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La promotion des connaissances

III. Les priorités

6. La promotion des connaissances

Cet objectif renvoie essentiellement aux dépenses des conseils de recherche et à la recherche universitaire, bien que toutes les activités de recherche effectuées dans ce cadre n’aient pas nécessairement pour but (ou pour seul but) la promotion des connaissances. Le graphique 3 indiquait que la part relative de cet objectif

Tableau 9

Financement public de la R-D consacrée à l’objectif « Promotion générale des connaissances j»1 Millions $ E-U, aux prix et taux de change 1975“

(Les pays sont classés par groupe et par ordre d’importance décroissante de leurs dépenses de R-D en 1980 ou année la plus proche)

1975 1978 1979 Prévisions1980 Allemagne 2 614 2 324 2 386 2 439 Japon 1 419 1 4934 n.d. n.d. France 950 981 1 006 999 Etats-Unis3 813 860 844 858 Royaume-Uni 578 637 622 562 Pays-Bas 481 499 515 537 Italie 352 322 307 376 Suède 275 324 335 335 Belgique 235 113 123 120 Canada 150 168 161 n.d. Australie 1784 1614 n.d. n.d. Norvège n.d. 134 134 121 Danem ark5 70 74 73 70 Finlande 72 75 72 n.d. Nouvelle-Zélande 15 15 15 n.d. Irlande 4 8 n.d. n.d. Espagne 374 n.d. n.d. n.d. Portugal 44 n.d. n.d. n.d.

1. Prom otion générale des connaissances : Comprend l ’ensemble des recherches qui contribuent à la promotion générale des connaissances sans être finalisées sur un objectif particulier. Par convention, est incluse dans cette classe toute la R -D financée par les fonds généraux émanant du ministère de l ’Education (F G U publics) et ceci bien que dans certains pays ce genre de financement puisse concerner d’autres objectifs.

2. ^ C ’est l ’indice de prix implicite du PIB qui est généralement utilisé pour déflater, sauf dans certains pays où il s ’agit de taux d’inflation prévus, calculés par les pays lors de la préparation de leur budget annuel.

3. D onnées sous-estim ées en raison de l’exclusion des « FG U publics ».

4. Japon : au lieu de 1978, lire 1977 ; Australie : au lieu de 1975, lire 1976/77 et au lieu de 1978, lire 1978/79 ; Espagne et Portugal : au lieu de 1975, lire 1976.

5. D épenses courantes seulement.

S o u rc e : Banque de données O C D E /U IS T (fin 1980), sauf Australie (données fournies par les autorités

nationales).

dans le financement public de la R-D enregistrait un déclin dans la plupart des pays de l’OCDE à la fin des années 70. S’agissant des dépenses en termes absolus, le tableau 9 met en évidence divers schémas d’évolution32. Un premier groupe de pays (notamment la Belgique, les Etats-Unis, la France, les Pays-Bas, la Suède) a connu une hausse continue de 1975 à 1979. Un deuxième grand groupe a enregistré une hausse de 1975 à 1978, suivie d’un fléchissement en 1979 (ce sont notamment le Canada, le Danemark, la Finlande et le Royaume-Uni). Quant à l’Italie, elle connaît une baisse régulière des dépenses consacrées à la « promotion des connaissances ».

Il faut cependant souligner que la « promotion des connaissances » diffère sensiblement, en tant qu’objectif, des autres priorités envisagées ici puisqu’elle est en quelque sorte « le prolongement indispensable de l’enseignement supérieur »

32. Il est à noter que ce tableau ne fournissant que les dépenses publiques, les ordres de grandeur ne correspondent pas avec, par exemple, le total des dépenses nationales de recherche fondamentale.

plutôt que l’objet déterminé d’une politique gouvernementale. Et même si les universités ont une responsabilité évidente en ce domaine, ce n’est pas là leur seule mission, ni celle pour laquelle elles sont financées au premier chef. Dans la plupart des pays, en effet, les universités sont perçues en termes de politique éducative et sont financées essentiellement en tant qu’institutions d’enseignement. En même temps, du fait que dans de nombreux pays le système universitaire représente à lui seul une part importante du potentiel national de recherche, il est inévitable et légitime que les gouvernements tentent de s’assurer le concours des établissements universitaires pour la réalisation des programmes prioritaires de recherche à l’échelon national. C’est à la lumière de ces tentatives de mobili­ sation (sur lesquelles nous reviendrons) et de l’évolution de la demande en matière d’enseignement supérieur, suite à l’augmentation du nombre d’étudiants, que le problème de la recherche axée sur la « promotion des connaissances » doit être envisagé.

Dans beaucoup de pays, cette recherche a été largement touchée par les fluctuations du nombre des étudiants ; par le freinage de l’augmentation des ressources financières qui lui sont allouées (qui sont essentiellement fonction du nombre d’étudiants) et la modification de l’équilibre entre les diverses sources de financement de la recherche ; par les pressions en faveur de recherches « socialement utiles » ; et par différents aspects liés à l’évolution des valeurs sociales, tels que la démocratisation du processus de décision au sein de l’université33.

Ces changements dans les effectifs ont des conséquences importantes sur la recherche universitaire. Ces deux aspects sont liés entre eux par des liens financiers, par le recrutement des professeurs et par l’enseignement de troisième cycle. Dans la majorité des pays, l’élément qui détermine les crédits affectés par l’Etat aux universités est le nombre des étudiants qui doivent recevoir un enseignement. En réalité, il semble que très souvent les ressources n’ont pas tout à fait suivi l’expansion, compte tenu de l’inflation. Cela veut dire qu’une fois le personnel payé et le matériel d’enseignement acheté, il ne restait qu’un volume décroissant de crédits disponibles pour la véritable recherche universitaire.

La seconde liaison est celle créée par les incidences de l’évolution des effectifs sur le recrutement du personnel universitaire. Durant les années 60, alors que l’on devait faire face à l’expansion des effectifs, le recrutement était très rapide et les chances n’ont jamais été meilleures pour ceux qui désiraient faire une carrière universitaire. Le corps enseignant universitaire était beaucoup plus jeune, dans l’ensemble, qu’il ne l’avait (sans doute) jamais été auparavant. Dans l’état de croissance faible, ou de croissance zéro, des effectifs qui a suivi, le recrutement de professeurs a été faible ou nul. L’une des conséquences de ce fait est que le personnel des universités a vieilli (ce qui n’a pu manquer d’avoir des incidences sur la mise en œuvre de la recherche). Une autre conséquence est que le moral des jeunes universitaires est affecté par leur conscience du fait que les postes de professeurs titulaires risquent de rester pourvus (et partant, fermés pour eux) pour des années, voire pour plusieurs décennies. Une troisième consé­ quence, très apparente en Allemagne, est le peu d’empressement des étudiants (même parmi les plus doués au point de vue scientifique) à se lancer dans la préparation d’un doctorat car il n’était que trop évident qu’ils n’avaient tout simplement presque aucune chance de pouvoir faire une carrière universitaire, même si nombre d’entre eux étaient plus talentueux que ceux qui avaient été recrutés pendant les années d’expansion rapide.

33. Les conséquences de ces diverses pressions font l’objet d’une analyse détaillée dans les chapitres I et II de L ’avenir de la recherche u n iversitaire, OCDE, Paris, 1981.

La troisième liaison existant entre les effectifs des étudiants et la recherche universitaire se place au niveau de l’enseignement du troisième cycle. Les nombreux jeunes qui arrivent à l’université constituent la « réserve » des étudiants dont certains, quelques années plus tard, iront jusqu’à s’engager dans une activité de recherche. Bien que cette liaison soit complexe, du fait que « l’enseignement universitaire de troisième cycle » est un concept dont la signification varie d’un pays à l’autre, il semble que, pour des raisons diverses selon les pays, le nombre

des travaux de doctorat soit en déclin.

De plus, l’expansion des universités durant les années 60 a entraîné la création ou la modernisation des laboratoires d’enseignement et de recherche. La réduction progressive des ressources qui a suivi a fait que les équipements existants n’ont pas été remplacés : le « problème de l’obsolescence » est une source de préoccupation dans les universités de presque tous les pays de l’OCDE. Il semble qu’une amélioration effective exigerait maintenant une injection massive de capitaux.

C’est dans ce contexte de détérioration — qui se traduit par l’obsolescence de l’équipement, l’érosion progressive des crédits de recherche « libre », l’absence de recrutement (et les conséquences qui en résultent pour l’ouverture éventuelle de nouveaux domaines de recherche) — que plusieurs gouvernements commencent à réagir et à prendre des mesures en vue de redresser la situation, par l’intermé­ diaire des ministères de l’Education ou des conseils de recherche.

Au Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) prévoit de consacrer de 1980-1981 à 1984-1985 212 millions de dollars (aux prix de 1979) au remplacement des équipements (à cette somme viendront s’ajouter des crédits supplémentaires pour les dépenses de fonctionnement). En outre, dans le but de donner à la recherche fondamentale des bases plus solides, le Conseil entend accroître son aide à la recherche « libre » au rythme minimum de 5.5 % par an en termes réels (taux de croissance escompté par rapport au PNB H- 1 % ) au cours de la même période.

En Italie, où la recherche universitaire est dans une situation particulièrement difficile, une loi datant de février 1980 prévoit la création au sein des universités de 16 000 postes permanents de recherche, dont 4 000 seraient ouverts sur concours entre 1980 et 1983. Des crédits d’un montant total de 300 milliards de lires ont été dégagés pour la période 1980-1982. D’autre part, un enseignement de troisième cycle est actuellement mis en place en vue de permettre la formation de chercheurs.

En Finlande, un plan quinquennal particulièrement ambitieux pour le déve­ loppement de la recherche fondamentale a reçu l’approbation du gouvernement. Cette décision a été prise en réaction contre une situation dans laquelle, à la fin des années 1970, les crédits affectés à la recherche universitaire étaient restés plus ou moins stationnaires en termes réels, tandis que ceux de l’Académie de Finlande (autrement dit les conseils de recherche) diminuaient.

Aux Etats-Unis, le budget présidentiel (révisé) de 1981 prévoit un accrois­ sement des crédits alloués à la NSF de l’ordre de 9.3 % par rapport à ceux de 1980. Bien que cet accroissement corresponde encore à une diminution en valeur réelle, il sera intéressant de noter que, de tous les principaux organes qui financent des activités de R-D, seul le ministère fédéral de la Défense devrait bénéficier d’une augmentation de crédits d’une proportion plus élevée. Le gou­ vernement des Etats-Unis accorde de nouveau un rang prioritaire à la recherche fondamentale et a récemment annoncé qu’en 1981 il augmenterait les crédits afférents à la recherche fondamentale de 3 % en valeur réelle. Ce pourcentage comprend des fonds supplémentaires qui n’apparaissent pas dans le budget révisé.

L’essentiel de l’aide à la recherche fondamentale est fourni par le « National Institute of Health — NIH » et la « National Science Foundation — NSF ».

Au Royaume-Uni, le Comité consultatif des conseils de recherche (ABRC) et le Comité des subventions aux universités (UGC) ont constitué conjointement un groupe de travail qui examine le système de « soutien dualiste » à la recherche scientifique universitaire — système suivant lequel les universités doivent fournir, sur leurs fonds généraux, un financement « plancher » pour les équipements de recherche, tandis que les conseils de recherche assurent un soutien spécifique pour des projets sélectionnés.

S’agissant des autres gouvernements qui s’efforcent d’enrayer le déclin de la recherche fondamentale, la plupart des initiatives adoptées sont plus modestes et plus spécialement centrées sur des aspects spécifiques du problème. Ainsi, en Allemagne, le Programme Heisenberg est conçu pour lutter contre les effets sclérosants et démoralisants de l’absence de recrutement, par la création de postes temporaires de recherche au niveau du doctorat de troisième cycle et au-delà.

Les universités s’efforcent d ’autre part, soit de leur propre initiative, soit sous la pression des pouvoirs publics, d’utiliser plus efficacement leurs crédits de recherche en les attribuant en priorité aux chercheurs les plus productifs du corps professoral. Cette orientation suppose que le système de répartition des crédits sur la base de formulaires normalisés soit remplacé par un plan de recherche, et que les demandes déposées par les membres du corps professoral soient évaluées par un comité central de la recherche universitaire. On observe une tendance dans ce sens aux Pays-Bas, en Suisse et en Allemagne, où deux universités au moins fonctionnent selon ce principe (que le Wissenschaftsrat voudrait étendre à tous les établissements universitaires).