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L A PARTICIPATION A LA VIE CULTURELLE : EVOLUTION SUR LA PERIODE 1999-2009

Dans le document LES PRATIQUES CULTURELLES AU LUXEMBOURG (Page 92-96)

1999-2009

1.1. L

E TAUX DE FREQUENTATION DES EQUIPEMENTS CULTURELS Graphique 21 : La participation culturelle : évolution sur la période 1999-2009

Source : Enquêtes Culture 2009 et PSELL-2/1999, Ministère de la Culture et CEPS/INSTEAD

L’offre culturelle du Luxembourg a connu des changements importants au cours de ces dix dernières années, au premier rang desquels, une multiplication de ses infrastructures, avec la naissance de nouveaux lieux culturels comme le MUDAM, la Rockhal ou encore la Philharmonie. La programmation culturelle a par ailleurs largement bénéficié de la dynamique culturelle créée par l’évènement Luxembourg et Grande Région, capitale européenne de la

culture 2007. Parallèlement à cela, on peut supposer certaines tendances similaires à celles

observées en France : programmation de plus en plus éclectique des lieux de spectacles (ouverture progressive au jazz, à la danse contemporaine et plus récemment aux musiques amplifiées, aux arts de la rue et aux arts de la piste), patrimonialisation d’objets ou de lieux considérés auparavant comme ordinaires, multiplication des évènements « hors les murs » (festivals, spectacles de rue, journées du patrimoine).

33% 38% 36% 11% 9% 24% 25% 29% 16% 38% 50% 47% 50% 62% 16% 17% 49% 35% 45% 26% 57% 66% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% exposition, galerie musée monument historique cirque spectacle de danse spectacle de rue pièce de théâtre dont concert autre musique dont concert musique classique concert cinéma

2009 1999

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Les enquêtes successives de 1999 et 2009 montrent, à cet égard, que les différentes expressions culturelles ont une capacité d’attraction qui se renforce au cours de la décennie. Le cinéma, sortie culturelle la plus populaire, attire en 2009 les deux tiers de la population grand-ducale contre la moitié d’entre elle dix ans plus tôt. Viennent ensuite les monuments historiques qui rencontrent, à la fin des années 2000, un public quasiment aussi large que celui des salles obscures, ce qui était loin d’être le cas au tournant du 21ème siècle. Les

spectacles vivants, qu’ils se jouent dans un lieu confiné ou dans l’espace public, s’adressent également à un auditoire plus élargi. Ainsi la part des résidents s’étant rendus à un spectacle de rue au cours des 12 derniers mois a été multiplié par deux en une décennie. Les concerts de musique enregistrent, quant à eux, une hausse de leur public de 19 points et les pièces de théâtre de 10 points.

Cette hausse globale de la participation culturelle peut très bien s’interpréter à la lueur des changements intervenus dans le domaine de l’offre culturelle, et s’expliquer par le développement et la diversification de l’offre en présence ou encore la médiatisation accrue faite autour des évènements culturels. Assiste-t-on alors à un élargissement des publics de la culture ou bien à une intensification des pratiques culturelles au sein des catégories sociales les plus familières aux équipements culturels ? Mais cette hausse apparente de la participation culturelle peut tout autant être due à un simple artefact lié au gonflement structurel des catégories sociales les plus impliquées dans la vie artistique et culturelle. Autrement dit, ce ne serait pas les pratiques culturelles qui auraient augmenté mais le poids relatif des groupes sociaux les plus intéressés par l’art et la culture.

1.2. L

ES PUBLICS DE LA CULTURE

En s’appuyant ici sur six sorties culturelles types (cinéma, théâtre, spectacle de danse, concert classique, autres concerts, musée), il apparaît que l’augmentation de la participation culturelle touche la plupart des segments de la population. Cela ne signifie pas pour autant que l’on assiste à une homogénéisation des pratiques culturelles hors de la sphère privée. L’analyse sociodémographique montre que certains facteurs conduisent à des attitudes variables face à la programmation artistique en présence.

Si l’on prend l’exemple de quelques catégories sociales types, emblématiques de la différenciation sociale des pratiques culturelles, force est de constater la permanence de fortes inégalités sociales dans l’accès aux équipements culturels mais aussi, dans quelques cas, un certain rattrapage des milieux sociaux les plus en retrait de la vie artistique et culturelle.

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Tableau 26 : Evolution des taux de fréquentation des équipements au sein de quelques catégories

sociales types

ens. de la pop.

formation scolaire PCS de l’individu niveau de vie

primaire et moins post- second. écarts ouvriers qualifiés prof. intell.

& scientif. écarts R- R+ écarts

cinéma 1999 50% 23% 67% 3,0 31% 66% 2,1 40% 64% 1,6 2009 66% 46% 81% 1,8 46% 84% 1,8 58% 75% 1,3 théâtre 1999 25% 15% 32% 2,1 18% 37% 2,1 17% 34% 2,1 2009 35% 23% 51% 2,2 23% 54% 2,3 22% 48% 2,2 spectacle de danse 1999 9% 3% 12% 3,9 3% 22% 7,5 3% 15% 4,4 2009 17% 17% 26% 1,6 13% 25% 1,9 13% 25% 1,9 concert classique 1999 16% 10% 28% 2,8 9% 31% 3,3 9% 24% 2,7 2009 26% 13% 47% 3,5 14% 51% 3,7 14% 36% 2,7 autre concert 1999 29% 16% 41% 2,5 22% 46% 2,1 19% 39% 2,1 2009 45% 33% 56% 1,7 33% 55% 1,7 34% 52% 1,5 musée 1999 38% 18% 66% 3,7 20% 67% 3,4 21% 58% 2,7 2009 50% 30% 77% 2,6 30% 78% 2,6 39% 64% 1,7

Source : Enquêtes Culture 2009 et PSELL-2/1999, Ministère de la Culture et CEPS/INSTEAD

En effet, lorsque l’on compare les pratiques culturelles des plus diplômés à celles des moins diplômés, des professions intellectuelles et scientifiques à celles des ouvriers qualifiés, des personnes aisées à celles étant plus démunies, des écarts considérables apparaissent dans l’usage des équipements culturels, avec des taux de fréquentation qui passent le plus souvent du simple au double (voir au triple) selon que l’on se situe en bas ou en haut de la pyramide sociale (voir les écarts).

Le cinéma, activité culturelle grand public par excellence, attire en 2009 plus de 80 % des membres de ces premières catégories d’individus socialement privilégiées, pour près de la moitié, seulement, de leurs homologues plus défavorisés. Les écarts les plus importants s’observent dans le cas des concerts de musique classique, pour lesquels on compte trois fois plus d’individus issus des classes sociales les plus instruites et rattachées aux professions dites supérieures que leurs homologues situés en bas de l’échelle sociale et culturelle. Rappelons, à cet égard, que près de la moitié des diplômés du postsecondaire et des professions intellectuelles et scientifiques ont assisté à un concert de musique classique en 2009 contre 13-14 % des diplômés du primaire ou moins et des ouvriers. Le théâtre, les spectacles de danse ou encore les musées attirent, quant à eux, deux fois plus de membres de ces catégories socioculturelles et économiques privilégiées que leurs équivalents plus démunis.

A la fin des années 2010, les sorties culturelles apparaissent donc toujours socialement discriminantes. Néanmoins, si l’on compare ces résultats avec ceux de 1999, on remarquera une réduction des écarts certaine dans le cas des sorties au cinéma, très forte dans le cas des

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spectacles de danse, légère dans celle des visites de musées et une quasi stagnation dans le cas de la fréquentation des concerts. En 10 ans, le taux de fréquentation des salles de cinéma des classes sociales moins instruites et des ouvriers a doublé (de 23 à 46 %), là où celui des plus diplômés est passé de 67 % à 81 %. De même, la visite de musées concernait, en 1999, près de 4 fois moins des membres de ces catégories scolaires et professionnelles moins privilégiées (18 % contre 66 % des classes instruites et des professions intellectuelles supérieures). Dix ans plus tard, la différence est réduite (30 % contre 77 %). Autrement dit, la hausse générale observée en matière de fréquentation des équipements culturels a, dans ces cas présents, davantage touché, en part relative, les catégories sociales les plus démunies et les plus en retrait de la vie culturelle et artistique du pays que les autres.

Outre les catégories sociales singularisées ici, on remarquera encore que l’élargissement général du public théâtral observé sur la période 1999-2009 a tout particulièrement touché les professions intermédiaires et les ouvriers non qualifiés. En effet, ceux-ci sont deux fois plus nombreux à se rendre à une représentation théâtrale en 2009 (passage de 21 à 44 % pour les premiers et de 9 à 21% pour les seconds) là où le public issu des professions intellectuelles et scientifiques a augmenté, mais pas au point de doubler (passage de 37 % à 54 %) tandis que la part des dirigeants allant au théâtre reste quasiment stable sur la même période (passage de 45 à 41 %).

Par delà ces critères socioéconomiques, on remarquera encore certaines différences dans l’orientation des pratiques culturelles liées à l’âge ou à la nationalité. En ce qui concerne le genre, aucune différence significative n’apparaît entre les hommes et les femmes pour les six sorties culturelles considérées, exception faite du théâtre qui attire, en 2009, un peu plus les femmes que les hommes (39 % des résidentes contre 31 % des résidents). L’âge, en revanche, est un facteur important de la différenciation des pratiques culturelles. Les sorties au cinéma et à des concerts de musique, autre que classique, déclinent avec l’avancée en âge, avec une chute particulièrement prononcée chez les personnes très âgées. Ainsi, en 2009, la quasi- totalité des 16-24 ans a assisté à une projection cinématographique alors que seulement 17 % des 75 ans ou plus sont allés au cinéma ; de même que les concerts de musique sont fréquentés par plus de 60 % du jeune public et seulement 33 % des 75 ans ou plus (16 % dans le cas de la musique non classique). Les spectateurs mobilisés par le théâtre et les concerts classiques se recrutent d’une manière maximale entre 55 et 64 ans ou encore 65-74 ans pour les concerts classiques. On remarque, cependant, un regain d’intérêt non négligeable parmi les plus jeunes adultes pour ce type de spectacles. Ainsi, la part des 16-24 ans signalant avoir assisté à un concert classique passe de 2 à 17 % entre les deux enquêtes. Enfin, l’approche des pratiques par nationalité montre la permanence de fortes inégalités sociales dans l’accès à la

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culture, mais aussi certaines évolutions notables au cours de la décennie. Les Luxembourgeois restent les plus fortement captés par le théâtre et les concerts classiques par opposition aux Portugais. Parallèlement à cela, des phénomènes de rattrapage sont perceptibles. Ainsi, la proportion de Portugais assistant à des concerts a plus que doublé sur la période 1999-2009 (21% à 46%) et les écarts avec les autres groupes nationaux se sont réduits.

Dans le document LES PRATIQUES CULTURELLES AU LUXEMBOURG (Page 92-96)