267. Le Burundi a ratifié les instruments internationaux et régionaux qui consacrent l’égalité et l’équité, par exemple la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes, la Résolution 1325 et beaucoup d’autres textes. La Constitution nationale consacre l’égalité des chances et des droits pour tous les burundais sans exception.
268. Les résultats atteints en matière d’égalité du genre sont encourageants. En effet, le pays s’est doté d’une Politique Nationale du Genre et aujourd’hui, 32% des députés à l’Assemblée Nationale, 46% des sénateurs et 38% des membres du Gouvernement sont des femmes. Il est également important de noter la participation des femmes aux autres instances de décision : gouverneurs de province, administrateurs communaux et chefs collinaires. Cependant, au niveau des conseils collinaires, les femmes ne sont représentées qu’à seulement 17%. Par ailleurs, seulement 136 femmes sur les 2 615 sont chefs de colline, ce qui représente 5%.
269. En ce qui concerne la sécurité de tous, y compris les femmes, le code pénal du 22 avril 2009 est relativement progressiste en matière de répression du viol. Dans ce même contexte, il est utile de mentionner l’existence d’une stratégie nationale sur les VBG, d’un plan d’action national sur la Résolution 1325 et d’une stratégie nationale d’intégration du Genre dans les corps de la PNB.
270. La gratuité de l’enseignement primaire a favorisé l’amélioration de la parité filles/garçons pour le primaire. De même, la gratuité des soins de maternité a permis une augmentation des taux d’accouchement assisté par du personnel de santé.
271. Malgré ces avancées, l’inégalité du genre persiste dans plusieurs domaines de la vie socio-économiques. Les données de l’enquête QUIBB 2006 révèlent qu’en milieu urbain, les taux de pauvreté sont plus élevés chez les ménages dirigés par des femmes (49,3%) que chez les ménages dirigés par les hommes (28,5%). Globalement, au niveau national, l’incidence de la pauvreté est plus forte chez les ménages dirigés par les femmes.
272. Dans l’éducation secondaire, les taux d’achèvement du premier cycle sont 17% pour les filles contre 23,9% pour les garçons, dans le second cycle, ces taux sont respectivement 9,1%
et 17,1%. Ainsi, malgré les progrès de la parité dans l’enseignement primaire, les taux de scolarisation sont encore inégaux dans l’enseignement secondaire et supérieur.
273. Les femmes restent particulièrement vulnérables dans le domaine de la santé. Le taux de morbidité des femmes (environ 25%), est supérieur à la moyenne nationale (23,1%). Près de 49% des femmes de 35 à 44 ans souffrent d’anémie sévère et le taux de prévalence du VIH/SIDA chez les adultes de 15 à 49 ans est 4,2% pour les femmes et seulement 3,3% pour les hommes.
274. L’autonomisation de la femme est toujours un grand défi. L’accès très faible des femmes aux facteurs de production, tels que le crédit et la terre, et leur participation insignifiante aux secteurs porteurs de croissance, tels que le commerce, les banques et l’industrie, aggravent leur pauvreté monétaire. Selon le RGPH 2008, 80,2% des burundais ont une propriété foncière, mais 62,5% sont des hommes et seulement 17,7% des femmes.
275. Les femmes sont très présentes dans le secteur agricole mais ont peu accès aux technologies appropriées de production et de conservation et ne contrôlent guère les revenus agricoles qu’elles génèrent. Sur le plan de l’emploi, les femmes dominent dans le secteur agricole, plus pénible et peu rémunérateur, mais sont nettement moins présentes dans le secteur moderne où elles n’occupent que 35,6% des emplois, souvent des postes de faible qualification ou des activités du secteur informel.
276. Les progrès dans ce domaine dépendent beaucoup du développement des capacités, elles mêmes liées au taux d’alphabétisation, particulièrement faible chez les femmes comme le montre la Figure 6 ci-dessous.
Taux (%) d'aphabétisation de la population par âge et par sexe leurs besoins spécifiques ne sont pas suffisamment pris en compte dans les programmes de relèvement communautaire. En outre, les violences faites aux femmes tendent à se multiplier : elles ont de graves conséquences sur le plan physique, psychologique, social et économique. En 2009, environ 2,6% des femmes ont été victimes d’un viol et cette situation se complique par la banalisation de ces crimes et l’impunité – souvent constatée – des coupables.
278. De façon générale, les inégalités de genre ont pour origine les perceptions sociales et idéologiques qui sont défavorables à l’égalité des hommes et des femmes, une prise en compte insuffisante du genre dans les programmes sectoriels et des rapports sociaux stéréotypés du fait de la persistance de préjugés socioculturels néfastes aux femmes. La méconnaissance des textes réglementaires relatifs à l’équité et à l’égalité des hommes et des femmes (ces textes ne font pas l’objet d’une vulgarisation adéquate) et l’insuffisance des données désagrégées sur la condition des femmes sont des facteurs supplémentaires qui influencent négativement la sensibilité aux problèmes de genre. Les consultations communautaires montrent que les questions relatives à la polygamie – une pratique prohibée par la loi – sont considérées dans toutes les provinces comme l’un des facteurs expliquant la pauvreté des ménages.
279. Afin d’éviter l’aggravation des inégalités défavorisant la femme et de progresser vers une gestion plus équitable, il convient d’améliorer le statut des femmes, d’adopter des stratégies pour l’élimination de tous les comportements et pratiques discriminatoires à l’égard des femmes, de promouvoir l’accès équitable aux facteurs de production et de renforcer les capacités des femmes pour un meilleur rendement de leurs activités.
280. A cette fin, le Gouvernement compte (i) renforcer le cadre institutionnel pour la mise en œuvre de politiques promouvant l’égalité et l’équité et la sensibilité des acteurs sociaux aux questions de genre afin de réduire l’impact des coutumes traditionnelles qui freinent l’épanouissement des filles et des femmes, (ii) promouvoir les droits des femmes et faire en sorte qu’elles soient équitablement représentées dans toutes les sphères d’activités, (iii) promouvoir des mécanismes de prévention et de répression des violences basées sur le genre et de prise en charge intégrée des victimes et (iv) créer des conditions favorables à un meilleur accès aux ressources et à un meilleur contrôle de ces ressources, à une meilleure
contribution des femmes au développement socio-économique du pays et au renforcement de leurs capacités pour qu’elle profitent davantage des retombées du développement.
Chapitre 3 : Transformation de l’Economie Burundaise pour une Croissance Soutenue et Créatrice d’Emplois
3.1. Relèvement de la Productivité des Secteurs Porteurs de Croissance