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QURRA IBN ŠARĪK

Dans le document POIDS ET MESURES DE L’ÉGYPTE MUSULMANE (Page 98-101)

Gouverneur et directeur des finances (90-96/709-714)

1

Dinar poids

2 : 1 Dans un grènetis circulaire, légende en quatre lignes :

ﻻﺍﺮﻣﺍ amara al-a-

ﺓﺮﻗﺮﻴﻣ mīr Qurra

ﺮﻨﻳﺩﻥﺰﻴﻤﺑ bi-mīzan dīnar ﻑﺍﻭ wāfin

« L’émir Qurra a ordonné un poids d’un dinar plein poids. »

Complet. Petite inclusion ferrique au dos. 4,251 g ; Ø : 28 mm (total), 22 mm (estampille) ; vert-bleu clair. Groupe chimique du verre : 1A (§ 1.8.2.2. ; Gratuze 1988, no 1).

La masse de ce poids est légèrement supérieure au pic de 4,23-4,24 g retenu comme la norme du dinar poids (§ 1.5.3.1.). La masse de l’exemplaire de l’ANS, donnée comme 4,24 g par Balog 1976, no 4, serait en réalité de 4,26 g (ANS 1974.268.10).

Autres exemplaires publiés :

– 3 ex. de la même matrice : Fahmi M. 1957, no 1, pl. I (4,20 g) = Launois 1957, no 2, pl. I (4,15 g)  ; Balog 1976, no 4, pl. I ; Morton 1985, no 2, pl. 1 (4,19 g).

Appartiennent à la même série, avec la même disposition de la légende et l’usage des expressions bi-mīzān et wāfin :

– le demi-dinar poids (Miles 1958a, no 1, pl. I) dont la masse de 2,14 g (ANS 1953.123.2) correspond à un dinar poids de 4,28 g (les fractions sont en général plus lourdes que leur masse théorique) ;

– le tiers de dinar poids (Balog 1976, no 5, pl. I, 1,37 g), dont la masse de 1,41 g (ANS 1974.268.11) correspond à un dinar poids de 4,23 g, dans la norme.

Pendant le gouvernement de Qurra, des dinars monnaies et des fractions (demis et tiers) en or sont été frappés dans le monde islamique, mais apparemment pas en Égypte (Bates 1991, p. 50-55) où seuls des dinars poids et fractions en verre sont attestés pour l’instant (voir V.Stras. 3). Sur la question controversée de l’usage des poids en verre dans le contexte monétaire spécifique à l’Égypte, voir § 1.5.1.1.

Quelques dinars poids antérieurs à Qurra aux noms des gouverneurs d’Égypte ‘Abd al-‘Azīz ibn Marwān (65-86/685-705 — Morton 1986, no 2, pl. 1) et ‘Abd-Allāh ibn ‘Abd al-Malik ibn Marwān (86-90/705-709 — Morton 1985, no 1, pl. 1) sont connus. À en juger d’après l’accroissement soudain du nombre d’exemplaires survivant (figure 1, a) et la variété des types attestés, l’utilisation de poids et de mesures de capacité en verre estampillés devint fréquente à partir de Qurra ibn Šarīk seulement.

Des papyrus conservent des témoignages de la correspondance administrative et financière de Qurra ibn Šarīk, réputé avoir remis en état l’économie et l’agriculture égyptiennes. Il aurait été l’introducteur du monnayage de bronze de type arabe frappé localement (voir V.Stras. 156). Il aurait innové dans bien des domaines, particulièrement en matière de fiscalité, dont « la sauvegarde des droits financiers du calife » (C. E. Bosworth, EI 2, V, p. 503-504 ; Miles 1948, p. 70-71 ; Yūsūf Rāgib, « Lettres nouvelles de Qurra ibn

Šarīk », Journal of Near Eastern Studies 40/3, July 1981, p. 173-187).

Une cinquantaine de poids et de fragments de mesures estampillés à son nom ont été publiés. Sont attestés : des dinars poids et des fractions (V.Stras. 1) ; un solidus poids (Balog 1976, no  3, pl.  I = ANS 1974.268.6, 4,48 g  ; Bates 1991, note 26) ; des fals poids (Launois 1959, no 2, pl. I) ; des raṭl (Balog 1976, nos 1-2, pl. I) et diverses mesures de capacité (V.Stras. 2). Seuls les dirhams poids manquent pour l’instant à ce tableau. L’existence de nombreuses variantes montre que, sous Qurra ibn Šarīk, le système est en cours d’expérimentation. Trois variétés de légendes sont connues :

– avec bi-mīzān et le qualificatif wāfin ; comprend le dinar poids décrit ci-dessus, le demi (Miles 1958a, no 1, pl. I) et le tiers de dinar poids (Balog 1976, no 5, pl. I) ;

– avec bi-mīzān et sans wāfin, dinar poids (voir ci-dessous) ; on ne connaît pas de fractions de ce type ;

– avec wazn « masse » et sans wāfin ; le demi-dinar poids (Miles 1948, no 1, pl. I) et le tiers (Launois 1960a, no 1, pl. I) sont attestés.

Le nom de l’émir est écrit sous différentes formes dont il n’est pas possible de fixer précisément la chronologie. Sont attestés :

– une forme archaïque : Qurra al-amīr (Balog 1976, no 3, pl. I ; Morton 1986, p. 181-182) ;

– al-amīr Qurra sur des estampilles de mesures et des poids ; c’est la forme la plus courante (celle du poids décrit ci-dessus) ;

– un type unique ajoute le nom du père « ibn Šarīk » (Balog 1976, no 7, pl. I).

On peut y ajouter un fals poids estampillé au nom de « l’Émir » ; le nom de celui-ci n’est pas donné, mais il s’agit très probablement de Qurra ibn Šarīk (V.Stras. 156).

Nous avons pu examiner à Paris, dans une collection particulière, un autre type de dinar poids au nom de Qurra ibn Šarīk :

Dans un grènetis circulaire, légende en trois lignes :

ﺮﻴﻣﻻﺍﺮﻣﺍ amara al-amīr

ﺰﻴﻤﺑﺓﺮﻗ Qurra bi-mīz-

Autre exemplaire publié :

– 1 ex. non illustré : Miles 1964a, no 1.

La plupart des légendes des poids incluent un terme générique signifiant « poids » (ici mīzān) qui introduit la dénomination (dinar). Miles (op. cit.) lit à la deuxième et troisième ligne bi-miṯq/āl dīnar « weight of a dinar ». Son exemplaire n’est pas illustré mais tout laisse à penser qu’il s’agit du type décrit ci-dessus. Nous lisons plutôt le courant bi-mīz/ān dīnar. La lecture incorrecte de Miles a conduit Morton 1986, p. 180, à dater le premier usage du terme miṯqāl de Qurra ibn Šarīk. En fait, l’usage de miṯqāl n’apparaît pas avant Yazīd ibn Abī Yazīd (directeur des finances, c. 103-107/721-726 — V.Stras. 12-14). Les deux termes sont ensuite employés concurremment, puis mīzān devient de plus en plus rare jusqu’à la fin de la période umayyade (Morton 1986, p. 180).

2 Estampille d’une mesure d’un qisṭ

1 : 1 Légende en trois lignes :

ﺮﻴﻣﻻﺍﺮﻣﺍ amara al-amīr

ﻂﺴﻗﺓﺮﻗ Qurra qisṭ

ﻑﺍﻭ wāfin

« L’émir Qurra a ordonné un qisṭ pleine mesure. » Ébréchure en bas à gauche. Ø : 32 mm (total)  ; vert clair (veines jaunes). Position : sur le rebord du récipient.

Épaisseur de la paroi du récipient : c. 2 mm  ; diamètre intérieur du col : c. 35 mm.

Autres exemplaires publiés :

– 1 ex. de la même matrice : Fahmi S. 1981, p. 84, no 2, pl. 21 (en haut à gauche)  ; – 1 ex. non illustré : Miles 1964a, no 2.

C’est l’estampille d’une mesure de capacité générique, la nature du produit mesuré n’est pas indiquée ; il s’agit normalement d’un liquide (§ 1.2.3.).

De Qurra ibn Šarīk, trois séries de qisṭ génériques sont identifiables :

a) avec le nom abrégé et wāfin (dont fait partie l’estampille de mesure ci-dessus). C’est la série la plus fournie. Elle comprend le qisṭ, le demi (Balog 1976, no 9, pl. I) et le quart de qisṭ (Balog 1976, nos 10-13, pl. I) ; b) avec le nom complet et wāfin. On ne connaît que le qisṭ (Petrie 1926, no 87, pl. III ; Balog 1976, nos 6-7, pl. I) ;

c) avec le nom abrégé et sans wāfin. La série comprend le demi (Balog 1976, no 8, pl. I, unique) et le quart de qisṭ (Dudzus 1961, no 1a, unique, ill.).

Sous l’émir Qurra, en plus des mesures génériques sont attestées des mesures de produits de consommation courante :

– des mesures de capacité d’un raṭl et d’un demi-raṭl de graisse (§ 1.7.5., Produit 24 : Launois 1957, no 1, pl. I  ; Miles 1948, no 2, pl. XII) ;

– une demi-mesure (nisf mikyal sic) de nabīḏ : une boisson fermentée à base de raisin ou de dattes (§ 1.7.5., Produit 56 : Sotheby’s [Londres], Ancient, Islamic, English and Foreign Coins, vente des 28 mai et 1er juin 1987, no 574, unique, ill. = Bonhams 2013, no 208, ill.) ;

– la première mention d’un prix sur une estampille de mesure de capacité « pour un fals » (Malter 1989, no 92, ill. = Bonhams 2013, no 207, ill.), sur un modèle resté unique de double estampillage (voir V.Stras. 179).

Dans le document POIDS ET MESURES DE L’ÉGYPTE MUSULMANE (Page 98-101)