608. Dans le cadre du Joint Monitoring Programme for Water Supply and Sanitation (JMP), initié au début des années 1990, l’OMS et l’UNICEF ont défini l’accès raisonnable à l'eau potable par la disponibilité d'au moins 20 litres par personne et par jour à un point d'eau situé à moins d’un kilomètre du lieu de résidence de l'individu. Au Burundi, cette distance a été fixée à 500 mètres. Selon les normes d’accès à l’eau potable en milieu rural, une source aménagée est conçue pour desservir 230 personnes, une borne fontaine 400, un forage ou un puits 230 et un branchement privé 5 personnes, soit l’équivalent d’un ménage.
609. L’accès à l’eau potable est primordial pour la réduction des maladies d’origine hydrique, tel que le choléra, dont les provinces bordant le lac Tanganyika subissent d’épidémies récurrentes. D’ailleurs, une meilleure coordination intersectorielle sera nécessaire pour mieux planifier les interventions – à titre d’exemple les zones de forte mortalité infantile liées aux maladies diarrhéiques doivent être privilégiées.
610. L’évolution récente est positive en milieu urbain et en zone rurale. En milieu urbain, le taux d’accès à l’eau potable était 80% en 200548. Selon l’INEA urbain, le taux de couverture en eau de la ville de Bujumbura était estimé à 85% (en 2009) dont 47% de branchements privés et 38% de bornes fontaines. Une grande partie de l’eau est captée dans le lac Tanganyika dont la pollution croissante pourrait nécessiter des traitements coûteux et une hausse des tarifs. Cependant, l’exploitation du potentiel d’eau potable situé dans les contreforts de la ville pourrait faciliter la solution du problème.
611. Il faut noter cependant que le rendement des installations est faible : le taux de pertes d’eau (techniques et commerciales) est élevé à 42%. En ce qui concerne la performance du
48 MICS 2005.
service, le taux de recouvrement commercial49 était estimé à 91% en 2010 et le taux de recouvrement des coûts50 était 75% en 2009.
612. Comme pour l’électricité, le niveau des tarifs relativement bas est un handicap pour une exploitation rationnelle des investissements réalisés et pour la croissance du taux d’accès.
Outre l’ajustement des tarifs qui vient d’être adopté, d’autres options peuvent être envisagées : encourager l’introduction de producteurs indépendants et poursuivre la politique d’amélioration du climat d’investissements (en général et plus particulièrement dans le secteur de l’eau et de l’énergie).
613. En milieu rural, selon l’INEA rural de 2007, la proportion de la population ayant accès à l’eau potable atteignait 50% et le pourcentage de points d’eau fonctionnels était estimé à 69%.
614. En ce qui concerne les infrastructures comme les centres de santé et les écoles primaires, les données disponibles montrent qu’en 2009, 61% des centres de santé51 et 27%
des écoles primaires en milieu rural disposaient de points d’eau potable fonctionnels52.
615. Les longues distances à parcourir pour accéder à l’eau potable sont un obstacle à l’épanouissement des familles rurales, notamment les femmes et les enfants. Le temps nécessaire pour l’approvisionnement en eau est encore un facteur pénalisant pour les femmes et les enfants, particulièrement les jeunes filles. La durée cumulée de la corvée d’eau pour un ménage peut dépasser 2 heures par jour53. Elle affecte la scolarisation des enfants et les performances scolaires des filles.
616. La gestion des infrastructures ne garantit pas la durabilité des services d’AEP. Les bénéficiaires des AEP ne payent pas toujours leurs redevances, avec pour conséquence d’importantes déficiences dans l’entretien des infrastructures hydrauliques installées en milieu rural. La persistance de ce dysfonctionnement est un obstacle aux performances des programmes envisagés pour l’extension des ouvrages hydrauliques.
617. De nombreux défis doivent encore être relevés pour parvenir à l’accès universel à l’eau potable. Ces défis sont essentiellement (i) l’inadéquation du cadre légal et institutionnel, (ii) la faible mobilisation des ressources, (iii) une tarification inappropriée et (iv) de faibles capacités de planification et de programmation.
618. Face à ces contraintes, le Gouvernement basera son action sur (i) la Politique Nationale de l’Eau (PNE) et la Stratégie Nationale de l’Eau, qui définit les moyens de la mise en œuvre de la politique, (ii) l’existence du cadre de concertation par l’intermédiaire du Groupe Sectoriel Eau et Assainissement qui est opérationnel, (iii) les résultats de l’inventaire des infrastructures d’eau et assainissement, et (iv) la carte des potentialités des eaux souterraines.
619. Le but de la politique nationale de l’eau est de "Garantir de façon durable la couverture des besoins en eau de tous les usagers par un développement harmonieux des ressources en eau nationales ». Les principaux objectifs consistent à (i) mettre en place une structure institutionnelle efficace, cohérente et durable de la gestion des ressources en eau, (ii) améliorer le cadre législatif et réglementaire du secteur de l’eau, (iii) augmenter le taux d’accès à l’eau potable pour atteindre les OMD en 2015 et (iv) assurer l’accès à l’eau pour les pauvres et autres populations vulnérables.
49 Montant encaissé/montant facturé
50 Montant encaissé/coûts d’exploitation et maintenance
51 EPISTAT
52 Etude commanditée par l’UNICEF et réalisée par l’ISTEEBU
53 CSO2
620. En ce qui concerne l’approvisionnement en eau potable du milieu urbain, le Gouvernement – faute de pouvoir atteindre les valeurs cibles des OMD – s’efforcera d’augmenter le taux d’accès à l’eau potable de 85% en 2009 à un minimum de 95% en 2015.
En milieu urbain, le système de tarification nouvellement introduit permettra le recouvrement du coût total du service et devra faire l’objet de réajustements réguliers.
621. En milieu rural, le Gouvernement s’efforcera d’augmenter de 50%54 en 2007 à 70%55 en 2015 le pourcentage d’habitants ayant accès à l’eau potable, grâce à la réhabilitation des infrastructures détruites et à la construction de nouvelles. Il adoptera également des actions stratégiques et redéfinira un système de gestion durable basé sur (i) une approche décentralisée et une délégation du service d’eau potable aux communes en qualité de maître d’ouvrage, (ii) la mise en place d’un système de gestion économiquement viable, (iii) l’adoption d’un tarif qui permettra de couvrir les coûts de fonctionnement et de maintenance mais sera socialement abordable et ciblé à l’intention des groupes vulnérables , (iii) l’accès à l’eau pour tous et (iv) la participation des bénéficiaires à la gestion des infrastructures conformément à la PNE.
622. Pour les deux milieux, les actions de réhabilitation et de développement des infrastructures d’AEP seront poursuivies avec l’appui des différents partenaires. Des stratégies complémentaires de planification et d’infrastructures seront adoptées. Elles comporteront notamment l’actualisation régulière de l’état de desserte et des infrastructures hydrauliques à travers l’INEA, la création d’un environnement propice à la participation du secteur privé dans l’investissement et dans la gestion des infrastructures d’eau potable , la professionnalisation de la gestion des services et des infrastructures d’AEPA (ressources humaines, ressources financières, recouvrement des coûts, maintenance) , la réduction des pertes techniques, commerciales et financières dans le sous-secteur. Il s’agira aussi d’assurer l’équité en matière d’accès aux services d’eau pour les pauvres et répondre à leurs besoins fondamentaux à un prix abordable, planifier en priorité les communes ou zones rurales où sévissent de manière récurrente les maladies épidémiques d’origine hydrique, et renforcer la participation des femmes dans les prises de décisions concernant l’eau potable et sensibiliser la population sur la nécessité de payer les services d’eau.
54 INEA rural 2007
55 Consultations sectorielles dans le cadre de l’élaboration du CSLP II.