• Aucun résultat trouvé

P RATIQUES DE SOCIABILITE

Dans le document LES PRATIQUES CULTURELLES AU LUXEMBOURG (Page 158-161)

4. S ORTIES ET SOCIABILITE

4.2. P RATIQUES DE SOCIABILITE

4.2.1. Recevoir à déjeuner ou à dîner Graphique 45: Fréquence de réception à domicile

Source : Enquête Culture 2009, Ministère de la Culture et CEPS/INSTEAD

18% 24% 16% 13% 16% 13% 0% 5% 10% 15% 20% 25% plusieurs fois par semaine 1 fois par semaine 2 à 3 fois par mois 1 fois par mois

plus rarement jamais

4% 11% 20% 28% 26% 11% 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% plusieurs fois par semaine 1 fois par semaine 2 à 3 fois par mois 1 fois par mois

158

La sociabilité autour des repas est une pratique répandue puisque la quasi totalité de la population résidente reçoit à déjeuner ou à dîner au domicile, dont 48 % à une fréquence mensuelle. Les réceptions hebdomadaires concernent, en revanche, 15 % de la population.

Les personnes organisant régulièrement une réception à leur domicile (à un rythme au moins mensuel) ont plutôt entre 35 et 64 ans : cela concerne plus de la moitié d’entre eux (entre 51 % et 61 %). A l’inverse, les plus jeunes et surtout les plus âgés réalisent occasionnellement ou jamais une telle pratique (respectivement 42 % des 16-24 ans, 56 % des 65-74 ans et 64 % des 75 ans ou plus), sans doute pour des raisons différentes. Les premiers habitent le plus souvent chez leurs parents, d’où une autonomie organisationnelle limitée pour un tel événement, quelle qu’en soit la fréquence. Les seconds peuvent rencontrer des difficultés physiques ou en termes de fatigue dans la préparation et l’organisation d’une réception, mais aussi des opportunités plus réduites en termes d’invitations, en raison d’un certain resserrement du cercle des relations sociales à cet âge de la vie.

Le niveau de vie a également une influence sur les habitudes de réception : ces dernières sont plus courantes dans les milieux les plus aisés, où plus de la moitié des individus reçoivent mensuellement. En revanche, à une fréquence hebdomadaire, le niveau de vie ne semble pas entrer en ligne de compte. .

4.2.2. Les réseaux sociaux les plus mobilisés : fréquence de rencontres avec les différents membres de son entourage

Tableau 48: A quelle fréquence avez-vous invité, reçu ou êtes-vous sorti avec… amis membres famille hors ménage collègues (hors horaire travail) voisins jamais, occasionnellement 27% 38% 77% 85%

tous les mois 42% 36% 14% 10%

toutes les semaines 31% 26% 9% 5%

ensemble de la population 100% 100% 100% 100%

Source : Enquête Culture 2009, Ministère de la Culture et CEPS/INSTEAD

L’analyse des réseaux sociaux montre que, globalement, la population résidente fréquente avant tout les amis, puis les membres de la famille hors ménage et, à un niveau moindre, les collègues (en dehors du temps de travail) puis les voisins. Le fait que les amis passent avant la famille fait écho au proverbe « on choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille » qui, étant donné que 85 % des résidents fréquentent occasionnellement ou jamais leurs voisins, peut également être formulé ainsi : « on ne choisit pas ses voisins ». La

159

particularité de la sphère amicale est d’être, dans une certaine mesure, plastique (selon l’émergence, l’approfondissement, l’érosion d’une relation d’amitié, une personne peut être considérée comme appartenant ou non à ce groupe) et, surtout, subjective. L’attachement privilégié au groupe des amis, observé dans le cas des sorties (visites aussi fréquentes que celles de la famille), se maintient donc dans le contexte des contacts les plus fréquents. Inversement, la famille et les voisins n’étant pas choisis, la définition de ces deux groupes est en quelque sorte figée65 ; en tous les cas, elle n’évolue pas selon les affinités et les choix

propres de la personne se prononçant sur ces relations. Ainsi, la probabilité qu’une personne donnée n’apprécie pas un membre quelconque de sa famille ou de son voisinage est a priori plus élevée que pour un ami. Une distinction importante sépare cependant la famille des voisins, notamment en termes d’obligations sociales transparaissant dans les normes et valeurs reconnues comme importantes66. Cela implique un plus grand attachement à la

famille, dont les membres se côtoient a priori depuis un certain temps et présentent davantage de similitudes, qu’aux voisins, surtout s’ils viennent d’arriver et s’ils sont différents67. Les voisins peuvent aussi intégrer la sphère amicale. Les relations avec eux

peuvent alors relever du réseau amical autant que de celui du voisinage : il n’est donc pas exclu que l’individu puisse privilégier le premier, reconnaissant l’ami-voisin en tant qu’ami plutôt que voisin68.

L’âge influence cet ordre relatif : les personnes les plus âgées fréquentent moins leurs amis et leurs collègues que les plus jeunes générations. D’une part, la sortie de la vie active implique une mise à distance des liens avec les collègues, qui reposent alors uniquement sur la volonté de prolonger certaines relations sans être soutenue par la sociabilité quasi quotidienne existant sur le lieu de travail. D’autre part, la sphère amicale s’érode à mesure que s’écoulent les années. Les liens familiaux semblent, en revanche, se renforcer chez les populations les plus âgées, puisque 43 % des 75 ans ou plus fréquentent des membres de leur famille (hors ménage) chaque semaine. Cela est peut-être dû à la prise en charge par un membre plus jeune de certaines tâches (faire les courses, aide au ménage) ou à un souci de vérifier que tout se passe bien. L’effet du genre se limite, quant à lui, à une sociabilité mensuelle plus importante avec les collègues pour les hommes (16 %) plutôt que pour les femmes (12 %). Cette sociabilité entre collègues est par ailleurs davantage le fait des

65 En toute rigueur, la famille évolue également (naissance, mariage, divorce, décès) tout comme les voisins (déménagements).

66 Fleury C. (2010) « La famille : une valeur sûre », Cahier n°2010-14, Differdange : CEPS/INSTEAD

67 Fleury C. et Borsenberger M. (2010) « Les résidents du Luxembourg et leurs voisins : attitudes et sentiment de solidarité », Working Papers n°2010-25, Differdange : CEPS/INSTEAD

160

professions intellectuelles et scientifiques (21 %). Le niveau de vie ne semble pas jouer de rôle ici. En revanche, la sociabilité de voisinage est relativement plus développée lorsque le niveau de vie est plus faible. La répartition traditionnelle69 entre, d’un côté, sociabilité amicale et

professionnelle dans les classes sociales privilégiées, impliquant de fait une plus grande ouverture sur l’extérieur et, de l’autre, sociabilité familiale et de voisinage dans les classes populaires, reflétant une sociabilité plus restreinte, ne se vérifie que partiellement au Luxembourg. Notamment, la sociabilité de voisinage concerne une proportion similaire chez les professions intellectuelles et scientifiques (10 %), les métiers dans le secteur des services ou de la vente (11 %) et chez les ouvriers qualifiés, agriculteurs et artisans (13 %). Par ailleurs, la sociabilité familiale ne se distingue pas selon les niveaux de vie..

Dans le document LES PRATIQUES CULTURELLES AU LUXEMBOURG (Page 158-161)