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6.5 Analyses

7.1.4 Questionnaire nal

L'objectif du questionnaire nal était d'une part d'estimer à quel point les parti- cipants étaient devenus conscients de ce sur quoi ils étaient testés, et d'autre part de recueillir quelques données sur les types de connaissances qu'ils pensaient mobiliser lors de leur utilisation de l'anglais. Sur 16 participants du groupe Implicite, 9 ont été classés comme Conscients parce que, à la question  Sur quoi avez-vous été tes- tés ? , ils avaient mentionné le temps des auxiliaires, la concordance des temps, ou la construction des questions au passé. Ce type de question ayant parfois déstabilisé les participants, un critère d'inclusion très large a volontairement été utilisé pour classer ces participants comme conscients des points critiques testés. 4 participants du groupe Explicite ont quant à eux été classés comme Non Conscients car ils n'ont mentionné ni le temps ni les auxiliaires en réponse à cette question ou celle leur demandant de rappeler les règles données pendant l'expérience. Cette présence de participants Non Conscients parmi le groupe ayant reçu des instructions très ex- plicites lors de l'entrainement peut s'expliquer par le fait que certains participants n'ont pas bien compris les questions de ce questionnaire nal, et se sont comportés comme si elles portaient uniquement sur le post-test et non sur l'ensemble de l'ex- périence. D'autre part, certains participants ne sont semble-t-il pas parvenus à faire le lien entre le travail réalisé lors de l'entrainement et les phrases entendues lors de l'expérience en EEG.

Il était également demandé aux participants d'expliquer les règles de formation des questions au passé  pour le groupe Explicite, il s'agissait de rappeler les règles données au début des entrainements an de voir si celles ci avaient été assimilées. La répartition des réponses des participants de chaque groupe selon l'exactitude de ces règles est visible sur la Figure 7.1. Aucun participant du groupe Explicite n'a fourni de règle erronée, mais trois d'entre eux n'ont pas su restituer les règles de manière susamment complète (voir Chapitre 6, Section 6.5.2.5 pour les cri- tères d'acceptation des règles), la plupart du temps car ils n'ont pas restitué les règles pertinentes pour la partie critique de l'expérience. Quatre d'entre eux n'ont pu se rappeler d'aucune règle. Six participants du groupe Implicite ont pu énoncer une règle satisfaisante pour la formation des questions au passé, démontrant qu'ils avaient bien une connaissance explicite satisfaisante de la règle. Trois participants de ce groupe ont cependant énoncé une règle fausse  parfois préconisant l'inverse de la combinaison correcte entre auxiliaire et présence du morphème du passé. Il faut

0.00 0.25 0.50 0.75 1.00 Explicite Implicite Groupe Réponses totales (%) Règle Bonne Aucune Incomplète Erronnée

Figure 7.1  Répartition des réponses des participants selon l'exactitude des règles données ou restituées

garder à l'esprit que ces réponses ne sont pas parfaitement comparables puisque les participants ne répondaient pas exactement à la même question. Les participants du groupe Implicite avaient pour instruction de donner  les règles de construction des questions au passé , ce qui permettait, lorsque le participant connaissait ces règles, de susciter une réponse plus précise pouvant généralement être classiée comme correcte. En revanche, les participants du groupe Explicite devaient  rappeler les règles présentées au début de l'expérience . La question n'étant pas aussi directe, les réponses des participants étaient plus facilement en dehors de celles qui étaient attendues. Certains participants ont rappelé d'autres règles que celles qui correspon- daient aux stimuli critiques, ou ont omis d'apporter les précisions nécessaires sur le temps ou la concordance entre auxiliaire et verbe principal.

Un autre point d'intérêt dans ce questionnaire était d'interroger la perception que les participants avaient de leur degré d'utilisation de leurs connaissances expli- citeset implicites lors de leur emploi de l'anglais dans d'autres contextes. Il leur était demandé d'évaluer à quel point ils avaient recours à leur intuition ou à leurs connais- sances grammaticales lorsqu'ils s'exprimaient à l'écrit et à l'oral sur une échelle à 4 niveaux ( rarement ,  plutôt peu ,  plutôt souvent ,  (presque) toujours ). Au vu de la pression supplémentaire engendrée par une expression orale, il était attendu que les participants indiqueraient utiliser plus souvent l'intuition à l'oral, et

leurs connaissances grammaticales à l'écrit, ce qui correspond aux hypothèses que les connaissances explicites ont besoin de plus de temps pour être mobilisées. Les répartitions des réponses à ces quatre classications sont visibles dans les Figures7.2

et 7.3.

Connaissances Intuition

Explicite Implicite Explicite Implicite 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00 Groupe

Proportion des réponses (%)

Fréquence

Presque toujours Plutôt souvent Plutôt peu Rarement

Figure 7.2  Répartition des réponses pour l'évaluation de la fréquence d'utilisa- tion des connaissances et de l'intuition lors de l'expression écrite

L'observation des réponses données pour l'expression écrite n'a pas révélé de dif- férence entre les groupes. Il est intéressant de noter que les participants ont tout de même rapporté se servir de l'intuition de manière conséquente, et pas seule- ment de leurs connaissances. La proportion de participants ayant indiqué se servir régulièrement de l'intuition pour écrire (deux catégories supérieures  (presque) tou- jours  et  plutôt souvent ) est presque aussi grande que celle ayant indiqué se servir régulièrement de ses connaissances grammaticales. Cette utilisation rapportée de l'intuition, qui va à l'encontre de l'idée selon laquelle les apprenants ont tout le temps nécessaire pour mobiliser leurs connaissances explicites lorsqu'ils écrivent dans leur L2, peut s'expliquer par le fait que ces apprenants n'ont pour la plupart pas une très grande conance dans leur maitrise de la langue anglaise (une seule participante a indiqué qu'elle ne faisait  quasiment jamais de faute  et 14 des 31 participants restants (dont 10 du groupe Implicite) ont indiqué qu'ils faisaient  beaucoup de fautes ). Puisqu'ils n'ont pas toujours les connaissances explicites

Connaissances Intuition

Explicite Implicite Explicite Implicite

0.00 0.25 0.50 0.75 1.00 Groupe

Proportion des réponses (%)

Fréquence

Presque toujours Plutôt souvent Plutôt peu Rarement

Figure 7.3  Répartition des réponses pour l'évaluation de la fréquence d'utilisa- tion des connaissances et de l'intuition lors de l'expression orale

nécessaires pour former leurs phrases, il est donc logique qu'ils rapportent recourir à leur intuition pour pallier ce manque ressenti.

Les résultats obtenus pour l'expression orale sont en revanche plus surprenants. Pour le groupe Explicite, les résultats sont proches de ceux auxquels on pouvait s'attendre : les participants rapportent utiliser essentiellement l'intuition (tous ont déclaré l'utiliser  (presque) toujours  ou  plutôt souvent ), et bien qu'une par- tie d'entre eux estime utiliser ses connaissances grammaticales  plutôt souvent  (7 participants), la majorité des réponses se situe plutôt dans les deux catégories inférieures, et aucun participant n'a déclaré y avoir recours  presque toujours . En revanche, les résultats du groupe Implicite sont inattendus. La majorité d'entre eux (10 participants) a déclaré utiliser l'intuition  rarement  ou  plutôt peu  à l'oral, et la même proportion estime utiliser fréquemment ses connaissances grammaticales. La diérence d'utilisation de l'intuition à l'oral entre les deux groupes était signica- tive27 : la probabilité que les participants du groupe Explicite jugent leur fréquence

d'utilisation de l'intuition à l'oral comme plus élevée que les participants du groupe

Implicite était de 96 % (z=3.50, p=.0005). À deux exceptions près, les participants ayant indiqué peu utiliser leur intuition à l'oral étaient les mêmes que ceux ayant indiqué avoir recours fréquemment à leurs connaissances grammaticales. Ces indivi- dus avaient donc le sentiment que, même dans une situation où ils subissaient une pression de temps telle qu'une prise de parole, ils avaient davantage recours à leurs

connaissances explicites. Cela est peut-être dû à leur manque de conance en eux et de maitrise de la langue. La diérence observée entre les deux groupes dans cette uti- lisation de l'intuition est certainement due au hasard de répartition des participants dans les groupes.