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Les médecins de notre échantillon avaient un avis mitigé sur la kinésithérapie respiratoire.

x L’un d’entre eux prescrivait peu de kinésithérapie dans la bronchiolite :

« Parfois je prescris de la kiné mais je n’y crois pas beaucoup ». Il pensait que les

kinésithérapeutes étaient peu disponibles pour les nourrissons : « les kinés ils ne

sont pas très demandeurs de ce genre d’acte, premièrement parce que c’est très mal rémunéré et puis c’est souvent un acte d’urgence alors qu’ils ont déjà des rendez- vous ». Pour lui les parents ne recevaient pas un bon accueil de la part des

kinésithérapeutes. Un autre de ses confrères savait que la kinésithérapie respiratoire n’était pas obligatoire dans la prise en charge de la bronchiolite. Lorsqu’il la prescrivait c’était principalement pour rassurer les parents mais il ne se sentait pas à

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l’aise avec cette prescription : « quand même il est maltraité l’enfant. Je veux dire

c’est dur pour l’enfant, pour les tout-petits ».

x Tous les autres médecins étaient convaincus de l’efficacité de la kinésithérapie respiratoire dans la bronchiolite. Ils savaient que la kinésithérapie ne traite pas l’étiologie de la maladie et ne raccourcit pas la durée des symptômes mais, selon leur expérience elle était utile dans la prise en charge des enfants :

« maintenant on a l’impression quand même qu’il y a une amélioration transitoire après les séances de kiné qui permet à tout le monde de souffler un peu que ce soit au bébé ou aux parents »

Pour la majorité des médecins interrogés dans notre étude, la kinésithérapie était encore le maitre mot de la prise en charge de la bronchiolite en cas d’encombrement bronchique important. Elle permettait un soulagement temporaire en attendant l’évolution naturelle de la maladie vers l’amélioration. Elle permettait également une surveillance quotidienne des nourrissons et donnait aux parents un interlocuteur privilégié : « Le kiné l’avantage c’est qu’il le voit tous les jours et il peut nous alerter

s’il y a un souci, donc c’est une surveillance ». Pour nos médecins, le meilleur

indicateur de l’efficacité de la kinésithérapie respiratoire était qu’ils ne revoyaient pas les enfants après, preuve que le traitement avait été bien fait.

Les kinésithérapeutes rencontrés lors de notre étude étaient convaincus des bienfaits et de l’amélioration qu’ils apportaient aux nourrissons atteints de bronchiolite. Pour eux, peu de soins étaient aussi efficaces que la kinésithérapie respiratoire. En seulement 10 minutes de soin une amélioration clinique des enfants serait constatée par les professionnels de santé et par les parents. Ils étaient conscients des réticences que les médecins généralistes ont à l’égard de cette thérapie mais : « une séance de kinésithérapie respiratoire chez un nourrisson de 3

mois sera toujours moins traumatisante qu’une antibiothérapie inutile de 6 jours ».

x Des difficultés avec les kinésithérapeutes étaient relevées par les médecins généralistes, comme leur manque de formation et de disponibilité. Leur but

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n’était pas de se décharger du stress que représentait un nourrisson atteint de bronchiolite sur les kinésithérapeutes mais d’apporter un soulagement à l’enfant. Pour cela les médecins préféraient adresser les nourrissons à des kinésithérapeutes qu’ils connaissaient et qu’ils savaient formés spécifiquement aux techniques de rééducation respiratoire : « on en a moins, on en a moins. Il y a 2 ou 3 kinés avec qui

on travaille quand même, mais on en avait plus avant et il y en avait même qui faisait un système de SOS bronchiolite, mais il n’y en a plus ». Selon eux de moins

en moins de kinésithérapeutes s’intéressent et se forment à ces techniques. Les kinésithérapeutes que nous avons vus avaient tous eu une formation initiale lors de leurs études. 2 d’entre eux avaient ensuite fait une formation complémentaire, une s’était formée avec son père très investi dans ces soins. Tous s’appuyaient sur leur expérience et leur pratique régulière de ces gestes : « c’est surtout c’est une pratique

où il faut être régulier. Alors, pour moi c’est le genre de pratique où contrairement à d’autres soins soit tu en fais soit tu n’en fais pas. Tu ne peux pas te permettre de dire […] cette fois-ci je vous dépanne et n’en faire qu’une dans l’année. Il faut garder le geste, il faut garder l’écoute du stétho, […] nous ici je dois en voir 30 par an, 40 par an, un truc comme ça, donc bon, c’est devenu presque répétitif et il y a une aise qui vient avec ».

Les médecins trouvaient aussi que les kinésithérapeutes étaient peu disponibles et peu demandeurs de ces gestes qu’ils estimeraient trop chronophages : « Il y a peu

de kiné qui sont disponibles le week-end parce que le kiné qui fait ça, faut qu’il sache le faire et qu’il soit disponible aussi, sinon ça n’a pas de sens ». Mis à part un seul

des kinésithérapeutes qui travaillait en binôme avec son associé, les 3 autres étaient les seuls référents de leur cabinet pour la kinésithérapie respiratoire. Pour tous, les enfants atteints de bronchiolite étaient prioritaires aux autres patients : « donc je les

prends le plus vite possible, je préfère annuler un rendez-vous pour quelqu’un qui a mal au dos et je prends la bronchiolite ». Un seul d’entre eux n’assurait pas la

continuité des soins le week-end car il se trouvait trop âgé pour tenir le rythme sur toute la saison. Les 3 autres, lorsqu’ils commençaient une prise en charge en semaine, la poursuivaient sur le week-end si nécessaire.

Aucun n’appartenant à un réseau, lors du pic de l’épidémie de bronchiolite ils pouvaient donc être sollicités tous les week-ends et jours fériés. Ils ne souhaitaient

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pas adresser les nourrissons qu’ils avaient vus en semaine au réseau pour le dimanche car ils savaient que cela entrainerait un déplacement des parents sur Nice ou Antibes et donc des difficultés pour les familles avec un risque d’interruption des soins. Or tous s’accordaient à penser que l’efficacité des soins de kinésithérapie respiratoire chez les nourrissons repose sur la régularité des séances. C’est la raison pour laquelle ils se rendaient aussi disponibles.

x Nos 4 kinésithérapeutes ont spontanément parlé de la polémique à propos de la kinésithérapie qui serait traumatisante pour les nourrissons. Pour eux la rééducation respiratoire n’est ni traumatisante ni douloureuse pour les enfants : « les

parents se rendent compte qu’en fait ça ne fait pas mal à l’enfant. Après ils se rendent compte le soir même que déjà, ça a dégagé l’enfant ». Pour rassurer les

parents et casser le mythe du kinésithérapeute maltraitant, souvent propagé par les médecins généralistes selon eux, les kinésithérapeutes prenaient beaucoup de temps pour discuter avec les parents, pour leur expliquer les gestes, la séance et les bénéfices attendus : « il y a peut-être ce côté-là à développer, ce côté de se dire que

ça ne fait pas mal, peut-être par les médecins ». Pour eux le contact avec l’enfant et

la communication avec les parents étaient des piliers indispensables pour que la séance se déroule correctement et soit bénéfique.