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Rapport avec le RG

Dans le document Romanche et traduction : un état des lieux (Page 115-118)

3 Les traducteurs du romanche, par eux-mêmes

3.2.1.2 Thèmes abordés

3.2.1.2.5 Rapport avec le RG

Nous avons demandé aux traducteurs de définir ce qu'est le RG pour eux501. Les réponses sont extrêmement diverses: une «langue utilisée pour l’écriture, à l’image du Hochdeutsch» (six personnes sur 22), une «langue maternelle» (2/22), le RG est un «langage appris» (1/22), une «langue romanche standard» (1/22), une «langue de travail» (1/22) ou encore un

«outil à prendre en main tous les jours» (1/22), une «langue de compromis»

(1/22), une «version artificielle écrite de ma langue maternelle» (1/22), «ma langue préférée pour la communication écrite, trait d’union entre les idiomes, pour mieux se comprendre» (1/22), la «langue maternelle à l’écrit»

(1/22), un «autre bel instrument linguistique» (1/22), une «autre forme»

(1/22), une «langue qui facilite la communication interromanche» (1/22), une «langue qui vient soutenir les idiomes (vocabulaire)» (1/22), une

«création linguistique très intéressante» (1/22), une «construction nouvelle et plus artificielle que l’idiome, selon moi, quelque chose que l’on n’a pas

                                                                                                               

501  La  question  était:  «Le  RG  est-­‐il  pour  vous  une  langue  maternelle?  Une  langue  étrangère?  Quelque  chose   d’autre?»  

autant ‘en soi’ parce que l’on n’y est pas habitué depuis tout petit. Le RG est quelque chose dont je me rends compte qu’il me devient petit à petit sympathique» (1/22).

Nous avons également voulu savoir si les personnes interrogées traduisaient en RG plus par obligation (décision cantonale de 1996) que par intérêt pour la langue romanche standard502. Là également, les réponses étaient très diverses. Les douze personnes qui ont dit préférer le RG donnent les raisons suivantes503: le RG est construit selon des règles claires (1/11) et il est compréhensible pour tous les Romanches (2/11)504; il est un instrument pratique et bien fait (1/11); la perspective d’un monde romanche où tout le monde utiliserait la même langue a quelque chose de fascinant (1/11); l’élégance du RG (2/11); la plus grande sûreté du traducteur dans cette langue que dans son idiome (2/11); à long terme, une traduction en RG est accessible à plus de lecteurs (1/11); le désir d’être compris de tous les Romanches (1/11); écrire en RG, c’est faire un pas en direction des idiomes, s’approcher d’eux (1/11); écrire en RG permet également d’utiliser des mots issus d’autres idiomes (1/11); le plaisir d’utiliser divers instruments linguistiques (1/11); la liberté d’expérimenter de nouveaux registres en romanche (1/11); la conviction que le RG va renforcer le statut de la Rumantschia, vers l’intérieur et vers l’extérieur, pour la prochaine génération (1/11).

Quatre personnes ont déclaré qu’ils auraient une préférence pour la traduction en idiome, à la place du RG, si cela était possible. Voici leurs arguments: l’idiome est plus familier au traducteur concerné (2/4)505; les lecteurs comprennent généralement mieux les idiomes et les lisent plus souvent et plus volontiers que le RG, mal accepté par une grande partie de                                                                                                                

502  La  question  était:  «Si  les  circonstances  le  permettaient,  traduiriez-­‐vous  plus  volontiers  vers  votre   idiome  que  vers  le  RG?»  

503  Deux  personnes  ont  simplement  déclaré  préférer  le  RG,  sans  indiquer  de  motif  particulier.  Certaines   personnes  ont  en  outre  indiqué  plusieurs  motifs  pour  lesquels  leur  préférence  va  au  RG.  

504  Sur  ce  point,  une  réponse  précise:  «s’ils  le  veulent  bien.»  

505  La  personne  précise  néanmoins  que  cela  dépend  du  sujet  et  du  type  de  texte.  

la population (1/4); l’idiome a une plus grande richesse lexicale et stylistique, il offre plus de moyens d’expression (1/4); en traduisant vers l’idiome, le travail irait plus vite, plus facilement (1/4).

Quatre personnes étaient partagées entre RG et idiome: en RG ou en idiome, l’essentiel est d’abord de s’exprimer correctement (1/4); le RG est compréhensible pour tous, mais pour des textes à caractère régional, le traducteur a une préférence pour l’idiome (1/4); cela dépend du contexte, et tout spécialement du destinataire du texte traduit: si l’on sait qu’il n’apprécie pas le RG, on traduira plutôt en idiome (1/4); même si le RG est approprié pour donner plus de présence au romanche, le traducteur préfèrerait tout de même traduire plus vers son idiome; finalement, tout cela est une question d’habitude (1/4).

À la question de savoir s’ils travaillent en RG avec la même sûreté que dans leur idiome respectif, les traducteurs sont également partagés. Six personnes déclarent se sentir également à l’aise en RG que dans leur idiome506. Six autres déclarent se sentir même plus sûres en RG que dans leur idiome respectif. Elles indiquent les raisons suivantes: leur travail se fait exclusivement ou en grande partie en RG; le RG est utilisé pour tout le travail par écrit, l’idiome étant réservé à l’expression orale; le RG a permis au traducteur de développer différents registres qu’il n’avait pas en idiome;

il y a plus de matériel technique à disposition en RG pour accompagner le travail rédactionnel.

Dix personnes déclarent connaître plus de difficultés avec le RG qu’avec leur idiome. Elles l’expriment ainsi: malgré le travail en RG, l’idiome est resté plus familier; dans le domaine littéraire, le vocabulaire actif du traducteur, ainsi que la maîtrise de l’orthographe, sont plus importants en idiome; un traducteur se sent moins libre en RG qu’en idiome, déplorant la disparition de l’esprit de pionnier au profit d’un certain conformisme: trop                                                                                                                

506  À  noter  que  l’une  d’entre  elles  précise  qu’il  n’est  pas  facile  de  répondre  à  cette  question,  parce  que   l’introduction  du  RG  est  encore  un  processus  en  cours.  

de choses sont fixées d’avance, standardisées; en écrivant en RG, il faut aussi tenir compte de l’influence des autres idiomes sur la langue standard, afin que le produit soit compréhensible pour tous les lecteurs de langue romanche; il est parfois difficile de savoir si une expression courante en idiome peut être transposée telle quelle en RG: de ce point de vue, on se sent plus à l’aise en idiome; il faut vérifier plus souvent l’orthographe des mots en RG que cela ne serait le cas en idiome.

Dans le document Romanche et traduction : un état des lieux (Page 115-118)