• Aucun résultat trouvé

IV. La mobilisation des ressources

1. Ressources disponibles

Face aux grands problèmes que posent les années 1980, de nombreux gouvernements de l’OCDE se sont montrés fermement résolus à mobiliser leurs systèmes scientifiques et technologiques nationaux. Le fléchissement du taux de croissance et de productivité industriels, la hausse des prix énergétiques et les difficultés d’approvisionnement, en particulier, sont perçus comme des secteurs d ’intervention prioritaires par rapport auxquels la science et la technologie peuvent apporter des réponses pour l’avenir. Il importe donc de mobiliser les systèmes de recherche pour résoudre ces problèmes urgents. On constate toutefois que les systèmes diffèrent considérablement d’un pays à l’autre, et pas seulement par leur importance comme le montrait le tableau 1. En effet, la répartition des dépenses et du personnel de R-D entre les grands secteurs de l’enseignement supérieur, des entreprises, de l’Etat lui-même, et des instituts indépendants à but non lucratif varie selon les pays, ainsi qu’il ressort du tableau 10.

L ’influence que les gouvernements sont susceptibles d’exercer sur les activités de R-D dans le secteur des entreprises privées, s’ils estiment nécessaire d’intervenir (comme c’est de plus en plus souvent le cas), n’est pas la même que celle dont ils peuvent se prévaloir sur le secteur public. Au sein du secteur public même, on relève des différences importantes entre les universités et les centres de R-D publics. En ce qui concerne les universités, la situation dépend en grande partie de leur mode de financement et, tout particulièrement, du mode de financement de leurs activités de recherche. D’autre part, il est certain qu’on ne peut jamais totalement échapper à l’histoire. Certains établissements de recherche et commu­ nautés scientifiques qui ont pâti depuis plusieurs années du manque de crédits, de l’obsolescence de leur équipement, de l’absence de recrutement et de mobilité du personnel, du vieillissement et du manque d’enthousiasme du corps professoral, risquent fort de ne pas répondre aux sollicitations du gouvernement avec tout le dynamisme et la vitalité souhaitables.

On ne saurait négliger de mentionner ici la coopération internationale qui fournit depuis longtemps un moyen précieux de compléter les ressources dont disposent les pays, en particulier pour ce qui concerne les équipements (centres communs tels que le CERN), ainsi que les ressources intellectuelles et les idées (grâce à des programmes d’échange). L’impression est dans de nombreux pays de l’OCDE que les relations internationales sont actuellement en déclin dans les milieux scientifiques. Aux Etats-Unis, par exemple, on constate avec inquiétude que les scientifiques ont, avec leurs collègues étrangers, des rapports moins étroits qu’autrefois, et le « National Research Council » a entrepris une enquête à ce sujet.

Tableau 10

Répartition des dépenses et du personnel de R-D par secteur d’exécution 1977

(Les pays sont classés dans l’ordre décroissant de leur dépense intérieure brute de RD - DIRD) (Total national SENI + SSH = 100)

Entreprises1 Etat ISBL Enseignementsupérieur

Dépenses Personnel D épenses Personnel D épenses Personnel Dépenses Personnel

Etats-Unis 66.8 68.52 15.2 11.32 3.3 4.82 14.7 15.42 Japon3 57.8 54.1 12.1 9.3 2.4 1.6 27.7 35.0 Allemagne 65.0 61.9 16.1 16.5 0.4 0.3 18.6 21.2 France Royaume-Uni 60.3 54.3 22.8 24.3 1.4 1.7 15.5 19.6 (1975/76) 60.3 n.d. 25.9 n.d. 3.3 n.d. 10.4 n.d. Pays-Bas 51.7 50.1 20.8 23.3 2.5 2.6 25.0 23.9 Canada4 41.9 38.4 30.5 36.0 0.8 0.4 26.8 4.7 Italie 53.6 41.0 24.6 19.3 n.d. n.d. 21.8 39.7 Suède4 71.0 66.8 8.6 9.8 — ____ 20.5 23.4 Suisse 75.7 74.9 6.8 5.7 1.2 0.9 16.3 18.4 Belgique Australie 67.9 61.6 11.4 9.5 0.8 0.8 19.9 28.1 (1976/77) 24.8 21.0 50.9 42.6 1.3 1.3 23.0 35.1 Norvège Danemark 47.1 44.8 18.4 21.3 0.5 0.8 33.9 33.1 (1976/77) 49.1 52.5 21.7 21.5 0.6 0.8 28.6 25.2 Finlande 51.9 45.8 26.3 30.4 0.8 1.0 20.9 22.7 Nouvelle-Zélande 18.0 23.0 61.2 58.7 1.7 1.8 19.1 16.5 Irlande 32.2 24.2 46.8 44.6 4.1 3.7 16.8 27.5 Portugal (1978) 13.1 10.8 66.7 58.0 2.4 1.6 17.8 29.6 Islande 4.8 1.8 65.7 63.6 3.8 4.9 25.7 29.7

1. SSH exclues en totalité ou en partie. 2. Chercheurs seulement.

3. Le personnel n’est pas compté en équivalent plein temps. 4. SENI seulement.

Source : Banque de données O C D E /U IST (fin 1980).

Si cette tendance était confirmée, elle aurait de graves conséquences, non seulement pour la science en général, mais aussi pour l’application de la politique nationale de recherche dans divers pays. En effet, pour que les faibles ressources dont on dispose pour la recherche puissent être réparties de façon efficace, il faut — de plus en plus — que la recherche obéisse à des normes internationales d’évaluation, surtout dans les petites communautés nationales de chercheurs.

Les exigences propres à la science, ou même le souci de répartir le plus efficacement possible les ressources de recherche, ne sont pas les seules considé­ rations qui président à l’instauration de relations internationales en matière de science et de technologie. Les accords de coopération, en particulier ceux qui sont conclus pour la mise au point de techniques nouvelles, dépendent peut-être davantage de la politique étrangère et de la politique économique. Ces questions sont examinées en détail dans « La coopération scientifique et technologique internationale dans la zone OCDE », et il est révélateur que l’on y ait fait observer

que l’industrie jouait un rôle toujours plus important dans la coopération inter­ nationale et que la plupart des initiatives, qu’elles fussent publiques ou privées, étaient prises par des pays européens34.

Un autre aspect de cette question mérite d’être signalé. Comme on le dira plus loin, les pays Membres les moins industrialisés de l’OCDE éprouvent des difficultés particulières à mettre leurs systèmes scientifiques et technologiques au service du développement. De l’avis général, ils ne pourront y parvenir que si les pays Membres plus avancés continuent à leur fournir une aide qui devra comprendre, à l’avenir également, des possibilités de formation. Dans certains cas, il faudra toutefois prévoir des mesures supplémentaires qui, de l’avis des autorités yougoslaves, par exemple, devraient inclure : l’octroi à ces pays d’un accès préférentiel au matériel scientifique fabriqué seulement dans les pays avan­ cés ; l’amélioration du transfert de l’information scientifique et technique ainsi que de nouveaux programmes de recherche en collaboration aux termes desquels des chercheurs de pays avancés et de pays moins avancés étudieraient en commun certaines questions relatives au développement.