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Cette alternative a, aussi, un rapport soit, avec les événements (les contenus thématiques traités) dans le texte à produire qui prennent distance (disjoints)

1.5. Réflexion sur quelques notions théoriques clés

1.5.3. Le rapport à l’écrit

L’idée du « rapport à », avant qu’elle soit employée en didactique, a été avant tout utilisée « par des chercheurs en sciences de l’éducation »2. Nous pouvons indiquer du premier coup que, dans une situation d’apprentissage, cette conception qui se forme relie l’apprenant et le savoir. Dans ce lien entre le sujet et le savoir, l’appropriation de ce savoir repose en partie sur le sens que l’apprenant attribue aux apprentissages. Pour cette expression de "sens des apprentissages", B. Charlot suggère deux significations. « Premièrement, par sens on peut

entendre valeur, désirabilité : est-ce que cela vaut la peine, est-ce que c’est important d’aller à l’école et d’y apprendre des choses ? Deuxièmement, par sens on peut entendre signifiance :

1

J. Lafont-Terranova, Op.cit., p. 103

2

C. Barré-De Miniac, « Le rapport à l’écriture. Une notion à valeur euristique ». Dans S.-G. Chartrand et C. Blaser (dir.). Le rapport à l'écrit. Un outil pour enseigner de l'école à l'université. Namur : Presses universitaires de Namur, Diptyque n° : 12, 2008, p. 11

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travailler, apprendre, comprendre, qu’est-ce que cela signifie, quelle est la nature de l’activité que l’on nomme par ces termes ? »1.

Compte tenu de ce qui précède, on aperçoit que le rapport à l’apprentissage relève, d’un côté, de l’appartenance axiologique (qui se rattache aux valeurs morales) et se rapporte, d’autre côté, à la dimension épistémique de cet apprentissage. Quand le premier revoie au « pourquoi doit-on apprendre ? », le second porte essentiellement sur la nature même des apprentissages et sur la manière de se les approprier. Par "le rapport épistémique au savoir", B. Charlot (1997), repris par C. Barré-De Miniac, « désigne la réflexivité, la prise de distance par

rapport à ce savoir, tout autant que la prise de conscience des opérations nécessaires à son appropriation »2.

Par sa constitution, le principe du « rapport à », selon J. Beillerot, porte une caractéristique pluridimensionnelle. Effectivement, le "rapport à" est formé de « plusieurs

rapports venus au sujet de façon directe et indirecte, de sa famille, de son milieu social, de la période historique, des apprentissages divers jusqu’au premier temps du lait et du sein 3». Le « rapport à » est, comme on peut s’en rendre compte, principalement structuré par l’altérité. Après B. Charlot, Barré-De Miniac4 évoque toutefois que cette organisation se fait de façon interactive entre le sujet et l’environnement. L’effet de l’altérité sur la personne ne relève donc pas d’une "action sur", mais, plutôt, d’une "relation entre".

a. La conception du « rapport à » au rapport à l’écriture

Le concept de "rapport à" a été insérée par C. Barré-De Miniac dans les années deux-mille. Quelques années après le choix de cette notion, l’auteur prend de nouveau les conceptions qu’elle a soutenues dans son ouvrage de l’année 2000 et développe l’idée du "rapport à l’écriture" comme une « expression qui désigne des conceptions, des opinions, des

1

B. Charlot, « Du rapport au savoir. Eléments pour une théorie », Paris : Anthropos, 1997, p. 83  Relatif à une épistémè, à l'ensemble des connaissances propres à un groupe social, à une époque.

2

C. Barré-De Miniac, « Le rapport à l’écriture », Villeneuve-d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2000, p. 13

3

J. Beillerot, « Le rapport au savoir. Une notion en formation », Dans J. Beillerot, Cl. Blanchard-Laville et N. Mosconi (dir). Savoir et rapport au savoir. Elaborations théoriques et cliniques. Paris : Editions universitaires, 1989, pp : 174-175

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attitudes, de plus ou moins grande distance, de plus ou moins grande implication, mais aussi des valeurs et des sentiments attachés à l’écriture, à son apprentissage et à ses usages »1.

Cette interprétation résume, d’une certaine façon, l’essentiel de ce que C. Barré-De-Miniac2 a écrit au sujet des quatre paramètres constitutifs du "rapport à l’écriture". L’auteur différencie en réalité entre "l’investissement de l’écriture", "les opinions et les attitudes", "les conceptions de l’écriture et son apprentissage" ainsi que "le mode d’investissement".

Même si elles se réfèrent au "rapport à l’écrit" et non au "rapport à l’écriture", S.-G. Chartrand et Ch. Blaser (2008) parlent de dimensions affective, axiologique et conceptuelle pour renvoyer respectivement à "l’investissement de l’écriture", aux "opinions et attitudes" et aux "conceptions de l’écriture". Chez ces deux auteurs, la quatrième dimension est appelée

praxéologique et « a trait aux activités des sujets en matière d’écriture : ce qu’ils lisent et écrivent, le contexte, la manière (processus et outils), le moment et le temps investi dans ces activités »3.

L’investissement de l’écriture renvoie globalement, selon C. Barré-De-Miniac4, à l’utilité affective pour l’écriture et à la somme d’énergie que l’on y emploie. Au sein de l’investissement, l’auteur distingue deux aspects : la force et le type d’investissement. Le premier aspect, révélé particulièrement sous forme de rejet ou de goût par rapport à l’écriture, relève du fait « que l’écriture peut être fortement, moyennement ou faiblement

valorisée »5. Le type d’investissement traduit, quant à lui, l’idée que la force d’investissement dépend des types de textes auxquels le sujet a affaire. Barré-De-Miniac insiste ici sur le fait «

que l’investissement de l’écriture n’est pas un phénomène en tout ou rien, mais que certains écrits peuvent être investis positivement et d’autres négativement »6.

C. Barré-De-Miniac (2000) s’est servi de deux concepts importants, celui d’opinion et celui d’attitude, empruntées à la psychologie sociale et considérés comme deuxième axe du "rapport à l’écriture". Selon elle, les "opinions" se réfèrent « aux déclarations, aux dires, et les

1 C. Barré-De-Miniac, Op.cit., p. 15 2 C. Barré-De-Miniac, idem, pp. 117-127 3

S.-G. CHARTRAND, et Ch. BLASER, « Du rapport à l’écriture au concept didactique de capacités langagières : apports et limites de la notion de rapport à l’écrit ». Dans S.-G. Chartrand et C. Blaser (dir). Le rapport à l’écrit. Un outil pour enseigner de l’école à l’université. Namur : Presses universitaires, 2008, p. 111 4 Idem., p. 118 5 C. Barré-De-Miniac, idem, p. 118 6 Idem, p. 119

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attitudes aux comportements »1. Pendant que les opinions sont exprimées, les attitudes sont de l’ordre de la manifestation. Par conséquent, une attitude est en général inférée à partir d’une observation. Dans l’ensemble, parce qu’elle peut être aussi induite à partir de l’expression d’une opinion. « En effet, énoncer une opinion, quel que soit l’interlocuteur, c’est

d’une certaine manière, poser un acte, c’est donc un comportement »2. C. Barré-De Miniac indique par ailleurs que les opinions et les attitudes font partie « des représentations sociales.

Cette sous-catégorie recouvre le champ des valeurs et des sentiments accordés à l’écriture et à ses usages, sous l’angle des avis, des jugements et des attentes à son égard pour la réussite scolaire, ainsi que pour la vie sociale et professionnelle »3.

Le troisième paramètre de l’écriture – les conceptions de l’écriture et de son apprentissage – se rapproche du précédent, mais elle se penche beaucoup plus sur la nature de l’écriture et sur la façon dont on se l’approprie que sur son importance. Alors que la conception précédente semble se rapporter encore à l’aspect axiologique.

Toutefois, ces deux catégories s’entrecroisent parce qu’elles mobilisent toutes les deux des représentations du scripteur. Quoique C. Barré-De-Miniac avance que les représentations qui se manifestent dans les deux cas ne sont pas de même nature. Puisque c’est le cas pour "les opinions et les attitudes", les représentations de la troisième conception ne découleraient pas des groupes sociaux dont le sujet est issu : « elles relèvent des représentations du sens commun qui peuvent très bien coexister avec des représentations "savantes", aussi bien chez des enseignants que chez des élèves »4.

Le système de verbalisation est un paramètre de caractère métacognitif. Il se rapporte en réalité à la façon « dont les élèves parlent, réussissent à parler de l’écriture, de

l’apprentissage de celle-ci et de leurs pratiques »5. Effectivement, selon Barré-de Miniac, « c’est

l’étude des situations didactiques qui conduit à l’identification de dimensions et non une prise de position a priori »6. Donc, nous aborderons l’idée de " rapport à l’écriture" pour montrer la

1 C. Barré-De-Miniac, Op.cit, p. 120 2 Ibid. 3 Idem, p. 121 4 Idem, p. 123 5 Idem, p. 124 6

C. Barré-De-Miniac, « Le rapport à l’écriture. Une notion à valeur euristique », Dans S.-G. Chartrand et C. Blaser (dir.). Le rapport à l'écrit. Un outil pour enseigner de l'école à l'université. Namur : Presses universitaires, Diptyque n° : 12, 2008, p. 18

63 « disposition d’un sujet envers l’écriture »1 et, de manière générale, nous recourons au principe du "rapport à" pour traduire la liaison qu’une personne maintient envers une demande assignée.