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46,4%Progression du nombre de

Dans le document Les intermittents du travail (Page 35-44)

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rendre « disponibles aux vagues. Et, celles-ci étant imprévisibles, ils ne pouvaient pas se plier

à la rigidité du “système » (Soultrait, 1998). Ils ont donc dû développer peu à peu un mode de

vie et un système de production propres, leur permettant de vivre au rythme des vagues, d'où le choix du nomadisme (le « camion » qu'ils peuvent garer au bord de n'importe quelle plage devenant leur maison) et du système D: les surfeurs n'ont jamais de sous en poche, s'accommodent de petits jobs temporaires, leur donnant juste de quoi se nourrir, réparer leurs planches et s'acheter quelques bières et de quoi fumer.

Gibus de Soultrait (1998) insiste d'ailleurs sur le duo indissociable vague/cannabis « Vagues

et cannabis entonnent leur mélodie sur la même longueur d’onde » ou encore « Le surf cultive toujours une naturelle tradition du cannabis ». L’essence même du surf serait naturellement

liée à la consommation de drogue que Gibus de Soultrait (1998) considère comme « une

expérience un tantinet mystique, s’ajoutant à celle déjà magique de s’évader dans le tube43 ».

A tel point que jusqu'au début des années 70 (période où l'activité surf a commencé à se professionnaliser en France, avec les premières compétitions), l'arrivée de surfeurs sur la Côte Sud Landaise était mal perçue «La population locale n’a pas vu arriver sans appréhension

ces garçons dégingandés, stationnant près de la mer dans des mini-cars moins que sommairement aménagés, affranchis de toute discipline, peu respectueux de leur voisinage et tout entiers préoccupés de leur seule passion du surf. Leur présence a coïncidé avec l’apparition de la drogue dont toutes les stations balnéaires semblaient jusqu’ici préservées et celle de dealers venus chercher sur les plages une nouvelle clientèle » (Maignan, 2002)

Mais comme le rappelle Christophe Guibert (2007), c'est un biais d'homogénéisation bien trop réducteur que de dresser un tel portrait du surfeur. Cette image d'un surfeur déviant au mode de vie alternatif était sans doute vraie pour les surfeurs des années 60: «Au début des années

1960, il y eut une apogée de la jeunesse : c’étaient tous ces enfants nés à l’après-guerre qui vivaient leur adolescence et leur jeunesse dans l’insouciance d’une vie rythmée par la plage »

(Soultrait, 1998) », mais ne tiendrait plus aujourd'hui: « le surf s’est initialement encodé selon

des modalités bourgeoises. Les «Tontons Surfeurs» (Gardinier, 2004), les premiers pratiquants en France à partir de 1957, qualifiés comme tels dans la presse spécialisée, sont issus de catégories sociales supérieures. Contrairement aux représentations qui tendent à essentialiser les surfeurs, le surf s’est initialement développé et institutionnalisé selon un modèle sportif traditionnel de type anglo-saxon. » (Guibert, 2007).

Ne voir dans le surfeur que cette image négative, fortement entretenue par les médias selon la thèse de Guibert (2007)44, c'est masquer la force de la pratique en soi, une pratique sportive saine, qui entraîne dans son sillon toute une série de valeurs humaines, orientées vers l'humilité, le respect de la nature et celui d'autrui. Comme le rappelle Gibus de Soultrait (1998), le surfeur, le body-boarder, celui qui glisse sur la vague, n'entretient pas un rapport de domination avec la nature – comme le ferait un alpiniste, mais d'harmonie, de symbiose. Il cherche à faire corps avec elle, la comprendre, s'adapter à elle, et donc, surtout, ne pas la détruire, d'où une forte conscience écologiste au sein de cette population: «C’est un fait, les

surfeurs vivent avec la nature. La préservation de l’environnement et du littoral, ils ont ça dans leur ADN. Aujourd’hui, c’est un argument auquel les gens sont sensibles et qui milite en faveur du surf. D’autre part, contrairement à une idée encore répandue, le surf offre une pratique quasi-annuelle. Les clubs fonctionnent généralement durant 8 à 9 mois » (Jean-Luc

Arassus, président de la Fédération Française de Surf45).

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Le tube (ou « barrel » en anglais) est la figure reine du surf. Il consiste à se faire recouvrir par la crête de la vague.

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« Les hippies qu’on voyait en Californie, on n’en a pas beaucoup vu à Lacanau, pas vraiment ! Le voyage à cette époque, ça coûtait très

cher, et ce n’était pas n’importe qui pouvait se permettre de faire le tour du monde juste pour le plaisir de surfer… Ce n’est pas très sérieux de penser que tous les surfeurs de l’époque ne pensaient qu’au voyage et à la drogue. » » (Guibert, 2007, p.99)

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De plus, contrairement à d'autres sports de glisse (ex: le ski), le surf est un sport démocratique dans le sens où, hormis l'achat ou la location du matériel, l'océan est ouvert à tous, sans droit d'entrée. Cette démocratie se retrouve dans l'eau: le surf n'est pas un sport collectif en soi, mais l'égard à l'autre est pourtant permanent. Le code du surfeur, généralement respecté, permet à chacun de prendre une vague à tour de rôle. Débutants, confirmés et experts se retrouvent tous à l'eau au même moment, et les débutants n'ont que rarement l'impression de ne pas être à leur place. L'entraide, les conseils entre surfeurs, sont très fréquents. Le surf est peut-être un des sports où l'esprit de compétition est moins prégnant : le surfeur sait que la vague sera toujours plus forte que lui.

Illustration 7 - Extrait d'un blog sur la côte Sud landaise, créé par un intermittent du travail, Arthur, mis en ligne en février 2014 Si, comme en témoigne l’extrait de ce blog46, il est impossible de dresser, à l’heure actuelle, un portrait-type du surfeur, tant les valeurs, les formes de pratique et les ambitions sont en proie à l’éclatement caractéristique de notre ère hypermoderne, la culture de ce surfeur « originel » n’en a pas moins durablement imprégné le paysage landais. Certes, ses effets secondaires sont présents et ne peuvent être niés (drogue, « squats » de certains surfeurs avec leur camion et aux comportements pas toujours respectueux envers les passants, le soir, sous l'effet de l'alcool), mais les valeurs d'humilité, d'authenticité, de dépassement de soi, de respect de la nature, de l'autre, et de soi-même (à travers l’adoption d’une bonne hygiène de vie par exemple), tendent à faire de cette région une terre favorable à l’émergence d’une culture du travail plus « douce », comme nous allons le voir maintenant.

La culture du travail sur le littoral landais : entre bonnes et mauvaises surprises

Héritage d’une certaine douceur de vivre à la landaise, le travail dans cette partie littorale du territoire se vit, selon les immigrés récents, de façon « plus douce » que dans la grande ville. C’est d’ailleurs ce rythme de travail moins frénétique que la plupart sont venus y chercher. Les trajets déjà, pour se rendre au travail, sont moins coûteux – en temps, en énergie : le trajet domicile-travail dépasse rarement la demi-heure et, le plus souvent, se compte en une poignée de minutes ; soulagement de ne plus avoir à prendre les transports en commun ou de perdre son temps dans les bouchons que ces derniers mettent d’abord en avant. Ils ont l’impression que leurs journées « allongent ». Ils ont enfin du temps pour se consacrer à d’autres activités. En ce qui concerne l’emploi proprement dit, le paysage serait marqué par deux « idéaux- type » aux réalités bien spécifiques : « l’emploi saisonnier » (secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des petits commerces essentiellement) vs « l’emploi à l’année » où dominent la

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Blog tenu par un des intermittents du travail et membre de l’échantillon, Arthur. Le nom du blog ne sera pas révélé par souci de protection de l’anonymat de l’enquêté.

La figure du surfeur, du mythe au patchwork

« Comme tant d’autres surfeurs, je cultive en moi la nostalgie d’un âge d’or que je n’ai pourtant pas connu. Mythe ou réalité, j’idéalise une époque située entre les années 60 et 80, où le surfeur était encore un représentant de la contre-culture, un amoureux de la nature, un clochard céleste, un voyageur suspendu à la sensation d’ivresse que lui procuraient les tubes indonésiens ou l’exploration des paradis artificiels. Entre temps, le surfeur est devenu un produit marketing et son identité s’en est trouvée morcelée, le beatnik des plages est devenu cadre sup, médecin, boulanger, artisan, souvent il coupe ses cheveux. Ainsi, l’image du surfeur est devenue plus complexe à définir. Certains disent que l’esprit du surf est mort, qu’il n’y a plus de communauté surf, que le surfeur est devenu un geek égocentrique, qu’à l’image de la société, il a embrassé la philosophie du « chacun pour sa gueule ». La grande tribu surf a donc éclaté en mille petites tribus. A l’échelle de Hossegor, ces tribus se croisent souvent sans se voir, tant la silhouette du surfeur est devenue ici quelque chose de banal.[…] Après le surf, leur deuxième point commun sera donc géographique : le triangle d’or du surf constitué par Capbreton, Hossegor et Seignosse. Toutes sortes de tribus fréquentent Hossegor. D’ici ou d’ailleurs […] ».

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petite entreprise et les entreprises de taille moyenne (services, administrations et commerces essentiellement).

De quelques caractéristiques « douces » de l’emploi sur le littoral landais

La durée de la semaine de travail dans ces « emplois à l’année » dépasse rarement les 35h, même pour les cadres. Aussi ceux qui ont connu le travail dans les entreprises dont nous parlions précédemment ont l’impression d’un travail moins intense qu’avant, même si leurs journées sont bien remplies : l’activité y serait simplement plus concentrée. Chacun ayant « une vie hors du travail », ils n’ont pas de temps à perdre au travail. La règle du rester tard pour faire bonne figure qui prévalait dans les entreprises « stimulacres » est ici mal vue : celui qui reste tard au travail est perçu comme un individu qui n’a pas d’autres intérêts que le travail et s’en trouve déconsidéré. Un stagiaire d’une grande école parisienne en stage au siège d’un fabricant de surf ici m’a raconté sa surprise quand son manager l’avait obligé à sortir un vendredi soir à 17h alors qu’il était le dernier dans l’open-space, en lui proposant de l’accompagner boire une bière et en lui disant que « le travail pouvait attendre, pas la

bière » (sic) : ses amis l’attendaient et avaient déjà commandé ! Accorder des « dérogations

horaires » (sur le déjeuner, les temps de pauses ou heures de départ et de sortie) pour aller surfer si les conditions de surf sont exceptionnelles est aussi une pratique courante, qui participe à la bonne réputation des entreprises et patrons qui l’appliquent.

L’ambiance est aussi réputée pour être détendue et bon enfant. Le rire et la plaisanterie sont bienvenus, la retenue est moins la règle. « Partage des mentalités » aidant comme nous dit Maxime, il est pour lui beaucoup plus facile d’entretenir des relations amicales avec ses collègues de travail qu’avant :

Maxime (E6) : il y avait M., la doctoresse, elle devait avoir la cinquantaine mais c'était une vraie fêtarde. On se fendait vraiment la gueule. Elle avait toujours des anecdotes sur ses weekends, ses vacances, à nous raconter. Et elle nous appelait avec des petits surnoms. Comme si on était ses boys. Tu vois ce que je veux dire? Ah, un sacré personnage! Oui, c'est ça, l'ambiance était plus relax et décontractée qu'à Dijon. D'ailleurs, il y avait toujours quelqu'un qui amenait un truc à boire ou à manger, pour le café, pour le goûter. Et ça m'est arrivé d'aller prendre des pots hors du boulot avec les deux dont je t'ai parlé. Je pense que si j'étais resté plus longtemps, on serait sûrement devenu amis.[…] Le premier, c'était l'ambiance, bien plus décontractée. C'est tellement plus agréable de travailler le sourire aux lèvres. En plus, j'avais plus de choses en commun avec eux, notamment le surf. Et j'avais, par certains aspects, l'impression qu’ils voyaient plus la vie comme moi.

Le tutoiement est la règle, le « costard-cravate » est souvent délaissé au profit du « jean- chemise », la taille modeste des entreprises et de la localité fait que tout le monde se connaît un minimum, et il n’est pas rare qu’ils partagent, entre collègues, d’autres activités – récréatives et sportives – hors entreprise. J’ai pu, à travers mes quelques expériences avec l’emploi ici, remarquer que cette caractéristique était assez largement partagée par tous les secteurs d’activité et pas seulement par l’industrie du surf. Parfois même, cette ambiance détendue peut flirter avec la limite. Par exemple, j’ai pu, au cours d’une courte expérience à la braderie d’Hossegor47 assister à un curieux spectacle : celui du patron du magasin partageant, au milieu de la journée de travail et dans la salle de repos attenante à la boutique, un « joint » avec ses employés, dont l’odeur ne pouvait pas manquer d’interpeller le client48. Autre caractéristique majeure : la dimension relationnelle apparaît comme la dimension privilégiée dans le travail. Le recrutement se fait le plus souvent de manière informelle, sur le mode de la recommandation, sans processus de recrutement institutionnalisé49. Les qualifications sur le CV sont importantes, mais à niveau égal de qualifications ou même légèrement moindres, c’est toujours « l’ami de l’ami » qui sera choisi50.

47

Cf. glossaire.

48

Voir, à ce sujet, la note 11 du 2/04/2010 dans le journal de bord (cf. annexe 9).

49

Ibid : cf. JdB, note 124, 23/01/2011 (annexe 9).

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La relation de confiance patron-employé est vite établie jusqu’à preuve du contraire. Très vite par exemple, dans le secteur commercial, les employés peuvent acquérir des responsabilités telle que la gestion de la caisse, la fermeture et l’ouverture du magasin, en l’absence d’un « contrôleur » (le patron souvent). Mais très vite, ils peuvent perdre leur emploi, la confiance de l’employeur, et celle de tous les autres : le marché de l’emploi étant restreint, les employeurs parlent entre eux autant que les employés : l’employé ainsi sanctionné aura peu de chances de retrouver un emploi à l’année dans le coin.

De quelques réalités plus « âpres » de l’emploi sur le littoral landais

Derrière ce portrait attrayant du travail sur la Côte Sud landaise se cachent pourtant des réalités moins roses. Un premier bémol au sujet de l’emploi est, comme nous l’avons dit plsu haut, sa rareté. Un second bémol, corollaire en quelque sorte du précédent, serait le soi-disant trop faible niveau de rémunération par rapport au niveau de rémunération moyen français pour le poste et la qualification en question. Les patrons, en général, profiteraient du fait que travailler dans la région soit perçu comme un privilège pour ceux qui y vivent, du fait de la rareté de l’emploi, pour contraindre les salaires ; la possibilité de pouvoir y rester justifiant, selon ces patrons, le manque à gagner. Cette compression des salaires est encore plus forte dans les entreprises du monde du surf. Ces dernières passant pour les plus prestigieuses, elles sont très prisées. Les employés semblent pourtant le tolérer, l’argent étant, comme semble l’évoquer ce témoignage de Maxime, d’une importance secondaire pour eux, la préservation de leur qualité de vie passant avant :

Maxime (E6) : Profiter de la vie avant de penser à gagner de l'argent. Ceux de Dijon, à chaque patient, ce sont les dollars que tu voyais clignoter dans leurs yeux. Ceux de Dax, le patient, c'est un de plus de passé qui te rapproche de ta fin de journée, pour être enfin libre et profiter. Oui, c'est ça que j'ai trouvé marrant. C'est, qu'ici, même dans des professions libérales potentiellement très rémunératrices, les gens pensent d'abord à eux, à leur vie privée, plutôt qu'à Money, Money, Money. Tu vois ce que je veux dire? Le papi – c'est comme ça qu'on appelait G. , le plus vieux des trois associés, me faisait marrer. Parfois, il se barrait, comme ça, au milieu de la journée, pour aller récupérer son fils quelque part, pour aller voir sa femme ou des potes, bref, pour sa vie personnelle. Si on le regardait, surpris, il nous répondait: « Ben quoi, je suis libre. Si j'ai envie de passer du temps avec ma famille, je le fais quand ça me chante. C'est pas mon travail, et vous encore moins, qui allaient me dicter ma vie, non? ».

Dans l’emploi saisonnier – hôtellerie, restauration et commerces sur CapHosSei, ce chantage au revenu est encore plus fort, mais les patrons n’utilisent pas les mêmes arguments. Le constat n’est pas nouveau : les patrons profitent d’une main d’œuvre jeune - des étudiants le plus souvent -, non qualifiés, peu expérimentés, et dont l’objectif est de profiter des deux mois pour amasser l’argent qu’ils dépenseront durant leur année d’études. A cette main d’œuvre facilement exploitable dont les patrons pensent qu’elle peut tout supporter parce qu’elle a trop besoin d’argent, qu’elle ne connaît pas ses droits, et que de toute façon elle est trop jeune pour oser protester, s’ajoute le contingent des « saisonniers », i.e. les individus dont le travail saisonnier (station balnéaire l’été, station de ski l’hiver) est un mode de vie. Ceux-là sont plus expérimentés, mais connaissent aussi bien le fonctionnement des patrons du secteur, ce qui les rend moins corvéables. Cependant, ils jouissent d’une moins bonne réputation – ils seraient moins « fiables » (fêtes, drogues, alcool, abandons en cours de saison pour aller dans un autre coin) -, que les étudiants ou les résidants à l’année.

Aussi, les employeurs locaux auraient tendance à recruter parmi les immigrés récents – dont font partie les intermittents – qui ont un penchant moins grand pour « la débauche », et qui, à défaut de pouvoir trouver un travail à l’année, ou par choix de la précarité, recherchent ce genre d’emploi temporaire. Ils présenteraient l’avantage, pour ces employeurs, de pouvoir prolonger l’expérience au-delà et en-deçà des deux mois d’été, et de pouvoir les fidéliser : si l’expérience est concluante, le patron pourrait renouveler les années suivantes le contrat, ce qui lui éviterait d’investir inutilement son énergie dans le recrutement et la formation. Ces trois populations sont donc en compétition pour les emplois saisonniers. Les premiers arrivés

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– donc ceux qui vivent là à l’année -, ont le privilège de connaître les employeurs et leur réputation, et de pouvoir s’assurer le meilleur placement. Et comme énoncé précédemment, une fois le « bon plan » trouvé, on y reste pour les années suivantes51.

Un « bon plan » dans le jargon de l’emploi saisonnier, c’est un emploi qui peut être éprouvant physiquement (posture souvent debout, piétinement, durée de travail prolongée, souvent sept jours sur sept), mais dont l’employé a l’assurance de recevoir le revenu « juste » par rapport à l’investissement consenti. Il s’agit à minima d’être rémunéré pour chaque heure travaillée – cette remarque peut surprendre mais il y a beaucoup d’abus en la matière, surtout auprès de la population étudiante dont il n’est pas rare, à la fin du contrat, qu’elle se rende compte qu’elle a été flouée et rémunérée en dessous du SMIC. Les patrons « bons plans » doivent également savoir récompenser l’investissement de leurs employés par des primes de fin de contrat généreuses. En échange, l’employé sait qu’il aura certainement à accepter qu’une partie de sa rémunération ne soit pas déclarée, la pratique de la rémunération « mixte » (moitié au noir, moitié déclarée) étant courante dans le secteur. Enfin, s’ils ne lui demandent pas d’être obligatoirement sympathique, le patron « bon plan » est au moins quelqu’un de respectueux envers son employé : il doit le protéger avant le client, et lui parler correctement. Là encore,

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