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3.3.   Amélioration  du  Taux  d’Accès  et  de  la  Qualité  des  Infrastructures  Economiques

3.3.1.   Renforcement  de  l’offre  d’énergie

439. L’énergie   est   un   facteur   important   de   bien être des populations et conditionne la croissance   et   la   compétitivité   de   l’économie.   En   effet,   l’accès   à   une   quantité   d’énergie   suffisante est essentiel pour répondre aux besoins en rapport avec (i) la mécanisation de

l’agriculture  et  la  conservation  des produits  agricoles,  (ii)  l’extraction  et  la  transformation  des   minerais, (iii) le développement et la diversification des activités économiques, (iv) un meilleur  climat  des  affaires  propice  aux  investissements  du  secteur  privé  et  (v)  l’amélioration   des systèmes  de  santé  et  d’éducation.

440. La   réalisation   de   ces   objectifs   est   fortement   hypothéquée   par   l’insuffisance   de   la   production   d’énergie   électrique   au   Burundi.   En   effet,   le   bois   de   chauffe   et   le   charbon   fournissent   plus   de   90%   de   la   consommation   d’énergie   avec un impact très négatif sur les ressources naturelles, notamment les forêts et les boisements. Ces ressources sont renouvelables,   mais   leur   déclin   a   d’ores   et   déjà   causé   de   graves   dommages   environnementaux comme  l’érosion,  les  glissements  de  terrain  et  la baisse de la fertilité des sols. En outre, la collecte du bois pèse lourdement sur les femmes et sur les jeunes qui consacrent une part importante de leur temps à cette activité.

441. La   consommation   de   l’électricité   est   très   modeste.     En   effet,   selon   le   RGPH 2008, seulement  4,8%  des  ménages  possède  l’électricité  avec  un  écart  considérable  entre  le  milieu   urbain (39,6%) et le milieu rural (1,2%). La dispersion de la population représente un grand défi, dans la mesure où elle complique le raccordement au réseau de distribution. En outre, l’électricité   est   essentiellement   un   produit   urbain   avec   une   forte   concentration   de   la   consommation dans la capitale (environ 90% de la consommation nationale). Le faible taux de pénétration en milieu rural a pour conséquence un accès insuffisant aux services sociaux de  base  comme  les  centres  de  santé  et  diminue  le  temps  disponible  pour  le  travail  ou  l’étude.  

442. La  capacité  de  production  nationale  est  basée  sur  l’exploitation  (i)  de  quelques  centrales   hydroélectriques dont les plus importantes sont Mugere et Rwegura totalisant 30,6 MW, et (ii)   d’une   centrale   thermique   de   5   MW   de   capacité.  Au total la capacité installée atteint environ 45 MW.

443. Le Burundi reste fortement dépendant des importations (Rusizi I-13,3 MW et RUZIZI II - 1,71MW)   qui   fournissent   plus   de   40%   de   la   consommation   nationale.   En   2010,   l’offre   totale a augmenté de 20%, une forte pression de la demande ayant contraint le pays à importer davantage.

444. Selon les prévisions de la REGIDESO, le déficit en énergie électrique continuera d’augmenter  au  cours  de  prochaines  années  dans  la  mesure  où  les  investissements  préconisés   ne pourront pas encore produire une énergie supplémentaire avant 2015. Selon les mêmes prévisions, le déficit pourrait atteindre 10MW en 2012-2013 et 20MW en 2014-2015 et l’équilibre  ne  pourra  être  rétabli  qu’à  l’horizon  2016-2017. Avant cette date, les problèmes de disponibilité   en   énergie   électrique   vont   donc   perdurer,   avec   plus   d’acuité   durant   la   saison   sèche qui enregistre régulièrement une baisse des capacités hydrauliques pouvant atteindre 50%.

445. Les   fréquentes   pénuries   d’énergie   électrique   ont   entraîné   des   délestages   généralisés   ayant des conséquences très négatives sur la situation économique et les performances du secteur privé. En 2010, le déficit en énergie électrique a été particulièrement sévère et la situation  n’a  pu  être  redressée  que  grâce  à  la  révision  de  la  centrale  thermique  de  Bujumbura   et  à  la  location  d’une  centrale  thermique  de  10  MW.  

446. La  distribution  de  l’énergie  électrique  s’opère  par  le biais de lignes de transport à haute tension (110KV) et à moyenne tension (30KV). Au total, le linéaire de ces lignes est estimé à environ  750  km,  mais  la  plupart  nécessitent  d’urgents  travaux  de  réhabilitation.

447. De façon générale, le réseau de distribution   est   vétuste   et   l’ampleur   de   ce   problème   cause  d’importantes  pertes  techniques  estimées  à  22%  en  2010.

Tableau 12 : Production et consommation d'énergie électrique (en Gwh)

448. Ces  pertes  techniques  accroissent  les  coûts  d’exploitation  de  la  REGIDESO  qui,  depuis   de   nombreuses   années,   est   déficitaire   du   fait   des   lourdes   charges   d’exploitation   et   de   la   faiblesse des recettes - aggravée par le non-ajustement des tarifs depuis 2007.

449. En  définitive,  les  pénuries  d’électricité,  le  manque  de  fiabilité  du  réseau  et  les  déficits   financiers de la REGIDESO sont un frein majeur pour la réalisation des ambitieux objectifs de  croissance  du  Gouvernement.  A  titre  d’illustration,  l’exploitation  du nickel exigera la mise en  place  d’une  capacité  pouvant  atteindre  150MW  (pendant  la  phase  de  traitement).  

450. En ce qui concerne les hydrocarbures, le pays dépend entièrement des importations et subit donc les effets des chocs exogènes résultant des fluctuations des prix des produits pétroliers.

Tableau 13 : Évolution comparée des importations du carburant et des exportations totales Année importations de carburants

(MBIF) exportations totales (MBIF) Taux de couverture (%)

2006 57 488 59 893 96 l’économie  nationale.  Ces  importations  représentent  à  elles  seules  plus  de  90%  des  recettes  en   devises   générées   par   l’ensemble des exportations du pays, qui par conséquent est très vulnérable aux chocs des prix internationaux du pétrole.

452. Compte  tenu  de  l’augmentation  de  la  demande  qui  résultera  à  la  fois  de  la  forte  poussée   démographique, du développement des centres urbains et des progrès espérés de l’industrialisation,  l’une  des  priorités  du  Gouvernement  sera  d’adapter  l’offre  et  la  demande   grâce  notamment  à  l’accroissement  de  la  capacité  nationale  de  production  d’électricité.  

453. L’augmentation   de   la   capacité   résultera   d’abord des nombreux projets déjà programmés,  y  compris  la  construction  d’une  série  de  centrales  hydroélectriques  – Kabu 16 (20MW) et Mpanda (10MW) - et la signature des contrats de concession et de partenariat public - privé pour la construction de nouvelles centrales hydroélectriques.

454. En outre, le Burundi appuie les programmes régionaux initiés de concert avec les pays voisins – notamment les chutes de Rusomo et la centrale Rusizi III en cours de construction (des études ont aussi été lancées pour un éventuel Rusizi IV). Chacune de ces centrales mettra à la disposition de la sous-région  des  capacités  supplémentaires  d’au  moins  60  et  80   MW. Le Gouvernement souhaite aussi poursuivre les objectifs complémentaires concernant (i)  la  réhabilitation  et  l’extension  du réseau, (ii) le renforcement des capacités financières de la   REGIDESO,   (iii)   la   diversification   des   sources   et   des   types   d’énergie   ainsi   que   (iv)   la   libéralisation  et  la  réglementation  du  service  public  de  l’électricité.  

455. La   réhabilitation   et   l’extension   du   réseau   impliquent   l’adaptation   technique   du   réseau   national   aux   exigences   d’une   interconnexion   efficace   avec   le   réseau   régional,     notamment  

l’interconnexion  en  220  KV  avec  le  réseau  de  la  CEPGL  et  de  la  Communauté  Est  Africaine.  

Elles nécessitent également   la   protection   de   l’ensemble   du   réseau   national   et   la   rénovation   des ouvrages.

456. Pour le renforcement des capacités financières de la REGIDESO, une révision tarifaire basée   sur   les   coûts   de   fonctionnement   réels   de   l’entreprise   est   impérative.   Il  conviendra également   d’analyser   avec   soin   les   causes   des   pertes   techniques   en   vue   de   déterminer   les   mesures qui doivent être prises pour une solution durable de ce problème, conformément aux dispositions du contrat-plan entre la REGIDESO et le Gouvernement.

457. La promotion des énergies nouvelles et renouvelables – telles que le solaire, le biogaz, la géothermie, la tourbe et les microcentrales hydrauliques – est justifiée par la nécessité d’une   rationalisation   de   la   consommation   de   bois   de   chauffe.   Les   énergies nouvelles sont également une alternative aux fournitures du réseau central pour les régions difficilement accessibles,   notamment   pour   l’approvisionnement   des   services   sociaux   de   base.   L’énergie     solaire représente un grand potentiel, mais les coûts initiaux sont élevés et risquent de freiner sa   vulgarisation.   Le   Burundi   exploite   des   réserves   de   tourbe   dont   le   taux   d’humidité   est   suffisamment élevé pour en assurer la viabilité économique (environ 50 millions de tonnes), mais des études devront être entreprises   pour   déterminer   les   conditions   d’une   utilisation   efficace de cette ressource. Des études doivent aussi être lancées sur le potentiel en matière d’énergie  éolienne.

458. Enfin, les approvisionnements réguliers en carburant et le suivi rigoureux des prix internationaux   sont   des   éléments   importants   qui   permettront   d’identifier   les   mesures   à   prendre   en   cas   de   chocs   d’une   certaine   ampleur.   Il   est   également   utile   de   renforcer   les   capacités  de  stockage  et  d’initier  des  programmes  de  prospection  du  potentiel  national dans ce domaine.