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L’histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean a été et demeurera toujours intimement liée au territoire et à l’omniprésence de ressources naturelles diversifiées et accessibles. La densité de sa forêt et la présence de nombreux lacs et de puissantes rivières qui en sillonnent des paysages d’une beauté saisissante lui confèrent un caractère particulier. Sa situation géographique avantageuse, aux confins de la limite sud et nord de l’Amérique, favorise la pratique d’une agriculture originale et facilite la mise en valeur de l’ensemble de ses ressources naturelles. Cette spécificité explique sans doute pourquoi les Premières Nations et les gens de la région y expriment un attachement si profond.

Avant l’arrivée des Européens, les Kak8chaKs (Kakouchaks, nom dérivé de Kaku=porc-épic), ancêtres des Pekuakamiulnuatsh actuels (« Montagnais/Ilnu du Lac-Saint-Jean, Mashteuiatsh) occupaient le territoire. Le « Pekuakami », nom ilnu du lac Saint-Jean, servait de lieu de rassemblements et d’échanges entre plusieurs groupes d’Amérindiens. Les Relations des Jésuites, premiers explorateurs européens de ce pays, confirment que l’embouchure de la rivière Métabetchouane accueillait ces rassemblements :

« Il [le Lac-Saint-Jean] est environné d’un plat pays, terminé par de hautes montaignes éloignées de 3. ou quatre ou cinq lieues de ses rives, il se nourrit des eaux d’une quinzaine de rivières ou environ, qui servent de chemin aux petites nations, qui sont dans les terres pour venir pescher dans ce lac, & pour entretenir le commerce & l’amitié qu’elles ont par entr’elles. Nous vogasme quelques temps sur ce lac, & enfin nous arrivasmes au lieu ou estoient les sauvages de la nation du Porc-Epic. »

À l’origine, les relations politiques et commerciales entre les Européens et les Premières Nations se font sur la base du partenariat, à l’enseigne du commerce des fourrures. Au milieu du 19e siècle, l’ouverture de la région donne le coup d’envoi à l’établissement des populations non autochtones et à l’exploitation commerciale et industrielle du territoire. L’accès à celui-ci pour les autochtones, dont le mode de vie lui est intimement lié, devient alors de plus en plus limité.

Ce n’est que vers les années 1960 que le gouvernement du Québec décide de reprendre les choses en main et amorce une série d’actions visant à redonner au peuple québécois le contrôle et l’accès au territoire.

Aujourd’hui, assurer la cohabitation et l’harmonisation des droits et intérêts entre les différents acteurs et utilisateurs du territoire, représente un défi de taille. La solution réside dans le dégagement d’une vision commune à l’ensemble des acteurs qui doit s’exprimer dans le cadre du PRDIRT et qui prendra tout son sens dans le plan d’action qui, ultimement, en découlera.

Cette vision, qui émane du PRDIRT, se traduit par une volonté ferme et partagée des acteurs régionaux et des Premières Nations impliquées d’assumer une plus grande maîtrise et le contrôle de leviers de développement efficients au regard de la mise en valeur du territoire et de ses ressources. Le moment s’avère propice au vu des engagements gouvernementaux favorables à la régionalisation alors même que sont transférés, aux organismes régionaux et/ou MRC, l’élaboration du PRDIRT, la gestion des terres publiques intramunicipales libres de CAAF et le développement de la villégiature.

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Le partenariat avec la Première Nation ilnue de Mashteuiatsh et la collaboration avec la Première Nation innue d’Essipit s’inscrivent dans cette vision. Bien que la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean soit la seule à accorder une place égale aux Premières Nations, les objectifs de cohabitation et d’harmonisation entre les droits détenus par celles-ci et ceux des autres utilisateurs ne sont pas pour autant atteints. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Encore trop d’utilisateurs du territoire et des ressources perçoivent les droits des Premières Nations comme une menace.

Afin que les premiers habitants de ce territoire et ceux qui l’ont développé puissent continuer à tirer leur épingle du jeu, il est important sinon primordial qu’ils assument un rôle dans les décisions entourant l’exploitation du territoire et des ressources de la région. C’est ce qu’ils sont en train de concrétiser avec l’élaboration du PRDITR et des étapes qui suivront.

Hélène Boivin

Présidente du comité d’experts

8 1. INTRODUCTION

Le portrait « territoire» du Saguenay–Lac-Saint-Jean s’inscrit dans une démarche qui consiste à produire un Plan régional de développement intégré des ressources et du territoire (PRDIRT). Le PRDIRT vise à établir et à mettre en œuvre la vision du milieu régional pour son développement qui s’appuie sur la mise en valeur et la conservation des ressources naturelles et du territoire, définie à partir d’enjeux territoriaux et exprimée en termes d’orientations, d’objectifs, de priorités et d’actions.

Les résultats recherchés par le PRDIRT sont d’améliorer les connaissances et d’harmoniser les usages, dans une perspective de développement durable. Il vise la création de la richesse, l’acceptation sociale et le maintien de la biodiversité ainsi que la protection de l’environnement.

Le portrait « territoire» du Saguenay–Lac-Saint-Jean est structuré de manière à présenter les principales caractéristiques du territoire, les droits et statuts accordés, les affectations territoriales, les potentiels et projets de développement et enfin, les principales problématiques régionales.

Cet exercice servira par la suite à définir les orientations et actions à prendre en termes d’aménagement et de développement du territoire dans le cadre du PRDIRT.

Le portrait « territoire» du Saguenay–Lac-Saint-Jean a été rédigé entre juillet 2010 et février 2011.

Il a été entériné par la Commission régionale sur les ressources naturelles et le territoire (CRRNT) au printemps 2011.

Note au lecteur :

Toutes les cartes permettant d’appuyer le texte du présent rapport sont présentées en annexe.

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2. LOCALISATION

La région administrative du Saguenay–Lac-Saint-Jean, d’une superficie de 106 508 km2 1, est située dans la partie centrale du Québec. Elle constitue la troisième région québécoise en superficie après le Nord-du-Québec et la Côte-Nord. Elle est comprise entre les latitudes 52° 18’ et 47° 22’ Nord et les longitudes 74° 25’ et 69° 42’ Ouest.

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1 Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) (2006). Portrait territorial Saguenay–Lac-Saint-Jean. Direction générale du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Québec : Gouvernement du Québec, 82 p.

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