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Chapitre II. Genèse de la ville et de l’habitat populaire à Brasilia

II.1. L’origine particulière de Brasilia: une fabrique urbaine de capitale pour réaliser le plan pilote d’un nouveau Brésil

2.2. La Cidade Livre (ville libre)

C’est dans le cadre des besoins et fonctions nécessaires aux chantiers de construction de Brasilia, que la NOVACAP trace fin 1956, les principales avenues du futur Nucleo Bandeirante39 premier nom connu de cette Cidade Livre. A son début l’implantation de cette « ville libre » est donc bien encadrée par la NOVACAP. Le lotissement est placé à peu prés à 10 km du périmètre du Plano Piloto et était destiné à un usage strictement commercial. Les autorisations et permis de construire pour la résidence n’y étaient pas accordés, et cette zone dédiée aux services et commerces ne devait pas exister au-delà de la période de construction de la capitale de 1956 à 1960.

Les lots étaient mis à disposition sous un régime de concession provisoire (comodato) à durée limitée à la période du chantier et devaient êtres retournés à la NOVACAP à la fin de l’année 1959. Afin d’encourager les commerçants à venir dans la région, aucune taxe ni impôt n’étaient perçus dans cette zone de « libre échange ». D’où le glissement de dénomination vers l’appellation de Cidade Livre (Ville Libre).

La Cidade Livre n’était pas seulement un lieu réservé aux seuls ouvriers mais aussi celui des cadres et techniciens, tout le monde des chantiers s’y croisait, y allait et venait, y commerçait, faisant de cette ville provisoire un haut lieu de fréquentation et de mixité sociale.

Figure 26 : Photos de la Cidade Livre vers 1960

Cidade Livre : vue panoramique Cidade Livre : rue principale

SOURCE :Arquivo pulbico DF

Cette Cidade Livre a été le premier quartier d’arrivée et d’accueil pour tous ceux qui, attirés par les feux de ce projet de ville, sont venus spontanément participer au grand chantier urbain. Elle concrétise non seulement le modèle local d’une zone franche mais aussi le modèle urbain et local du squat, au sens américain premier de l’habitation des pionniers qui s’installaient sur une terre inoccupée de l’ouest des Etats-Unis, sans titre légal de propriété et sans payer de redevance40.

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Les axes sont tracés avant toute occupation, les invasions éventuelles se sont faites autour de ce tracé.

Que veut dire Bandeirante ? Les bandeirantes sont les pionniers qui, à partir du xviie siècle, pénétrèrent à l'intérieur du Brésil à la recherche de richesses minérales ou d'indigènes à réduire en esclavage.Les expéditions des bandeirantes étaient appelées entradas (entrées) lorsqu'elles étaient d'origine officielle ou bandeiras (drapeaux) lorsqu'elles étaient d'ordre privé. Ce dernier terme est à l'origine du nom "bandeirante" qui, d'un point de vue sémantique, est donc « l'homme qui suit un drapeau ». SOURCE: HOLANDA, Sergio Buarque de. Raízes do Brasil. Brasília: UnB, 1963, 4ª ed.(Racines du Brésil)

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Il s’agissait d’un ensemble hétéroclite mais organisé en damier, de simples maisons en bois, constructions provisoires de fortune, de bric et de broc, bâties par de petits acteurs privés afin d’abriter au plus vite les activités de services nécessaires à tous ces travailleurs. On y trouvait ainsi tous les services et commerces de base répondant aux besoins quotidiens de tous les acteurs et participants au chantier: épiceries, maisons de tissus, restaurants, salons de coiffure, pressings, ateliers de menuisiers, échoppes de bouchers, pharmacies, écoles (deux), cinéma (un), bars, hôtels et pensions, mais aussi lieux des cultes diversifiés avec une église baptiste, une église catholique et un lieu de culte Kardéciste (spiritisme d’Allan Kardec) ainsi qu’une zone réservée aux activités de prostitution, comme décrit sur le croquis publié par RIBEIRO 2008.

Figure 27 : Plan schématique de la Cidade Livre en 1959

SOUCE: RIBEIRO (2008)

Ce croquis, publié par Ribeiro en 2008 présente la Cidade Livre en 1959. Il décrit les principales avenues et l’organisation spatiale générale ainsi que la fonction des principaux bâtiments (il y avait même deux cinémas!). Il y a un tracé des avenues et un ordre dans l’emplacement des bâtiments et bien qu’on ne puisse pas dire qu’il y ait un urbanisme minimum au-delà de ce tracé géométrique de la voirie, l’implantation et son expansion étaient donc contrôlées et encadrées par la NOVACAP. Bien évidemment les invasions spontanées et informelles ne sont pas représentées sur ce plan.

Les campements pour les travailleurs édifiés à proximité des chantiers dans le périmètre du Plano Piloto n’étaient pas suffisants ni adaptés pour héberger tous les arrivants, notamment quand ceux-ci arrivaient avec leur famille. Ainsi, progressivement, des

La Cidade Livre en 1959 1. Gare Routière

2. Zone de Prostitution, plaque de publicité Mercedes

3. Hôtel Buriti

4. Segunda Avenida (deuxième avenue) 5. Association Commerciale

6. Cine Brasilia 7. Hôtel Jurema 8. Marché 9. Cine Bandeirante 10. Collégio La Salle (école) 11. Travessa Dom Bosco 12. Campement Metropolitana 13. Eglise Dom Bosco

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établissements informels, ce qu’on a couramment appelé les « invasões » (invasions), ont surgi dans le paysage. RIBEIRO (2008), indique le mécanisme des « invasões » comme un fait fréquent à cette époque: «Lors de la construction de Brasilia, les «envahisseurs» étaient monnaie courante et ce phénomène était particulièrement notable lorsque, à la fin d’une opération de construction dans le Plan Pilote, les hébergements existants pour les travailleurs et associés au chantier étaient détruits, laissant à ces travailleurs la seule alternative d’aller grossir les rangs de ces «envahisseurs»41.

Figure 28 : Juscelino Kubitschek visite le Núcleo Bandeirante

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal /Auteur : Mario Fontanelle

JK et un groupe d’anonymes devant l’Hotel Brasilia à la Cidade Livre. Photo prise entre 1957 et 1958

C’est une ville champignon sur un front pionnier où la « mine d’or » à exploiter est le chantier urbain. Il s’agit du modèle local de la ville populaire au sens où cette ville provisoire abrite la multitude et où cette population a une chose en commun qui donne sens à cette communauté de vie : le chantier urbain, source de nouveaux revenus économiques pour tous.

41No decorrer da construção de Brasília, as “invasões” foram comuns e se faziam notar principalmente

quando, ao termino de alguma obra especifica no Plano Piloto, destruíam-se os alojamentos existentes para os trabalhadores que ficavam com a única alternativa de engrossar a fileira dos “invasores”. (RIBEIRO, 2008)

Figure 29: Invasion de l’IAPI

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal

Une rue dans l’invasion de l’IAPI. Photo prise dans les années 1960

Peu à peu, autour de la Cidade Livre, se sont développés des établissements informels spontanés comme Morro do Urubu, Morro do Querosene, Vila do IAPI42, Vila Amaury, Sacolândia, Vila Esperança, Vila Tenorio et Vila Sarah Kubitsheck.

Ce dernier apparaît en Juillet 1958 et a été la raison de la création de la ville satellite de Taguatinga. La Vila Sarah Kubitschek a été formée principalement par des migrants venus du Nordeste qui sont venus à Brasilia suite à l'une des pires sécheresses qui aient dévasté la région. Les résidents ont donné le nom de l'épouse du président Kubitschek à l’invasion, pensant ainsi mieux préserver son implantation.

Juscelino Kubitschek, dans ses mémoires, donne sa vision sur la situation du logement des travailleurs et du fait de la Cidade Livre :

« Les pionniers vivaient selon ce qu’on les autorisait à faire, tout en improvisant. A la fin de 1958, Brasilia avait déjà 25.000 habitants, tous logés dans des maisons en bois. Cette première population, une fois décomptée la masse de travailleurs embauchés par les entreprises– qui possédaient leurs « baraquements d’hébergement » dans leurs chantiers de construction – se concentrait à la Cidade Livre originalement Nucleo Bandeirante

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IAPI est un acronyme pour l’Instituto de Aposentadoria e Pensão dos Industriários (Institut de retraite et pensions des

travailleurs de l’industrie). L’IAPI a été créée en 1936, lors de l'Estado Novo, et après 1945, a élargi ses domaines d'activité, principalement pour financer des projets de logement dans les grandes villes. L’invasion du IAPI avait ce nom car elle était localisée à la proximité de l’hôpital de l’IAPI. En Juin 1957, l'hôpital de l’IAPI a été inauguré. Elle était située entre la Cidade Livre (Nucleo Bandeirante) et Velhacap (actuellement Candangolândia), les zones résidentielles étaient improvisées et construites en bois, y compris l'hôpital lui-même, qui abritait la plupart des personnes impliquées dans le travail de construction de la nouvelle capitale. Le site de l'ancien hôpital abrite actuellement le Museu Vivo da

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La Cidade Livre, une conséquence de la construction de Brasilia a également surgi de nulle part, sans avoir même le soutien d’un village. Imaginez, à l’époque, la création en dehors du Plano Piloto et à partir de rien, d’un centre de population, avec tout un commerce régulier, en capacité de répondre aux besoins de tous ces travailleurs ici rassemblés pour la construction de la capitale. La Cidade Livre était par conséquent une authentique concentration humaine assemblée avec ses maisons en bois dans le genre de Dodge City ou autre ville champignon et pionnière du même type et caractéristiques du Far West américain.

Au début, je craignais que la construction de la ville n’allât encourager la création d’une agrégation de plusieurs bidonvilles, difficiles à éradiquer par la suite. Cependant, avec l’intensification des travaux de Brasilia, l’extension du Nucleo Bandeirante s’impose. En fait, comment des milliers

d’ouvriers pourraient-ils vivre sans ces maisons de commerce ? » Kubitschek, 1975.43

Figure 30 : Oscar Niemeyer visite la Cidade Livre

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal

Oscar Niemeyer marche sur les rues de la Cidade Livre entre anonymes. Photo Prise entre 1956 et 1960.

Cette épisode de l’arrivée des immigrants de la sécheresse du Nord-Est, puis de leur éviction vers la ville satellite de Taguatinga nouvellement créée, est raconté par Juscelino Kubitschek lui même dans ses mémoires de la construction de Brasilia et également par Ernesto Silva, directeur de la NOVACAP à l ‘époque :

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(KUBITSCHEK, Juscelino, Por que construí Brasília. Brasília : Senado Federal, Conselho Editorial, 2000. P. 217 / 1ère ED

1975) « s pioneiros moravam como lhes era permi do, improvisando tudo. Em ns de 19 , Brasília dispunha de

mil habitantes, todos alo ados em casas de madeira. Esse núcleo populacional, descontada a massa dos contratados pelas rmas construtoras - que possuíam galpões-alojamentos nos seus canteiros de obras —, concentrava-se na chamada Cidade Livre, que era o primitivo Núcleo Bandeirante.

A Cidade Livre, consequência da construção de Brasília, surgira, também, do nada, sem dispor do apoio de uma aldeia sequer. Imaginou-se, na época, a criação de um núcleo populacional, fora do Plano Piloto, com um comércio regular, que pudesse atender aos trabalhadores que chegassem para a construção da Capital. Surgiu, assim, a denominada Cidade Livre — autêntica concentração humana, alojada em casas de madeira, no gênero de Dodge City e de outras cidades do mesmo tipo, características do Velho Oeste norte-americano.

No início, eu temia que a construção da Cidade Livre viesse favorecer a criação de um aglomerado de favelas, de difícil erradicação.

Entretanto, com a intensificação das obras de Brasília, impusera-se a ampliação do Núcleo. De fato, como os milhares de candangos poderiam viver sem casas comerciais? »

« Ao longo da estrada Brasília-Goiânia, à direita de quem se dirige à capital goiana, defronte a Cidade Livre, cerca de quatro mil pessoas se instalaram em menos de oito dias. Moravam de maneira mais precária : barracões de madeira velha, de lata, de folhas de zinco, de sacos de cimento. Não havia fossas. Nem água. Promiscuidade e falta de higiene. Tudo construído em poucos dias , principalmente durante a noite para burlar a vigilância dos fiscais. (...)

Em resumo: no primeiro dia, só conseguimos transferir uma família. Nessa noite, um grupo de cem pessoas saiu em desfile à frente dos escritórios provisórios da NOVACAP , reivindicando ainda a permanência no local, enquanto alguns, mais exaltados, queriam atear fogo aos pavilhões de madeira, onde funcionava a administração da empresa. (SILVA, 1971 p. 31)”

« Tout au long de la route Brasília-Goiânia, sur la droite en direction de la capitale de Goiás, en face de la Cidade Livre, environ quatre mille personnes s’étaient installées en moins de huit ours. Ils vivaient d’une façon des plus précaires : cabanes faites de vieux morceaux récupérés de bois, d'étain, de feuilles de zinc, de sacs de ciment. Il n’y avait pas le moindre puisard Pas d'eau. Surpopulation (promiscuité) et manque d'hygiène. Tout a été construit en quelques jours, et surtout pendant la nuit afin d’échapper à la vigilance des inspecteurs. (...)

En bref: le premier jour, nous avons réussi à transférer une famille. Cette nuit-là, un groupe d'une centaine de personnes est sorti en manifestant devant les bureaux temporaires de la NOVACAP , revendiquant de rester sur place pour toujours, tandis que certains, plus exaltés, ont voulu mettre le

feu aux pavillons en bois où se tenait l’administration de l'entreprise. (Silva, 1971, p. 231)44»

Malgré la résistance initiale, les familles ont été transférées dans la localité nommée Taguatinga, planifiée et aménagée a minima par la NOVACAP (tracé des rues, arrivée d’eau à la fontaine collective ou bien service de livraison de l’eau par camion assuré par la NOVACAP). La création des deux autres villes satellites, Sobradinho et Gama45, suit rapidement, respectivement en mai 1960 et octobre 196046. Elles sont également planifiées et aménagées a minima par la NOVACAP, et résultent de processus similaires de suppression de campements ouvriers ou d’éviction des « invasions ».

L’idée était de distribuer toute la population du Nucleo Bandeirante/Cidade Livre entre les villes satellites récemment créées.

Cependant en 1959 avec la proximité de l’inauguration de la capitale et conséquemment celle de la « date d’expiration » de la Cidade Livre, les commerçants commencent à s’organiser pour y rester. L’Association des Commerçants a commencé les discussions et a proposé à la NOVACAP des revendications et suggestions pour « l’intégration du Nucleo Bandeirante dans le plan urbanistique de Brasilia comme un quartier de la future capitale de la République (…) » 47.

De fait le chantier du Plan Pilote était toujours dans une totale dépendance vis-à-vis des commerces et services offerts par la Cidade Livre. Cela donnait beaucoup de force aux petits entrepreneurs économiques de la Cidade Livre qui ne voulaient abandonner ni leurs commerces ni leurs résidences, encore moins êtres relogés dans les lointaines villes satellites. C’était le plus grand mouvement populaire48 organisée dans le District Fédéral jusqu’en 1961. Après, le contexte politique national a brutalement changé avec le coup d’état militaire et les réunions populaires n’étaient donc plus du tout la bienvenues.

44SILVA, Ernesto. História de Brasília. Brasília: Coordenada. Brasilia, 1971.

45

Lei n. 3.751, de 13 de Abril de 1960.

46

En effet, les dates de création des villes satellites sont un sujet controversé parce que les décrets sont généralement à titre posthume, comme dans le cas du "maître", le projet a été réalisé en 1959, la ville a été fondée en 1960 et la date d'arrêté est de 1966 (décret n ° 488 du 8 Février 1966 - établissant les coordonnées de la ville)

47

voir RIBERIRO, 2008 p .252

48

Encore, selon RIBEIRO (2008) l’organisation du mouvement était constituée d’un conseil d’administration avec un président, trois vice-présidents, secrétariat et trésorerie. Il y avait plusieurs départements comme celui des relations publiques et culturelles ou encore le département de la propagande qui produisait de films sur les manifestations. Ces films étaient postérieurement diffusés au sein de la communauté avec des discussions après la projection.

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Figure 31 : Le commerce dans la Cidade Livre

Source : Arquivo Publico do Distrito Federal

Magazines de vêtements, variétés, cinéma, maroquinerie, et arrêt de bus (de voyage). Série de photos prises entre 1956 et 1960.

Comme l’a bien retracé RIBEIRO (2008), c’est ainsi que, forts de leur position de quasi monopole de l’approvisionnement du territoire en construction, un groupe de commerçants commence à entraîner un mouvement social, en alliance avec la classe ouvrière : le « Movimento Pró-Fixação e Urbanização do Nucleo Bandeirante » (mouvement pour la fixation et l’urbanisation du Nucleo Bandeirante).

Encore selon RIBEIRO (2008) le journal local Cidade Livre, dans son édition numéro 4, de 7 juillet 1960 a publié en première page la déclaration suivante de Juscelino Kubitschek:

“Ninguém melhor que o Presidente sabe do sacrifício da gente que para aqui veio formar o Nucleo Bandeirante. Por essa razão não poderia deixar de atender à todos àqueles que ajudaram a construir Brasília. Haverá lugar para todos. O Núcleo Bandeirante, devidamente urbanizado, ficará onde está, mesmo que eu tenha que fazer o impossível. Esta é a melhor homenagem que meu governo presta aos que me ouviram e em mim confiaram.”

Personne ne sait mieux que le président le sacrifice de ceux qui sont venus ici pour former le Nucleo Bandeirante. Pour cette raison, je ne pouvais pas laisser sans réponse tous ceux-là qui ont aidé à construire Brasilia. Il y aura de la place pour tout le monde. Le Nucleo Bandeirante, dûment urbanisé, doit rester où il est, même si je dois faire l'impossible. C'est le meilleur hommage que mon gouvernement accorde à ceux qui m'ont écouté et m'ont fait confiance. »

Ainsi donc Juscelino Kubitschek finira son mandat sans résoudre la question mais après avoir publiquement déclaré son soutien à ceux qui ont contribué à la construction de la capitale et au projet de stabilisation du Nucleo Bandeirante.

Le maintien de la Cidade Livre sans statut et la pression populaire pour sa légalisation perdurent après l’élection et le court mandat du Président Jânio Quadros, de janvier à août 1961, et puis sous le gouvernement du Président Joao Goulart, de 1961 à 1964, (jusqu’au coup d’état par les militaires). Ce dernier finit par donner son accord pour la légalisation de la Cidade Livre/ Nucleo Bandeirante en 196149.

Encadré 4 : L’opposition de Costa à la permanence de la Cidade Livre

Lucio Costa était contre la permanence de La Cidade Livre et sa légalisation comme ville satellite. Pour lui la Cidade Livre, Nucleo Bandeirante, était dans le périmètre métropolitain du Plan Pilote et la maintenir compromettait la conception originale de Brasilia. Il s’est fortement opposé à la légalisation de la Cidade Livre comme le montre la lettre ci-dessous qu’il a envoyée au Président Joao Goulart en 1961 en demandant l’extinction de la Cidade Livre/ Nucleo Bandeirante50.

« Senhor Presidente,

Na qualidade de autor do plano-piloto da Nova Capital, peço licença para ponderar, a Vossa Excelência, o seguinte :

O chamado Núcleo Bandeirante não pode ser transformado em « Cidade Satélite » de Brasília, pela simples razão de estar situado dentro da sua área metropolitana, delimitada, desde o inicio da implantação da cidade, pela linha de vertentes que a circunda.

Os núcleos satélites criados por iniciativa da NOVACAP , então premidos pelo afluxo incontrolável e crescente de população adventícia e obreira, foram localizados fora desse perímetro urbano e esta

providência visou não só proporcionar a estas populações , de tradição geralmente campesina, possibilidade de volta eventual à atividade agrícola, uma vez passado o período inicial de construção intensiva, como, principalmente, evitar a expansão da cidade em área contigua suburbana – solução condenada pelo urbanismo contemporâneo – o que iria lhe comprometer, sem remédio, a concepção original. Ora, a consolidação do Núcleo Bandeirante trará, como consequência, o seu futuro espraiamento numa trama suburbana rasteira de impossível contenção, e, com ela, o surto gradual dos problemas crônicos e insolúveis que afligem as metrópoles, ou seja, aquilo, precisamente, que se pretendeu evitar.

Essa opinião sempre foi defendida junto às sucessivas autoridades responsáveis, tanto da administração da NOVACAP , como da Prefeitura. Surpreendido pela noticia da intempestiva e mal aconselhada iniciativa da Câmara, aludi ao caso em entrevista, na esperança de que o Senado Federal, ciente da incompreensão fundamental do projeto, se opusesse à êle. Soube, constrangido, que o aprovou, tendo a deliberação legislativa subido, portanto, à sansão presidencial de Vossa Excelência, já agora homenageado, com o Senhor Prefeito, pelos interessados.

Eis porque venho à sua presença tentar impedir, em ultima instância, a consumação deste incrível contra senso: a criação de uma “Cidade Satélite” dentro da própria Capital da República .

A solução, para o caso, é a que foi desde o inicio prevista: a área ocupada a titulo precário deverá ser

gradualmente sangrada, não se fazendo ali benfeitoria alguma (...)”51