3.2. Promotion du Secteur Privé et Création des Emplois
3.2.2. Promotion de l’emploi
3.2.2.1. Le contexte national
411. Selon les résultats du recensement 2008, le taux d’occupation est de l’ordre de 98.4%.
Ce taux élevé se trouve surtout en milieu rural. En réalité, il est fréquent que les habitants des campagnes déclarent qu’ils sont occupés par des activités agricoles alors qu’ils sont
sous-employés. Les statistiques cachent donc plusieurs formes de chômage déguisé. La forte concentration de la main d’œuvre dans le secteur primaire affaiblit la capacité de l’économie burundaise de se moderniser et d’absorber une main d’œuvre qualifiée. Il importe de noter dans ce contexte l’importance du secteur informel, qui occupe plus de 76% des actifs, mais sur la base de faibles rémunérations.
412. Le chômage est essentiellement urbain et touche davantage les jeunes et les femmes.
Tableau 11 : Distribution des emplois par secteur
Proportion 2006 2007
Emplois dans l’administration 10,1% 10,0%
Emplois dans les entreprises publiques 5,4% 7,5%
Emplois dans le secteur privé formel 1,2% 2,5%
Emplois dans le secteur privé informel 78,8% 76,3%
Emplois dans les entreprises associatives 4,5% 3,7%
Source : MFP/SS, 2010.
413. Le taux d’occupation des diplômés du secondaire est inférieur à celui de ceux qui ont seulement reçu une éducation primaire. Il est encore plus faible pour les diplômés de l’enseignement supérieur. En effet, 95,3% de la main d’œuvre est employée dans l’agriculture et comprend surtout des lauréats du primaire et c’est seulement 1,4% des burundais employés dans l’agriculture qui sont passés par l’enseignement secondaire ou supérieur (essentiellement dans l’agriculture d’exportation).
414. Plus de 85% de la main d’œuvre employée dans le secteur de l’extraction et de la construction ont à peine le niveau primaire : seuls 10,8% sont passés par l’enseignement secondaire ou supérieur. La situation des centres urbains montre l’importance du chômage des jeunes, en particulier, des jeunes diplômés. Le taux de chômage est de 14,4% en mairie de Bujumbura, 9% à Gitega et 6,5% à Karusi, mais globalement, l’âge moyen de la plupart des chômeurs se situe autour de 29-30 ans. C’est donc la jeunesse qui est la catégorie la plus affectée par le chômage.
415. Les villes de Bujumbura, Gitega, Makamba et Kirundo ont fait l’objet de l’enquête 1-2-3 réalisée en 2006,2007 et 2008. Le taux d’activité global sur l’ensemble des quatre villes est de 54,4% en 2008 contre 48,3% en 2007. Ce taux passe à 51,9% selon la définition du taux d’activité dans le sens du BIT. Le chômage touche 11,7% des actifs dans l’ensemble du milieu urbain. Les femmes sont plus touchées que les hommes avec 13,5% contre 10% au niveau des hommes. Le taux de chômage varie selon l’âge et est le plus élevé dans la tranche d’âge de 15-29 ans dans 3 villes (Bujumbura 17,1%, Gitega 10,9%, Kirundo 7%). Makamba constitue une exception où le chômage est le plus fort dans les 10-14 ans (16,7%) et concerne exclusivement les jeunes hommes.
416. Jusqu’à ce jour, les réponses apportées au problème de l’emploi des jeunes ont été de promouvoir des programmes de travail temporaire pour les démobilisés et d’exécuter un certain nombre de projet pilotes en vue de stimuler l’activité économique locale ou la réintégration des groupes affectés par la crise.
417. En outre, l’organisation de stages de premier emploi en faveur des jeunes diplômés, l’appui pour l’accès au microcrédit et la création de centres pour jeunes au niveau des communes ont permis à quelques jeunes d’accéder à l’emploi et au revenu et d’acquérir des expériences qu’il conviendra de valoriser.
418. A terme, ces interventions ciblées sur certaines catégories de jeunes doivent être repensées pour dépasser l’urgence et promouvoir des emplois durables, compte tenu du problème d’ensemble de l’emploi des jeunes. En effet, l’accès des jeunes à l’emploi est un élément essentiel d’une politique de croissance et de réduction de la pauvreté.
419. Dans ce contexte, l’analyse des priorités pour la consolidation de la paix au Burundi (2011-2015) met l’accent sur les objectifs visant à : (i) promouvoir l’entreprenariat des jeunes, l’accès au crédit et la création d’emplois, (ii) améliorer l’encadrement de la jeunesse, (iii) promouvoir les droits de l’homme et des jeunes et (iv) promouvoir le droit des jeunes à un emploi décent. La Stratégie Nationale pour la réintégration socio-économique de la population affectée par la crise et pour le relèvement économique définit les principes qui doivent guider la politique de réintégration économique. Son but est d’adapter les programmes de réintégration à la demande d’emploi et de promouvoir les créneaux économiques porteurs et les projets HIMO. Tout ceci, en parfaite harmonie avec la cible 16 inscrit dans l’objectif 8 des OMD22.
420. Cependant, le pays n’a pas encore une vision globale du problème de l’emploi et la situation actuelle se caractérise par (i) l’absence d’une politique nationale de l’emploi et méconnaissance du marché du travail, (ii) les problèmes de gouvernance dans la gestion des opportunités d’emploi, (iii) l’inadéquation de la formation et de l’emploi, (iv) des systèmes classiques de financement qui ne sont pas accessibles aux jeunes, (v) des structures d’encadrement pour l’auto-emploi inadéquates, (vi) la faible diversification des créneaux porteurs d’emploi ainsi que (vii) la précarité des emplois et pauvreté au travail.
3.2.2.2. Approche globale de promotion de l’emploi
421. Face à ces défis, le Gouvernement compte à la fois définir une politique cohérente en matière d’emploi (en vue de réduire progressivement le chômage et le sous-emploi qui touchent plus durement les jeunes et les femmes) et de mettre en œuvre des politiques macro-économiques et sectorielles capables d’impulser la création d’emploi. Ainsi l’emploi sera non seulement un résultat de la croissance économique, mais encore et surtout un moteur de cette croissance et un élément clé de la réduction de la pauvreté. La politique de l’emploi devra préciser les articulations intersectorielles qui garantiront la réalisation des objectifs visés, à savoir : (i) l’élargissement des opportunités d’emplois, (ii) l’adéquation formation/emploi et l’appui aux initiatives des jeunes, (iii) un marché de l’emploi plus efficace et (iv) la promotion du volontariat des jeunes.
422. S’agissant de l’élargissement des opportunités d’emplois, il sera nécessaire de déterminer préalablement les mesures incitatives pour la création de nombreux emplois dans l’industrie et les entreprises de services, pour l’éclosion des PME et pour la promotion des AGR et de l’auto-emploi en vue de résorber le sous-emploi et de réduire significativement le chômage.
423. En rapport avec l’adéquation formation/emploi, l’accent sera mis sur l’accroissement de l’offre grâce à l’intensification et à la diversification des capacités de formation technique et professionnelle et sur l’établissement d’un partenariat actif avec les pays émergents pour le renforcement des capacités en formations professionnelles. Dans ce même cadre, l’entreprenariat des jeunes devra être mieux soutenu grâce notamment à la mise en place et à la dynamisation des structures de promotion des initiatives des jeunes, à l’amélioration de l’accès au financement bancaire et aux micro crédits à travers un fonds de garantie, à l’appui à l’organisation de formations spécifiques, d’ateliers de formation et de recyclages en direction des jeunes demandeurs d’emploi et des femmes salariées du secteur moderne.
22 Cible 16 : En coopération avec les pays en développement, formuler et appliquer des stratégies qui permettent aux jeunes de trouver un travail décent et utile
424. En ce qui concerne l’efficacité du marché de l’emploi, l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation Professionnelle sera opérationnalisé en vue d’un meilleur suivi des questions liées à l’emploi, du renforcement de la gouvernance nationale en matière d’emploi et de l’amélioration de la transparence du marché du travail.
425. A cet effet, une attention particulière sera apportée à la systématisation de la collecte, du traitement et de la diffusion des informations disponibles sur le marché de l’emploi. En outre, des mécanismes de suivi évaluation seront introduits afin de mieux suivre l’évolution de l’emploi, sur la base d’indicateurs préalablement définis et d’identifier les mesures correctives à prendre en particulier au niveau de la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi et des réformes qui lui sont associées.
426. La promotion du volontariat des jeunes a un impact évident sur le bien être des communautés et par ses effets d’entraînement sur l’apprentissage, elle constitue un créneau non négligeable pour l’entrée des jeunes sur le marché du travail et pour l’auto emploi.
Ainsi, le système des Nations Unies par le biais de son agence spécialisée dans la promotion du volontariat est en train d’appuyer les pays en voie de développement dans la formalisation du volontariat et du bénévolat en vue d’accélérer la réalisation des OMD.
427. Dans ce cadre, le Gouvernement envisage la création d'un programme de Volontariat National dont l’objectif principal consiste à proposer aux jeunes diplômés de l'enseignement supérieur et de l'enseignement secondaire technique manquant d'expérience professionnelle mais ayant fait la preuve de leur capacité à s'engager entre six et douze mois, dans des missions d'intérêt général auprès des communautés. Ils apportent leur soutien au secteur associatif, aux différents projets de développement, aux communes dans le cadre de la décentralisation et aux différents services déconcentrés de l'Etat, dans des domaines prioritaires identifiés lors des consultations pour la formulation des programmes ciblés tels que l'éducation, l'alphabétisation et la formation professionnelle des jeunes, la santé, le soutien à l'agriculture et à l'élevage, la protection de l'environnement ou encore, le soutien à la gouvernance locale. Chaque année, le corps de Volontaires Nationaux pourra donc contribuer à la lutte contre la pauvreté et à la consolidation de la paix, tout en gagnant en expérience et en compétences utiles pour leur propre insertion professionnelle.
3.2.2.3. Diversification des emplois par une valorisation des sports
428. La valorisation du sport reste confrontée à de nombreux problèmes et défis auxquels il est nécessaire d’apporter des solutions appropriées.
429. Problèmes liés à la législation et à la réglementation. En remplacement de la loi cadre de 1982 qui était inadaptée à l’évolution et aux besoins du sport moderne, une nouvelle loi a été adoptée en novembre 2009. Celle-ci définit le rôle qui revient au Ministère de la Jeunesse et des Sports et clarifie le mode de fonctionnement des Fédérations qui doit être constituée de 3 associations au minimum, elles-mêmes devant comporter au moins 3 clubs.
Cette loi clarifie également les conditions d’octroi des licences et des transferts d’un club à l’autre.
430. Problèmes liés au financement des activités sportives. Les ressources disponibles pour les activités sportives tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays restent très modestes. Il importe de rechercher des appuis conséquents pour faciliter le développement du sport en général et l’épanouissement des athlètes et des joueurs de talent.
431. Insuffisance quantitative et qualitative des infrastructures sportives. Le manque d’infrastructures au niveau des communes et des provinces handicape l’organisation des activités sportives. De même, l’inexistence de stades Omnisports alignés sur des normes
internationales freine le développement du sport et ne permet pas au pays d’organiser des rencontres régionales et continentales.
432. Absence de planification à moyen et long terme pour le développement des infrastructures sportives. Le problème de réservation lors des lotissements d’espaces destinés à accueillir des infrastructures sportives hypothèque le développement harmonieux du sport.
433. Les infrastructures sportives et administratives actuelles de l’IEPS qui ne répondent plus aux normes d’un institut de formation de haut niveau des cadres sportifs. L’IEPS ne peut plus répondre aux besoins de l’heure car il opère dans de vielles infrastructures qui ne sont plus conformes aux normes internationales.
434. Problèmes liés à l’administration et à la gestion des organisations sportives. Les Fédérations, associations et clubs ne respectent pas la législation nationale. La gestion des moyens financiers alloués aux fédérations laisse à désirer. Cette déficience s’observe surtout dans l’utilisation des fonds accordés par les fédérations internationales.
435. Insuffisances de la concertation et de la collaboration entre les partenaires du secteur des sports. Plus de concertation et une meilleure collaboration entre tous les gestionnaires du secteur des sports sont nécessaires.
436. Insuffisances au niveau de l’encadrement des joueurs, des athlètes évoluant au Burundi et de l’implication des collectivités locales dans l’aménagement des infrastructures sportives. Il faudrait un encadrement soutenu des joueurs et des athlètes pour développer des professionnels. L’administration territoriale devrait sensibiliser et mobiliser la population pour l’aménagement de terrains, à leur portée, pour la pratique des activités physiques et sportives.
437. Manque de cadres moyens formés en Education Physiques et Animation Sportive pour encadrer des équipes de niveau moyen et former des officiels : école primaire, équipe communale. Les lauréats de l’IEPS sont les seuls cadres supérieurs formés en APS, mais cette formation ne touche qu’une infirme partie de la hiérarchie sportive à savoir les écoles secondaires et les équipes de haut niveau ; elle ne concerne pas la base : écoles primaires, communes, etc.
438. En vue de redorer l’image du pays quelque peu ternie par les nombreuses années de guerre civile, le développement du sport et la redynamisation de la pratique des activités physiques vise à renforcer le niveau de compétitivité des athlètes burundais et par conséquent, à créer de nouvelles opportunités d’accès aux revenus, en particulier, pour les jeunes talents. Les efforts à déployer dans ce sens devront permettre de définir une politique adéquate de gestion des infrastructures existantes et d’extension de ces infrastructures dans tout le pays, d’identifier à temps les jeunes talents, d’en assurer le suivi régulier et de restructurer les associations regroupant les différentes disciplines pour un meilleur encadrement technique.
3.3. Amélioration du Taux d’Accès et de la Qualité des Infrastructures