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LA RÉSILIENCE DES MARCHÉS ÉMERGENTS ET DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT SERA-T-ELLE DURABLE?

Dans le document PERSPECTIVES DE L ÉCONOMIE MONDIALE (Page 154-157)

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92 96 98 2000 02 06 08

0 20 60 80

75 80 85 90 95 2000 05

3RXUFHQWDJHGHVSD\VDIƂFKDQWXQHFURLVVDQFH négative du PIB réel par habitant

t –2 t 0 2 5

92 96 98 2000 02 06 08

3. Contribution à la croissance du PIB réel mondial par habitant

LA RÉSILIENCE DES MARCHÉS ÉMERGENTS ET DES PAYS

EN DÉVELOPPEMENT SERA-T-ELLE DURABLE?

Outre les preuves concrètes de la résilience de ces pays au cours de la décennie écoulée et durant la crise mon-diale la plus grave des 50 dernières années, les opti-mistes peuvent faire valoir les améliorations apportées aux cadres d’action et la marge de manœuvre qu’elles off rent pour intervenir sans compromettre la pérennité de leur expansion. Ces pays se sont également diversi-fi és dans de nombreux domaines — structure écono-mique, structure des échanges et composition des fl ux de capitaux. Pour certains d’entre eux, en revanche, la croissance récente a été soutenue par les entrées de ca-pitaux, la forte progression du crédit et, pour les expor-tateurs de produits de base, par la vigueur persistante des cours. Ces facteurs sont exposés à des revirements, ce qui permet de penser que les perspectives écono-miques de ces pays ne sont peut-être pas aussi robustes qu’il y paraît (Frankel, 2012). Ils ont en partie utilisé la marge de manœuvre acquise au cours de la décennie écoulée durant la crise mondiale et ne l’ont pas encore entièrement reconstituée; d’ailleurs, certains montrent actuellement des signes de ralentissement.

Ce chapitre examine la résilience de ces économies, à savoir leur capacité à soutenir des phases d’expansion plus longues et plus vigoureuses et à connaître des périodes de contraction plus courtes et moins graves et des reprises plus rapides2. Des études antérieures se sont eff orcées d’expliquer directement la croissance des pays émergents et en développement; elles n’y sont que modérément parvenues, en partie parce que l’évolution de la production dans ces pays est beaucoup plus complexe et diverse que dans les pays avancés (voir, par exemple, Easterly, 2001, et le gra-phique 4.2). Easterly et al. (1993) ont observé une très faible constance de leur taux de croissance au fi l des décennies, ce qui est diffi cilement compatible avec la fermeté des «fondamentaux» (taux d’investissement, niveau d’éducation, commerce, développement fi

nan-2Cette défi nition est compatible avec la défi nition générale de la résilience, qui recouvre les deux mêmes aspects. Le Oxford English Dictionary, par exemple, défi nit la résilience comme suit : «La qualité ou l’aptitude à se remettre rapidement ou facilement d’un malheur, d’un choc ou d’une maladie, ou de ne pas être éprouvé par ceux-ci.»

Le renforcement de la résilience se traduirait par des périodes d’ex-pansion plus longues et plus soutenues, mais ces dernières pourraient également tenir à la raréfaction des chocs — possibilité que nous examinons ici. Des périodes de contraction plus courtes et moins graves et des reprises plus rapides sont pleinement compatibles avec la défi nition que nous avons donnée de la résilience puisque les ralentissements résultent de chocs négatifs.

Logarithme naturel du PIB réel par habitant Tendance linéaire par morceaux

9,8 9,9 10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 10,5 10,6

7,8 8,0 8,2 8,4 8,6 8,8 9,0 9,4 9,6 9,8 10,0 10,2 10,4 10,6 10,8 11,0

1950 70 90 2010 1950 70 90 2010

1950 70 90 2010 1950 70 90 2010

9,8 10,0 10,2 10,4 10,6 10,8 11,0

1. États-Unis 2. Philippines 11,2

3. Pérou 4. Kenya

Contrairement à la courbe de production des pays avancés, qui suit une pente régulière, celle des pays émergents et en développement est constituée de montagnes, de falaises, de plateaux et de plaines. Les périodes d’expansion et de ralentissement peuvent ne durer que quelques années ou très longtemps.

Sources : base de données des Perspectives de l’économie mondiale; Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde; Penn World Tables 7.0; estimations des services du FMI.

Graphique 4.2. Différentes courbes de production

cier et qualité institutionnelle, etc.) généralement pris en compte dans les régressions de croissance. Pritchett (2000) a décrit leur profi l de production comme étant constitué «de montagnes, de plateaux, de falaises et de plaines», et rendu compte de variations importantes et brutales de la croissance à l’échelon des pays. Certains affi chent pendant de nombreuses années une crois-sance raisonnable, puis, sans modifi cation apparente des fondamentaux, s’enlisent pendant des décennies, tandis que d’autres connaissent de longues périodes de stagnation périodiquement interrompues par des accès de croissance dynamique. Dans ces pays, les crises économiques graves ne sont nullement exceptionnelles et tendent à s’y produire plus souvent qu’ailleurs. Elles entraînent d’importants coûts de production, car elles sont plus souvent l’expression de baisses tendancielles que de fl uctuations autour d’une tendance (Aguiar et Gopinath, 2007; Cerra et Saxena, 2008). De ce fait, les périodes d’expansion et de reprise peuvent y durer de quelques années à plusieurs décennies.

L’analyse de la durée des expansions et de la rapidité des reprises pourrait constituer une étape intermé-diaire à l’étude des processus qui déterminent la crois-sance — leur évolution fera ressortir les variations de la croissance à long terme ou sa volatilité. Elle pourrait en outre aider les responsables publics à défi nir les facteurs qui, généralement, interrompent ou prolongent les phases d’expansion et accélèrent les reprises3.

Pour mieux comprendre la résilience passée, pré-sente et anticipée des pays émergents et en développe-ment, le chapitre examine les questions suivantes :

• Comment la résilience de ces pays a-t-elle évolué au fil du temps? Les phases d’expansion ont-elles gagné en durée et en vigueur, et les périodes de ralentisse-ment et les reprises sont-elles devenues plus superfi-cielles et plus courtes?

• Quels facteurs, extérieurs et intérieurs, y sont-ils associés à la durée des expansions et à la rapidité des reprises?

3Notre analyse de la durée des périodes d’expansion et de la rapidité des reprises apporte une contribution au corpus grandissant d’études visant à faire la lumière sur les évolutions de la croissance.

On citera pour exemples Hausmann, Pritchett et Rodrik (2005), qui s’intéressent à ses accélérations; Berg, Ostry et Zettelmeyer (2012) et Virmani (2012), qui analysent les périodes de croissance soutenue; et Rodrik (1999), Becker et Mauro (2006) et Hausmann, Rodriguez et Wagner (2006), qui étudient les chutes de croissance.

• Si leurs résultats se sont améliorés avec le temps, dans quelle mesure cela tient-il à la baisse de fré-quence et de gravité des chocs, à des progrès dans l’élaboration des politiques publiques et à des muta-tions structurelles comme l’évolution des liens com-merciaux et financiers?

Le chapitre examine l’évolution de la production par habitant dans plus de 100 pays émergents et en dé-veloppement au cours des 60 dernières années4. Il dis-tingue les phases d’expansion, de ralentissement et de reprise dans l’évolution de leur production. Il fait appel à divers instruments, dont les études d’événements, les associations statistiques et l’analyse de durée, pour étu-dier comment les durées ont évolué dans le temps et en quoi elles sont associées aux diff érents chocs et aux diff érentes politiques et caractéristiques structurelles. Il aboutit aux grandes conclusions suivantes :

• La résilience des pays émergents et en développe-ment a considérabledéveloppe-ment augdéveloppe-menté au cours des vingt dernières années. Les phases d’expansion y sont plus longues, et les périodes de ralentissement et les reprises sont plus courtes et ont perdu en intensité. Ils ont enregistré des résultats particuliè-rement satisfaisants au cours de la décennie écoulée, à l’exception notable des pays émergents d’Europe.

En fait, la dernière décennie a été la première au cours de laquelle ces pays ont connu des expansions plus longues et des contractions plus modérées que les pays avancés.

• Divers chocs, extérieurs et intérieurs, sont liés à l’interruption des phases d’expansion dans ces pays. Parmi les chocs extérieurs, l’arrêt brutal des flux de capitaux, les récessions dans les pays avancés, l’accentuation de l’incertitude mondiale et la détérioration des termes de l’échange augmen-tent tous la probabilité qu’une expansion s’achève.

Parmi les chocs intérieurs, les périodes de forte expansion du crédit multiplient par deux, et les crises bancaires par trois, la probabilité qu’un repli de l’activité succède à une période d’expansion l’année suivante.

• Des politiques avisées vont de pair avec le renforce-ment de la résilience. En particulier, une plus grande marge de manœuvre (caractérisée par un faible taux

4L’appendice 4.1 présente les sources des données utilisées pour l’analyse.

d’inflation et des positions budgétaire et extérieure favorables) et un cadre d’action amélioré (mesures anticycliques, ciblage de l’inflation et régimes de change souples) sont associés à des périodes d’ex-pansion plus longues et des reprises plus rapides.

• Il est plus difficile de cerner les effets des caracté-ristiques structurelles de ces pays — structure des échanges, ouverture financière et composition des flux de capitaux, et distribution des revenus — sur la résilience. Rares sont celles qui sont fortement associées à la durée des périodes d’expansion et à la rapidité des reprises.

• Les progrès en matière d’élaboration des politiques et l’acquisition d’une marge de manœuvre dans bon nombre de ces pays sont les principaux facteurs à l’origine du renforcement de leur résilience de-puis 1990. Certains chocs, comme les accentuations de l’incertitude mondiale, ont gagné en fréquence au cours des dix dernières années, mais beaucoup d’autres ont vu leur nombre diminuer, comme les crises bancaires et les phases d’expansion du crédit.

Dans l’ensemble, la raréfaction des chocs explique pour les deux cinquièmes environ le redressement de la performance des pays émergents et en déve-loppement, les trois autres cinquièmes étant dus à l’amélioration de la marge de manœuvre et des cadres d’action.

Le reste du chapitre s’articule comme suit. La pre-mière section décrit comment la résilience a évolué dans divers groupes de pays et régions et associe ces changements à des modifi cations plus profondes des taux de croissance à l’état stationnaire et de la varia-bilité de la croissance. La deuxième section se penche sur la durée des périodes d’expansion et la rapidité des reprises faisant suite à des chocs extérieurs et intérieurs, sur la marge de manœuvre budgétaire et les cadres d’action, et sur les caractéristiques structurelles de ces pays. Elle fait appel à des instruments courants d’ana-lyse de la durée, dont les modèles bivariés et multiva-riés, pour examiner ces corrélations de manière exhaus-tive et intégrée. Elle mesure ensuite si la nature de ces associations a varié avec le temps. La dernière section résume le chapitre en analysant la façon dont les poli-tiques et la structure de ces pays, et les chocs qui les frappent, ont évolué. Elle quantifi e ensuite leur apport relatif au renforcement de la résilience et conclut par quelques mots sur la résilience anticipée de ces pays.

Comment la résilience a-t-elle évolué

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