3.1. Relèvement de la Productivité des Secteurs Porteurs de Croissance
3.1.3. Promotion de l’industrie et de l’artisanat
3.1.3.1. Renforcement des activités industrielles
334. Le tissu industriel du Burundi comprend des industries d’import substitution, des industries extractives et des agro-industries. De façon générale, le secteur industriel est peu développé (sa contribution au PIB est de l’ordre de 5%) et doit faire face à plusieurs contraintes, y compris : (i) la vétusté des équipements, (ii) l’utilisation de technologies obsolètes, (iii) la sous-utilisation des capacités installées, (iv) la faible compétitivité, (v) l’insuffisance de l’énergie et (vi) une pression fiscale élevée.
335. La combinaison de ces facteurs explique la faible performance de l’industrie.
Cependant l’évolution récente de l’indice de la production industrielle semble indiquer un certain regain d’activité, comme le suggèrent les données du Tableau 8 ci-dessous.
Tableau 8 : Évolution de l’indice de la production industrielle
Source : BRB, rapport 2010.
336. Compte tenu du développement de la concurrence depuis l’adhésion du Burundi à la CEA, toutes les entreprises industrielles doivent désormais promouvoir la recherche et employer des technologies permettant de maximiser la valeur ajoutée locale, d’améliorer significativement la qualité des produits et de renforcer leur compétitivité, notamment en ce qui concerne les productions orientées vers l’exportation.
337. A terme, les principaux objectifs du Gouvernement sont articulés autour de (i) la relance des activités industrielles, (ii) la promotion des filières porteuses de croissance, (iii) l’accélération des mesures visant à réduire les contraintes liées aux procédures administratives et (iv) le renforcement du cadre légal et institutionnel régissant la propriété industrielle.
338. La relance des activités industrielles dépend beaucoup de l’efficacité des programmes de restructuration et de mise à niveau des entreprises comme l’accès au financement, la disponibilité de l’énergie, l’existence d’une main d’œuvre qualifiée, le recours rationnel aux nouvelles technologies, l’aménagement de zones industrielles et l’élaboration d’une stratégie cohérente de développement du secteur.
339. La promotion des PMI/PME, incluant les initiatives des jeunes et l’entreprenariat féminin, restera d’une grande importance dans le cadre d’une politique de développement industriel. Dans ce contexte, il est important d’appuyer la création de co-entreprises et de joint ventures, d’identifier les ressources naturelles à forte potentialité de croissance et d’encourager l’expertise technique, managériale et de marketing.
340. Le développement des filières s’appuiera sur l’agro-industrie et sur les filières non agricoles porteuses de croissance. En ce qui concerne l’agro-industrie, le Burundi s’est doté d’entreprises de traitement et de transformation du café, du thé, du palmier à l’huile, du blé et du sucre. L’expérience montre que ces entreprises sont un débouché rémunérateur pour la production agricole et encouragent les agriculteurs à améliorer leur performance.
341. De nouveaux investissements seront donc lancés en vue d’une plus grande compétitivité face à la concurrence des pays membres de la CEA.
342. L’exploration de nouvelles filières sera également encouragée notamment en ce qui concerne la valorisation des produits de l’élevage et le traitement des fruits et légumes.
343. Afin de réduire la forte dépendance de l’économie nationale par rapport aux cultures traditionnelles d’exportation, il est prévu de promouvoir des activités porteuses de croissance, en partenariat avec le secteur privé et d’accroître les possibilités de transformation locale de la production vivrière, animale, avicole, halieutique et forestière . De même, un système d’information sera institué, notamment pour diffuser les études déjà faites sur la mise en valeur des ressources naturelles du pays.
344. Le renforcement du cadre légal et institutionnel sera centré notamment sur l’élaboration d’une politique nationale sur la propriété industrielle, sur la simplification des
Année Industries
procédures d’implantation des entreprises et sur le renforcement du dialogue secteur public-secteur privé.
3.1.3.2. Promotion de l’artisanat
345. En pratique, les activités artisanales se développent dans l’informel parce que le cadre législatif et réglementaire est embryonnaire, à cause des lacunes en matière d’information sur les opportunités offertes par les nouvelles filières et en raison des faiblesses dans l’organisation des circuits de distribution. En outre, l’essor de l’artisanat est handicapé par les problèmes d’accès au crédit, par les faibles capacités d’innovation, l’inadaptation des structures d’encadrement et la disparition progressive des matières premières.
346. Il est donc envisagé de mener une étude visant à mieux connaître et maîtriser tous les problèmes relatifs au développement de l’artisanat, d’adopter un cadre institutionnel, juridique et légal adapté aux besoins du secteur et d’introduire des mécanismes de financement plus appropriés.
347. Dans cette perspective, l’entreprenariat collectif, notamment la formation d’associations de femmes et de jeunes, sera encouragée pour un artisanat plus attractif et plus dynamique.
3.1.4. Promotion de la culture et développement du tourisme
3.1.4.1. Rentabilisation de la culture burundaise et changement des mentalités
348. Jusqu’aujourd’hui, une place très limitée a été réservée à la culture burundaise dans les politiques et stratégies de développement national. La part qui lui revient dans le budget national a toujours oscillé autour de 1‰.
349. Cependant, il apparaît de plus en plus dans les économies mondiales que la prise en compte de la culture comme catalyseur et moteur des performances et du développement donne des résultats spectaculaires, que ce soit au niveau des organisations ou au niveau des Etats. C’est le cas notamment des pays émergents comme la Chine, la Corée du Sud, Singapour, Malaisie, Île Maurice, etc.
350. S’inspirant de l’exemple de ces pays, le Burundi compte désormais attacher une importance de plus en plus accrue à la politique de sa culture nationale et promouvoir les valeurs culturelles positives qui lui permettront d’une part de répondre plus adéquatement aux nombreux défis sociopolitiques et socioéconomiques auxquels il fait face depuis de nombreuses années, et d’autre part, de profiter pleinement des opportunités qui lui sont offertes telles que l’intégration régionale, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que l’exploitation du vaste potentiel de ses richesses naturelles restées pratiquement à l’état vierge jusqu’aujourd’hui.
351. Ce programme nécessitera l’élaboration et la mise en place d’une stratégie de changement de mentalités et de comportements de la société burundaise tel que l’a souligné le Président de la République lors de son discours d’investiture en août 2010 pour son second mandat et tel que recommandé dans la Vision « Burundi 2025 » adoptée récemment et qui a inscrit spécifiquement le changement de mentalités comme une condition impérative pour la réussite de sa réalisation.
352. Il faudra procéder à la réingénierie de la culture burundaise et la transformation de la société basée sur un socle de valeurs fondamentales positives dont l’intégrité, l’esprit d’excellence, le patriotisme et le dévouement à la cause du peuple devront particulièrement caractériser le leadership pour une bonne gouvernance.
353. La culture burundaise comporte d’importantes potentialités et représente une opportunité de création d’emplois qui n’est pas négligeable. Cependant, l’essor des activités culturelles est freiné par l’absence d’une véritable industrie culturelle et par le manque de professionnels compétents (chorégraphes, cinéastes, muséologues, musicologues, archivistes) capables d’exploiter et de rentabiliser les opportunités disponibles. Les faiblesses du cadre institutionnel et juridique concernant la protection de la propriété intellectuelle sont également un obstacle au développement de l’esprit créatif des artistes burundais.
354. En effet, si des textes ont été adoptés pour protéger les droits d’auteur, les violations de ces droits persistent encore aujourd’hui. L’opérationnalisation de l’Office Burundais du Droit d’Auteur (OBDA) envisagée par le Gouvernement pourrait susciter plus d’intérêt de la part des artistes et consolider les valeurs culturelles nationales. C’est dans cette optique que le gouvernement compte ratifier la Convention de Berne.
355. A court et moyen terme, la rentabilisation du patrimoine culturel dépendra de mesures concrètes et pratiques ayant pour but (i) de garantir la protection des œuvres artistiques, (ii) de lutter contre la piraterie des œuvres artistiques et (iii) d’assurer la promotion du patrimoine culturel.
3.1.4.2. Développement du tourisme
356. Après une période de progrès encourageants, le tourisme a été gravement affecté par l’insécurité qui a prévalu au Burundi au cours des dernières années. Le déclin des activités touristiques s’est manifesté aussi bien au niveau de l’offre qu’à celui de la demande.
357. Au niveau de l’offre, le pays est doté d’importantes potentialités comme les parcs nationaux, de nombreux lacs dont le Lac Tanganyika, des aires protégées dont celles de la Kibira et la Ruvubu et des sites touristiques (Gitega, Source du Nil, Eaux thermales, etc.).
358. La capacité hôtelière est très faible, concentrée à Bujumbura, elle comprend 68 hôtels non encore classés, soit un total de 1387 chambres. Les infrastructures d’accueil pour des congrès et conférences internationales sont peu développées, voire inexistantes. En outre, il n’y a pas de chaînes internationales qui permettraient d’établir un vaste réseau de collaboration avec les agences de voyage et autres services connexes. Le pays n’a pas de système statistique efficace en matière de tourisme. Le sous-financement du secteur complique les opérations de marketing et de publicité en direction des touristes étrangers.
Enfin, le secteur souffre d’une absence de personnel qualifié, qui freine les investissements en cours et à venir.
359. Après une période de croissance plutôt mitigée de 1996 à 2001, la demande a progressé de façon plus soutenue à partir de 2004, grâce surtout à l’amélioration des conditions sécuritaires. En effet, le nombre d’arrivées de voyageurs internationaux, évalué à 27.000 en 1996, a atteint 85.206 en 2003 et 198.186 en 2007. Toutefois, ces chiffres sont encore très faibles par rapport à ceux de pays voisins comme le Kenya et la Tanzanie qui, en 2007, ont accueilli respectivement 1.840.000 et 644.000 voyageurs.
360. Le Gouvernement vient d’adopter une stratégie nationale de développement durable du tourisme pour la période 2011-2020. Cette stratégie vise à accroître nettement le nombre de touristes par la structuration de l’offre, la stimulation de la demande et l’amélioration du système d’information sur le tourisme.
361. En ce qui concerne la structuration et l’amélioration de l’offre, la stratégie prévoit (i) l’identification et l’aménagement des zones touristiques, (ii) une organisation efficace des circuits touristiques, (iii) le renforcement des incitations pour attirer et sécuriser les investissements, (iv) la formation des acteurs pour améliorer la qualité des services offerts
et développer la connaissance des techniques du marketing, (v) le développement d’un tourisme de congrès et (vi) l’adaptation des produits de l’artisanat aux attentes des touristes.
362. En ce qui concerne la stimulation de la demande, la stratégie préconise une connaissance approfondie des opportunités, par un meilleur ciblage du marché local et régional et par une prospection mieux organisée du marché international, grâce à un partenariat actif avec les Tours Opérateurs et des mesures d’accompagnement telles que le recours à l’internet.
363. Parce que le tourisme a un fort potentiel d’accélération de la croissance (grâce aux effets d’entraînement sur les autres activités économiques : l’agroalimentaire, l’artisanat, les banques, l’emploi et les recettes publiques, il est indispensable que le pays dispose de données statistiques régulières et fiables pour mieux suivre les mouvements des touristes et programmer les investissements nécessaires. Des efforts seront donc engagés en vue d’améliorer la collecte des informations nécessaires pour répondre adéquatement à la demande, en termes de qualité des services et de capacités d’accueil.