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2.1.2 — Époque abbasside

Dans le document POIDS ET MESURES DE L’ÉGYPTE MUSULMANE (Page 144-146)

ĀL MUḤAMMAD

La famille de Muḥammad (133/750-751 ?)

47 Fals poids de trente-deux ḫḫarrūba, via Sulaymān ibn [...]

2 : 1 Légende en sept lignes :

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ﺍﻢﺴﺑ bi-sm A[llāh]

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ﺤﻣﻝﺁﺮﻣﺍ amara Āl Muḥa[mmad]

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[...]

ﻦﺑﻦﻤﻴﻠﺳ Sulayman ibn [...]

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ﻴﺜﻠﺛﻭﻦﻴﻨﺛﺍ iṯnayn wa-ṯalaṯī[n]

ﺔﺑﻭﺮﺧ

ḫarrūba

« Au nom de Dieu. Āl Muḥammad (= La famille de Muḥammad) a ordonné un miṯqāl d’un fals plein poids, via Sulaymān ibn [...], trente deux ḫḫarrūba. »

Fragment. Ø : 30 mm (total) ; 24 mm (estampille) ; vert ; masse du fragment : 3,724 g. Inédit.

Environ soixante poids et d’estampilles de mesures de verre estampillés au nom de Āl Muḥammad ont été publiés :

– des dinars poids (Balog 1976, n° 277, pl. XVI), demis (Launois 1960a, n° 10, pl. I) et tiers de dinar poids (Balog 1976, n° 279, pl. XVI) ;

– des dirhams poids de 13 ḫarrūba (Morton 1985, nos 163-164, pl. 7)  ; – ce fals poids de 32 ḫarrūba (BNU, unique) ;

pl. 7), quart de qisṭ (Balog 1976, nos 285-287, pl. XVI), mesures de cumin blanc (Balog 1976, n° 291, pl. XVI), de guède (Balog 1976, n° 290, pl. XVI), et de graisse (Casanova 1893, I, p. 372, n° 165, pl. III).

La lecture de Fahmi S. 1981, p. 207, n° 89, pl. 41 (en bas à gauche) raṭl al-kabīr sur une mesure, est une erreur pour mikyāl al-kabīr. Pour l’instant, aucun raṭl ou wuqiyya ne sont attestés.

Les poids et les mesures de capacité estampillés au nom de Āl Muḥammad sont déchiffrés depuis Casanova 1893, p. 347-348, qui les attribue aux Fatimides. Ils appartiennent plutôt au IIe/VIIIe siècle.

Launois 1957, p. 39-40, les attribue à la propagande abbasside et les date de c. 132-133/750, Fahmi M. 1957, p. 167 les associe à une influence alide sous Ḥumayd ibn Qaḥṭaba c. 143/760-761 et Miles 1971, n° 45, fig. 20, à la politique d’apaisement envers le chiisme du calife al-Ma’mūn, c. 200/815-816. Des arguments épigraphiques et typologiques amènent Balog 1976, p. 109-110, à placer ce groupe au début de la période abbasside, pendant le premier gouvernement de Ṣāliḥ ibn ‘Alī. L’auteur s’appuie sur l’utilisation du slogan « La famille de Muḥammad a ordonné l’équité » qui prolongerait à la formule umayyade « Dieu a ordonné l’équité ». Cette datation s’appuie aussi sur une estampille de lecture difficile, au nom de Ṣāliḥ ibn ‘Alī (Balog 1976, n° 301, pl. XVII, unique) sur laquelle on lit quelque chose comme « le fils de Hāšim a ordonné l’équité », suivi des titres protocolaires de Ṣāliḥ ibn ‘Alī. Balog y voit un lien explicite entre Ṣāliḥ ibn ‘Alī et la propagande abbasside.

Nous ne connaissons pas de monnaies frappées en Égypte au nom de Āl Muḥammad. Par contre, des bronzes attribués à l’atelier de Damas sont attestés (Lutz Ilisch, Sylloge Numorum Tübingen, IVb1 Bilād aš-

Šām II, 248-265, tous ill.). Ces types auraient été frappés avant la conquête de l’Égypte, en 132-133/750,

pendant la période conflictuelle où Ṣāliḥ ibn ‘Alī et son frère ‘Abd-Allāh cherchaient à affirmer leur pouvoir en Syrie. La légende de ces bronzes est explicite : ḍaraba / Āl Muḥammad / ṣallā Allāh / ‘alayhi « a été frappé par Āl Muḥammad, que la prière de Dieu soit sur lui ». Si des monnaies sont frappées à Damas au nom de Āl Muḥammad par Ṣāliḥ ibn ‘Alī avant la conquête de l’Égypte, il est plausible de lui attribuer un estampillage au nom de cette même famille après sa prise du pouvoir à Fustat.

Le premier gouverneur abbasside dont la présence est attestée à Fustat est donc Ṣāliḥ ibn ‘Alī, en place durant 7 mois en 133/750-751. Il revient ensuite en 136-137/753-755, toujours comme gouverneur et directeur des finances. Morton 1985, p. 82-83, attribue l’ensemble des estampilles au nom de Āl Muḥammad à son premier gouvernement et date les estampilles à son nom de son deuxième gouvernement, pendant le califat d’al-Manṣūr (136-158/754-775 — V.Stras. 56). Dans sa chronique du premier gouvernement de Ṣāliḥ ibn ‘Alī, al-Kindi (p. 97) le désigne comme gouverneur, mais n’indique pas s’il est en charge de la prière ou des finances. Par contre, il précise (p. 102) qu’il est en charge des deux durant son deuxième mandat. Les conséquences administratives de l’arrivée de Ṣāliḥ ibn ‘Alī à Fustat comme général d’une armée conquérante ne sont pas connues.

Il y aurait peut-être une autre solution, celle d’une chronologie longue. Le présupposé de tous les catalogueurs est que les autorités qui ordonnent les séries se succèdent, sans recouvrement. Dans le cas des séries au nom d’Āl Muḥammad, la variété des types et des graphies, et surtout la quantité attestée (figure 1, d), permettraient peut-être d’envisager un estampillage au nom de la famille de Muḥammad sous plusieurs directeurs des finances restant anonymes, sans que l’on sache pourquoi.

Le fals poids de la BNU apporte deux nouveautés :

1) C’est le premier fals poids publié au nom de Āl Muḥammad. Launois 1960a, n° 10, mentionne un fals poids, mais nous n’avons pas pu retrouver sa source.

Le tableau des fals poids (figure 6) montre qu’il y a un palier de la masse nominale du fals poids à 30 ḫarrūba à la fin de l’époque umayyade, sous al-Qāsim ibn ‘Ubayd-Allāh (directeur des finances, 116-124/734-742) et ‘Abd al-Malik ibn Marwān (directeur des finances, 131-132/749 et gouverneur et directeur des finances, 132-133/750). Cette apparente stabilité est suivie à l’époque abbasside par une baisse à 23/24 ḫarrūba sous ‘Abd al-Malik ibn Yazīd (gouverneur et directeur des finances, 133-136/751-753 et 137-141/755-758). Cette baisse est suivie d’une remontée par paliers à 30 ḫarrūba, sous Salama (subordonné c. 144-152/762-

2) Ce fals poids porte la seule mention connue d’un subordonné sur les estampilles du groupe. Son nom est malheureusement incomplet. La première partie est sûre : Sulaymān. Il n’a pas le titre d’émir. Le seul subordonné du nom de Sulaymān connu dans les publications est Sulaymān ibn ‘Abd al-Raḥmān, sur un fals poids (Morton 1985, n° 408, pl. 20, personnage non identifié). La deuxième partie du nom ne correspond pas à ce que l’on voit sur le poids de la BNU.

La légende de ce fals poids présente plusieurs particularités :

– le rejet du nombre de ḫarrūba à la fin, séparé de bi-miṯqāl fals par la mention du subordonné n’est pas attesté ailleurs ;

– la graphie est particulière : nous n’avons pas trouvé d’autre exemple de cette manière d’écrire les mīm sous la forme d’une boucle ouverte ;

– l’étoile à cinq branches en fin de légende est attestée sur un dinar poids au nom de Āl Muḥammad (Fahmi M. 1957, n° 242, pl. 29 ; D’Ottone 2012, n° 10, pl. 13). Ce motif se rencontre dès la période umayyade (Balog 1976, n° 135, pl. VII), durant la période abbasside sur des poids au nom d’Ibrāhīm ibn Ṣāliḥ (gouverneur, et directeur des finances, 165-167/781-784 et 176/792 ; Fahmi M. 1957, n° 210, pl. 24 ; Balog 1976, n° 576, pl. XXXIV) et sur des poids du IIIe/IXe siècle (Morton 1985, n° 387, pl. 19).

Dans le document POIDS ET MESURES DE L’ÉGYPTE MUSULMANE (Page 144-146)