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Quelques leçons à tirer en guise de conclusion

Dans le document La R evue du CGDD (Page 26-29)

Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette approche critique, épistémologique et comparative, des manières d’être ensemble au monde ? Certainement, que l’uniformisation du monde qu’impose insidieusement le paradigme dualiste n'est pas obligatoire et encore moins fatale. Il suffirait sûrement que les "modernes", qui s’investissent du rôle de développeurs et/ou de conservateurs, manifestent une plus grande humilité et acceptent l’éventualité d’enrichir leurs manières d’acter sur le monde des manières dont les autres interagissent avec le monde. À bien des égards, et par regard rapproché, la gouvernance environnementale des autres apparait bien innovante. Et, c’est incontestablement les cas des principes qui président à l’écologisation de leur régime juridico-écologique lesquels sont par principe fondamentalement : dialectique (il traite le rapport réciproque humains/non-humains) ; globalisant (environnement et société sont dans la même sphère juridique) ; hybride (à l’identité sociale du sujet du droit s'ajoute son identité écologique, l’environnement devenant un attribut de sa personnalité juridique) ; égalitaire (l'être humain et le non-humain sont traités sur un pied d’égalité) ; relationnel (gérant exclusivement le rapport, il assimile les rapports écologiques et les réseaux écosystèmiques aux rapports juridiques et incite à diversifier et intensifier les aspects d'une relation) ; transfrontalier (l’interdépendance des êtres instituée socialement et reconnue écologiquement ne tolère ni le local, ni le particulier qui pourrait mettre en danger la reproduction du tout) ; progressif et évolutif (il reconnaît et intègre la réalité écologique de l’environnement) ; complexe (alliant les intérêts collectifs et individuels, humains et non-humains, il gère organisation sociale et organisation écosystémique) ; durable (instituant l’usufruit comme statut juridique, il prône la rationalité collective et la responsabilité de chacun dans la reproduction du tout et de tous) ; et finalement, trans-historique (il tient compte des générations ancestrales et des générations à venir).

S’inspirer de ces valeurs innovantes relèverait-il vraiment d’une seule utopie anthropologique ? Et quand bien même, cette utopie ne viendrait-elle pas à point nommée pour contrecarrer le destin des politiques environnementales qui « se soldent par un échec en s’inscrivant (toujours) dans une perspective où la nature est objet » ? (Ost 1995:11). Notre système ne s’essouffle-t-il pas sous le poids des principes qui l’animent en respect à notre tradition naturaliste ? Pourquoi s’obstiner à vouloir gouverner la marche du monde selon cette seule et même vision dichotomique ? Pourquoi s’obstiner à vouloir appliquer les seuls principes et rapports qu’elle autorise entre nous, les humains et tous les autres, les existants ? Ses mêmes principes, la rigidité et la fixité, l’utilitarisme et le fonctionnalisme, la décontextualisation et la marchandisation, le néolibéralisme et le technocentrisme, l’individualisme et l’anthropocentrisme, le productivisme et le consumérisme, n’ont-ils pas révélé leur incapacité politique à promouvoir un développement soutenable mondial pour l’humanité ?

Gageons que les politiques internationales soient inspirées et contribuent à nous éviter une hégémonie de la manière d'être au monde sous l’ère Anthropocène.

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