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Chapitre II. Genèse de la ville et de l’habitat populaire à Brasilia

II.1. L’origine particulière de Brasilia: une fabrique urbaine de capitale pour réaliser le plan pilote d’un nouveau Brésil

1.2. Le rôle de la NOVACAP

La NOVACAPCompanhia Urbanizadora da Nova Capital (Compagnie d’urbanisation de la nouvelle capitale), société créée par la loi n.2.874 de 1956. Le texte de la loi définit le changement de la capitale fédérale de Rio de Janeiro à Brasilia et, aussi crée la NOVACAP. Cette loi définit les attributions de l’agence: la planification et l’exécution des services de localisation, urbanisation et construction de la capitale ; le contrôle total sur le foncier (acquisition, vente, échange, location etc). C’est encore cette même loi qui définit le capital de l’agence (son budget), son mode de fonctionnement (conseil d’administration, directoire), ses obligations et avantages (comme l’exemption de taxation pour l’importation), le personnel, la source de crédit et finalement le dernier article de la loi donne le nom de Brasilia à la nouvelle capitale22.

C’est Israel Pinheiro le personnage clé, derrière la NOVACAP. Nommé par Juscelino Kubitschek, il sera le président de l’agence, durant la totalité des travaux de Brasilia et sera désigné ensuite comme le premier maire de la ville jusqu’aux derniers mois du mandat de Kubitschek.

Figure 17 : Dans l’un des chantiers de Brasilia : Israel Pinheiro, Juscelino Kubitschek et Oscar Niemeyer au fond, Trois personnages clés dans la construction de Brasilia « in loco ».

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal - – photographie prise entre 1957 et 1960

Pour toute la première phase pendant la construction des premiers ouvrages, de 1956 à 1960, la NOVACAP est donc la responsable de la construction directe ou du contrôle de tous les bâtiments et toutes les infrastructures concernant l'éducation, la culture et les loisirs, la

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La NOVACAP est présentée en détail dans la partie qui suit : Politiques mises en œuvre 1956-1978 : les engagements explicites et implicites – La réalisation du projet urbain confiée à une Société d’Etat.

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santé, la sécurité et le transport, la finance, le logement, l’approvisionnement et la distribution de l'eau et de l’électricité23. Durant cette période La NOVACAP édifie les principaux bâtiments publics de la ville: le Congrès national, le Théâtre National et la cathédrale, les palais (Itamaraty, Congrès, Justice et Alvorada), les ministères et la gare routière; le Zoo, la tour de télévision et les deux centrales hydroélectrique et thermoélectrique Elle construit aussi les tribunaux (Supremo Tribunal Federal - Praça dos TRês Poderes, Tribunal Superior Eleitoral, Tribunal Superior do Trabalho etc), l'aéroport international Juscelino Kubitschek et le Brasilia Palace Hôtel ainsi que les autres bâtiments destinés aux logements, clubs, églises, hôpitaux, écoles.

Figure 18 : Photographie aérienne de la Candangolândia avec les installations de la NOVACAP

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal – Auteur : Mario Fontenelle – photographie prise entre 1957 et 1960

Cette Société a réalisé, aussi, tous les services d'infrastructure tels que les réseaux routiers et les réseaux de téléphonie. La NOVACAP avait même une force de police (la Guarda Especial de Brasilia - GEB) chargée de la sécurité et de très mauvaise réputation. Selon RIBEIRO, 2008, c’est d’abord la nécessité de garder les dépôts de matériel de construction qui a conduit la NOVACAP à développer un pouvoir de police. Le chantier de Brasilia est alors un univers massivement masculin, où l’alcool et la prostitution sont les alternatives de loisir. LA necessité d’un contrôle va justifier la création de cette force spéciale de police par la NOVACAP. Sa réputation est plutot mauvaise à cause de son modus operandi très violent. La brutalité policière a été largement rapportée par la presse à l’époque24.

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Source : www.novacap.gov.br

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RIBEIRO, Gustavo Lins, O Capital da esperança: A experiência dos trabalhadores na construçao de Brasilia. Brasilia, Ed. UnB, 2008. (voir pag.57-62).

Figure 19 : Vue d’un événement au siège de la NOVACAP

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal – Auteur : Mario Fontenelle - photographie prise entre 1957 et 1960

La NOVACAP est donc l’incarnation du pouvoir total à Brasilia et de son projet complètement monopolisé par l’Etat. Cette agence est responsable pour la construction directe ou le contrôle de toutes les activités de la ville dans cette première phase. Peu a peu, après l’établissement des institutions gouvernementales, son rôle va décliner et ses responsabilités vont être distribuées à plusieurs agences qui seront créés au fur et a mesure. Ainsi, à la fin des années 60, l’agence d’énergie électrique, la CEB – Companhia Energética de Brasilia25 et l’agence de l’eau la CAESB - 26 sont créées. Dans les années 70 la TERRACAP - Companhia Imobiliária de Brasília27 va être mise en place comme l’agence responsable pour l’immobilier et à partir des années 90 la planification va être faite par l’Institut de Planification Urbaine, l’Instituto de Planejamento do Distrito Federal – IPDF.28

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L’actuelle Companhia Energética de Brasília - CEB, a pour nom à l’origine de Companhia de Eletricidade de Brasília - CEB, créé le 16 décembre 1968.

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La Companhia de Água e Esgotos de Brasília - CAESB, est crée par le Decreto-Lei nº 524, de 08 de abril de 1969.

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Le Terracap vient de l'ancien Département Immobilier,de la NOVACAPqui a été démembré en 12 Décembre, 1972, et créé par la loi 5861. LEI Nº 5.861, DE 12 DE DEZEMBRO DE 1972. Autoriza o desmembramento da Companhia Urbanizadora da

Nova Capital do Brasil - NOVACAP, mediante alteração de seu objeto e constituição da Companhia Imobiliária de Brasília - TERRACAP, e dá outras providências.

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Lei 353/92, Capítulo III. Do sistema de Planejamento Territorial e Urbano do Distrito Federal. Art. 30 – Fica criado o

Instituto de Planejamento Territorial e Urbano do Distrito Federal – IPDF, como entidade autárquica vinculada à Secretaria de Obras e Serviços Públicos. (VIDE – Decreto nº 20.077, de 08 de março de 1999) (VIDE - Lei nº 494, de 20 de julho de 1993)

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II.2. 1950-1960 : naissance et croissance de la ville populaire parallèle, campements de chantiers, Cidade Livre et villes satellites

Pour rendre possible la construction de Brasilia, il fallait loger les milliers de travailleurs de la construction29, le personnel technique, les employés du gouvernement, les ingénieurs et les cadres, le président lui-même… Des campements provisoires sont ainsi édifiés à proximité du principal site de construction de chacune des différentes entreprises impliquées et à proximité de ceux où la NOVACAP se trouve impliquée, soit dans la construction même soit dans la coordination.

Figure 20 : Hébergements du campement du chantier de construction du Palacio da Alvorada entre 1956 et 1960

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal A chaque grand ensemble de constructions correspondent un chantier et son campement. Par exemple, le campement Vila Planalto, correspond à la construction de la Praça dos Três Poderes (Place des Trois Pouvoirs), et des importants édifices du gouvernement qui s’y trouvent (assemblée, palais de justice, palais du gouvernement, ministère des affaires étrangères). Le campement du Paranoá a été établi pour la construction du barrage et du lac artificiel du même nom. La NOVACAP a également construit des campements, tels que Candangolândia et Velhacap30 pour son personnel et la fourniture de services.

Dans cette ville provisoire du chantier il existe trois types de campements provisoires, ceux planifiés et bien organisés appartenant à la NOVACAP , notamment celui de son chantier

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Pour en savoir plus sur le quotidien des travailleurs de la construction voir l’ouvrage de RIBEIRO, Gustavo Lins, O Capital

da esperança: A experiência dos trabalhadores na construçao de Brasilia. Brasilia, Ed. UnB, 2008.

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central : ceux des chantiers des entreprises privées, et enfin les baraquements informels, spontanés et non encadrés.

Figure 21 : Chantier de construction d’une superquadra

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal

Sur cette photo, prise le 21/08/1959 on voit les bâtiments résidentiels en construction de la superquadra et les bâtiments provisoires du chantier : administratifs, entrepôt et hébergements des ouvriers.

Enfin il y a la Cidade Livre : un établissement aussi provisoire, mais où la NOVACAP accorde des permis d’installation. Il s’agit d’une zone où le commerce est libre et non taxé. De multiples petits acteurs locaux y offrent des services de logement, restauration et autres nécessités, créant ainsi le tout premier marché urbain des biens et des services de Brasilia31.

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RIBEIRO, Gustavo Lins, O Capital da esperança: A experiência dos trabalhadores na construçao de Brasilia. Brasilia, Ed. UnB, 2008.

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Figure 22 : Des campements avec des baraquements de toile, le campement Lonalândia (toile land)

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal

Figure 23 : Nucleo Bandeirante : Vue aérienne de la Cidade Livre prise entre 1956 et 1960