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693. Le Burundi dispose de ressources en eau abondantes grâce à une bonne pluviométrie, à un  bon  réseau  hydraulique  et  à  la  rétention  d’eau  dans  les  marais  et  les  lacs,  en  particulier  le   lac Tanganyika. Les pluies apportent 31.900 millions de m³ par an dont 21.850 sont perdus par évapotranspiration. Les débits emportés par les cours d'eau augmentent ces pertes de 8.170 millions de m³/an (259 m³/s).

694. La répartition naturelle des eaux n'est pas optimale, ni dans l'espace ni dans le temps.

En effet, les zones de basse altitude sont plus arides et ont une saison sèche plus longue (Imbo, Bugesera, Kumoso). Les ressources en eau servent surtout aux usages domestiques et sont peu utilisées pour les activités de développement.

695. L’utilisation   de   l’eau   non   potable   se   répartit   entre   l’agriculture   (16,3%),   les   marais   (33,2%),   l’élevage   (0,5%),   la   pisciculture   (0,3%),   l’industrie   (0 ,4%)   et   l’hydroélectricité   (49,3%).   L’eau   consommée   par   l’agriculture   et   l’élevage est essentiellement pluviale, l’irrigation  étant  encore  à  l’état  embryonnaire,  les  ressources  en  eaux  souterraines  sont  encore   sous-valorisées.

696. Concernant   l’eau   potable,   51%   de   la   population   rurale   s’approvisionne   grâce   à   des   sources aménagées, à des bornes fontaines et beaucoup moins à des puits. Les 49% restants puisent  l’eau  des  rivières,  des  marais   et   des  lacs.   Le  pays  a  l’un  des  plus  grands  lacs  de  la   région (le lac Tanganyika) propice à la navigation, à la pêche et au tourisme. Ce lac fournit également  l’essentiel  du  poisson  pêché  au  Burundi.

697. Les lacs du Nord du Burundi et les marais riverains sont les seuls milieux aquatiques importants  convertis  en  système  d’aire  protégée  («Paysage  Aquatique  Protégé  de  Bugesera»).  

Bien   qu’insuffisamment   valorisés, ils constituent une ressource importante pour des programmes   d’irrigation   et   pour   le   tourisme,   dans   une   région   très   pauvre,   affectée   par   des   famines répétitives.

698. En ce qui concerne la gestion des ressources en eau, les objectifs spécifiques de la Politique   Nationale   de   l’Eau   visent   à   (i)   maximiser   la   contribution   de   l’eau   à   la   croissance   économique, (ii) maîtriser la croissance démographique pour réduire la pression sur les ressources naturelles, (iii) protéger les ressources en eau contre toute dégradation, (iv) mettre en place des cadres de coopération sous régionale durables pour la gestion des eaux transfrontalières, (v) promouvoir des programmes de coopération mutuellement avantageux, (vi)  créer  des  capacités  humaines  adéquates  pour  la  gestion  et  l’utilisation des ressources en eau  et  pour  la  recherche,  (vii)  créer  une  banque  de  données  sur  l’eau,  fiable  et  suffisante  pour   une  bonne  planification  du  développement  de  la  ressource,  (viii)  élaborer  et  mettre  en  œuvre   un Plan de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE) et (ix) appuyer le partenariat national    de  l’eau  pour  la    gestion  des    ressources  en  eau.

699. En matière de planification, il est préconisé de faire un inventaire des terres irrigables et de   préparer   un   plan   d’investissement   pour   leur   mise   en   valeur.   D’autres   interventions   sont   aussi   prévues,   notamment   l’élaboration   de   schémas   directeurs   d’aménagement   des   bassins   versants qui définiront les orientations à suivre pour la conservation des eaux et des sols, la gestion des terres, le choix des techniques  d’irrigation,  les  études  sur  la  mobilisation  des  eaux   de pluie et leur utilisation dans les exploitations agricoles en période sèche ainsi que la mise en  place  d’un  programme  d’utilisation  des  eaux  souterraines  à  des  fins  agricoles  privilégiant les régions souvent frappées par la sécheresse (Bugesera, Kumoso, Imbo et Kirimiro). En outre,  les  dispositions  appropriées  devront  être  prises  pour  l’accès  du  monde  rural  à  l’énergie   hydro-électrique.

700. Cette politique permettra de promouvoir également une agriculture irriguée par gravitation  à  grande  échelle  dans  les  régions  potentiellement  irrigables  des  plaines  de  l’Imbo   et du Kumoso, ainsi que la petite irrigation pour améliorer la sécurité alimentaire, augmenter les revenus familiaux et créer des opportunités  d’emplois  pour  les  petits  exploitants.  

701. Il  est  également  préconisé  de  contrôler  l’importation  et  l’utilisation  d’engrais  et  autres   produits phytosanitaires susceptibles de polluer les eaux, de renforcer les capacités des encadreurs agricoles dans la  maîtrise  et  la  gestion  de  l’eau,  de  promouvoir  la  participation  du   secteur   privé   dans   la   mise   en   valeur   des   terres   par   l’hydraulique   agricole,   d’organiser   la   participation   des   femmes   dans   la   planification   et   la   mise   en   œuvre   des   projets   hydro-agricoles, d’initier  et  de  vulgariser  les  techniques  de  collecte  des  eaux  de  pluie  en  vue  de  leur   utilisation en cas de fin précoce des pluies.

702. Pour  une  gestion  durable  de  l’eau,  il  est  prévu  d’entreprendre  des  actions  contribuant  à   la réalisation de six principaux objectifs.

5.3.1. Création  d’un  environnement  favorable  pour  une  bonne  gouvernance  du  secteur   de  l’eau

703. Le Gouvernement poursuivra les efforts entrepris pour compléter et rendre fonctionnelles les structures de coordination et de collaboration existantes (avec des relais au niveau des bassins versants, des provinces, des communes et des communautés de base) telles qu’elles  ont  été  définies  dans  la  Politique  Nationale  de  l’Eau  et  dans  la  Stratégie  Nationale  de   l’Eau.

704. La mise à jour des textes organiques (instruments légaux et réglementaires) régissant la gestion des ressources en eau est   également   une   priorité.   Il   s’agit   notamment   d’élaborer et d’appliquer  les  textes  législatifs  et  réglementaires  et  les  instruments  de  gestion  des  ressources   en eau (qui se réfèrent à la   politique   de   l’eau).   Le   Code   de   l’Eau   et   la   Politique   Nationale   d’Hygiène  et  Assainissement  de  Base  devront  être  adoptés.  Il  faudra  également  adopter  des   normes   de   qualité   de   l’eau, mettre en place des mécanismes de prévention et de gestion des désastres   d’origine   hydro-climatique, revoir les textes législatifs et réglementaires et les instruments de gestion des ressources en eau, les actualiser en conformité avec les orientations  de  la  politique  de  l’eau,  les  harmoniser entre eux et les mettre en application.

5.3.2. Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE)

705. Le   Burundi   a   élaboré   et   adopté   en   2009   un   Plan   d’Actions   Stratégiques   de   Gestion   Intégrée  des  Ressources  en  Eau  (PAGIRE).  Ce  plan  met  en  œuvre  le  concept  d’une  Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) basée sur la connaissance exhaustive des ressources, leur gestion intégrée, équitable et durable dans tous les aspects trans-sectoriels. La Stratégie Nationale  de  l’Eau  intègre  les  aspects  stratégiques  du  PAGIRE. Le Gouvernement mettra le plan   en   œuvre   sur   le   terrain,   par   des   phases   évolutives   en   commençant   par   un   sous-bassin versant pilote.

706. Les expériences et les bonnes pratiques développées dans ce cadre seront étendues au reste du territoire. Le Gouvernement veillera au renforcement du Partenariat National de l’Eau  (PNE-Burundi)  et  la  participation  de  toutes  les  parties  prenantes  ainsi  que  l’intégration   de la femme dans la gestion des ressources en eau.

5.3.3. Valorisation  de  l’eau  pour  le  développement  socio-économique, la protection de l’environnement  et  la  gestion  des  catastrophes  liées  à  l’eau

707. Le Gouvernement adoptera les stratégies et prendra les mesures appropriées pour une utilisation  efficace  de  l’eau  dans  le  développement  des  secteurs  socio-économiques tels que l’agriculture,   la   pêche   et   la   pisciculture,   l’environnement,   la   santé,   le   transport   lacustre,   l’industrie  et  tourisme.  Ces  stratégies  auront  notamment pour objectif la maîtrise du potentiel en eau disponible et utilisable à diverses fins (notamment  par  le  développement  d’un  système   national de collecte et de conservation des eaux pluviales), le maintien du potentiel en eau par des actions visant à renforcer la recharge des nappes aquifères, la protection de la ressource contre toute forme de pollution  et,  le  cas  échéant,  l’adoption  de  techniques  de  traitement  des   eaux  usées  en  vue  de  leur  réutilisation  pour  d’autres  besoins,  le  développement  d’un  système   d’aide  à  la  décision  pour  la  planification  et  la  gestion  de  la  ressource  eau.  

5.3.4. Dimension transfrontalière de la gestion des ressources du Burundi

708. Le Burundi vient de signer le Cadre de Coopération entre les pays du Bassin du Nil. Il est  membre  de  l’Autorité  du  Lac  Tanganyika  qui  fonctionne  depuis  le  début  de  2009  et  fait  

partie   d’ensembles   sous-régionaux   (CEEAC,   la   CEA,   l’AMCOW)   qui   sont   en   train   de   se   doter des structures de gestion des ressources en eau. Pour défendre ses intérêts au sein de ces organisations, le Burundi devra renforcer les capacités nationales afin de : (i) représenter efficacement les intérêts du Burundi dans les négociations internationales au sujet des eaux partagées, et (ii) identifier, dans chaque bassin hydrographique, les besoins nationaux aux fins de valoriser les eaux transfrontalières pour la réalisation de projets de développement tout en veillant à la protection de la ressource et au respect de la souveraineté nationale dans les limites des accords et conventions.

5.3.5. Planification  et  financement  du  secteur  de  l’eau

709. Le Gouvernement prendra des mesures visant à améliorer la planification et le financement à travers :  (i)  la  mise  en  place  d’un  système  de  planification  et  de  budgétisation   ascendant   et   cohérent   et   l’harmonisation   des   différents   niveaux   et   outils   de   planification   existants ; et (ii) la bonne programmation stratégique des investissements dans le secteur. Des stratégies et mesures adéquates seront adoptées pour mobiliser les financements internes et externes nécessaires au développement du secteur.

5.3.6. Renforcement des capacités professionnelles dans le domaine de l’eau

710. Le   Gouvernement   initiera   des   stratégies   visant   à   pallier   à   l’insuffisance   des   capacités   humaines  et  à  l’absence  d’institutions  nationales  de  formation  et  de  recherche  en  sciences  et   techniques  de  l’eau  grâce  aux  mesures  axées  sur : (i) la création de structures de formation en sciences  et  techniques  de  l’eau  au  niveau  secondaire  et  universitaire ; (ii) la formation de tous les  intervenants  dans  le  secteur    de  l’eau ;;  (iii)  la  promotion  de  l’éducation  environnementale   au niveau des écoles primaires et secondaires ;;  (iv)  l’  information,  éducation  et  sensibilisation   des     parties   prenantes   à   tous   les   niveaux   sur   l’importance   d’une   gestion   intégrée   des   ressources en eau et assainissement de base ; et (v) le renforcement des capacités de recherche et développement  pour  la  maîtrise  de  l’eau.

5.4. Promotion  d’une  Gestion  Coordonnée  et/ou  Intégration  de  l’Environnement