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Amélioration des performances des institutions publiques

2.2. Consolidation de la bonne gouvernance et performance des institutions

2.2.3. Amélioration des performances des institutions publiques

2.2.3.1. Renforcement des capacités des structures de coordination

213. La   nécessité   d’améliorer   l’efficacité   des   institutions   publiques est dictée par l’urgence   de   redresser   les   lacunes   observées   au   cours   des   dernières   années,   notamment   les   problèmes  de  coordination  de  l’action  Gouvernementale  du  fait  de  l’instabilité  du  personnel,   des  conflits  d’attributions entre les services et des faibles capacités du Parlement en matière de   contrôle   de   l’action   Gouvernementale   et   d’initiation   des   lois.   Il   est   donc   primordial   de   renforcer les capacités des structures Gouvernementales et du Parlement. Dans cette optique, il   est   prévu   de   procéder   à   l’audit   des   mécanismes   de   coordination   de   l’action   Gouvernementale,  de  mettre  en  œuvre  les  conclusions  de  cet  audit,  de  renforcer  les  capacités   des  parlementaires  dans  la  conception  et  l’initiation  de  nouvelles  lois  et  dans le contrôle de l’action  Gouvernementale.

214. Par ailleurs, le renforcement des capacités est de haute priorité pour la réussite des programmes   prioritaires   retenus   dans   le   cadre   du   CSLP   II.   A   cette   fin,   l’adoption   de     la   politique nationale de renforcement des capacités permettra une exécution rationnelle des missions  assignées  à  l’administration.

215. La préparation de cette politique a respecté quatre étapes, à savoir (i)   l’élaboration   d’une   lettre   et   d’un   document   de   politique,   (ii)   la   rédaction   d’une   Stratégie Nationale de Renforcement  des  Capacités  (SNRC)  à  moyen  terme  et  la  définition  d’un  Cadre  Institutionnel   de  Suivi  (CSI),  (iii)  la  définition  d’un  Programme  National  de  Développement  Institutionnel   (PNDI) pour la mise en cohérence des politiques et des réformes et (iv) la formulation de Programmes Prioritaires Sectoriels de Renforcement des Capacités (PPS/RC) pour accélérer la  réalisation  des  OMD  à  l’horizon  2015.  Pour  une  mise  en  œuvre  efficace  des  programmes   de renforcement des capacités, il est important de créer un cadre institutionnel cohérent dont le  mandat  sera  de  coordonner  l’ensemble  des  activités  liées  à  cette  thématique.  

2.2.3.2. Accélération  de  la  mise  en  œuvre  des  réformes  de  l’administration  publique

216. Une administration performante et accessible à tous les citoyens est une condition essentielle  d’un  pilotage  efficace  des  politiques  de  croissance  et  de  réduction  de  la  pauvreté   entreprises par le Gouvernement. La réforme administrative en cours et le début de mise en œuvre  des  réformes  envisagées  dans  le cadre de la participation du Burundi à la CEA sont des avancées vers une administration publique plus moderne et plus efficace.

217. L’accomplissement  de  ces  objectifs  risque  cependant  d’être  ralenti  par  la  persistance  de   nombreux défis concernant les capacités des services publics. En effet, plusieurs facteurs affectent la performance des services :   les  lourdeurs  administratives,  l’instabilité  des  cadres   techniques,   des   rémunérations   peu   motivantes   et   l’inefficacité   du   système   d’évaluation   des   prestations des fonctionnaires  de  l’Etat.  

218. Les  conséquences  de  ces  lacunes  sont  souvent  l’absentéisme  des  agents  de  la  fonction   publique, qui affecte négativement le climat des affaires et freine les initiatives des investisseurs du fait de longs retards dans le traitement des dossiers.

219. Parallèlement,   les   insuffisances   du   dialogue   social   qui   sont   parfois   à   l’origine   des   grèves,  constituent  des  entraves    supplémentaires  à  l’efficacité    de  l’administration.  En  outre,   le fait que la loi sur la distinction des fonctions techniques  et  politiques  n’est  pas  appliquée  de   façon   stricte   et   l’absence   d’une   culture   de   redevabilité   sont   quelques   uns   des   facteurs   qui   expliquent  le  rendement  inadéquat  de  l’administration  burundaise.  Ces  facteurs  méritent  donc   d’être  étudiés  pour  en  atténuer les effets.

220. L’évaluation  de  l’exécution  des  programmes  retenus  dans  le  cadre  du  CSLPI  a  révélé  un   grave déficit de capacités humaines et institutionnelles dans la conception des politiques économiques et sociales, dans leur pilotage et dans le suivi des impacts.

221. Pour  que  l’administration  burundaise  devienne  un  service  public  efficace,  performant  et   inspirant   confiance   à   la   population   et   aux   investisseurs,   le   Gouvernement   s’est   fixé   les   objectifs suivants :  (i)  l’amélioration  de  la  gouvernance  administrative, (ii) la rationalisation de la fonction publique, (iii) la promotion de la redevabilité, (iv) la promotion du dialogue social  et  (v)    la  mise  en  œuvre  efficace  du  Programme  National  de  Réformes  Administratives   (PNRA).

222. La rationalisation de la fonction publique que prône le Gouvernement vise à renforcer la transparence du processus de recrutement des agents publics, à clarifier les mécanismes   d’évaluation   des   performances   et   à   garantir   le   respect   de   l’adéquation   profil/emploi en ce qui concerne les postes techniques. A cette fin, le Gouvernement mettra au   point   des   mécanismes   permettant   l’identification   périodique   des   besoins   de   perfectionnement sur la base desquels seront préparés des programmes de formation appropriés.

223. Le  maintien  d’un  climat  de  travail serein devra être une préoccupation permanente de  tous  les  responsables  administratifs,  notamment  pour  appuyer  l’objectif  de  performance.  Il   conviendra   d’améliorer   le   dialogue   social   pour   éviter   la   relance   de   grèves   répétitives   et   réduire leurs impacts sur la productivité du travail et sur les bénéfices que le public attend de l’administration.

224. Le renforcement du devoir de redevabilité, à tous les échelons, est un impératif pour établir  les  bases  d’une  administration  fiable,  rapide  et   capable  de   communiquer. Grâce aux moyens   modernes   de   communication,   l’accent   sera   mis   sur   une   large   diffusion   des   textes   officiels,  sur  leur  traduction  en  langue  nationale  et  sur  l’amélioration  de  la  qualité  d’accueil   des bénéficiaires des services publics.

225. En   vue   d’une   mise   en   œuvre   efficace   du   PNRA,  il conviendra de renforcer et développer les capacités du bureau ASAP.

2.2.3.3. Accroissement  des  capacités  d’accueil  des  bâtiments  civils

226. Pour  accroître  l’efficacité  de  l’administration  centrale,  il  est  essentiel  que  les  bâtiments   publics   offrent   des   conditions   de   travail   satisfaisantes.   Actuellement,   l’Etat   dispose   de   très   peu de bâtiments administratifs et est obligé de louer au secteur privé des immeubles de bureaux   qui   souvent   ne   répondent   pas   aux   besoins.   L’Etat   doit   donc   prévoir   un  budget important pour la location de bureaux, souvent éparpillés, qui sont situés dans des quartiers résidentiels.

227. Face à cette situation, quelques actions ont été initiées y compris la construction du bâtiment du Ministère des Finances et de la Planification du Développement Economique, la réalisation  d’une  étude  pour  la  mise  en  place  d’une  zone  administrative  et  des  affaires,  et  la   réhabilitation de trois blocs administratifs à Gitega.

228. A   terme,   le   Gouvernement   veut   accroître   la   capacité   de   l’Administration   d’abriter   les   services publics en procédant (i) à la réhabilitation et à la maintenance du parc immobilier existant,  et  (ii)  à  la  construction  de  nouveaux  immeubles  de  l’Etat.

229. Pour réaliser ces objectifs, les stratégies adoptées seront axées sur une meilleure planification du secteur des bâtiments, sur le renforcement des capacités institutionnelles et techniques,   sur   la   promotion   de   l’utilisation   des   matériaux   locaux,   sur   la   mobilisation   de   ressources financières suffisantes pour la construction de nouveaux bâtiments, et sur la mise en  place  d’incitations  appropriées  pour  encourager  les  entreprises  de  construction  et  d’études   à participer aux programmes de développement du bâtiment.

2.2.3.4. Décentralisation et développement communautaire

230. Grâce   à   l’amélioration   de   l’environnement   politique   et   sécuritaire,   il   est   important   de   recréer  un  climat  de  confiance  entre  l’administration  et  les  populations.  Pour  mieux  valoriser   les performances des services centraux, il est essentiel que ces services recentrent leurs missions et tiennent compte du renforcement des capacités des communes qui jouent un rôle prépondérant  dans  la  mise  en  œuvre  de  la  politique  de  décentralisation.  

231. En cette matière, il convient de noter que le Gouvernement a déjà adopté un document cadre de la politique  nationale  de  décentralisation  et  un  plan  d’action,  que  la  loi  consacrant   l’autonomie  des  communes  est  en  vigueur  et  que  toutes  les  communes  sont  dotées  d’un  plan   communal de développement communautaire. Des initiatives ont été prises pour accroître la compétence des communes dans la coordination des actions locales de développement. Elles se  traduisent  déjà  par  l’organisation  de  séances  de  formation  des  cadres  et  agents  communaux   et par la préparation de textes visant à étendre la portée de la politique de décentralisation. En outre,  d’autres  textes,  tels  que  le  projet  de  statut  de  la  fonction  publique  communale,  le  projet   de loi portant création, organisation et fonctionnement de la Mairie de Bujumbura, le projet de loi portant répartition des compétences   entre   l’Etat   et   les   communes   et   la   loi   sur   l’intercommunalité,   sont   en   cours   de   préparation.   La   création   d’un   fonds   national   d’investissement  communal  constitue  un  appui  important  pour  la  réalisation  des  programmes   de développement communal.

232. Néanmoins, il est important de noter que de réelles contraintes continuent de freiner la mise   en   œuvre   de   la   politique   du   Gouvernement   qui   souhaite   faire   des   communes   de   véritables centres du développement. En effet, le manque de viabilité financière des communes,    l’insuffisance  des  moyens    pour  financer  les  priorités  des  PCDC,  la  faiblesse  des   ressources   humaines   qui   y   sont   affectées,   l’inefficacité   des   CCDC   et   le   problème   d’articulation   des   PCDC   et   des   politiques   sectorielles   ne   permettent   pas   une   exécution efficace de la politique de décentralisation et des plans communaux de développement communautaire.

233. A   terme,   l’objectif   est   de   faire   de   la   décentralisation   un   instrument   privilégié   de   la   participation des populations au processus de développement et de la création de richesses locales. Dans cette perspective, le Gouvernement poursuivra et accentuera les efforts faits pour impliquer effectivement les populations dans le développement communautaire grâce au renforcement des CCDC qui devront acquérir plus de visibilité dans toutes les communes.

234. En   tant   qu’intermédiaires   entre   la   population   et   l’autorité   communale,   les   structures   communautaires de développement devront être mieux structurées et mieux outillées pour une participation plus active des populations aux différentes initiatives de développement. De même,   l’Etat   veillera   au   renforcement   des   capacités   des   acteurs   locaux   et   des   agents   communaux en vue de favoriser un choix concerté des priorités communales.

235. L’efficacité  des  CCDC  dépend  de  la  capacité  des  communes  de  coordonner  l’ensemble   des activités socio-économiques  qui  y  sont  menées  et  de  profiter  de  leurs  potentialités.  C’est   pourquoi,  un  dispositif  législatif,  accompagné  des  mécanismes  d’application  correspondants,   sera mis au point pour un transfert de   compétences   aux   communes,   suivi   d’un   transfert   de   ressources   financières   et   d’une   déconcentration   des   services   techniques   de   l’Etat   mis   à   la   disposition des communes.

236. Il  conviendra  d’étudier  de  façon  plus  précise  la  nature  des  subventions  à  accorder  aux communes et les modalités de leur transfert et de mettre en place les mécanismes appropriés pour   stimuler   le   secteur   privé,   notamment   l’entreprenariat   local,   dans   le   contexte   d’une   augmentation des contributions des collectivités locales au budget des communes.

2.2.3.5. Développement  d’une  culture  de  prise  des  décisions  basées  sur  les  résultats  grâce  à   la  mise  en  œuvre  de  la  SNDS

237. La situation du Système Statistique National (SSN) est caractérisée par une production statistique   faible   et   irrégulière,   en   l’absence   d’enquêtes   statistiques   permanentes   de   base   indispensables pour les autres activités statistiques du pays. Les capacités analytiques sont également insuffisantes pour dégager les tendances lourdes et leurs implications sur le plan des politiques.

238. Le Système Statistique National du Burundi est embryonnaire et sous-organisé. Il utilise des concepts, des nomenclatures et des méthodologies disparates, ce qui réduit la fiabilité des données   produites.     En   outre,   du   fait   de   l’insuffisance     des     ressources   et   des   capacités de production de données statistiques, le SSN ne répond pas aux besoins exprimés par les utilisateurs de statistiques.

239. La quasi-totalité   des   départements   ministériels   n’a   pas   encore   de   véritable   service   spécialisé   en   production   statistique.   L’Institut   de   Statistiques   et   d’Etudes   Economiques   du   Burundi   (ISTEEBU)   reste   donc   le   principal   instrument   du   système   alors   qu’il   devrait   normalement   se   charger   de   la   coordination   et   de   l’harmonisation   méthodologique   des   activités statistiques. Il convient de noter en outre que la Loi n°1 /17 du 25 septembre 2007 portant  organisation  du  SSN  n’est  pas  encore  complètement  appliquée.

240. En vue de combler toutes ces lacunes, le Gouvernement a initié un Programme Pluriannuel   d’activités   statistiques   et   adopté   en   février 2010 la Stratégie Nationale de Développement de la Statistique (SNDS), dont le but est de renforcer les capacités statistiques  institutionnelles  et  de  donner  plus  d’autonomie  au  système  statistique  national.  

241. L’objectif   est   de   produire   régulièrement   une  information statistique de qualité et de satisfaire les besoins des utilisateurs en construisant les séries de données nécessaires au pilotage économique, social et politique par le Gouvernement et ses partenaires.

242. Les principales orientations de la SNDS pour la période 2011-2015 visent notamment à (i)  coordonner  la  production,  l’analyse  et   l’utilisation  des  données,  (ii)  traiter  des  questions   connexes, telles que la participation à la formulation de politiques et programmes nationaux de développement et de réduction de la pauvreté, (iii) organiser la contribution de tous les services  sectoriels  de  production  statistique  et  (iv)  créer  un  cadre  cohérent  d’intervention  pour   les  différents  acteurs,  y  compris  l’assistance  bilatérale  et  multilatérale.

243. La vision préconisée   est   la   construction   d’un   « Système Statistique National opérationnel, présent dans tous les domaines de la vie de la Nation, capable de mettre   en   œuvre   un   programme   coordonné   et   harmonisé,   avec   des   moyens   humains   et   techniques adaptés et des méthodes modernes alignées sur les plans régionaux et

internationaux, produisant, analysant, diffusant, publiant et archivant des données statistiques fiables,  régulières,  et  comparables  dans  le  temps  et  dans  l’espace».

244. Dans ce contexte, trois objectifs complémentaires ont été définis, à savoir : (i) garantir la Gouvernance du Système Statistique National, (ii) développer la production des données statistiques   et   (iii)   développer   un   système   statistique   décentralisé.   La   mise   en   œuvre   de   la   SNDS est un investissement   d’une   importance   primordiale   pour   le   pays   dans   la   mesure   où   elle  est  au  centre  du  dispositif  institutionnel  de  suivi  de  l’exécution  du  CSLP.  L’accent  mis   sur  la  réduction  de  la  pauvreté  et  l’amélioration  du  bien  être  de  la  population  implique  que  le   dispositif de suivi-évaluation   puisse   s’articuler   autour   d’un   volet   central   d’enquêtes   auprès   des  ménages  permettant  de  mesurer  l’évolution  de  leur  condition  de  vie.