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Réserves aquatiques projetées

103. PORTRAIT DU MILIEU BIOPHYSIQUE

4. PORTRAIT DU MILIEU HUMAIN

4.1. Organisation territoriale

4.1.2. Aires protégées

4.1.2.7. Réserves aquatiques projetées

Une réserve aquatique est définie dans la Loi sur la conservation du patrimoine naturel (L.R.Q.

c. C-61.01) « comme étant une aire, principalement composée d’eau douce, d’eau salée ou saumâtre, constituée aux fins de protéger un plan ou un cours d’eau, ou une portion de ceux-ci, y compris les milieux humides associés, en raison de la valeur exceptionnelle qu’il présente du point de vue scientifique de la biodiversité ou pour la conservation de la diversité de ses biocénoses ou de ses biotopes»157. Ce statut permet d’y interdire, entre autres, l’exploitation minière, gazière ou pétrolière, l’aménagement forestier de même que l’exploitation des forces hydrauliques et la production industrielle ou commerciale d’énergie. Cependant, les usages et les droits en vigueur tels que la pêche, la chasse, la villégiature et les abris sommaires y sont généralement maintenus158.

La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean comporte trois projets de réserve aquatique sur son territoire pour une superficie totale protégée de 742,1 km2 (tableau 4.10).

Identification Superficie légale (ha) Superficie Région 02 (ha)

Ashuapmushuan 27 660,0 27 660,0

Vallée de la rivière Sainte-Marguerite 29 310,0 29 310,0

Lac au Foin 17 240,0 17 240,0

Total 74 210,0 74 210,0

Tableau 4.10 Réserves aquatiques projetées de la région 02159

Réserve aquatique projetée de la rivière Ashuapmushuan

La réserve aquatique projetée de la rivière Ashuapmushuan est située au nord-ouest du lac Saint-Jean, à environ 30 km au nord de Saint-Félicien. Totalisant 276,6 km2, elle s’étend sur les TNO Lac-Ashuapmushuan de la MRC du Domaine-du-Roy et le TNO Rivière-Mistassini de la MRC de Maria-Chapdelaine160. Elle chevauche aussi le Nitassinan de la Première Nation de Mashteuiatsh. Elle englobe le lit majeur de la rivière et les versants de sa vallée dans un corridor allant de 0,6 à 6,0 km, du point kilométrique (PK) 177 jusqu’au PK 51. La réserve aquatique recoupe finalement le ter-ritoire de la réserve faunique Ashuapmushuan, surtout en rive droite de la rivière, et l’aire faunique communautaire du lac Saint-Jean.

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161 Ibid.

162 Ibid.

Cette aire protégée appartient à la province naturelle des Laurentides centrales ainsi qu’à la région naturelle de la Dépression du lac Manouane. La rivière Ashuapmushuan est, après les rivières Mistassini et Péribonka, le plus grand des 45 tributaires du lac Saint-Jean. Plusieurs chutes caractérisent son parcours, dont la plus impressionnante est la chute de la Chaudière, située au point kilométrique 68. Elle constitue un habitat privilégié pour la ouananiche du lac Saint-Jean puisqu’elle contribue de façon importante (70 % à 90 %) à la production de ce plan d’eau161. Elle présente un très grand intérêt également sur le plan patrimonial. En effet, le bassin hydrographique de cette rivière abrite plusieurs sites archéologiques témoignant d’une occupation très ancienne du territoire (6 500 ou 7 000 av. J-C). De plus, elle représentait une voie de communication importante qui permettait de relier Tadoussac et la Baie d’Hudson lors de la période de la Traite des fourrures. Il existe encore aujourd’hui des vestiges d’un établissement commercial et religieux construit en 1686 sur la rive du lac Ashuapmushuan. Les Pekuakamiulnuatsh exercent encore aujourd’hui plusieurs activités tels la chasse, la pêche, le piégeage et la cueillette sur le territoire de la réserve aquatique projetée.

En créant cette aire protégée, le gouvernement du Québec poursuit les objectifs suivants162:

• la conservation d’une rivière représentative de la région naturelle de la Dépression du lac Manouane;

• la protection des habitats essentiels à la ouananiche;

• la préservation de la biodiversité des écosystèmes aquatiques et des milieux riverains;

• le maintien d’une gestion durable des animaux à fourrure;

• la valorisation de certains éléments remarquables du paysage (par exemple les chutes de la Chaudière);

• la préservation des sites d’intérêt archéologique (reconnu ou potentiel) et du paysage visible depuis le fond de vallée de la rivière Ashuapmushuan;

• l’acquisition de connaissances supplémentaires sur le patrimoine naturel et culturel.

Le territoire de la réserve aquatique projetée est ciblé par le Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean pour la création d’un parc ilnu. La création d’une aire protégée gérée par les Pekuakamiulnuatsh autour de la rivière Ashuapmushuan fait l’objet de discussions dans le cadre du processus de négociation territoriale globale. Il n’y a toutefois pas de disposition spécifique à cet effet dans l’EdPOG.

Actuellement, il est déjà prévu dans l’Entente que les Pekuakamiulnuatsh vont devenir gestionnaires de la réserve faunique Ashuapmushuan, incluant la zone ciblée pour la réserve aquatique, selon un calendrier et des modalités qui restent à convenir.

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Le plan de conservation de la réserve aquatique projetée, élaboré par le MDDEP, a été soumis à des audiences publiques en 2004. Le rapport du Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE), rendu public en février 2006, a révélé que la protection de ce territoire ne faisait pas consensus dans la région163. Les différends qui sont apparus lors des audiences publiques ont mené à la création du Groupe de travail régional de concertation élargie sur les options de protection de l’Ashuapmushuan. Ce Groupe de travail, présidé par le Centre québécois de développement durable (CQDD), avait pour mandat la concertation des divers intervenants représentatifs du milieu concernés par la protection de la rivière. Le statut de protection provisoire, attribué en 2003, a été reconduit en mars 2007 jusqu’en 2011. « D’ici là, le gouvernement souhaite impliquer davantage le milieu dans le processus menant à l’adoption d’un statut de protection permanent, considérant les préoccupations de mise en valeur manifestées par les différents intervenants régionaux. »164

Réserve aquatique projetée de la vallée de la rivière Sainte-Marguerite

La réserve aquatique projetée de la vallée de la rivière Sainte-Marguerite est localisée dans la MRC du Fjord-du-Saguenay sur une portion du TNO Mont-Valin et du territoire des municipalités de Saint-Fulgence et de Sainte-Rose-du-Nord. Ce territoire fait partie également du Nitassinan de la Première Nation d’Essipit165.

D’une superficie de 293,1 km2, elle a été constituée afin de protéger les milieux naturels caractéris-tiques des régions naturelles du fjord du Saguenay et des monts Valin. Elle vise aussi la protection des paysages impressionnants de la vallée de la rivière Sainte-Marguerite166.

La rivière Sainte-Marguerite accueille des populations importantes de saumon et d’omble de fontaine anadrome. Le territoire visé abrite également de nombreux lacs sans poissons, habitat recherché par le garrot d’Islande, espèce de canard qui a été désignée vulnérable par le gouvernement du Québec167. Diverses activités récréatives sont pratiquées sur ce territoire, notamment : la chasse et la pêche sportive (zecs de la rivière Sainte-Marguerite, Chauvin et Martin-Valin), la villégiature (une cinquan-taine de baux dispersés dans la partie sud-est), l’escalade, le canotage (rivière Sainte-Marguerite), la randonnée pédestre et la motoneige168.

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163 Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) (2004, novembre). Projet de réserve aquatique de la rivière Ashuap-mushuan – Rapport d’enquête et d’audience publique – Rapport 197. 90 p.

164 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) (2010). Plan d’affectation du territoire public du Saguenay–Lac-Saint-Jean – Proposition pour consultation (avril 2010). Direction des affaires régionales et du soutien aux opérations Énergie, Mines et Ter-ritoire. Québec : Gouvernement du Québec, 762 p.

165 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) (2010). Plan d’affectation du territoire public du Saguenay–Lac-Saint-Jean – Proposition pour consultation (avril 2010). Direction des affaires régionales et du soutien aux opérations Énergie, Mines et Territoire. Québec : Gouvernement du Québec, 762 p.

165 Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) (2008). Réserve aquatique projetée de la vallée de la rivière Sainte-Marguerite – Plan de conservation. Direction du patrimoine écologique et des parcs. Québec : Gouvernement du Québec, 15 p.

166 Ibid.

167 Ibid.

168 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) (2010). Plan d’affectation du territoire public du Saguenay–Lac-Saint-Jean – Proposition pour consultation (avril 2010). Direction des affaires régionales et du soutien aux opérations Énergie, Mines et Territoire. Québec : Gouvernement du Québec, 762 p.

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Selon le MDDEP, la réserve pourrait jouer le rôle de lien entre les différentes aires protégées avoisinantes, soit le parc national du Saguenay, le parc marin du Saguenay−Saint-Laurent, les réserves écologiques G.-Oscar-Villeneuve et Marcelle-Gauvreau ainsi que l’EFE de la forêt ancienne de la Rivière-Sainte-Marguerite. Soulignons que cet EFE est inclus, en partie, dans le territoire de la réserve aquatique projetée.

Réserve aquatique projetée du lac au Foin

La réserve aquatique projetée du lac au Foin est située à environ 120 km au nord du lac Saint-Jean, sur les TNO Rivière-Mistassini et Chute-des-Passes de la MRC de Maria-Chapdelaine. D’une superficie de 172,4 km2, elle appartient aux régions naturelles des Collines de Girardville, de la Dépression du lac Manouane et des Collines du lac Péribonka169.

Ce projet de réserve aquatique vise à préserver les paysages exceptionnels de la rivière Mistassibi.

Ce cours d’eau est caractérisé principalement par une vallée encaissée où de nombreux méandres serpentent la section nord pour ensuite devenir le lac au Foin dans la section sud. Plusieurs chutes de 150 m de dénivelé peuvent être observées dans le canyon du lac au Foin170.

Le MRNF répertorie quelques sites de villégiature privée sur le territoire de la réserve aquatique projetée. De plus, la rivière Mistassibi et le lac au Foin sont utilisés par les adeptes de canot-kayak et un sentier de motoneige traverse le territoire sur une distance de 3 km171.

Cette aire protégée chevauche le Nitassinan des Pekuakamiulnuatsh ainsi que la réserve à castor de Roberval. Les Pekuakamiulnuatsh utilisent ce territoire pour la pratique d’Innu Aitun. En outre, le secteur du lac au Foin a été identifié comme site patrimonial dans l’EdPOG. Il s’agit d’un lieu de rassemblement historique important pour les Ilnuatsh.