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Dette publique et croissance économique

Dans le document PERSPECTIVES DE L ÉCONOMIE MONDIALE (Page 131-134)

On peut souvent craindre que des taux d’endette-ment public élevés fassent ralentir la croissance écono-mique. Plusieurs travaux empiriques décrivent une cor-rélation négative entre la dette publique et la croissance

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1. Croissance moyenne et variation du ratio d’endettement

6ROGHSULPDLUHHWLQƃDWLRQ

&URLVVDQFHPR\HQQHGX3,%UÆHOSDUKDELWDQW HQSRXUFHQWDJH6ROGHSULPDLUHPR\HQ HQSRXUFHQWDJHGX3,%

du PIB, certains indiquent même qu’un ratio dette/PIB supérieur ou égal à 90 % pourrait peser sur la crois-sance (Kumar et Woo 2010; Reinhart et Rogoff 2010;

Cecchetti, Mohanty et Zampolli 2011)11. Toutefois, un endettement élevé peut être lui-même le résultat d’une

11Reinhart, Reinhart et Rogoff (2012) concluent qu’une dette supérieure à 90 % fait baisser la croissance de 1 %. Kumar et Woo (2011) démontrent que lorsque la dette est à 90 %, une aug-mentation supplémentaire de 10 % du ratio d’endettement réduit la croissance future d’environ 1 % pour les pays avancés, ce qui n’est pas le cas pour d’autres niveaux moins élevés de dette. Cecchetti, Mohanty et Zampolli (2011) obtiennent un résultat similaire quand l’endettement est d’à peu près 85 % du PIB.

croissance atone ou bien le refl et d’un facteur tiers qui fait à la fois augmenter la dette et baisser la croissance (par exemple, une guerre ou une crise fi nancière). En eff et, Panizza et Presbitero (2012), qui utilisent une variable instrumentale pour tenir compte de la causalité inverse, rejettent l’hypothèse selon laquelle un endet-tement élevé entraîne une croissance plus faible. Nous ne traitons pas ici de la question diffi cile de la causalité.

Plutôt, en nous concentrant sur la performance après le dépassement d’un certain ratio dette/PIB, nous mettons en lumière quelques faits stylisés supplémentaires et importants au sujet de la dette et de la croissance.

Tableau 3.1. Différences entre les épisodes selon la variation du ratio dette/PIB

1. Épisodes où le ratio dette/PIB a globalement baissé en 15 ans Épisodes

Variation du ratio dette/PIB

(en %)

Croissance du PIB (en %)

Inflation (en %)

Solde primaire (% de PIB)

Pays Année du début

Allemagne 2. Épisodes où le ratio dette/PIB a globalement augmenté en 15 ans

Épisodes

Variation du ratio dette/PIB

(en %)

Croissance du PIB (en %)

Inflation (en %)

Solde primaire (% de PIB)

Pays Année du début

Italie

Source : calculs des services du FMI.

La plage 1 du graphique 3.5 étudie si le début d’une phase d’endettement élevé est suivi d’une croissance relativement faible au cours des 15 années suivantes.

Le taux de croissance de chacun de nos épisodes est comparé à celui d’un groupe-témoin de tous les pays avancés pendant les mêmes périodes. Si le taux de crois-sance n’est pas lié à l’endettement, la croiscrois-sance des pays fortement endettés devrait être, en moyenne, à peu près égale à celle des autres pays — c’est-à-dire que les points représentés sur la plage 1 du graphique 3.5 devraient être dispersés de façon aléatoire autour de zéro. Le gra-phique de dispersion démontre néanmoins que les pays qui ont dépassé le seuil de 100 % ont généralement eu une croissance du PIB inférieure à la moyenne des pays avancés. À cet égard tout du moins, ces résultats cadrent avec ceux de Reinhart et Rogoff (2010).

La plage 2 du graphique 3.5 examine la dette et la croissance de façon plus large. Là encore, le graphique illustre la diff érence entre le taux de croissance moyen dans un ensemble d’épisodes de fort endettement et le taux de croissance moyen de tous les pays avancés pendant les périodes correspondantes. Cependant, ici, le seuil de sélection des épisodes varie entre 10 % et 140 % du PIB, par incréments de 5 points. Pour chaque seuil, le taux de croissance moyen des épisodes sélectionnés est représenté en fonction de la moyenne des pays avancés. En outre, en plus des épisodes où l’endettement a augmenté une fois le seuil dépassé, le graphique indique aussi la croissance relative des épi-sodes où la dette a baissé une fois le seuil dépassé. Nous en tirons deux observations intéressantes. Tout d’abord, le fait que la dette d’un pays baisse ou augmente n’est pas anodin. Parmi des pays dont l’endettement est le même, la croissance sur 15 ans des pays dont la dette se réduit une fois le seuil dépassé est plus forte que celle des pays dont la dette augmente. Cette diff érence est statistiquement signifi cative pour l’ensemble de l’échantillon. Elle est particulièrement frappante pour une dette comprise entre 90 % et 115 % du PIB (où la croissance moyenne est plus élevée de 0,5 point12).

Deuxièmement, il n’y a pas de seuil unique qui précède constamment une croissance inférieure à la normale.

12Les pays très peu endettés (par exemple, à moins de 25 %) ont tendance à avoir une dette publique plus élevée après 15 ans. Dans ces cas-là, le fait que leur dette augmente ou baisse au moment où ils dépassent le seuil a beaucoup moins d’incidence sur l’endettement à la fi n de l’épisode.

Ratio d’endettement qui augmente au-delà du seuil Ratio d’endettement qui descend en-deçà du seuil

Graphique 3.5. Dette et croissance

1. Écart par rapport aux taux de croissance nationaux moyens

2. Écart par rapport au taux de croissance moyen des pays avancés

Variation du ratio dette/PIB (différence par apport à la moyenne

des pays avancés, en points)

USA 1946ITA 1992GBR 1918JPN 1997 CAN 1995

Sources : Abbas et al. (2010); Maddison (2003); calculs des services du FMI.

Note : On calcule la variation du taux d’endettement et du taux de croissance moyen pendant DQVDSUÅVTXHOHUDWLRGpHQGHWWHPHQWDGÆSDVVÆOHVHXLOVSÆFLƂÆ/DFRXUEHEOHXHGHOD plage 2 représente la différence entre la croissance moyenne des pays dont le taux GpHQGHWWHPHQWGÆSDVVHOHVHXLOVSÆFLƂÆVXUOpD[HGHVDEVFLVVHVHWFHOOHGHWRXVOHVDXWUHVSD\V avancés pendant la même période. La courbe rouge représente le différentiel de croissance quand le taux d’endettement descend en dessous de chaque seuil. BEL : Belgique;

CAN : Canada; DEU : Allemagne; ESP : Espagne; FRA : France; GBR : Royaume-Uni;

GRC : Grèce; IRL : Irlande; ISR : Israël; ITA : Italie; JPN : Japon; NLD : Pays-Bas;

NZL : Nouvelle-Zélande; USA : États-Unis.

Les pays dont le ratio dette/PIB dépasse 100 % ont tendance à avoir une croissance du PIB moins rapide que les autres pays avancés. Cependant, ceux dont le ratio est compris entre 90 % et 110 % peuvent croître plus rapidement que les autres pays avancés si leur dette suit une trajectoire descendante. En fait, la croissance dans les pays dont l’endettement se réduit quand un certain seuil est dépassé est plus forte que dans ceux où il augmente.

Croissance moyenne du PIB réel par habitant (différence par rapport à la moyenne des pays avancés, en points)

Croissance du PIB réel par habitant (écart moyen par rapport à la moyenne des pays avancés)

En fait, la plage 2 du graphique 3.5 indique que les pays dont la dette est comprise entre 90 % et 110 % font mieux que le groupe-témoin quand leur endette-ment suit une trajectoire descendante.

Notre analyse n’a pas pour but de remettre en ques-tion la noques-tion selon laquelle, toutes choses étant égales par ailleurs, un endettement plus élevé peut aboutir à des taux d’intérêt réels plus élevés. Elle souligne plutôt le fait qu’il n’existe pas de relation simple entre dette et croissance. En fait, notre analyse ci-après insiste sur le fait que de nombreux facteurs sont importants pour déterminer la croissance et l’endettement d’un pays.

De plus, il n’existe pas de seuil unique en matière de taux d’endettement qui permette de séparer les «bons»

cas des «mauvais». C’est pour cette raison que nous examinons la dynamique de la dette publique, l’envi-ronnement macroéconomique et les politiques écono-miques dans un certain nombre d’études de cas.

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