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1.7.3 — Évolution administrative et technique

Dans le document POIDS ET MESURES DE L’ÉGYPTE MUSULMANE (Page 58-61)

1.7.3.a — Qisṭ, mikyala, raṭl et wuqiyya

Les estampilles de mesures pré-islamiques sont rares : quelques estampilles dépourvues de dénominations et portant des monogrammes sont attestées (Fremersdorf 1975, nos 703-705, pl. 3 ; Bonhams 2013, nos 233/1-2, ill. 6-7). Mor- ton 1985, p. 31, présume qu’elles étaient appliquées sur des mesures de capa- cité officielles comme les exagia monétaires byzantins.

Environ 2 400 estampilles de mesures d’époque islamique ont été publiées. Les séries nominatives et datées commencent en Égypte sous Qurra ibn Šarīk (90-96/709-714 ;

V.Stras. 2), et sont attestées jusqu’au milieu du IIIe/IXesiècle (voir ci-dessous). Elles

représentent les trois quarts du total des estampilles de mesures conservées. Les autres ne sont pas datées car anonymes ou non attribuées, mais, à en juger d’après leur aspect, elles se placent à de rares exceptions près à l’intérieur de cette période (§ 1.7.3.b). Un peu moins des trois quarts du total de ces estampilles mentionnent le contenu, le volume, la masse ou le prix de la mesure (§ 1.7.4.b-e). Les autres ne com- portent que des indications administratives ou des formules religieuses (§ 1.7.4.a). Près de 3 % ne sont pas déchiffrées ou sont anépigraphes (Balog 1974).

La tendance générale, également attestée sur les raṭl (§ 1.6.), est de multiplier le nombre d’estampilles sur un même support. Un grand nombre de permutations et de combinaisons en résulte, qui sont abordées à chaque entrée du catalogue. C’est un phénomène qui touche aussi les mesures de capacité bien que leur état de conservation ne permette pas vraiment d’en apprécier la complexité. Des mesures étalonnées en qisṭ, demi et quart de qisṭ et qisṭān sont attestées aux noms de califes, de directeurs des finances et de leurs subordonnés, de Qurra ibn Šarīk (90-96/709-714 — V. Stras. 2) jusqu’à Ismā‘īl ibn Ibrāhīm (directeur des finances, 164/780-781 ; Balog 1976, nos 569-571, pl. XXXIII). Elles représentent près de la moitié du total. Une seule mesure intacte (mais atypique) donne le volume d’un qisṭ c. 50 cc (Day 1953 ; voir § 1.7.2.). Un quart des qisṭ sont explici- tement destinés à mesurer des produits spécifiques dont l’estampille indique la nature : le vin (V. Stras. 8) et surtout l’huile d’olive (V. Stras. 10, 16, 22), également le beurre clarifié (Morton 1985, n° 63), le miel (Morton 1985, n° 14) et le lait doux (V. Stras. 179 — unique, avec indication de prix) sont mesurés en qisṭ. Un qisṭ kabīr est introduit pour une dizaine d’années en même temps que le raṭl kabīr abbassi- de (§ 1.6.4.a) sous Ibrāhīm ibn Ṣāliḥ (gouverneur et directeur des finances, 165- 167/781-784 et 176/792). Morton 1985, p. 32, en voit la trace chez Balog 1976, nos 919-921, pl. LV (estampilles de mesures anonymes).

À côté des indications de volume, 3 % des mesures sont définies par la masse du contenu exprimé en raṭl et wuqiyya, c’est un usage courant pour la graisse animale (Produit 24 ; V.Stras. 55).

Un quart des mesures sont désignées comme des mikyāl / mikyala « mesure de capacité » de tel ou tel volume, masse ou denrée.

Toutes catégories confondues, 3 % du total mentionnent un prix, le plus souvent « un fals » (V.Stras. 74, 179), plus rarement un « demi-fals » (Morton 1985, p. 36- 37). Si le prix est fixe, la quantité doit varier en fonction de la qualité et des sai- sons. Fahmi S. 1981, p. 25, n° 2, décrit ainsi une mesure entière de 8 cc estampil- lée mikyalat zayt bi-fals « huile d’olive pour un fals » ; Miles 1951b, n° 2, en publie une autre de 50 cc, également estampillée mikyalat zayt bi-fals. Un mikyāl al-kabīr introduit temporairement sous la famille de Muḥammad marque peut-être une tentative de simplification du système (Morton 1985, p. 33, et nos 166-167). À la fin du IIe/VIIIe siècle, quelques estampilles de mesures sont attestées. Les

matrices de Balog 1976, nos 720-723, sont connues par ailleurs, apposées sur des raṭl (V. Stras. 113-115). Ces estampilles sont dépourvues de dénomination. Sur les raṭl, l’échelle de valeurs de masse est liée au nombre et à la taille des

1.7.3.b — Les estampilles de mesures anonymes

20 % du total des estampilles de mesures sont anonymes. Il existe trois procé- dés pour leur attribuer une date approximative.

1) L’évolution parallèle de l’estampillage des raṭl et des mesures de capacité. Les raṭl portent des combinaisons de matrices que l’on retrouve sur des es- tampilles de mesures. Dès Usāma ibn Zayd (96-99/714-717 et 102/720-721), de petites estampilles anonymes, dites « secondaires », à légende al-wafā’ li-

llāh, « l’équité est divine », sont attestées sur des raṭl (V.Stras. 6). La même ma-

trice a servi pour des estampilles de mesures qui peuvent ainsi être datées (V.Stras. 185 ; Eldada 2002, p. 154 ; Miles 1971, n° 5, double estampillage). L’examen des raṭl montre une tendance croissante à répartir la légende sur deux ou plusieurs estampilles. Ces combinaisons permettent de dater d’autres estampilles de mesures anonymes. Ainsi Miles 1948, n° 129, estampille ano- nyme portant une injonction coranique apposée sur un poids disque au nom du calife al-Manṣūr (Morton 1985, n° 199), permet de dater V.Stras. 184. 2) La juxtaposition de deux estampilles de mesures sur un même fragment de mesure. Le cas devait être fréquent, mais les exemplaires conservés sont rares. Nous avons relevé 12 de ces juxtapositions : Balog1976, n° 549, pl. XXXII et n° 603, pl. XXXVI ; Casanova 1893, I, n° 3, non ill. ; Fahmi S. 1981, p. 58, n° 2 (mesure entière, pl. 3) ; p. 171, n° 329, pl. 35 ; p. 210, n° 95, pl. 42 = Launois 1957, nos 189-189 bis ; Miles 1971, n° 5, fig. 3 ; Morton 1985, n° 288 et n° 335 ; Scanlon 1968, p. 191 ; Sotheby’s, vente des 28 mai et 1er juin 1987, n° 584 ; Bon- hams 2013, n° 207. Elles ont permis de dater plusieurs séries d’estampilles anonymes, dont celle quantitativement importante baptisée «  au long kâf » (V. Stras. 171, 173, 180-182 ; Morton 1985, p. 38).

3) L’analyse des verres fournit des repères chronologiques (V. Stras. 187-188).

1.7.3.c — Les estampilles de mesures mentionnant un produit

L’estampillage de mesures avec mention du produit mesuré commence sous Qur- ra ibn Šarīk (90-96/709-714), prend toute son importance sous Usāma ibn Zayd (96-99/714-717 et 102/720-721 ; § 1.4.7., figure 1, b), et continue sans interruption jusqu’au début de la période abbasside. Cet estampillage reprend au début du ca- lifat d’al-Manṣūr (136-158/754-775), jusqu’à Muḥammad ibn al-Aš‘aṯ (gouverneur et directeur des finances, 141-143/759-760 — Morton 1985, p. 37). Après celui-ci, aucune estampille au nom d’un gouverneur ou d’un directeur des finances ne mentionne un produit (Morton 1985, nos 219-220). Vers 144-152/762-769, les es- tampilles au nom du subordonné Salama marquent la fin du procédé (V. Stras. 74). Les estampilles de mesures mentionnant un produit sont ensuite anonymes et associées à une estampille par délégation (V. Stras 171). Les derniers exemples attestés sont associés à des estampilles par délégation au nom de Ṣāliḥ ibn Muslim (subordonné, c. 170-190/786-805 — Morton 1985, n° 335, double es- tampillage). Ṣāliḥ ibn Muslim est également le dernier nom attesté sur des fals poids (V. Stras. 101). Certaines estampilles de mesures mentionnnent un pro- duit, mais sont dépourvues de toute indication de quantité : elles indiquent seulement la nature du produit et parfois son prix (V.Stras. 74 au nom de Sala- ma : « pois chiches pour un fals »).

1.7.4. — Tableaux des mesures de capacité :

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