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ABD AL-MALIK IBN YAZĪD

Dans le document POIDS ET MESURES DE L’ÉGYPTE MUSULMANE (Page 146-150)

Gouverneur et directeur des finances (133-136/751-753 et 137-141/755-758, voir Miles 1948, p. 105)

48 Dirham poids de treize ḫḫarrūba, avec Chaël

1 : 1 Face A, légende en quatre lignes :

ﻪﻠﻟﺍﻢﺴﺑ bi-sm Allāḫ

ﻢﻫﺭﺩﻝﺎﻘﺜﻣ miṯqāl dirham

[

]

ﺸﻋﺚﻠﺛﻥﺯﻭ wazn ṯalaṯ ‘aš[r-]

ﺔﺑﻭﺮﺧﺓ at ḫarrūba

« Au nom de Dieu. Miṯqāl d’un dirham d’une masse de treize ḫḫarrūba. » Face B, à 3 h sur la marge :

[

ﺪﻳﺰﻳﻦﺑ

]

ﻚﻠﻤﻟﺍﺪ

[

ﺒﻋ

]

[‘Ab]d al-Malik [ibn Yazīd]

Face B, au centre, dans un cercle linéaire :

ﺔﻌﺒﻃ ṭab‘at ﻞﻴﻛ Chaël « Estampillage de Chaël. »

Incomplet. Ø : 22 mm (total) ; 16 x 16 mm (estampille) ; masse du fragment 2,101 g ; orientation : 12 h ; vert. Groupe chimique du verre : 1B (§ 1.8.2.4., Gratuze 1988, n° 10).

Autres exemplaires publiés :

– 1 exemplaire des mêmes matrices de la face A et de la face B : Rogers 1873, n° 38, pl. II, fig. 2 (face A) ; repris dans Rogers 1878, pl. II, fig. 12 (faces A et B) ;

– 5 exemplaires combinant d’autres matrices de la face B (de même légende) avec la face A : Fahmi M. 1957, n° 109, pl. 12 = Launois 1957, n° 348, pl. IX ; Launois 1960b, n° 3, pl. VI ; Balog 1976, nos 322-323, pl. XVIII ; Morton 1985, n° 177, pl. 8 ; et 6 exemplaires non illustrés : Casanova 1893, II, p. 378, n° 19 ; Launois 1960b, nos 4-5 ; Miles 1964a, n° 26  ; Balog 1976, nos 324-325.

Trois innovations modifient l’apparence des poids en verre dès le premier gouvernement de ‘Abd al-Malik ibn Yazīd :

1. Sur les dinars poids et dirhams poids (Morton 1985, p. 85), une impression au dos (face B) portant des indications politiques et administratives. Les matrices étant conçues pour le diamètre du dinar poids, sur le dirham poids, plus petit, la légende marginale n’est pas entièrement lisible. Pour l’instant, un seul fals poids inscrit au dos est attesté (Morton 1985, n° 388, pl. 19).

2. Sur la face A, la justification de la légende dans une empreinte carrée. Sur ce modèle sont attestés des dirhams poids de 13 ḫarrūba avec le nom du gouverneur sur la face A (Morton 1985, nos 174-176, pl. 8) ou sur la face B (cet exemplaire), et des fals poids de 23 ḫarrūba avec le nom du gouverneur sur la face A (V.Stras. 49).

3. L’apparition d’un troisième niveau de responsabilité sur des dinars poids (Morton 1985, n° 173, pl. 8) et dirhams poids, dont le type décrit ci-dessus : un estampilleur dont le nom est introduit par ṭab‘at « estampillage de... ». Quatre noms sont attestés à cette époque, soit, dans l’ordre chronologique : Chaël, Kāmil, Severus, et al-Muhā�ir, tous quatre représentés dans la collection de la BNU. Les deux premiers sont d’origine copte, le dernier peut-être un converti. Le nom al-Muhā�ir a aussi la particularité d’apparaître également comme celui d’un subordonné (V.Stras. 87-88). Deux autres noms d’estampilleurs sont attestés, leur date est difficile à déterminer. Ce sont : Farwa ibn Tāǧ (Morton 1985, n° 388, pl. 19) et Yuḥannis (V.Stras. 135), le second sûrement d’origine copte. On ignore la nature de leurs responsabilités : artisans verriers ou chefs d’ateliers d’une manufacture officielle ? (Morton 1985, p. 13). Le fait que leur nom soit privé de filiation peut être attribué d’après Ragheb 1996, p. 17-18, note 9, « tantôt à la réduction du champ épigraphique et tantôt à la condition servile de leur titulaire ». Environ 60 dinars poids, fractions, dirhams poids et quelques sixièmes de wuqiyya (V.Stras. 51) portant le nom de Chaël ont étés publiés. Chaël pourrait être lu kayl « mesure » mais d’autres noms apparaissent à cette époque, au dos, précédés de ṭab‘at « estampillage ». Le point a été longuement discuté, un consensus s’est établi pour retenir plutôt Chaël (Miles 1948, p. 106 ; Morton 1985 p. 13 et p. 85).

Ce dirham poids avec le nom du gouverneur sur la face B est attribué à la deuxième partie du gouvernement de ‘Abd al-Malik ibn Yazīd (137-141/755-758), sous le calife al-Manṣūr (Morton 1985, p. 85). La graphie de la face B, au ductus très épais, ne se retrouve que sur l’exemplaire publié par Rogers. Le lām final de Chaël est très différent sur tous les autres exemplaires, dont celui publié par Morton 1985, p. 85. D’autres poids de différentes matrices avec le nom d ‘Abd al-Malik ibn Yazīd sur la face B sont attestés jusqu’à l’époque

L’ensemble comprend deux sous-groupes caractérisés par une variation de masse systématique. Le premier est émis au nom de la famille de Muḥammad (133/750-751 ? — Morton 1985, nos 163-164, pl. 7) ; le deuxième par trois gouverneurs et directeurs des finances : ‘Abd al-Malik ibn Yazīd (133-136/751-753 et 137-141/755-758 — cet exemplaire ; Morton 1985, nos 174-177, pl. 8) ; Ṣ�liḥ ibn ‘Alī, 2e gouvernement (136- 137/753-755 — Balog 1976, nos 296-297, pl. XVII) ; et Muḥammad ibn al-Aš‘aṯ (141-143/759-760 — Balog 1976, n° 388, pl. XXII). La moyenne (Bates 1991, p. 55-56) du premier groupe est de 2,62 g (ḫarrūba très légèrement supérieur à 2,0 g), celle du deuxième de 2,50 g (ḫarrūba de c. 0,19 g, proche de la norme). De telles différences sont connues dans d’autres séries de poids en verre (V.Stras. 152).

Un autre type de dirham poids, émis au nom de la famille de Muḥammad, sans dénomination spécifique, suit un standard plus lourd (Fahmi M. 1957, n° 245, 2,88 g, pl. 29 = Launois 1957, n° 147, 2,92 g, non ill.). Des dirhams poids dépourvus de dénomination précise sont également attestés aux noms de ‘Abd al-Malik ibn Yazīd et du calife al-Manṣūr (136-158/754-775 — Bates 1991, p. 55, note 46). Ils atteignent 2,90 g. Ces variations importantes de standard (de 2,50 à 2,90 g) sont inexpliquées.

Un dirham poids de 2,50/2,60 g ne correspond à aucune monnaie attestée à cette époque, dans le monde islamique. Miles 1964b, n° 84, et Balog 1976, p. 26, ont proposé de l’identifier comme un fals poids de treize ḫarrūba. Cela ne peut être accepté car, même si la masse est identique, les types sont très différents et la dénomination « dirham » est très clairement affichée.

49 Fals poids de vingt-trois ḫḫarrūba

1 : 1 Dans un carré, légende en cinq lignes :

ﺍﻪﻠﻟﺍﻢﺴﺑ bi-sm Allāh a-

ﻚﻠﻤﻟﺍﺪﺒﻋﺮﻣ mara ‘Abd al-Malik

ﻞﻘﺜﻤﺑﺪﻳﺰﻳﻦﺑ ibn Yazīd bi-miṯqal

ﻭﺔﺜﻠﺛﺲﻠﻓ fals ṯalaṯat wa-

ﺔﺑﻭﺮﺧﻦﻳﺮﺸﻋ ‘išrīn ḫarrūba

« Au nom de Dieu. ‘Abd al-Malik ibn Yazīd a ordonné un miṯqāl d’un fals de vingt-trois ḫḫarrūba. »

Ébréché. Ø : 27 mm (total) ; 20 x 20 mm (estampille) ; masse du fragment 4,007 g ; vert.

Autres exemplaires publiés :

- 3 ex. de la même matrice : Miles 1948, n° 65, pl. II ; Fahmi M. 1957, n° 119, pl. 12 = Launois 1957, n° 174, pl. V ; Balog 1976, n° 321, pl. XVIII ;

Ce fals poids appartient au premier ou au deuxième gouvernement de ce gouverneur et directeur de finances. La face B est n’est pas estampillée, ce qui est le cas de tous les fals poids de cette époque. De ce gouverneur sont également attestés des fals poids de 24 ḫarrūba (Morton 1985, nos 178-180, pl. 8). La masse est très proche, mais le type facile à distinguer : l’estampille est circulaire ; le gouverneur a le titre d’émir et miṯqāl prend un alif  long. Un exemplaire unique du fals poids de 24 ḫarrūba porte une estampille par délégation minuscule (non déchiffrée) apposée sur le bourrelet (Fahmi M. 1957, n° 117, pl. 12 = Launois 1957, n° 173, pl. V).

‘Abd al-Malik ibn Yazīd est le premier gouverneur abbasside dont nous ayons des fals poids en verre et des fals monnaies de bronze à son nom. Morton 1985, p. 24, compare les poids en verre avec deux séries de fals monnaies au nom de l’émir. La plus importante est datée de 133/751 et compte 106 spécimens. La masse de chacune des monnaies est proche mais jamais supérieure à celle des poids en verre, alors qu’à l’époque umayyade, la masse des monnaies était normalement supérieure à celle des poids en verre.

50

Fragment d’un poids en anneau d’un raṭl, via Muḥammad ibn Šuraḥbīl

1 : 1 Légende en six lignes :

[

ﺮﻣﺍﻪ

]

ﻠﻟﺍﻢﺴﺑ bi-sm All[āh amara]

[

ﺰﻳﻦﺑ

]

ﻚﻠﻤﻟﺍﺪﺒﻋ ‘Abd al-Malik [ibn Yaz-]

[

ﻞﻃ

]

ﺭﺔﻌﺒﻄﺑﺪﻳ [īd] bi-ṭab‘at ra[ṭl]

[

]

ﺪﻳﻰﻠﻋﻑﺍﻭ wāfin ‘alā Yada[y]

[

]

ﺷﻦﺑﺪﻤﺤﻣ Muḥammad ibn Šu[ra-]

ﻞﻴﺒﺣ ḥbīl

« Au nom de Dieu. ‘Abd al-Malik ibn Yazīd a ordonné l’estampillage d’un raṭl plein poids, via Muḥammad ibn Šuraḥbīl. »

Ce fragment est la moitié subsistant de la branche supérieure de l’anneau. Nous ne connaissons pas de raṭl complet de ce type. Miles 1963, Benaki, n° 28, pl. III, présente l’estampille complète. La masse correspond au raṭl umayyade de c. 444 g, sur lequel est apposée une unique estampille, de la forme de Balog 1976, n° 536, pl. XXXI (hauteur : 73 mm ; base : 77 mm ; épaisseur : 47 mm). Nous suivons Morton 1985, n° 181, qui date les wuqiyya présentant cette combinaison de noms du début du deuxième gouvernement de ‘Abd al-Malik ibn Yazīd, dans les premières années du califat d’al-Manṣūr (136-158/754-775).

Ce raṭl présente une caractéristique technique inhabituelle. Sur les raṭl, l’estampille est imprimée directement dans la masse. Ici, la matrice a été imprimée sur un disque préalablement appliqué sur la masse de verre (comme pour les estampilles de mesures de capacité). Il pourrait s’agir d’un ré- estampillage ? La découverte de matrices entièrement regravées permet d’envisager toutes sortes de remords (voir § 1.2.3. — matrice dérivée).

Dans le document POIDS ET MESURES DE L’ÉGYPTE MUSULMANE (Page 146-150)