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Chapitre II. Genèse de la ville et de l’habitat populaire à Brasilia

II.5. Les instruments de la politique urbaine de 1950 a 1970

Tel que mentionné précédement, l'instrument premier et fondamental est le Monopole de l’Etat sur le Fonciér (loi n.2.874 de 1956), qui définit le ctransfert de la capitale fédérale de Rio de Janeiro à Brasilia; qui a aussi créé la NOVACAP, la Société du gouvernement de la nouvelle capitale; interdissant l'aliénation de terres par des intérêts privés une fois aliénés par la NOVACAP.

Le Plan Pilote de Lucio Costa (1957) définit le plan d'urbanisme de la nouvelle capitale du Brésil. Concevant comme une cité de caractère administratif, il ne prévoit pas de place pour ceux qui travaillent à la construction de la capitale, même si elle devait être un pôle de développement régional.

La création de villes satellites - Planaltina (1959); Brazlândia (1960); Acampamento da Candangolândia (1956); Cidade Livre Núcleo Bandeirante (1956); Taguatinga (1958); Cruzeiro Velho (1959); Sobradinho (1960); Gama (1960 ); Guará (1969); Ceilândia (1971) - a été la réponse du gouvernement pour la demande de logements par les travailleurs, leurs familles et d'autres immigrants attirés par la construction de la capitale.

Les créations de forces de travail spéciales pour les évictions et expulsions, comme la Comissão de Supervisão dos Núcleos Provisórios Habitacionais - CSNHP (1968) et la Comissão de Erradicação de Invasões - CEI (1970) sont également des instruments pour les mesures d'intervention contre les établissements informels

Ces commissions sont établies spécifiquement pour procéder aux évictions et expulsions des quartiers informels. L'Agence de logement du gouvernement, qui a changé de nom au fil des ans, a été chargée de construire les logements sociaux. Ces logements construits par l’agence ont été déstinées aux fonctionnaires du gouvernement, surtout de petite et moyenne fonctions et non pas pour les catégories urbaines les plus modestes situées hors fonctionnariat.

À la fin de cette période, la croissance spatiale rationnelle fondée sur des principes d'hygiène pour protéger les ressources en eau et lutter contre la pollution est la justification d'un plan «intégré» (PLANIDRO). Le plan propose une politique de la non-occupation des zones du bassin du Paranoá, renforçant le caractère de ségrégation spatiale de la ville.

Le plan sur la croissance urbaine, PLANIDRO, est un instrument de planification qui (comme mentionné ci-dessus) prévoit une croissance rationnelle spatiale fondée sur des principes d'hygiène pour protéger les ressources en eau, et de lutte contre la pollution. En recommandant la non occupation des espaces libres dans le bassin du Paranoá, et, par conséquent, à proximité du Plan Pilote, il renforce le caractère de ségrégation de la ville.

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5.1 Synoptique des principaux instruments de la politique urbaine: Rapports, Commissions, lois et décrets, projets et actions, plans et zonages

Outils Objectifs Instruments /

Operationnel Résultats Loi n°.2.874 de 1956 : Prévoit le transfertde la Capitale Fédérale Transfert de la capitale ; Etablissement du périmètre définitif du District Fédéral; création de la NOVACAP–

Companhia Urbanisadora da Nova Capital (Compagnie

d’Urbanisation de la Nouvelle Capitale) ; création du monopole foncier de l’Etat.

Permettre le changement de lieu pour la capitale de l’Etat Fédéral brésilien, de Rio de Janeiro à Brasília..

Interdiction de toute mise en valeur du sol par des intérêts privés dans tout le périmètre du projet (DF , mais surtout le Plano Piloto )

D’un seule coup cette loi a établi:

Le Monopole de l’Etat sur le foncier et le marché immobilier via la NOVACAP

Création de villes satellites Délocaliser les établissements populaires

Etablir hors du Plano Piloto l’habitat des populations surnuméraires ou trop peu solvables pour intégrer les logements modernes de la ville planifiée Création de 11 villes satellites : Planaltina (1959); Brazlândia (1960); Acampamento da Candangolândia (1956); Cidade Livre Núcleo Bandeirante (1956); Taguatinga (1958); Cruzeiro Velho (1959); Sobradinho (1960); Gama (1960); Guará (1969); Ceilândia (1971) Renforcement de la ségrégation spatiale et des délocalisations des populations les moins solvables ;

augmentation du caractère sélectif de l’accès à la ville, étalement des périphéries des villes satellites.

1968:

Création de la CSNHP,

Commission de supervision des noyaux d’habitation

provisoires -Comissão de

Supervisão dos Núcleos Habitacionais Provisórios-

Création de deux acteurs opérationnels pour procéder à l’évacuation et la

relocalisation des habitats spontanés non planifiés situés dans le périmètre planifié.

Eviction des invasions et transfert aux villes satellites

Déplacements des habitats non planifiés ;

Première éviction de 9 248 personnes en 1968

1970:

Création de la CEI, Commission d’éradication des invasions de terre illégales - Comissão de

Erradicação de Invasões -

Création d’une commission pour « éradiquer » les invasions

Eviction des invasions et transfert à Ceilândia

Transfert de 14 607 familles sur le site de la ville satellite de Ceilândia où 70 128 personnes se trouvent relocalisés en 1971

PLANIDRO -Plano de Água,

Esgoto e Controle de Poluição do Distrito Federal - (1970),

plan de l’assainissement et de contrôle de la pollution de l’eau.

Eviter la pollution et les risques générés par la croissance urbaine sur la ressource en eau : ressource stratégique rare et fragile sur le site particulier de la capitale

Plan d’aménagement Interdiction stricte de

toute nouvelle

implantation résidentielle dans le bassin

5.2 Le cadre institutionnel et l’identification des acteurs

Dans cette première période, il y a un contrôle total du gouvernement sur l'urbanisation du territoire. Bien qu'il y ait de nombreuses sociétés privées travaillant dans la construction de l'infrastructure et des bâtiments, la Société gouvernementale, NOVACAP coordonne le processus.

Des commissions sont établies en tant que forces de travail spéciales pour les évictions / expulsions des quartiers informels. L'Agence de logement du gouvernement, qui a changé de nom au fil des ans, a été chargé de construire les logements sociaux, c’est à dire le logement pour les fonctionnaires du gouvernement de petite et moyenne échelons. Les travailleurs ont d'abord été des tâcherons sur les chantiers de construction, puis migrants attirés par la ville qui aussi ont joué un rôle essentiel dans la concrétisation de la nouvelle capitale, et pourtant ils n'ont pas été considérés dans le Plan Pilote de Lucio Costa. Contrairement aux prédictions naïves, selon lesquelles ils seraient renvoyés à leurs régions d'origine, ils ont été accueillis dans les villes satellites – qui ont ainsi consolidé la structure spatiale urbaine polynucléaire.

Synoptique des principaux acteurs du chantier urbain de Brasilia

acteurs Cadre Institutionnel Rôle

Agence Gouvernemen tale NOVACAP

NOVACAP Companhia Urbanizadora da Nova Capital

do Brasil (Compagnie d’Urbanisation de la Nouvelle

Capitale du Brésil)

En 1972 la NOVACAP est démembrée et la TERRACAP (Compagnie Immobilière du DF) est créée

Les actions légales d’aliénation et achat des terres, et par conséquent la coordination de la construction de la ville ;

Avec la réorganisation institutionnelle, la TERRACAP devient responsable pour les actions immobilières du DF

Commissions /

groupes de

travail spécial

Comissão de Supervisão dos Núcleos Habitacionais Provisórios – CSNHP (Commission de Supervision des Noyaux d’Habitation Provisiores, 1968 ;

Comissão de Erradicação de Invasões – CEI (Commission d’Eradication des Invasions) 1970

Groupe et commissions spéciales pour faire face au phénomène des invasions

Agences Gouvernemen tales d’Habitation Locales

Fundação da Casa Popular 1960-1962

Sociedade de Habitações Econômicas de Brasília Ltda (SHEB) 1962

Sociedade de Habitações de Interesse Social (SHIS) 1964

A construit 17.192 logements pour les bas et moyens échelons des fonctionnaires du gouvernement.

Agence d’approvisionn ement de l’eau et des égouts

Serviço Federal de Habitação e Urbanismo (SERFAU) Companhia de Água e Esgoto de Brasília (CAESB)

Formulation des propositions pour une croissance plus rationnelle et d’un plan d’aménagement urbain intégré ;

Responsable pour l’implémentation de ce plan Entreprises de

construction privées

La NOVACAP était responsable de la coordination et par conséquent, de traiter avec les entreprises privés

Planification, coordination et construction de l’infrastructure et des bâtiments (publics et logements)

Travailleurs et immigrés pauvres

La NOVACAP était responsable de construction de la

coordination des chantiers et de leur

apprivisionnement

Travaillent à la construction de l’infrastructure et des bâtiments. On s’attendait au retour des travailleurs dans leurs régions d’origine après la fin des chantiers

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5.3 La situation du mal-logement et de la précarité : le phénomène des invasions

Le défi de construire une nouvelle capitale en 5 ans lancé par Juscelino Kubitschek, président brésilien charismatique animé par un projet culturel de modernité, de société et d’homme brésiliens, a attiré un grand nombre de travailleurs des régions pauvres du pays. L’idée de leur simple passage en direction du front pionnier agricole de l’ouest une fois le chantier fermé sans chercher à prendre place dans le plan moderniste "parfait", est totalement remise en question au moment de l'inauguration des villes satellites, et ce avant même la propre inauguration de la capitale elle-même.

Il n'y avait pas de place pour l'informalité dans le plan puriste et la solution pour loger les pauvres et les empêcher de «gâter» la nouvelle capitale a été l'expulsion par des politiques de délocalisation puis réinstallation dans les villes satellites.

Mais, quelques-uns des établissements informels sont restés dans leurs lieux d'origine et ont été légitimés après avoir lutté pour ne pas être démolis, comme le Livre Cidade (Ville Libre) et autres campements de travailleurs.

Inventaire des occupations spontanées, établissements informels et invasions résidentielles

Type Caractéristiques Localisation Etablissements plus

importants, noms et taille

Situation après 1978 Campements d’ouvriers des chantiers A l’origine établis et gérés par les compagnies et entreprises responsables des chantiers. Certains perdurent après la fin des chantiers

À coté des principaux chantiers de construction de la ville

Velhacap; Vila Planalto; Vila Paranoá and Telebrasília

Différentes tailles. Pas

d’indication d’évaluation dans les documents maintenus Cidade Livre La ville spontanée Habitats et commerces non planifiés Cet établissement provisoire mais organisé devait être démoli 4 ans après sa mise en place. Il avait été conçu pour loger les ouvriers et les cadres de la construction et leur fournir services et commerces de base. Localisé à la proximité du Plano Piloto

La Cidade Livre est restée grâce à la mobilisation de ses habitants contre la démolition planifiée. Elle porte le nom de Nucleo

Bandeirante ,« noyau résistant »,

et abrite déjà 2.212 habitants en 195776.

maintenus

Établissements spontanés

Zones d’accueil pour les nouveaux arrivants. Localisés en continuité et extension de la Cidade Livre

Vila Amaury, Sacolândia, Vila Sarah Kubitsheck, Vila Esperança, Vila Tenório, Vila do IAPI

Eviction de 9 248 personnes Transfert de 14 607 familles sur le site de la ville satellite de Ceilândia où 70 128 personnes

Evacués avec relocalisation des habitants dans les nouvelles villes satellites

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La population était de 2.212, in 1957 selon le premier recensement fait par l’Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística. Source: http://www2.correioweb.com.br/hotsites/bsb40anos/13042000/1304.htm