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action publique et mobilisation des associations

2. Les associations environnementales et le changement climatique

2.2 Rassembler, sensibiliser, mobiliser, éduquer

A côté des associations centrées sur l’expertise et la définition des politiques publiques, d’autres organisations développent un répertoire et un mode d’action différent autour de la sensibilisation293 et de la valorisation dans les agendas politiques et médiatiques.

a) Créer un capital sympathie et s’adresser aux particuliers

Les associations dont il est question ici sont organisées autour, et souvent fondées par, un personnage médiatique jouissant d’une côte de sympathie élevée : Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand, Jean-Louis Etienne, Nicolas Vanier, etc. Leur objectif est plus d’augmenter la visibilité des questions environnementales en favorisant leur ascension dans les agendas médiatiques et politiques que de peser réellement sur la définition des problèmes (du moins dans un premier temps). Leurs productions principales ne résident pas comme pour le RAC dans des rapports d’expertise mais dans des produits culturels à large diffusion. Yann Arthus-Bertrand excelle dans ce genre d’entreprise. En 1999, il publie « La Terre du vue du ciel », un livre de photographies qui avait pour objectif de « témoigner de la beauté du monde et tenter de protéger la Terre »294. Ce succès mondial, traduit en 24 langues, est décliné sous de multiples formes (livres, affiches, expositions, etc.) et une version documentaire pour la télévision est diffusée sur France 2295. En 2007, le film

Home qu’il a réalisé, sort au cinéma et est diffusé gratuitement en ligne. Yann Arthus-Bertrand est

ainsi un artiste (photographe) mais également un entrepreneur qui développe ses activités dans le champ des industries culturelles. Au-delà des intentions qui peuvent être sincères, ce genre d’entreprise tend à « persuader les consommateurs qu’ils sont déviants et doivent s’amender en

consommant autrement, c’est-à-dire en s’équipant des productions culturelles diffusées par les industries créatives ». (Paris 2010). Celles-ci donnent à voir une Nature sublimée, esthétisée, qu’il

convient de protéger. L’objectif est de susciter l’empathie pour un environnement auquel l’individu se sent lié affectivement.

Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Hulot ont tous deux créé une fondation à but non lucratif, reconnue d’utilité publique : GoodPlanet et de la Fondation Nicolas Hulot (FNH). L’objectif affiché de GoodPlanet est « de mettre l’écologie au cœur des consciences et de promouvoir un mode de vie plus

respectueux de la planète et de ses habitants »296. L’association propose aux particuliers et aux entreprises un programme de compensation carbone « solidaire, à but non lucratif, pour lutter

ensemble contre le changement climatique »297. La fondation mène également des actions dans le domaine de l’éducation à l’environnement298 et de la production artistique299. Yann Arthus-Bertrand

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Par sensibilisation on entend faire en sorte que le plus grand nombre se préoccupe du sujet traité. 294

Yann Arthus-Bertrand est photographe spécialisé dans les prises de vue aériennes. Il a créé l’agence Altitude qui propose une banque de photographies aérienne :http://www.altitude-photo.com/

295

Le premier épisode diffuser le 31 octobre 2006 a réuni une audience de 5,6 millions de téléspectateurs. 296www.goodplanet.org

297

www.actioncarbone.org

298 Par exemple, Good Planet organise des « séjours d’éveil à l’éco-citoyenneté pour les jeunes issus de milieux en difficultés ». L’objectif de « faire découvrir aux enfants les enjeux et solutions d’un monde plus

142 jouit une image très positive et consensuelle (plus encore que Nicolas Hulot, probablement liée à l’engagement de ce dernier sur le terrain politique). Signe incontestable : plusieurs établissements scolaires ont pris son nom.

Figure 5. Inauguration de l’Ecole Yann Arthus-Bertrand à Carentoir (56) : discours de Yann Arthus-Bertrand et fresque réalisée par les élèves de l’école. Source : membres.multimania.fr/ecoleyab

L’action de Yann Arthus-Bertrand et de sa fondation est caractéristique d’une mobilisation de consensus « qui vise à créer une sensibilisation générale aux problèmes de l’environnement » (Ollitrault 2001). La première étape consiste à créer un a priori positif au sein de l’opinion envers la cause environnementale, grâce aux productions culturelles et au capital sympathie du porte-voix. Il est ensuite possible de proposer aux individus des modes d’action : modifier ses comportements (les petits gestes) et faire un don. La Fondation Nicolas Hulot (FNH) propose par exemple tout un répertoire d’actions individuelles (souvent en partenariat avec d’autres organisations et institutions). On peut ainsi s’engager symboliquement avec le Défi pour la Terre300 mais aussi plus concrètement en répondant à un appel à projets pour des actions locales301. La fondation est également partenaire d’un projet de sciences participatives et invite les particuliers à devenir « paparazzi des insectes

pollinisateurs »302 . Ces associations s’attachent ainsi à montrer à l’individu ce qu’il peut faire, dans une approche comportementaliste en mobilisant un registre de l’enthousiasme collectif. Les personnalités fondatrices -Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand- se positionnent comme fédératrices des initiatives individuelles qui convergent dans un élan collectif. Les propos ci-dessous d’un directeur d’établissement303 ayant pris le nom Yann Arthus-Bertrand, illustrent bien cette idée :

responsable » et « d’accompagner la prise de conscience en favorisant l’acquisition de savoirs et les comportements porteurs d’éco-citoyenneté ». http://www.goodplanet.org/spip.php?article30

299 L’opération « 6 milliards d’autres » rassemble des interview-portrait sous format vidéo, d’individus répartis dans 75 pays. La fondation entend montrer que « si les disparités matérielles et les diversités culturelles entre les hommes sont saisissantes au premier abord, une communauté de préoccupations demeure, telles que apprendre, aimer, créer.. » www.6milliardsdautres.org

300

Les signataires du défi s’engagent à réduire leurs émissions de GES à travers 10 gestes du quotidien. Un compteur dénombre les « engagés pour la planète ». http://www.defipourlaterre.org/

301

La pépinière des projets finance une trentaine d’initiatives locales. L’action collective est mise en valeur dans un processus de compétition entre les projets. Les internautes peuvent voter pour leur projet préféré.

https://secure.fondation-nicolas-hulot.org/faitespousserdessolutions/index.php 302

Projet Spiroll de suivi photographique des insectes pollinisateurs, coordonné par le Muséum National d’Histoire Naturelle : « Vous avez un appareil photo numérique, vous aimez les insectes et vous êtes soucieux de

la biodiversité. À l'aide d'un protocole simple et attrayant, photographiez des insectes en train de butiner, puis identifiez-les grâce à la clé de détermination en ligne ». http://www.spipoll.org/

143 C’est génial d’être à la tête d’une école Yann Arthus-Bertrand. Cela rentre dans nos objectifs de travail sur le développement durable et les énergies renouvelables. Les élèves recyclent le papier en classe et certains viennent à l’école en vélo.

Le directeur de l’école Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Vanier de Barjouville, juin 2009, http://www.barjouville.info/?p=606 Les sites web de ces organisations sont, en comparaison avec celui du RAC, incontestablement le résultat d’un travail de professionnels du web (graphistes, développeurs) : identité graphique élaborée et originale, navigation fluide, outils communautaires (flux RSS, Facebook, Twitter, Netvibes), contenus multimédias (en particulier des vidéos). Ces organisations s’inscrivent clairement dans une stratégie numérique autour de quatre éléments structurants : identité, communauté, notoriété, visibilité. Cela leur permet de diffuser leur message à travers de multiples canaux vers un large public, voire de mener de véritables e-campagnes militantes. Greenpeace est un modèle en la matière304. Cependant, en France, ni le RAC, ni la FNH ou GoodPlanet ne semblent s’inscrire dans ce registre d’action. Il convient d’ailleurs de nuancer la distinction que nous avons faite entre les associations centrées sur l’expertise et celles focalisées sur la sensibilisation du grand public. Greenpeace aurait tendance à s’inscrire dans les deux catégories. A côté des opérations médiatiques visant à sensibiliser un large public sur une problématique environnementale305, l’organisation propose également une large documentation à destination d’un public plus averti, sur des sujets spécifiques comme le fait le RAC.

b) Un engagement dans l’éducation

Ollitrault note que les associations environnementales affichent traditionnellement « une

détermination à éduquer les jeunes, à informer l’opinion sur l’environnement et les dangers qu’ils encourent » (Ollitrault 2001). Par ailleurs, et comme nous l’avons précisé, les nouveaux militants, tels

que décrits précédemment, sont des personnes particulièrement bien dotées en capital éducatif et culturel, parfois issues du monde enseignant ou universitaire. Ce profil en fait des agents a priori convaincus des vertus de l’éducation. De nombreuses associations environnementales développent depuis les années 1980 des programmes d’éducations à l’environnement dans la perspective de l’éducation populaire (Urgelli 2009). Avec des associations comme la FNH ou GoodPlanet aux moyens d’action inédits, les opérations d’éducation à l’environnement prennent une nouvelle dimension.

304

En 2001, Greenpeace a mené une « web guerilla organisée et planifiée » contre Nestlé (plus particulièrement contre le produit Kitkat) à propos de ses fournisseurs d’huile de palme (qui déforestent l’Indonésie). La bataille a eu lieu sur le web plus particulièrement sur le réseau social Facebook. En quelques jours la multinationale s’est faite complètement déborder, a vu son cours de bourse chuté, son image ternie et son associé à l’un des plus grands fiascos de communication de crise pour une entreprise. Source :

http://fr.readwriteweb.com/2010/03/30/a-la-une/greenpeace-nestl-sur-facebook-lart-de-guerre/ 305

L’association est connue pour ses actions spectaculaires et musclée sur le registre la contestation. Elle développe également un registre plus consensuel. Par exemple, l’opération « Congo : des forêts en sursis » organisée par Greenpeace France met en scène à travers une série de vidéos Marion Cotillard qui a accompagné durant une semaine les membres de l’ONG sur le terrain. L’actrice est érigée en porte-parole du discours de l’association. En sept épisodes, elle raconte son voyage avec Greenpeace, dans des vidéos mise en ligne sur un site web dédié.

144 Elles sont maintenant d’envergure nationale. Elles s’inscrivent par ailleurs dans une logique de partenariat entre divers opérateurs : associations, ministères306, ADEME.

La fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand développe par exemple différentes actions dans le domaine de l’éducation à l’environnement. La principale consiste en la distribution d’un kit pédagogique constitué d’une vingtaine d’affiches distribuée gratuitement dans les établissements scolaires. Les posters GoodPlanet sont une déclinaison des produits culturels produits par Yann Arthus-Bertrand (les affiches sont issues de La Terre vue du ciel). Cette opération est menée en collaboration avec les ministères en charge de l’éducation et de l’environnement. En 2005, le Ministre de l’éducation, Gilles de Robien, qui est à l’origine du projet, souhaitait amener les enseignants à développer un lien esthétique entre l’Homme et la Nature. Il voit dans le média proposé par Yann Arthus-Bertrand un moyen de « susciter l’émotion et la prise de conscience à

travers les images, la réflexion et la compréhension à travers le texte pédagogique qui les accompagne » (Urgelli 2009). Chaque affiche est accompagnée d’un commentaire du photographe

ainsi que d’un texte pédagogique rédigé par l’inspection générale et la direction de l’enseignement scolaire307. L’opération d’envergure nationale, menée sur le thème de développement durable, a été renouvelée annuellement autour de la biodiversité (2007), l’énergie (2008), l’eau (2009). Ces séries d’affiches abordent aussi bien des problématiques sociales et économiques308 qu’environnementales309 et culturelles310 (Zwang 2010). En comparaison, les expositions à propos du développement durable qui circulent en milieu scolaire ont dans l’ensemble tendance à privilégier des thématiques instrumentales (e.g. l’eau, les déchets, le commence équitable) au détriment de sujets comme la démocratie, la gouvernance, la justice, les droits de l’Homme, la responsabilité des entreprises311. Ce choix permet « de réduire l’importance des questions politiques et de gouvernance,

tout en n’abordant pas frontalement les causes des problèmes économiques, environnementaux et sociaux » (Zwang 2010). Les affiches de Yann Arthus-Bertrand constituent les rares cas d’expositions

diffusées en milieu scolaire mobilisant une approche interprétative basée sur le sensible et l’affect. La plupart des expositions développe une approche positiviste et anthropocentrique focalisée sur la transmission de connaissances et l’adoption de comportement vertueux.

L’éducation au développement durable instituée par l’Education Nationale, n’est pas sans poser problèmes aux enseignants dont la posture se trouve modifiée. Une stratégie possible est de mobiliser des ressources comme ces expositions produites par des opérateurs extérieurs à l’arène scolaire (Zwang 2010). Lorsque le partenariat consiste à diffuser 50 000 exemplaires du kit d’affiches de Yann Arthus-Bertrand312, on peut supposer que « l’opération [contribue] à renforcer la visibilité et

la reconnaissance socio-politique du parrain photographe » et dans cette logique, pourrait constituer

306

Urgelli note que la FNH développe des partenariats plutôt avec le Ministère en charge de l’environnement et semble, contrairement à GoodPlanet, maintenir une distance avec le Ministère de l’Education Nationale (Urgelli 2009).

307

Urgelli précise que si les deux s’appuient sur « un message scientifique alarmiste et consensuel » (Urgelli 2009), force est de constater que le photographe plaide pour la protection de l’environnement et une mobilisation éco-citoyenne alors que le discours des représentants de l’Education Nationale se fonde plutôt sur une description des enjeux qui se veut neutre, objective et scientifique.

308

« Vivre de son travail », « accéder à l’eau potable » 309 « La biodiversité en danger », « le climat change » 310

« Respecter l’autre »

311 Thématique pourtant listée par l’UNESCO comme composante de la notion du développement durable. 312 Chiffre relatif à la première édition de l’opération en 2006.

145 une instrumentalisation de l’école313 (Urgelli 2009). Cette visibilité est assurée par la très large diffusion de l’exposition mais également par l’implication du plus haut niveau ministériel. Yann Arthus-Bertrand se positionne ainsi dans l’arène éducative comme au niveau politique. En 2009, il recevra le soutien personnel du président Sarkozy pour son film Home à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement314.

c) Toucher les politiques et les médias

Les particuliers et les scolaires ne sont pas l’unique cible de ces associations. En dotant la cause climatique d’un fort soutien de l’opinion publique, elles visent également les arènes politiques et médiatiques (Comby 2008). Il s’agit de faire la preuve que l’environnement est une préoccupation majeure des français - donc des électeurs pour les acteurs politiques et des lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs pour les médias traditionnels. Ainsi, au-delà de la sensibilisation et mobilisation des particuliers, leurs actions de grande envergure, souvent menées en partenariat avec d’autres promoteurs de la cause environnementale, cherchent à promouvoir le problème dans les agendas politiques et médiatiques.

Alors que des associations comme le RAC se positionnent comme sources et cherchent à influencer la construction de l’information, la FNH ou Goodplanet « entendent surtout modifier la perception des

questions environnementales au sein des rédactions » (Comby 2008). Il s’agit d’augmenter la valeur

journalistique des sujets sur l’environnement qui étaient, il y a encore quelques années, fortement dévalorisés. Nous verrons comment Nicolas Hulot ou Yann Arthus-Bertrand sont amenés à collaborer avec des rédactions d’hebdomadaires d’actualités pour la production de numéros spéciaux (cf p.185). Des actions visent également les politiques. Le Défi pour la Terre lancé par la FNH et l’ADEME, invite non seulement les particuliers mais également les collectivités territoriales (ainsi que des associations) à s’engager sur un registre de la compétition. Un concours est organisé en partenariat avec l’Association des Maires de France. Il récompense les collectivités locales qui mettent en œuvre « une (des) action(s) originale(s) de sensibilisation des citoyens » qui « devront les inciter à mettre en

pratique au quotidien des gestes bénéfiques pour l’environnement et à s’engager à titre individuel dans l’opération Défi pour la Terre »315. Comby note à propos de cette opération, que « tant dans le

fond que dans la forme, les messages et les dispositifs de ce travail politique militant diffèrent peu de celui, administratif, mené par l’ADEME via la campagne « économies d’énergie, faisons vite ça chauffe » » (Comby 2008).

Nicolas Hulot œuvre plus directement dans le champ politique. Il n’a jamais pris ouvertement position pour un parti ou pour un autre mais a été conseiller de plusieurs hommes politiques (Laurent Fabius, Jacques Chirac). Il est en particulier l’auteur du discours prononcé par le président français lors du somment de Johannesburg en 2002 et resté célèbre pour la formule « notre maison

313

Du point de vue interne à l’arène scolaire, on peut se demander si une figure médiatique telle que Yann Arthus-Bertrand ne peut pas rentrer en concurrence avec l’autorité de l’enseignant. Cette problématique dépasse cependant le cadre de notre étude.

314

Le dernier paragraphe du communiqué de presse de la présidence du 5 juin 2009 indique : « L’engagement

environnemental du Président de la République l’a conduit à apporter tout son concours et son aide personnelle à la réalisation et à la diffusion du film « Home » de Yann ARTHUS-BERTRAND et de Luc BESSON. Il se réjouit que ce film magnifique et puissant soit aujourd’hui sur tous les écrans de cinéma et de télévision. »

http://www.elysee.fr/president/les-actualites/communiques-de-presse/2009/juin/journee-mondiale-de-l-environnement.1076.html

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brûle et nous regardons ailleurs »316. A l’occasion de l’élection présidentielle de 2007, sa candidature est évoquée. Il ne se présente pas mais met en place une opération de mobilisation médiatique et politique en faveur de l’écologie : le pacte écologique317. Cette « démarche d'interpellation des

décideurs politiques et des citoyens, visant à placer l'écologie au cœur de l'action publique » 318

s’inscrit dans le cadre de la campagne des élections présidentielles. Tout citoyen est invité à le signer mais c’est surtout la signature par des candidats à l’élection présidentielle319 qui sera l’enjeu central de cette opération. Le pacte sera ensuite lancé au niveau législatif à l’occasion des élections de 2008. Il est présenté comme le fruit d’une réflexion entre Nicolas Hulot et le comité de veille de la fondation. Ce comité marque la présence de l’expertise au sein de l’association mais dans un registre complètement différent de celui d’associations comme le RAC. Il ne s’agit pas de produire une expertise à partir du travail d’une équipe de jeunes militants surdiplômés, mais de s’entourer d’experts reconnus, jouissant d’une légitimité académique importante. Le comité de veille écologique de la FNH est conçu comme un « parlement d'idées » dont la mission « de conseiller la

Fondation Nicolas Hulot et son Président et de faire émerger des idées nouvelles »320. Siègent dans ce comité quelques acteurs majeurs de la construction du problème climatique comme Jean-Marc Jancovici (Encadré 4, p.194), Jean Jouzel (Encadré 2, p.126) ou Yves Martin (ancien président du GIES, cf p.129). Le pacte consiste en « 10 objectifs pour un changement de cap » déclinés en « 5

propositions concrètes » dont la cinquième est de « mettre en place une grande politique d’éducation et de sensibilisation à l’environnement »321. Le Pacte propose que l’Etat mette à contribution les médias pour lancer des campagnes nationales de sensibilisation. Il rejoint en cela les axes proposés par le Plan Climat de juillet 2004. Cette opération remporte un certain succès médiatique avec, par exemple, la publication par L’Express en décembre 2006, en réponse et en écho au pacte écologique, d’un manifeste pour l’environnement (cf p.185).

Les associations environnementales, qu’elles soient mobilisées sur l’expertise ou sur la sensibilisation adhèrent au concept de développement durable à travers plusieurs éléments. En effet, elles promeuvent des valeurs qui s’organisent d’un « triptyque (éducation – science – environnement) qui

se matérialise notamment par le droit pour les générations futures ou les appels à une conscience planétaire » (Ollitrault 2001). Elles s’appuient par ailleurs sur une « science écologique, capable de redresser les torts ou d’éclairer une décision » (Ollitrault 2001), autrement dit une science éclairante

et agissante (cf p.116). A propos du changement climatique « la plupart des associations

environnementales françaises ne contestent pas la vision dominante du problème climatique (telle qu’elle est définie par l’administration centrale notamment). » (Comby 2008). Par leur expertise pour

les unes ou leurs actions de sensibilisation pour les autres, elles soutiennent, plus qu’elles ne contestent, l’action publique. Elles remplissent alors une double fonction : politique dans

316 Texte intégral du discours en ligne sur le site de l’Elysée :

http://www.elysee.fr/elysee/francais/interventions/discours_et_declarations/2002/septembre/discours_de_m _jacques_chirac_president_de_la_republique_devant_l_assemblee_pleniere_du_sommet_mondial_du_develo