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Formation à la traduction

Dans le document Romanche et traduction : un état des lieux (Page 110-114)

3 Les traducteurs du romanche, par eux-mêmes

3.2.1.2 Thèmes abordés

3.2.1.2.3 Formation à la traduction

Seule une minorité de traducteurs mentionnent une formation en école de traduction488. Les traducteurs sont donc, pour la plupart, venus à la traduction par la pratique489, après ou parallèlement à une autre formation: licences universitaires (littérature [diverses langues] et/ou diplôme de maître secondaire, journalisme, théologie; pharmacie; éthique);

cursus de journalisme de la SAL; formations en communication, en direction de projet; séminaire pédagogique pour l'enseignement primaire;

apprentissage suivi d’une école technique; école de commerce; maturité fédérale ou cursus gymnasial en cours). Certains ont en outre mentionné une formation continue dans le domaine de la traduction: cours de traduction auprès de la LR et/ou de la SAL; cours de RG destinés au maîtres d’école, cours de rédaction; prise en compte des remarques des réviseurs; lectures personnelles sur la traduction; discussions avec des proches. Lorsqu’une formation continue n’a pas été effectuée, les raisons évoquées sont soit l’insuffisance de l’offre490, soit le manque d’intérêt de la personne concernée (la traduction est ou restera une activité accessoire seulement; une formation continue ne serait pas «rentable», d’un point de vue pratique ou financier).

Nous avons voulu savoir si la création (hypothétique) d’une formation académique de traduction était une question intéressant les traducteurs

                                                                                                               

488  Deux  personnes  indiquent  la  DOZ  (l’ancienne  école  d’interprètes  de  Zurich,  aujourd’hui  ZHAW,  à   Winterthur),  une  autre  la  SAL  et  une  dernière  un  «séminaire  de  traduction  à  l’université»,  sans  autre   précision.  

489  18  personnes  sur  22.  À  cet  égard,  le  terme  «learning  by  doing»  a  été  plusieurs  fois  utilisé.  

490  Un  traducteur  précise  qu’il  n’existe  pas  de  cours  de  traduction  à  un  niveau  professionnel  pour  les   Romanches.  Le  canton  des  Grisons  et  la  LR  mettent  sur  pied  des  formations,  mais  il  n’est  pas  facile  de   trouver  un  enseignant  qualifié.  Des  contacts  existent  avec  les  cantons  bilingues,  Berne  surtout,  qui  

organise  tous  les  deux  ans  une  «Journée  des  langues»  avec  des  exposés  et  ateliers  relatifs  à  la  traduction  et   à  l’usage  de  plusieurs  langues.  Malgré  tout  l’intérêt  d’une  telle  rencontre,  il  n’est  pas  toujours  possible  d’en   tirer  un  profit  direct  pour  le  travail  quotidien  de  traduction.  

romanchophones. C’est le cas491 et les avis sont manifestement très partagés: parmi les dix personnes favorables à la création d’une filière académique pour traducteurs de langue romanche, on note les arguments suivants: la qualité du produit (2), le maintien d’un bon niveau linguistique (1), l’avantage de ne pas devoir «commencer à zéro», mais de commencer sa pratique en bénéficiant de l’enseignement reçu (1), la professionnalisation de la traduction et la réflexion sur cette dernière492 (1), une nécessaire réponse à la baisse générale de la capacité d’expression à l’écrit en romanche (1), une meilleure reconnaissance de la valeur du travail de traduction493 (2), l’importance pour la langue en général, vu qu’une large majorité des textes disponibles en romanche sont des traductions494 (1).

Quatre traducteurs ont en outre formulé des propositions, recommandations ou remarques concernant un éventuel enseignement universitaire de traduction pour romanchophones: l’un d’entre eux propose de créer un enseignement combiné avec celui de la traduction allemand-français, tout en soulignant que cela ne serait possible qu’à condition d’avoir de très bonnes connaissances de français495 et de surmonter les problèmes de terminologie, le vocabulaire français étant plus fourni que le romanche dans certains domaines. Un autre souligne l’importance d’une solide formation linguistique générale (grammaire, stylistique, etc.) mais également de bonnes connaissances dans d’autres langues, ainsi que d’une spécialisation dans certains secteurs et appelle de ses vœux la création d’un module spécial de traduction vers le romanche. Le troisième objecte que l’ETI a l’inconvénient d’être très loin des contrées romanches. Selon lui, la SAL propose des cours de qualité pour les Romanches: le problème                                                                                                                

491  Une  seule  personne  sur  22  n’a  pas  répondu  à  cette  question.  

492  Même  si  la  personne  sondée  ajoute  immédiatement  que  cela  ne  constitue  pas  une  priorité  pour  le   monde  romanche.  

493  Egalement  pour  lutter  contre  l’idée  reçue  que  tout  un  chacun  est  capable  de  traduire.  

494  La  personne  interrogée  précise  ici  qu’outre  les  capacités  linguistiques,  de  bonnes  connaissances  de  la   matière  sont  indispensables.  

495  Ce  qui,  au  vu  des  choix  d’enseignement  évoqués  plus  haut,  ne  sera  plus  le  cas  que  d’une  infime  minorité   de  personnes.  

est que ces cours sont très chers et que cette école est trop peu fréquentée par des étudiants en traduction de langue romanche. Enfin, si le dernier objecte que l’offre de la SAL est tout de même limitée en ce qui concerne la traduction vers le romanche496, il affirme qu'elle présente l’avantage d’être accessible à une personne qui n’aurait pas obtenu la maturité fédérale, ce qui n’est pas le cas d’une formation universitaire. Trois personnes estiment qu’il vaudrait mieux améliorer l’offre déjà disponible que créer quelque chose ex nihilo.

Nous avons également reçu des réponses négatives partielles (refus d’une formation académique au profit d’un cursus en haute école) et complètes (remise en cause de la nécessité et surtout coût d’une telle formation).

Dans la première catégorie des réponses négatives, un traducteur exprime ses soucis quant à la difficulté initiale de trouver des étudiants disposés à étudier le romanche, ces derniers étant de toute manière très peu nombreux. Comment créer une formation spécifique dans ces conditions?

La plupart des personnes interrogées estiment qu’une telle formation, même si elle serait à coup sûr bénéfique et intéressante, n’est en aucun cas envisageable du point de vue financier: comment la payer avec un trop petit nombre de candidats, surtout si le marché forcément très restreint ne permet qu’à peu de traducteurs, par la suite, de vivre de cette activité? Il vaudrait mieux, selon certains d’entre eux, intégrer un cours de traduction au cursus actuel d’études de romanche à Fribourg ou à Zurich, même si ce système ne permettrait pas de former des traducteurs spécialisés497, ou l’intégrer à un cursus d’une haute école. Un autre suggère qu’on laisse la formation universitaire aux linguistes et que la traduction, activité pratique, soit intégrée à une haute école, où elle a plus sa place, afin de favoriser une formation aussi pratique que possible. Un dernier estime                                                                                                                

496  Après  un  cours  d’introduction,  une  spécialisation  en  traduction  à  la  SAL  n’est  possible  que  dans   d’autres  langues  (italien,  français,  espagnol,  anglais).    

497  L’une  des  personnes  interrogées  précisent  que  les  étudiants  en  romanche  sont  plutôt  des  

«généralistes»  («allrounders»),  touchant  un  peu  à  la  linguistique,  à  la  littérature  et  à  la  traduction,  mais   pas  de  manière  aussi  approfondie  que  dans  les  filières  spécialisées.  

qu’outre une formation, les futurs traducteurs doivent pouvoir effectuer des stages dans un bureau ou un service de traduction professionnel.

Parmi les personnes qui s’opposent à la mise sur pied d’une formation de traduction vers le romanche, on note deux arguments principaux: la taille du marché romanche de la traduction, mais aussi un doute quant à une formation ressentie comme trop théorique pour les besoins concrets de la traduction romanche: la traduction devrait être réservée à qui sait se servir de sa langue maternelle, ce qui n’est pas forcément le cas d’une personne diplômée. Une personne préférerait une formation offerte sous formes d’ateliers ponctuels. Une autre estime que la traduction ne doit pas

«devenir une fin en soi» et qu’une formation de traducteur n’est pas utile si, comme elle le déplore, de bonnes capacités linguistiques en romanche ne sont pas acquises durant la scolarité.

Nous avons également demandé l’opinion des traducteurs quant à la langue à utiliser pour une formation de traduction vers le romanche, si elle devait être créée un jour. Une majorité des personnes favorables à une formation appropriée (académique ou non) donne la préférence au RG, langue standard permettant à tous de participer sur un pied d’égalité, mais en soulignant souvent qu’il serait utile d’y intégrer aussi les idiomes, au moins à l’oral, l’un des traducteurs soulignant l’opportunité d’échanger ainsi entre locuteurs de divers idiomes, ce qui ne se fait, selon lui, pas assez souvent. Deux personnes estiment que seul le RG devrait être utilisé, l’une d’entre elles précisant que les traductions en idiomes n’auront plus de sens à l’avenir. Deux autres pensent au contraire que les idiomes devraient être pleinement intégrés à un tel cours, parce que les diverses régions ont encore besoin de textes dans leurs idiomes respectifs et que la connaissance des expressions idiomatiques originales en idiome sera indispensable, dès lors que le RG est un langage artificiel. Une dernière estime que la qualité de la formation est plus importante que la langue ou l’idiome utilisé-e.

3.2.1.2.4 Utilisation des ouvrages de référence par les

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