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A la rencontre du contexte local : le contexte landais, une « Californie française » 26 ?

Dans le document Les intermittents du travail (Page 30-35)

« M’as abisat, qu’es tu gahat. »

[Trad. du gascon « Tu m’as vu, tu es pris. »]

La devise gasconne ci-dessus traduit en peu de mots l’effet que peut opérer la côte Sud landaise à celui qui la découvre. Ainsi a-t-elle agi sur Louis, un des enquêtés27 :

Louis (E8) : T'as jamais eu cette impression? Quand tu allumes la télé et que tu vois tous ces gars se plaindre. Ces pauvres parisiens dans leur grève de transports. Ces pauvres marseillais dans leurs problèmes d'insécurité. Et toutes ces autres victimes des quatre coins de la France où les boîtes ferment les unes après les autres. De la grisaille, de la hargne. Tu ne vois que ça à la télé. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir de la peine pour eux. Mais, à la fois, je prends ça avec tellement de distance depuis que je suis ici [RdC : sur la côte Sud landaise]. Ça ne nous concerne pas vraiment. Ici, notre seule préoccupation, c'est la météo. On espère qu'il pleuvra pas trop, qu'il y a aura de la houle et un vent d'Est. C'est ça, notre seule préoccupation. Pour le reste, tout roule. Ce n’est pas le paradis ici. Il n’y a pas de boulot, pas de logement, pas de véritables classes moyennes : des très riches ou des pauvres, pas grand- chose entre les deux. Mais quand même. J'ai l'impression qu'on est épargné. J'ai parfois l'impression de vivre en France mais hors de France. C'est ce coin de paradis, qui tient autant au cadre qu'aux gens je crois, que j'aimerais partager avec mes enfants.

Pour Gibus de Soultrait28, écrivain, journaliste et philosophe local, et surfeur à ses heures, tout élément peut s’analyser selon trois dimensions que sont l’espace, le temps et le mouvement – schéma qu’il a appelé « pensée dimensionnelle » (1989). Cette perspective m’a paru appropriée pour présenter le contexte landais, bercé entre la dimension esthétique de l’espace qui le constitue et l’atonie économique qui s’en dégage, fortement marqué par son histoire et les caprices du climat – le temps -, empreint des valeurs portées par le surf et les expériences migratoires successives – le mouvement - ; autant de caractéristiques qui dessinent une culture du travail quelque peu « atypique ».

L’espace : entre richesses et avaries

« Nulle fin d’étape n’est plus reposante et plus paisiblement amicale que celle où le lac d’Hossegor est en vue et où ses calmes villas, qui se dévisagent à travers l’eau sous les branches, vous accueillent comme un village qui prend le frais à la brune sur les seuils. »

Julien Gracq (cité par Maignan, 2002).

Le territoire qui nous intéresse ici - espace de vie des intermittents du travail -, est constitué des trois petites villes littorales et limitrophes : Capbreton, Hossegor et Seignosse, que j’ai dénommées, pour simplifier, CapHosSei. Ces trois villes font partie de la côte sud landaise.

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Ce qualificatif fait écho à une expression fréquemment retrouvée dans la presse locale et nationale qui parle de la côte Sud landaise, qu’ils associent un peu trop rapidement à la côte basque peut-être, comme d’une « Californie Française ». Dans une série d’articles récents (cf. notamment article du New-York Times, cité dans Courrier International, n°1184, 10 juillet 2013), les commentateurs soulignent l’émergence d’un phénomène qu’on pourrait rapprocher à celui des intermittents : l’afflux de jeunes cadres parisiens venues s’installer sur la côte basque (Bayonne, Anglet, Biarritz – le « B.A.B. »). Ce phénomène s’en distingue pourtant par le fait que ces jeunes gens ont juste déplacé leur cadre de vie et d’activités, mais n’en sont pas sorti : ils restent dans une zone urbanisée (l’aire urbaine formée par le B.A.B. compte 214 000 habitants en 2010), dynamique économiquement, et exercent toujours des activités de cadre. D’ailleurs, si la presse a tendance à amalgamer les deux régions, les locaux se refusent à cette confusion : ils insistent sur la grande différence d’état d’esprit et de mode de vie qui les sépare – vie citadine pour les habitants du B.A.B., vie plus bucolique pour ceux de CapHosSei.

27

Un portrait plus précis de Louis est donné dans le chapitre 2 (cf. ch.2.4.4.).

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Directeur de la rédaction de Surf Session et de Surfer’s Journal France, philosophe et auteurs de plusieurs ouvrages sur le surf et le mouvement.

Capbreton, la ville la plus au Sud, étant située à 20 km au Nord de Bayonne et à 15km au Nord de Tarnos, dernière ville frontière des Landes qui marque la séparation avec le département des Pyrénées Atlantiques (dont le Pays Basque fait partie) :

Illustration 4 - Situation géographique de CapHosSei

La proximité de ce territoire avec Bayonne – première ville basque, fait que certaines cartes l’incluent parfois dans le Pays Basque. Pour d’autres géographes, CapHosSei se trouve en pays gascon (dont la ville de Mont de Marsan, préfecture des Landes, est la représentante). Ainsi CapHosSei est le résultat d’un métissage entre ces deux terroirs, auquel s’ajoutent quelques notes espagnoles, l’Espagne étant également toute proche (25 min par l’autoroute). Les influences basques et gasconnes sont le plus marquées en matière de gastronomie – le jambon de Bayonne, le fromage de brebis et la cuisine à la plancha, épicée au piment d’Espelette, se mêlent à une cuisine gasconne autour du canard et du foie gras, et les vins basques (Irrouleguy) partagent la carte des vins des côtes de Gascogne ; en matière d’architecture – où des villas d’inspiration basque trônent au côté de vieilles fermes landaises ; en matière de festivités – feria et tauromachie sont tout aussi appréciées que les fêtes de village ; et enfin en termes de sports – sports de glisse aquatique, pala29, rugby et golf y sont indifféremment à l’honneur. A noter également sa proximité avec les Pyrénées basques et béarnaises qui offrent une alternative aux paysages et activités balnéaires : ski, randonnées en haute-montagne ne sont qu’à à peine une ou deux heures de route.

Située dans une région régulièrement célébrée dans la presse pour sa qualité de vie30, CapHosSei ne comptabilise en tout que 14 839 habitants31, répartis sur une superficie de 72 km2 (soit unedensité de 204 hbts/km2). Le territoire offre un paysage littoral et rural propice à la rêverie et à la flânerie, peint et décrit par de nombreux artistes32, fait de dunes de sable, forêt de pins, lac et océan aux fameux rouleaux qui font de ses plages, parmi les plus

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Cf. glossaire.

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La région Aquitaine, et le département des Landes, figurent régulièrement dans le peloton de tête des palmarès « Où vit-on le mieux en France » (ex : Express 2008, 2010, 2012 / Le Point, 2013). Voir annexe 3 pour les résultats d’un récent sondage BVA pour la presse régionale (avril 2013) – « Les régions où il fait le meilleur vivre », sondage réalisé auprès d’un échantillon de plus de 6400 Français, et portant la région Aquitaine comme la région qui enregistre le plus fort taux de satisfaction (93%).

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Source : INSEE, dernier recensement 2009.

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Parmi les plus célèbres, on peut citer Charles Derennes, Rosny jeune, Julien Gracq (cf. citation supra), mais aussi Françoise Sagan qui aurait écrit « Bonjour tristesse » lors d’un séjour à Hossegor en 1953.

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mythiques celles de la Gravière à Hossegor, du Santocha à Capbreton et des Bourdaines à Seignosse, un haut-lieu du surf mondial (cf. annexe 4, carte des plages).

Ses habitants saluent également la présence de nombreux services et commerces donnant l’air de vivre en ville sans y être. En effet, CapHosSei est un haut-lieu du tourisme estival - sa population quadruplant les mois d’été -, ce qui nécessite une présence d’infrastructures en conséquence33.

Son grand défaut cependant pourrait être son manque de dynamisme économique hors période estivale, ce qui le préserve, certainement, d’une émigration et d’une urbanisation massives tant redoutées par ses habitants (cf. infra). Hormis le secteur touristique (hôtellerie et restauration), CapHosSei se caractérise effectivement par une certaine atonie économique. S’il a pu, dans le passé, se montrer plus dynamique grâce aux géants du surf qui sont venus s’y implanter –sièges et usines de fabrication34, gros pourvoyeur d’emplois dans le coin, ceci est de moins en moins vrai aujourd’hui, la crise et les restructurations répétées affectant grandement l’emploi dans ce secteur – en atteste la fermeture du siège historique de Quiksilver Europe à Hossegor en juin 2013, officiellement pour être déplacé dans les nouveaux locaux de Saint-Jean de Luz mais qui, officieusement, en a profité pour remercier bon nombre d’employés locaux, évènement que les locaux ont vécu comme une trahison. Seul le secteur de l’immobilier et de la construction tire aujourd’hui son épingle du jeu, avec le marché séculaire des résidences secondaires et son va-et-vient incessant des cessions- acquisitions d’une part, et un nouveau marché d’autre part : celui des résidences principales, CapHosSei enregistrant une forte croissance démographique (cf. infra). Les emplois à l’année sont donc une denrée rare, fortement disputée, sur CapHosSei. Une démarche de recherche d’emploi, sans relation ni cooptation, a peu de chances d’aboutir. Nombreux sont ceux qui se tournent vers les grandes villes les plus proches : Dax, Bayonne, voire Pau ou Bordeaux et font les trajets quotidiens, trop attachés à CapHosSei pour le quitter.

Il ne serait pas tout à fait juste cependant d’amalgamer ces trois villes : elles ont, malgré les nombreux points communs que nous venons d’évoquer, des caractéristiques propres, résultat du temps et de l’histoire.

Le temps – histoire de villes, caprices climatiques

Les trois villes se distinguent par leur personnalité propre, héritage de l’histoire.

Capbreton est un port de pêche historique qui a connu son apogée aux XVème et XVIème siècle. Les marins partaient jusqu'à Terre Neuve, harponner les baleines. C'est Napoléon III qui va relancer le port, en construisant le canal entre le Port et le lac d'Hossegor. Puis en construisant l'estacade, pour sécuriser l'entrée du port. Capbreton est aujourd'hui une station balnéaire « familiale » et un port de plaisance actif (1000 anneaux). C’est celle des trois villes qui est la plus dynamique hors-saison, avec des commerces, des facilités, des espaces culturels, ouverts toute l’année. Ce côté port de pêche, puis station balnéaire familiale, lui confère aujourd’hui une réputation de ville populaire, du moins plus populaire que sa voisine, Hossegor, qui se distingue d’abord par son élégance – l’ « élégance océane ». Le Littré définit l’élégance comme « ce qui est d’élite, de distinction dans la parure, dans les manières, dans

la taille… » (in Maignan, 2002, p.3) et le Petit Robert comme « qualité esthétique que l’on reconnait à certaines formes naturelles ou créées par l’homme dont la perfection est faite de grâce et de simplicité » (in Maignan, 2002, p.3). De grâce, on ne peut le nier. De simplicité,

on peut en douter. En effet, c’est sans doute l’image de destinée à une certaine élite qui caractérise la ville d’Hossegor – de ses riches villas qui bordent le lac, à celles de son front de mer, en passant par les boutiques et hôtels de luxe qui peuplent son centre-ville, Hossegor est avant-tout une ville altière - qui se rapproche en ce sens plus de Biarritz que de Capbreton ou

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Cf. annexe 5 pour un panorama du tourisme dans les Landes (sources : CCI des Landes, données 2012).

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de Seignosse. Hossegor a hérité de l’essor du tourisme balnéaire élitiste, chic mais discret, des années 30. Son casino « Le Sporting », notamment, était connu comme un haut-lieu de rassemblement de la bourgeoisie parisienne l’été. Le sport y était déjà à l’honneur – golf, natation, pelote basque. C’est cette tradition d’un tourisme de luxe, discret et élégant, qu’Hossegor s’efforce de perpétuer aujourd’hui. La ville de Seignosse est aux antipodes de cette image. A l’origine petit village situé un peu plus dans les terres, Seignosse ne s’est transformée en station balnéaire – Seignosse Océan -, qu’au cours des années 1970, dans le cadre de l'aménagement de la côte Aquitaine, et dans l’optique d’y accueillir un tourisme de masse. Les constructions élevées et bétonnées, dans la tradition architecturale urbaine de ces années-là, détonnent aujourd’hui avec l’architecture du coin et donne un aspect artificiel à la station. C’est également, des trois villes, celle qui a le plus l’apparence d’une ville morte l’hiver.

Cette distinction entre les trois villes est essentielle. Elle permet de comprendre pourquoi les locaux, et a fortiori, les intermittents du travail, n’envisagent la ville d’Hossegor que dans un rapport utilitaire : ils n’y vont que pour y travailler – « c’est là où est le fric ! », mais rechignent à y vivre, préférant le charme non ostentatoire du village de Soorts associé à la ville d’Hossegor, ou bien sûr celui des villes de Capbreton et de Seignosse.

Ces trois villes par contre se retrouvent dans le rapport ambigu qu’elles entretiennent avec la nature, qui fut d’abord celui d’une volonté de domination et de lutte contre le temps.

La nature humaine d’abord où ses gens n’ont de cesse de lutter contre les effets du temps sur leur propre personne : en « prenant le temps de vivre » (Maignan, 2002) et de faire les choses bien - les locaux prônent un rythme de vie à l’écoute du corps et des saisons et cherchent à éviter tout « stress inutile », entendant par « stress inutile » toute tâche parasite qui pourrait contraindre leur vie quotidienne (ex : les transports) ou l’accumulation de tâches sur un temps limité. Ce faisant, ils espèrent ne pas se laisser aspirer trop vite par l’âge, et s’efforcent d’en retarder les effets, naturellement, en adoptant une bonne hygiène de vie – alimentation à base de produits locaux et/ou bio de qualité, médecines douces, sports. Témoigne également de cet effort, l’engouement des locaux pour les pratiques inspirées du « zen ». On trouve sur le territoire – pourtant petit comme on l’a vu – une offre pléthorique de professionnels dans le domaine : diverses formes de yoga, sophrologie, méditation en pleine-conscience, etc.35 . On retrouve cette idée de rapport conflictuel au temps dans le rapport temps historique/élément naturel, où l’action humaine a cherché à façonner le territoire pour le rendre vivable : ainsi, au XIXème siècle, les terres marécageuses essentiellement consacrées à l’élevage ovin, ont été asséchées, et la forêt landaise plantée, pour limiter l’avancement des dunes. Dès le début du XXème siècle, les initiatives se sont multipliées pour aménager les fronts de mer et les préserver de l’ « invasion océane » : constructions de digues, bétonnage, et plus tard constructions résidentielles malgré toutes les mises en garde des protecteurs de l’environnement contre le potentiel inondable de ces zones (aujourd’hui une bonne partie de la population de ces trois villes vit en zone inondable). Les anciens aiment à parler de cette fameuse tempête qui, au XVIème siècle, a ensablé l’embouchure de l’Adour (alors à Capbreton) et l’a détournée 15km plus au Nord, à Vieux-Boucau36. Pourtant, la leçon n’a pas suffi : les tempêtes, très puissantes, et régulières, attaquent le littoral chaque hiver. Et les locaux, tels des Sisyphe et leurs rochers, continuent à lutter contre, en retravaillant et ré- ensablant les dunes et les plages chaque hiver pour empêcher l’océan de reprendre ses droits

35

Je fais l’hypothèse que c’est là un des héritages de la génération surf (cf. infra), ayant remarqué, au cours de mes voyages dans différentes destinations surf du globe, que partout où « il y a du surf », ces pratiques sont surreprésentées. Je sais, d’avis de surfeurs, que le yoga améliore la concentration, la souplesse et la respiration, et est, en ce sens, très complémentaire de la pratique du surf – cela fait partie, à titre d’exemple, du programme d’entraînement des surfeurs de haut-niveau. Ce qui est intéressant, c’est de voir qu’aujourd’hui cette pratique est très répandue, et d’abord parmi les non-surfeurs.

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Cette embouchure a longtemps été disputée pour le potentiel économique qu’elle représentait et c’est finalement Bayonne qui a remporté la bataille au détriment de Capbreton et Vieux-Boucau, et l’a détourné à son compte, en 1578. Ce fut le début d’une rivalité Bayonne- CapHosSei qui n’a cessé depuis.

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et grignoter leur territoire. Etonnamment, ils disent surfer parce que, à travers ce sport, ils respectent la nature plutôt qu’ils ne la dominent (cf. infra).

Il y a donc un comportement paradoxal chez ces landais, qui, en même temps qu’ils font tout pour lutter contre cette nature, se posent comme ses plus ardents défenseurs – c’est notamment à Hossegor que se situe le bastion français le plus actif de la Surf Rider Foundation. Les vindictes contre ces touristes qui polluent, qui jettent leur détritus partout, qui marchent sur la dune, qui roulent en 4x4, sont, en effet, légions.

Rapport au temps également paradoxal en matière « d’invasions ». Qu’elles soient naturelles comme on l’a vu, ou humaines, comme on va le voir, ces landais ne cessent de vouloir lutter contre elles pour préserver leur territoire. Paradoxalement, ce sont de ces invasions qu’ils tirent leur plus grande richesse…

Une terre d’accueil et de mouvements

Illustration 5 - Evolution de la population de CapHosSei de 2000 à 2009 (sources: INSEE)

Un des premiers éléments qui m’a frappée en arrivant dans cet environnement était que la majorité des personnes que j’y rencontrais n’étaient pas originaires du coin, et ne s’y étaient installées que récemment.

Me demandant si ce phénomène n’était qu’une coïncidence, ou si c’était un état de fait, je me suis renseignée sur l’évolution de la population de CapHosSei37 et j’ai remarqué qu’elle avait cru, de façon non naturelle, de 20% entre 2000 et 2009 (cf. tableau supra), avec des disparités entre les trois villes, le taux de croissance le plus faible se retrouvant, sans surprise au vu des réserves sur l’attrait résidentiel de cette ville émises plus haut, pour la ville d’Hossegor (+11%); et le plus élevé pour la ville de Seignosse (32%), ce qui ne doit pas masquer qu’en valeur absolue c’est la ville de Capbreton qui avec 1342 nouveaux arrivants détient le record d’attractivité, résultat que l’on retrouve dans la composition de l’échantillon (cf. § chapitre IV). Pour autre preuve de l’attractivité du territoire, notons que ces chiffres sont supérieurs aux moyennes landaise, régionale et nationale, ainsi qu’à celles d’autres stations hivernales ou balnéaires de taille similaire (ex/ Bourg-St-Maurice (74), Villefranche Sr Mer (06) et Quiberon (56)). Les observateurs parlent d’un véritable « boom démographique »38. Ces mouvements migratoires ne sont pas toujours du goût de la population locale qui, depuis l’histoire de l’embouchure de l’Adour que lui a volée Bayonne au XVIème siècle (cf. supra), s’est toujours montrée méfiante envers l’étranger : peur qu’il lui vole son territoire, ses richesses, son travail ; sentiment renforcé par les vagues d’émigration successives – les premiers surfeurs français dans les années 60, les jeunes actifs « désenchantés » aujourd’hui, et sans cesse renouvelé par les migrations saisonnières – travailleurs saisonniers et touristes.

37

Source : INSEE

38

Cf. annexe 6, analyse 2012 du « boom démographique landais » par la CCI des Landes.

Population totale Entrées Population totale Entrées Population totale Entrées Population totale Entrées

2009 7864 162 3668 43 3307 99 14839 305 2008 7702 158 3625 43 3208 96 14534 298 2007 7544 155 3582 42 3111 94 14236 291 2006 7389 152 3539 42 3018 91 13945 285 2005 7237 149 3497 41 2927 88 13661 278 2004 7088 146 3456 41 2839 85 13382 272 2003 6942 143 3415 40 2753 83 13110 266 2002 6799 140 3374 40 2671 80 12844 260 2001 6659 137 3334 40 2590 78 12584 254 2000 6522 3295 2513 12330 Croissance démo de 2000 à 2009 21% 1342 11% 373 32% 794 20% 2509 Tx de croissance annuel du au solde naturel des

entrées et sorties 2,1% 1,2% 3,1%

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Il y a un certain climat de « haine de l’envahisseur » qui règne sur CapHosSei. Paradoxalement, c’est oublier que ce sont ces « envahisseurs » saisonniers qui les font vivre en leur permettant de résider dans ce bout de territoire qu’ils chérissent tant à l’année, et qui, sans les recettes de l’industrie touristique permettant de financer des programmes de sauvegarde de littoral de grande envergure, ne pourrait pas résister aux caprices de l’élément naturel. C’est aussi un autre type d’envahisseur qui, comme on va le voir, a transformé durablement la physionomie du territoire : les surfeurs…

A propos d’un mouvement particulier : les apports de la génération Surf

Illustration 6 - Croissance annuelle du nombre de licenciés surf (sources : Fédération Française de Surf)

Le surf a investi CapHosSei depuis une vingtaine d’années. Les locaux le décrivent comme « un acteur omniprésent de la vie communale qu’on n’avait pas prévu et qu’on n’attendait

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