• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III – PRÉSENTATION DU CORPUS

3.4. RÉALISATIONS ET ASPIRATIONS FUTURES

Puisque l’identité autochtone est généralement présente au sein même du projet d’études, il n’est pas étonnant que les participants aient souvent eu l’occasion de travailler directement auprès des Autochtones et que leurs projets futurs soient aussi en phase avec cette idée de contribuer au mieux-être autochtone, entendu comme état de santé ou de suffisance dans tous les aspects de la vie (Australian Bureau of Statistics, 2010)55.

3.4.1. Réalisations professionnelles et implications

Bien que tous les participants aient eu l’occasion d’exercer une activité rémunérée à différents moments de leurs parcours biographiques, nous nous arrêterons plus spécifiquement aux expériences professionnelles en milieu autochtone, c’est-à-dire ayant eu lieu dans des organisations autochtones ou concernant de façon plus ciblée les réalités autochtones. Ce choix s’explique par l’orientation générale de nos objectifs de recherche qui s’articule dans le rapport à l’identité et aux cultures autochtones chez les étudiants et diplômés, en lien avec leurs projets et réalisations56. Nous ferons de même avec les activités bénévoles, mais la frontière est parfois mince entre l’expérience professionnelle et les autres formes d’implication. Nous considérerons donc l’ensemble des différentes façons de « redonner à la communauté », dans les communautés elles-mêmes et à l’extérieur. Ainsi, presque tous les participants (21 sur 23) ont eu l’occasion de travailler dans une communauté autochtone ou dans un emploi à l’extérieur qui était relié de près aux réalités

55 Le Australian Bureau of Statistics définit le mieux-être en milieu autochtone comme étant de nature

complexe et subjective, articulé autour de 9 dimensions: culture; héritage et loisir; famille, relations et communauté; santé; éducation, apprentissage et compétences; travail coutumier, bénévole et salarié; revenu et ressources économiques; logement, infrastructures et ressources; loi et justice; citoyenneté et gouvernance.

autochtones, que ce soit avant, pendant ou après leurs études universitaires. Les deux tiers des participants (16 sur 23) se sont aussi impliqués d’autres façons dans des organisations autochtones, le plus souvent à l’extérieur des communautés. De plus, 15 participants combinent à la fois une expérience professionnelle et une implication en milieu autochtone.

En termes d’expériences professionnelles, nous avons relevé sept domaines d’activités : éducation dans les communautés (8 cas); santé et services sociaux dans les communautés (8 cas); services aux Autochtones en milieu urbain (6 cas); services aux étudiants autochtones et recherche concernant les Autochtones (5 cas); fonction publique allochtone en lien avec les Autochtones (4 cas); domaine artistique et culturel dans les communautés (4 cas); domaine artistique et culturel hors-communauté (3 cas); travail manuel dans les communautés ou à proximité (3 cas).

Nous avons aussi relevé sept formes d’implication bénévole : artistique, culturelle et spirituelle (7 cas); recherche et stage dans le cadre des études universitaires (7 cas); services aux Autochtones en milieu urbain (4 cas); services aux étudiants autochtones et recherche auprès des Autochtones (4 cas); implication politique auprès d’une communauté ou nation (3 cas); implication auprès des femmes autochtones spécifiquement (3 cas); implication auprès des jeunes autochtones spécifiquement (2 cas).

3.4.2. Aspirations futures

Qu’ils soient ou non encore aux études, les participants ont tous des projets d’avenir personnels, professionnels ou scolaires diversifiés. Bien que ces projets soient parfois assez peu définis par les participants, nous nous sommes plus particulièrement intéressés à ceux concernant les études futures et l’avenir professionnel. Du point de vue professionnel, 18 personnes sur 23 envisageaient au moment de l’entrevue travailler en milieu autochtone (en communauté ou à l’extérieur), que ce soit en poursuivant leur emploi ou encore dans un emploi futur. Dans les 5 autres cas, cette possibilité n’était pas pour autant exclue, mais ne semblait pas une préoccupation professionnelle.

cas a complété deux certificats et envisage éventuellement en suivre un troisième pour obtenir un baccalauréat par cumul, 1 autre a complété un baccalauréat et souhaiterait suivre un certificat supplémentaire, 2 ont complété un baccalauréat et interrompu un programme de maîtrise qu’ils aimeraient compléter et 1 autre a complété une maîtrise et souhaiterait plus tard réaliser un doctorat.

Six étudiants (sur 15) ont aussi mentionné vouloir poursuivre d’autres études. Deux d’entre eux sont inscrits dans un certificat et prévoient obtenir un baccalauréat par cumul, 1 autre poursuit un baccalauréat par cumul et envisage obtenir une maîtrise, 1 poursuit un DÉSS et aimerait entreprendre une maîtrise puis 2 ont complété un baccalauréat et prévoient poursuivre à la maîtrise – dont 1 qui poursuit un certificat supplémentaire et 1 qui devait débuter sa maîtrise la session suivante au moment de l’entrevue.

* * *

Nous avons pu constater que les 23 étudiants et diplômés universitaires des Premières Nations composant notre échantillon témoignent d’une riche diversité en termes de parcours, tant en ce qui a trait à leur bagage à l’entrée à l’université que par rapport aux programmes fréquentés et à leurs projets futurs. Plusieurs tendances générales ont pu être dégagées, mais nous avons aussi régulièrement identifié des contre-exemples nuançant notre propos. On en retient surtout que les participants proviennent à peu près autant de communautés en milieu urbain qu’en milieu rural, que leurs parents n’ont généralement pas fréquenté l’université, que la plupart ont dû déménager en raison de leurs études, qu’une minorité a suivi un parcours scolaire continu avant l’arrivée à l’université et qu’ils étudient dans les domaines majoritairement privilégiés par les Autochtones, généralement en vue d’ensuite travailler auprès des Autochtones.

En définitive, le corpus ainsi présenté permet d’établir plusieurs liens avec les données plus générales sur la population étudiée. Si l’échantillon de nature qualitative ne prétend pas à une représentativité statistique, mais bien sociologique (Hamel, 1997), le nôtre comprend à bien des égards des données en phase avec ce que les portraits statistiques

nous apprennent. Quoi qu’il en soit, la richesse de l’échantillon se retrouve surtout dans la variété des parcours des participants qui, chacun à leur façon, poursuivent un objectif scolaire qui dépasse de loin celui de la diplomation individuelle, leurs parcours étant fortement ancrés dans leurs identités autochtones.