• Aucun résultat trouvé

185

L’objectif de ce travail, était d’observer l’impact d’une matrice sociale

hiérarchiquement organisée, sur les RS du tennis, des individus constitutifs de celle-ci. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur des théories importantes dans le champ de la

psychologie sociale. La théorie des représentations sociales (Moscovici, 1961), la théorie de la catégorisation sociale (Tajfel & Wilkes, 1963), la théorie de l’identité sociale (Tajfel, 1972), la théorie de l’auto-catégorisation (Turner et al., 1987), et les rapports de domination

(Lorenzi-Cioldi, 2002, 2009). Ces éléments théoriques nous ont paru indispensables à la bonne compréhension des enjeux inhérents au positionnement des groupes dans une structure sociale. Mais aussi d’explorer les effets, de ces positionnements, statuts, sur les individus qui s’y trouvent.

L’Etude 1, nous a permis de mettre en évidence que la pratique du tennis sous sa forme loisir, ou sous une forme compétitive a des répercussions sur la structure, mais aussi sur le contenu des RS. Avant de pouvoir mettre cela en lumière il a été important pour nous de constituer des groupes réflexifs (Wagner, 1998). C’est à nouveau, l’organisation de la matrice, qui nous a poussé à laisser les pratiquants s’auto-catégoriser au sein des groupes

d’appartenance de leur choix. Outre la perspective méthodologique quant à la constitution des groupes, ce choix avait pour objectif de valider et de démontrer la connaissance de cette structure hiérarchique. Non pas à l’aide d’une observation externe de chercheur, mais en s’appuyant sur les individus eux-mêmes. Les résultats ont démontré que la matrice était effectivement, connue et maîtrisée par les pratiquants que nous avons sollicités.

Une fois la matrice sociale clarifiée, nous souhaitions observer les enjeux sous-jacents à celle-ci, et observer si les RS pouvaient nous permettre de les mettre à jour.

186

démontrer que les pratiquants du tennis sous une forme non-compétitive, semblaient posséder une RS plus hétérocentrée que les compétiteurs (Compétition, Haut Niveau et Professionnel). Si nous pouvons mettre en avant l’idée d’une RS plus hétérocentrée pour le groupe Loisir c’est avant tout par un « jeu de contraste » des items qui ont émergé pour les groupes de compétiteurs. En effet, l’ensemble des éléments du groupe Loisir laissait selon nous supposer une distance plus importante, et notamment une position de « spectateur » de par l’émergence de cognitions noms propres, la présence de ces items, peut selon nous s’expliquer au regard du fait que le sport et le tennis, disposent aujourd’hui d’une forte présence médiatique. La large diffusion du sport et du tennis, peut certainement avoir une incidence sur le niveau de connaissance (Salesses, 2005). Bourg (2007) démontre que le volume horaire de diffusion télévisé du sport est passé de 232 heures en 1968 à 12 000 heures, 30 ans plus tard. Dès les travaux princeps, Moscovici (1961) avait affirmé que les RS dépendaient de trois processus, dont la dispersion de l’information. Une distance importante au tennis laisse supposer que les communications à l’endroit du tennis, sont celles relatives aux champions et aux grands tournois dans lesquels ils s’affrontent. La présence de l’item Roland Garros, vient selon nous renforcer cette hypothèse.

Par ailleurs, les items faisant référence aux champions ont par ailleurs été évalués, pour la très grande majorité des groupes (sportifs, loisir et compétition) comme étant évaluatifs. La littérature n’ayant à notre connaissance pas fait l’état des dimensions noms propres, cela nous a poussé à nous questionner sur l’évaluation de ces dernières mais aussi à nous confronter à la difficulté à identifier la dimension de certains items, tels Compétition ; Mental ; ou encore Combat. Qui par ailleurs, au regard des pratiques mais aussi des statuts, prises de positions (Doise, 1992 ; Doise et al., 1992) peuvent avoir des orientations,

187

groupes été identifiés comme étant évaluatifs. Une distance plus importante à l’objet semble avoir eu pour effet une « personnification » du tennis, de par l’incarnation des champions qui le pratiquent. D’un point de vue méthodologique, nous pensons par ailleurs, qu’il peut s’avérer pertinent, dans une perspective d’étude comparative des RS, de développer

l’identification des dimensions des cognitions par les sujets eux-mêmes. Le nombre restreint de juges dont nous disposions ne nous permet pas de pouvoir tirer une analyse plus

approfondie des résultats. Cependant, au même titre qu’il est désormais très régulièrement demandé aux individus de déterminer l’ordre d’importance des items produits (Dany et al., 2015), nous pensons qu’il peut s’avérer intéressant d’élargir cette auto-évaluation des

cognitions durant la tâche d’association verbale permettant l’analyse de ces dernières à l’aide de méthodes plus robustes. Pour ce qui est des groupes de compétiteurs, l’Etude 1 a fait émerger l’entremêlement d’items descriptifs/fonctionnels et d’éléments évaluatifs. Cependant, il semblait au regard des éléments relatifs à la constitution des différentes analyses

prototypiques que les éléments évaluatifs prenaient plus d’importance à mesure que le niveau de pratique augmentait. Les résultats de l’Etude 3, viendront confirmer cela. De plus, dans l’Etude 1, nous espérions à l’aide d’une échelle mesurant le niveau d’identification à

l’endogroupe (Hogg et al., 1993), mettre en exergue des enjeux relatifs à la constitution de la matrice sociale. Et ainsi questionner le rapport EGOàALTER. Les résultats ont démontré que les pratiquants du groupe Loisir étaient significativement moins identifiés à l’endogroupe que l’ensemble des groupes de compétiteurs. Compétiteurs, pour lesquels nous avions émis des hypothèses, au regard de l’organisation pyramidale de la matrice sociale du tennis. Celle- ci étant comme nous l’avons vu, constituée d’un faible nombre d’individus en son sommet, et une masse de pratiquants importante à sa base. Cette organisation nous a orienté vers les travaux relatifs aux rapports de dominations de Lorenzi-Cioldi (2002, 2009) et les groupes

188

d’un niveau de pratique élevé, plus le niveau d’identification à l’endogroupe serait faible. Nous avions par ailleurs émis l’hypothèse inverse. A savoir qu’afin de faire valoir une identité sociale favorable (Tajfel, 1972), le niveau d’identification à l’endogroupe devait cette fois augmenter à mesure que le niveau de pratique s’amplifiait. Aucune des deux orientations théoriques n’a semblé satisfaire les hypothèses formulées. Comme nous l’avons vu, les résultats n’ont pas fait émerger de différences significatives quant au niveau d’identification à l’endogroupe. La problématique de ce travail avait mentionné que la psychologie sociale s’est peu attardée sur des groupes ou des catégories sociales, dont les rapports internes entre les membres sont compétitifs. Mais a plutôt orienté son intérêt sur des groupes de types

collaboratifs (Turner, 1982). Nous pouvons supposer que les compétiteurs ont pour objectif de performer et d’évoluer au sein de la matrice sociale. Performer afin de monter au classement et par conséquent, de potentiellement changer de groupe d’appartenance. Cela ne peut se réaliser qu’aux dépens des membres de l’endogroupe qu’il faut battre, afin d’évoluer dans la structure hiérarchique. Ce mécanisme s’apparente à la mobilité sociale proposée par Tajfel et Turner (1979), qui est une stratégie individuelle. Nous pensons que la focalisation sur cette stratégie, qui n’est ici réalisable qu’au travers de la performance, peut avoir pour effet une uniformisation du rapport que les individus entretiennent avec l’endogroupe et des rapports intragroupes.

Une proposition d’interprétation de ces résultats peut aussi se faire, en rapprochant les perspectives de Bourdieu (1979) et Lorenzi-Cioldi (2002, 2009). Si comme le dit Bourdieu, les différents styles de vie sont des modes de domination, et que les dominants dictent comme nous l’avons déjà mentionné, le bon goût, les bonnes pratiques, etc. Nous pouvons émettre l’hypothèse que le groupe Professionnel, est et est perçu comme le groupe dominant auquel se réfèrent les groupes de compétiteurs « inférieurs ». Et que ces groupes supposément dominés,

189

notamment afin d’être performant. Ce qui pourrait avoir comme conséquence, une « homogénéisation de la collection » sur l’ensemble des groupes de compétiteurs. Dit autrement, une homogénéisation de l’individualisation des compétiteurs.

L’Etude 2 avait pour objectif de venir renforcer les résultats rencontrés au sein de la première étude. Après avoir constaté que les analyses prototypiques semblaient orienter à une prédominance de dimensions évaluatives et ne pouvant pas interroger un groupe « supérieur » à celui des professionnels, nous avons voulu tenter d’observer si la relation inverse pouvait être confirmée. Constater si une distance plus importante à l’objet pourrait avoir pour

conséquence, l’utilisation d’items descriptifs/fonctionnels s’apparentant à ceux constatés chez le groupe Loisir. De ce fait, nous avons sollicité un groupe composé de sportifs qui ne

pratiquaient nullement le tennis. Se trouvant donc hors de la matrice sociale jusqu’alors exploitée. Les résultats sont effectivement venus confirmer cette hypothèse. Nous avons pu relever que l’analyse prototypique de ce groupe de sportifs était proche de celle du groupe Loisir non seulement quant au contenu, mais aussi au regard de sa structure.

Nous avons aussi pu mettre en avant le fait que les sportifs disposaient d’un nombre d’autant plus important de cognitions noms propres, faisant référence aux champions, comparativement aux différents groupes de pratiquants. Venant au passage renforcer l’idée d’un contenu représentationnel, plus hétérocentré à mesure que la distance augmente. Mais aussi d’une personnification de l’objet. Pour ce qui est relatif aux résultats quant aux

structures des RS, nous avons aussi pu observer que le groupe de sportifs, ainsi que le groupe Loisir, ont produit significativement moins d’hapax que les groupes de compétiteurs. Selon Flament et Rouquette (2003), plus il y a d’hapax, plus la part de variations inter-individuelles est importante. Selon nous, ce résultat quant à la structure de la RS, est à mettre en parallèle