être identifiée (tabl. 36).

Cet échantillon est composé d’une très forte proportion d’ossements calcinés, soit près de 70 % de la totalité des restes. Ils sont caractérisés par une couleur blanche et de nombreuses microfissures (Schipman et al. 1984). Ils apparaissent avoir été mis directement au contact du feu et avoir subi une très haute tempé- rature, bien supérieure à 600 °C (Joly, March 2003 ; Théry-Parisot, Costamagno 2005). Ce contact avec le feu a fragilisé et fragmenté les os mais, simultané- ment, il a contribué à leur conservation car cette action a comme conséquence la disparition des épiphyses qui sont les parties les plus spongieuses et donc les plus fragiles. Cet élément explique ainsi la forte représentation des fragments de diaphyses, plus riches en matière minérale (Théry-Parisot et al. 2004 ; 2005).

Tabl. 36 : Paule Saint-Symphorien, dénombrement des restes osseux, ensemble daté de La Tène finale.

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR % NR PR (g) % PR

Bœuf Bos taurus 422 65,4 622 59,5

Caprinés Caprinae 192 29,8 180 17,2

Porc Sus domesticus 28 4,3 73 7,0

Cheval Equus caballus 3 0,5 170 16,3

Total mammifères domestiques 645 100 1 045 100

Lièvre Lepus europaeus 1 < 1

Oiseau indéterminé Aves sp. 1 < 1

Total autres 2 < 1

Total des restes déterminés 647 19,3 1 045 65,2

Total des restes indéterminés 2701 80,7 1 201 34,8

TOTAL 3348 100 2 146 100

Tabl. 37 : Paule Saint-Symphorien, dénombrement des restes osseux, ensemble daté de la fin du ier siècle avant notre ère.

Noms vernaculaires Noms scientifiques NR % NR PR (g) % PR

Bœuf Bos taurus 91 85,8 768 91,4

Caprinés Caprinae 10 9,4 28 3,3

Porc Sus domesticus 3 2,8 14 1,7

Cheval Equus caballus 2 2,0 30 3,6

Total des restes déterminés 106 70,7 840 88,1

Total des restes indéterminés 44 29,3 114 11,9

La fin du ier siècle avant notre ère

Cette phase d’occupation correspond au démantèlement des remparts, au com- blement des puits et à la démolition des bâtiments et des clôtures. un petit habitat s’implante dans l’avant-cour, alors qu’un sanctuaire s’installe à l’ouest de la forteresse au cours du ier siècle de notre ère (Menez 2009). à cette phase

est associé un ensemble dont les caractéristiques diffèrent de celles énoncées précédemment. Ce petit lot est composé de restes qui n’ont pas subi l’action du feu : le taux de détermination dépasse 70 % du nombre total de restes et 88 % du poids de restes (tabl. 37). De plus, le poids moyen des restes est supérieur à celui observé pour les lots précédents. Cette meilleure conservation a également permis de remarquer quelques traces sur les ossements tels une lésion dentaire pour les bovins ou des traces de découpe sur des os longs de bœuf et de caprinés.