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Programmes et équipements internationaux

de recherche internationaux sur des problèmes dont la nature autant que l’ampleur exigent une action concertée d’un grand nombre de participants. Comme il ne saurait être question d’en dresser ici une liste exhaustive, on en donnera seulement deux exemples significatifs choisis arbitrairement. Le premier est le programme GARP (Global Atmospheric Research Programme) lancé au début de la décennie par l’Organisation météorologique mondiale. Le second, plus récent puisque la convention le créant a été signée à Canberra le 11 septembre 1980, est le pro­ gramme CAMLR (Conservation of Antarctic Marine Living Resources) auquel

participent les Etats signataires du Traité sur l’Antarctique et dont le but est d’arriver à gérer toutes les ressources marines de l’Antarctique comme un écosystème.

De même, les grandes institutions scientifiques internationales, créées pour construire et gérer les équipements dont le coût dépasse de toute évidence les possibilités de chacun des pays, ont poursuivi leur développement. Tel est en particulier le cas du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) dont l’influence dépasse largement le cadre européen et dont le succès en a fait un symbole et un modèle. Cette organisation prévoit actuellement la construction d’un nouvel accélérateur de particules qui aurait un anneau de 9.5 km de dia­ mètre, alors que l’anneau de 2.2 km de diamètre de l’actuel super proton syn- chrotron (SPS) mis en service il y a seulement quatre ans est déjà le plus grand du monde. Le nouvel accélérateur doit réaliser des collisions électron-positron d’une énergie de 2 X 22-130 Gev, alors que celle des collisions de protons obtenues par le SPS atteint 400 Gev. Tandis que le budget approuvé pour le SPS était d’environ 250 millions de dollars, la première tranche des travaux du nouvel accélérateur, baptisée Lep, devrait coûter près de 610 millions de dollars, la seconde tranche quelque 120 millions de dollars supplémentaires et une phase ultérieure devrait porter îe coût global à un milliard de dollars. Comme les ressources dont disposait à cet effet le groupe des 12 pays européens concernés n’étaient que d’environ 330 millions de dollars en 1978, il a été convenu que les fonds nécessaires au nouvel accélérateur seraient obtenus en puisant dans le budget actuel, grâce à l’arrêt d ’équipements plus anciens.

A l’activité du CERN en physique des hautes énergies correspond celle de l’ESO (Organisation européenne pour les recherches astronomiques dans l’hémi­ sphère austral) en matière d’astronomie ; son observatoire est situé à La Silla au Chili. Aux équipements existants (principalement le télescope de 3.6 m de diamètre), il est prévu d’ajouter deux nouveaux télescopes de 2.2 m et 3.5 m de diamètre dont la réalisation est liée à l’adhésion de l’Italie et de la Suisse (les six premiers membres étant l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas, la Suède). En outre, l’ESO entreprend des études préliminaires pour la mise en place d’un télescope de très grande ouverture (VLT).

Le Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) et la Conférence européenne de biologie moléculaire résultent l’un et l’autre du souci apparu au début des années soixante d’éviter une « fuite des cerveaux » dans ce domaine. Pour sa part, la Conférence se préoccupe exclusivement de bourses, de cours d ’été, de séminaires, etc. et compte quinze pays membres, dont dix contribuent également à l’EMBL.

A sa création, en 1964, l’Organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO) constituait avant tout une société savante et un groupe de pression international et ne disposait pas de crédits. La mise en place d’un laboratoire figurait toutefois parmi ses principaux objectifs. Les Etats sollicités « repoussèrent purement et simplement »2 en 1967 le projet initial de laboratoire et un nouveau projet vit le jour en 1970 ; il visait à créer un laboratoire deux fois moins important et répondant à une conception différente — « se çharger des travaux que les instituts nationaux ne peuvent accomplir facilement ». Ce dernier point constituait apparemment « la condition indispensable au démarrage effectif du projet ». Les statuts de l’EMBL furent scrupuleusement calqués sur ceux du CERN, et le choix de son emplacement (à Heidelberg, en Allemagne) fut un

2. Citations extraites du témoignage du directeur général de l’EMBL, Sir John Kendrew, devant le Comité spécial sur la Communauté européenne de la Chambre des Lords, 1977-1978, 6th Report (87), para. 30-99.

« choix politique... étroitement lié au choix du site du nouvel accélérateur de 300 G ev». L’accord fondant juridiquement l’EMBL a été signé en 1974.

En plus du développement des grands organismes multilatéraux, les années 70 ont également connu la construction conjointe par deux ou trois pays d’instal­ lations d’une ampleur relativement moindre. Comme exemples parmi d ’autres, on peut citer : le réacteur à haut flux de l’institut Laue-Langevin de Grenoble construit par l’Allemagne et la France auxquelles s’est joint ultérieurement le Royaume-Uni ; le télescope anglo-australien de 3.81 m de diamètre situé à Siding Spring (Australie) ; et le télescope franco-canadien de 3.6 m de diamètre situé à Hawaï.

Les grands équipements qui viennent d’être cités sont autant de succès de la coopération et ont puissamment contribué au progrès des connaissances. Ces succès ne vont toutefois pas sans poser quelques problèmes aux pays participants. Ils drainent en effet une fraction parfois considérable des ressources nationales consacrées aux disciplines concernées — souvent accrue par l’évolution des taux de change — et réduisent ainsi la marge de manœuvre déjà limitée des politiques de la science et de la technologie.