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La représentation sociale du tennis, chez les sportifs non pratiquants Nous avons vu que la littérature a montré un certain nombre de résultats

Chapitre 3. Théorie des représentations sociales

1. La représentation sociale du tennis, chez les sportifs non pratiquants Nous avons vu que la littérature a montré un certain nombre de résultats

contradictoires, notamment pour ce qui est du contenu de la RS en relation avec la distance à l’objet (Dany & Abric, 2007 ; Ajcardi & Terme, 2007 ; Dany, Apostolidis, & Harabi, 2014 ;

Boussoco et al., 2016 ; Dany, 2016). Partant du fait que la distance à l’objet renvoie à « la nature de l’insertion sociale du groupe dans un contexte donné » (Abric & Tafani, 1995, p. 31), nous avons envisagé que les enjeux identitaires en lien avec les statuts et prises de

position (Doise et al., 1992) pouvaient également être pris en considération pour expliquer ces variations.

En effet, nous avons vu par ailleurs que le statut du groupe peut notamment permettre le maintien d’une identité sociale favorable (Tajfel, 1972). Notre objet, le tennis, est un objet spécifique. En effet, le niveau de pratique ne permet pas seulement au groupe d’être plus expert par rapport à l’objet (Morlot, Salès-Wuillemin, 2008 ; Salès-Wuillemin, Morlot, Fontaine, 2011), il lui permet également d’évoluer dans l’échelle de valeurs, d’être considéré plus positivement. Les professionnels s’entraînent plus que les loisirs, ils ont donc une

pratique plus intensive, mais en outre ils bénéficient d’une image plus positive. Nous pensons ainsi que ce statut valorisé peut avoir un impact sur la représentation que le groupe de

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En effet, comme le soulignent Dany et Abric (2007) le concept de distance à l’objet est complexe. Il renvoie à la relation que le groupe entretient avec l’objet. Cette relation recouvre différents aspects : la connaissance que le groupe a de l’objet (dit autrement l’expertise ou la précision avec laquelle l’objet est identifié), l’implication que le groupe a vis-à-vis de l’objet (dit autrement, l’importance qu’il lui accorde, le niveau auquel le groupe est concerné) et enfin le niveau de pratique de l’objet (dit autrement la fréquence avec laquelle l’objet est utilisé ou pratiqué). Nous pensons que dans le cas du tennis tout du moins, cette conception est insuffisante à expliquer la relation à l’objet. Il est nécessaire d’inclure également la valeur du groupe dit autrement sa position dans la hiérarchie sociale.

Ainsi, si l’on s’appuie sur les résultats de Aguirre (2006) ou encore de Boussoco et al.,

(2016), une relation peut être faite entre la position valorisée du groupe dans la hiérarchie et la présence d’éléments à contenu évaluatif positifs dans la représentation. Ainsi, Aguirre (2006) montre que les cuisiniers les mieux côtés « à hauts revenus », alors qu’ils sont proches de l’objet, activent des éléments évaluatifs positifs à propos de l’objet (comme le plaisir). Boussoco, et al., (2016) confirment ce résultat. Ils montrent que les participants qui ont une faible distance à l’objet activent des éléments comme partage, plaisir, saveur, créativité, c’est- à-dire des éléments évaluatifs. Les auteurs concluent que la signification même attachée à l’objet « faire la cuisine » serait différente selon le niveau de pratique, elle serait considérée comme un plaisir pour les groupes à faible distance et comme une contrainte pour les

individus à forte distance. Si nous nous appuyons sur Ajcardi et Terme (2007) cependant, un même sport (le ski hors-piste) peut être représenté différemment par les non pratiquants, les pratiquants de piste et les pratiquants hors-piste. Dans les trois représentations la dimension évaluative est présente, elle est cependant négative chez les non pratiquants (danger, risque), mixte chez les pratiquants de piste (danger, risque, sensation) et positive chez les pratiquants hors-piste (poudreuse, sensation, liberté). Il est possible d’interpréter ce résultat en s’appuyant

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sur le fait que pratiquer le hors-piste demande un niveau de technicité élevé ce qui peut conduire les pratiquants hors-piste à se considérer comme une élite qui prend des risques calculés, comparativement aux autres pratiquants. Cette valeur positive associée aux pratiquants peut aussi renforcer le caractère positif et valorisé associé à l’objet.

2. Hypothèses

Hypothèses 1

En nous appuyant sur les travaux de Ajcardi et Terme (2007) Aguirre (2006) et de Boussoco, Dany, Giboreau et Urdapilleta (2016), nous faisons l’hypothèse que les cognitions présentes dans la représentation que les professionnels ont du tennis devraient plus s’ancrer dans la dimension évaluative que les cognitions présentes dans la représentation que les loisirs ont du tennis. Cela devrait se traduire par l’émergence de cognitions de types

descriptives/fonctionnelles, lorsque la distance est élevée (Sportifs non pratiquants du tennis, Tennis de Loisirs), et par des cognitions évaluatives lorsque la distance est faible (Haut- Niveau et Professionnels).

Hypothèse 2

Pour ce qui est de la structure de la RS. Nous supposons que les groupes ayant une distance à l’objet faible devraient avoir une RS plus structurée que les groupes qui ont une distance à l’objet plus élevée. Cela devrait se traduire par une RS composée d’un nombre d’hapax inférieur.

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3. Méthodologie

Participants

L’échantillon total est composé des 225 participants (Loisirs, Compétiteurs, Haut Niveau, Professionnels) auxquels s’ajoutent n= 65 sportifs non pratiquants du tennis, dont 41 hommes [Mâge = 23.46 ; ET = 2.27] et 24 femmes [Mâge 26.37 ; ET = 1.78].

Nous avons recruté les sportifs non pratiquants à l’aide de la plateforme en ligne Qualtrics. Nous avons sollicité des individus ayant une activité sportive très régulière. Nous avons retenu trois critères indispensables afin de composer le groupe de sportifs. Le premier était que les individus devaient ne jamais avoir pratiqué le tennis, ou que très rarement, afin de neutraliser au maximum la variable de la pratique du tennis. Nous avons ensuite demandé aux individus s’ils suivaient l’actualité du tennis. N’ont été retenus que les individus nous signifiant ne pas suivre ou que très peu l’actualité du tennis. Enfin, afin de nous assurer que ce soit bien un groupe de sportifs assez homogène, n’ont été retenus que les individus ayant une activité sportive supérieure ou égale à trois fois par semaine. Cette méthode s’apparente quelque peu à celle de la distance à l’objet (Dany et al., 2014 ; Boussoco et al., 2016).

Variables

VI. La variable indépendante est le groupe de sportifs (5 groupes sont distingués)