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x La première réaction de la majorité des professionnels de santé face à la fiche de suivi a été de l’inquiétude devant la quantité d’information. Tout de suite ils se sont interrogés sur l’intérêt de délivrer autant d’informations précises, qui pouvaient être anxiogènes, aux parents : « Je ne me vois pas donner la feuille

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savoir ». Pour eux, la partie rappelant les recommandations de prise en charge de

l’HAS était trop détaillée et inadaptée pour des parents stressés par la pathologie de leur enfant : « pour moi il faut 2 outils, il faut 2 fiches, parce qu’en fait le parent il va

lire ça et il va se dire, ouch, il va paniquer complètement ». Ils saluaient la

transparence mais les familles n’avaient pas besoin de tout savoir.

Un seul des médecins a trouvé intéressant que les parents aient accès à cette partie de la fiche, en estimant que cela pouvait être une aide lorsque les parents sont démunis le week-end et qu’ils s’interrogent sur la nécessité de consulter, d’aller aux urgences ou d’attendre le lundi pour revoir leur médecin généraliste ou leur pédiatre.

x Les médecins généralistes, comme les kinésithérapeutes trouvaient que la fiche de suivi proprement dite comportait trop de « cases » à remplir, dont certaines qui leurs paraissaient inutiles : « mais vu mon expérience de ce genre de

fiche s’il y a trop de cases, ça n’est pas rempli, il faut épurer ». En effet peu de

médecins généralistes en ambulatoire sont équipés d’une oxymétrie de pouls adaptée aux enfants, et aucun kinésithérapeute. Pour la surveillance du poids de l’enfant, les kinésithérapeutes se basaient sur ce que les parents leur disaient car ils n’avaient pas de balance pédiatrique. Le fait qu’il y ait autant de cases concernant l’examen clinique inquiétait les professionnels de santé qui avaient peur de devoir passer beaucoup de temps à les remplir. Les professionnels de santé se sont inquiétés de ce qu’ils nomment « un surcroit de paperasse ». Les médecins avaient déjà le dossier médical à remplir sur l’ordinateur, le carnet de santé et n’avaient pas le temps de tout renseigner sur un troisième support.

x Un des kinésithérapeutes remarquait, qu’une fois le premier bilan effectué par le médecin prescripteur, il ne leur restait que 4 colonnes de bilan alors qu’ils réalisaient la plupart du temps au moins 6 séances de kinésithérapie. Il trouvait aussi que toutes les données de l’examen clinique n’étaient pas forcément pertinentes pour le kinésithérapeute. Il le regrettait, mais s’interrogeait sur l’intérêt de séparer le médical du paramédical.

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x Après leurs premières impressions plutôt négatives, les professionnels de santé ont regardé la fiche plus attentivement et tous ont salué la clarté du tableaurésumant les messages clés. Pour eux, et principalement pour les médecins, ce tableau était un bon rappel des recommandations, facilement lisible et représentait un soutien pour avoir plus de poids dans la prise en charge des enfants atteints de bronchiolite : « ça n’a pas l’air trop compliqué et ça a l’air plutôt bien fait,

je trouve que ton code couleur il est clair ». Il permettait d’avoir des arguments face à

des parents inquiets et demandeurs de traitement pour justifier la non prescription. Les messages clés comprenaient les conseils sur les mesures générales et constituaient des rappels écrits pour les parents qui ne peuvent pas enregistrer toutes les consignes lors de la consultation : « ils peuvent voir s’ils peuvent le garder

jusqu’au lundi par exemple, ça peut être intéressant ouais, les parents peuvent être un peu démunis le week-end ».

x Les professionnels de santé ont tout de suite vu l’intérêt de cet outil dans le suivi du nourrisson. Grâce au 1er bilan, le kinésithérapeute pouvait voir les prescriptions et l’examen clinique du médecin : « donc moi je vois ce que le médecin

a mis, c’est bien ça », « typiquement c’est le lien avec les médecins, c’est le lien, c’est une charte de qualité ».

Cette fiche permettait d’évaluer, par chaque professionnel, l’état clinique de l’enfant par rapport à la dernière prise en charge : « C’est toujours intéressant de

savoir comment il évolue ». Pour un des kinésithérapeutes, ce lien entre

professionnels de santé était primordial car il permettait un retour sur l’intervention de chaque professionnel en responsabilisant chacun dans ses soins.

Le lien entre les professionnels de santé pouvait se faire dans les 2 sens. Les kinésithérapeutes connaissaient ainsi le parcours médical et la démarche du médecin. Ils appréciaient également d’avoir un lien objectif, sans passer par les parents, avec les médecins prescripteurs pour éviter de voir plusieurs fois des enfants avec des encombrements hauts : « oui ça peut être intéressant. Et puis

comme on disait tout à l’heure ça peut être utile lors des bronchiolites dentaires pour éviter que le médecin nous le renvoie 3 fois de suite pour des séances de kiné dont

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l’enfant n’a pas besoin ; ça peut avoir plus de poids que juste ce que disent les parents avec leur inquiétude ».

x Pour les kinésithérapeutes, la diffusion de cette fiche, en faisant remonter l’information, permettrait de cibler la place de la kinésithérapie respiratoire dans la bronchiolite, de hiérarchiser les soins et d’enlever la suspicion des médias envers la rééducation respiratoire.

Cet outil leur paraissait donc être un bon support, plus adapté que le carnet de santé qui pouvait aider les professionnels de santé comme les parents à mieux communiquer. Il objective les prises en charge de chacun mais nécessiterait un message plus simple.

III] Les entretiens post épidémie

Cf Annexes 19 à 28