1.3. Situation Récente de la Pauvreté
1.3.3. Qualité de l’emploi et pauvreté : une relation à l’épreuve des programmes du CSLP I
membres d’un ménage influencent son niveau de pauvreté. Dans le cas spécifique du Burundi, certaines régularités dans la relation qualité/nature de l’emploi et consommation/bien-être10 suggèrent des pistes à explorer pour l’identification des secteurs d’emploi potentiellement porteurs pour accélérer la réduction de la pauvreté.
8 Les 80,3 pourcent de chômeurs jeunes restant sont composés de nouveaux demandeurs d’emplois.
9 A peu près 36 pourcent des motifs involontaires étaient non identifiés en 2008.
10 Cette analyse peut aisément être menée sur la base des indicateurs qui se fondent sur la privation de certains bien et services essentiels au bien-être/bonheur des ménages. Dans une version plus élaborée de cette note, des résultats complémentaires viendront compléter les premiers résultats que nous obtenons déjà avec l’exploitation de la méthode qui se base sur les composantes principales.
100. Premièrement, en ce qui concerne l’emploi agricole dans le secteur formel, il y a lieu de constater que la proportion de demandeurs d’emplois diminue (de façon monotone) au fur et à mesure que s’améliorent les indicateurs de pauvreté utilisés (Tableau 5). Selon les estimations effectuées en 2006, les individus en âge de travailler11 vivant dans les ménages les plus pauvres étaient 21,4% à demander un emploi agricole formel tandis que les individus en âge de travailler vivant dans les ménages les plus riches étaient 9,1% à demander un emploi de ce genre. En 2009, les proportions correspondantes étaient respectivement 19,8%
et 2,4%12.
Tableau 5 : Secteur d'origine des moyens de vie selon le quantile de score de bien-être – 2009
Activité/Moyen de vie Quantile de score de bien-être par ménage
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q5/Q1
Agriculture d'exportation 0.46 0.31 0.64 0.47 0.35 0.78
Agriculture vivrière 19.82 14.17 11.74 7.52 2.41 0.12
Activité extractive 0.00 0.24 0.14 0.24 0.22 -
Activité de transformation (industrie et artisanat) 0.12 0.19 0.26 0.28 0.38 3.13
Construction 0.55 0.42 0.52 0.47 0.69 1.24
Organismes extraterritoriaux 0.02 0.07 0.14 0.02 0.53 22.09
Petits métiers 1.59 1.98 2.16 2.07 1.64 1.03
Médicine traditionnelle 0.00 0.00 0.00 0.00 0.02 -
Domestiques 1.13 1.25 0.86 0.87 4.05 3.58
Autre occupé 1.44 0.75 0.71 0.73 0.95 0.66
Informel occupé (indépendant/entreprise familiale) 62.91 63.73 63.42 63.43 42.66 0.68
Actif inoccupé 1.10 0.80 1.24 1.77 4.02 3.64
Source : Estimations du Gouvernement sur la base des enquêtes PMS 2009.
101. Avec les bas salaires et la précarité, voire l’instabilité, des emplois agricoles au Burundi13, la distribution des emplois agricoles formels suggère la nécessité de créer un programme de soutien à l’emploi agricole articulé autour de 3 objectifs : (i) sécuriser les revenus des plus pauvres (ils demandent majoritairement les emplois agricoles) tout en appuyant le versement de revenus complémentaires (forme d’assurance chômage communautaire) pendant les périodes d’activité creuse , (ii) créer une agence de promotion et de réglementation du travail agricole (avec possibilité de fixer ou de réviser le salaire minimum) qui informe, oriente et forme les travailleurs agricoles sur les opportunités d’emplois non-agricoles aux fins de diversifier les revenus ; et (iii) moderniser le marché de la terre pour faciliter les transactions, encourager les exploitations agricoles de grandes taille
11 Pour rappel, il s’agit des personnes âgées de 15-64 ans.
12 Pour 2006, l’indicateur permettant de classer les ménages selon leur statut (social) de pauvreté est la consommation journalière par tête (par équivalent adulte). Pour l’année 2009 où les dépenses n’avaient pas pu être collecté, le score de pauvreté du ménage a été utilisé en lieu et place de la consommation journalière par tête pour classer les ménages selon leur statut de pauvreté (ici plutôt non monétaire).
13 C’est-à-dire à peu près tous les ingrédients constitutifs d’un emploi de faible qualité.
par le regroupement des outils de production des ménages ruraux, afin de mieux tirer profit des effets d’échelle.
102. A ce programme d’appui institutionnel et à l’initiative privée, il est impératif d’adjoindre un programme d’investissements orienté vers l’appui des communes et des provinces à la construction d’infrastructures de stockage et de gestion de l’eau dans le but de rationaliser l’irrigation et de réduire l’impact des chocs climatiques sur les activités agricoles et l’instabilité des emplois. Ce programme d’investissements locaux pourrait être réalisé avec l’aide des contributions des bénéficiaires des ouvrages (organisations de producteurs, etc.), des banques, et de la micro-finance, en plus des financements attendus des bailleurs et du Gouvernement central.
103. Deuxièmement, pour bon nombre d’activités non-agricoles du secteur privé à fort potentiel de rémunération, la proportion de demandeurs d’emplois augmente au fur et à mesure que le ménage d’affiliation passe d’une situation d’extrême pauvreté à une situation de plus de richesses14 (Tableau 5). Sans grand changement depuis la mise en œuvre du CSLP I, cette observation s’applique invariablement aux secteurs de la transformation (industrie et artisanat), du commerce (gros et détail), des transports et télécommunications et, dans une moindre mesure, des petits métiers.
104. En comparant les détenteurs d’un emploi dans le secteur de la transformation, par exemple, il ressort que les ménages les plus riches bénéficient de 3,1 fois plus de travailleurs issus de ce secteur que les ménages les plus pauvres. Pour le commerce et les transports, ces proportions sont respectivement 6,2 fois et 18,2 fois plus élevées.
105. Afin d’accroître les perspectives de revenus des ménages les plus pauvres, il est urgent d’encourager la participation de la force de travail issue des ménages les plus démunis aux emplois proposés par les entreprises du secteur privé non-agricole.
106. Après un bon ciblage des ménages les plus pauvres, les individus en âge de travailler devraient bénéficier d’une formation adaptée (aux besoins de ces secteurs) et d’un appui-conseil individualisé et efficace afin de leur assurer un accès croissant aux emplois non-agricoles à fort potentiel de rémunération.
107. Les programmes de promotion de l’emploi sont d’autant plus prioritaires que les revenus salariaux des ménages les plus pauvres continuent d’être faibles. Pour ces ménages, les indicateurs de participation au marché du travail ont connu des fortunes diverses dans leur évolution entre 2006 et 2009. Ces indicateurs mettent en évidence une réelle fragilité au regard des difficultés d’insertion durable que la force de travail de ces ménages rencontre sur le marché du travail (Figure 4).
14 Dans nos analyses, les ménages en situation d’extrême pauvreté sont constitués des 20 pourcent des ménages situés en queue (à gauche) de la distribution de l’indicateur de pauvreté. Les ménages en situation d’extrême richesse sont constitués des 20 pourcent des ménages situés en tête (à droite) de la distribution de l’indicateur de pauvreté.
Figure 4 : Mois Travaillés sur une période consécutive de 12 mois par statut de pauvreté
Source : Estimations du Gouvernement sur la base des enquêtes QUIBB 2006 et PMS 2009.
108. Parmi les indicateurs susceptibles de révéler cet état de fragilité présumée, il faut analyser le nombre de mois travaillés (sur les 12 mois précédant les enquêtes) par les demandeurs d’emplois dans le secteur de l’emploi formel. En effet, ainsi que la Figure 4 l’indique, les demandeurs d’emploi du secteur formel bénéficient d’emplois dont la durée (sur une période de référence de 12 mois consécutifs) diminue au fur et à mesure que la situation de pauvreté du ménage d’affiliation se détériore. Ainsi, les individus en âge de travailler vivant dans les 20% des ménages les plus pauvres travaillent en moyenne 4 mois de moins que les individus en âge de travailler vivant dans les 20% des ménages les plus riches.